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Algérie, Gaïd Salah adepte de la guerre éclair

Le patron de l’armée algérienne qui est aujourd’hui l’homme fort du régime souhaite que la transition en cours en Algérie soit respectueuse de la constitution

La constitution, rien que la constitution, telle est la ligne de conduite que s’est fixé le chef d’état major et vice ministre de la Défense, Gaïd Salah. Pour l’homme fort du régime, la nomination du président du Conseil de la Nation, Abdelkader Bensalah, au lieu et place de Bouteflika, devrait être suivie rapidement par des élections présidentielles au début du mois de juillet

Les risques d’un tel scénario sont pourtant évidents quant on sait que l’immense majorité de la population n’est pas favorable à la nomination, fut-elle provisoire, d’un intime de Bouteflika devenu le symbole d’un régime honni. Pour la première fois depuis sept semaines, la police a du tirer, mardi, des grenades lacrymogènes lors d’une manifestation dans le centre d’Alger pour évacuer des milliers d’étudiants qui protestaient contre la désignation d’Abdelkader Bensalah,

Si Gaïd Salah s’est résolu à ce choix malgré les risques de tensions, c’est que cette stratégie constitue, à ses yeux, la moins mauvaise des options possibles.

L’union du peuple et de l’armée!

L’armée algérienne a toujours préféré agir dans l’ombre et tirer les ficelles en faisant mine de s’effacer devant un pouvoir de façade. Aujourd’hui Gaïd Salah craint par dessus tout de se trouver trop longtemps en première ligne et à fortiori s’il s’éloigne de la lettre de la constitution. A rester ainsi en pleine lumière et sans filet, le patron de l’armée prendrait un double risque. Le premier écueil serait qu’il devienne, à son tour, la bête noire des mobilisations populaires. Le second danger serait d’être désigné, dans l’hypothèse où la constitution n’est pas appliquée, comme l’organisateur d’un coup d’état de fait.

La solution constitutionnelle présente aussi l’avantage de fixer une limite de 90 jours à l’exercice périlleux que constitue une transition démocratique. L’Etat profond qui est représenté par les amis du général Toufik, le tout puissant patron de l’lex DRS (services algériens) entre 1990 et 2015, cherche à sortir du bois. Seule une guerre éclair permettrait à Gaïd Salah et à ses proches de mettre sur orbite un ou plusieurs candidats compatibles avec leur vision d’une Algérie modernisée et apaisée. Ce que Gaïd Salah appelle l’union du peuple et de l’armée

L’art des courbettes

Autre avantage de la transition envisagée, Abdelkader Bensalah, le président intérimaire, peut être utilement recyclé. L’homme est suffisamment âgé, impotent et rompu aux courbettes sous Bouteflika pour constituer le candidat rêvé aux yeux des militaires. De plus, son statut d’ intérimaire l’oblige à une certaine prudence pour ne pas insulter l’avenir et en fait un interlocuteur idéal, puisque sensible aux injonctions du pouvoir réel.

Les militaires algériens ne manquent pas d’intelligence politique. Sous réserve que le peuple algérien, plus qu’une simple variable d’ajustement, conforte la révolution thermidorienne que Gaïd Slah et ses amis envisagent pour l’Algérie.

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