Selon les données de l’Organisation internationale du travail (OIT), 182 000 palestiniens de Cisjordanie et de Gaza travaillaient en Israël ou dans les implantations de Judée-Samarie au deuxième trimestre de 2022. En comparaison, pas un seul Palestinien n’a été autorisé à aller travailler sur les chantiers sportifs du Qatar.
Une chronique (polémique) de Caroline Bright
Ce n’est pas que les autorités qataries craignaient le terrorisme. Non, elles ne voulaient pas afficher leurs dépenses ostentatoires pour le football devant les Palestiniens.
L’organisation de la Coupe du monde (stades, hôtels, routes…) a coûté au Qatar la modique somme de 220 à 240 milliards de dollars. Une dizaine de milliards de dollars auraient permis de régler les problèmes de logement des Palestiniens de la bande de Gaza et de construire deux centrales électriques pour mettre fin aux coupures incessantes d’électricité.
Une semaine avant le coup d’envoi de la Coupe du monde au Qatar, 21 femmes et enfants de Gaza sont morts brulés dans un incendie accidentel : les stocks d’essence qu’ils avaient constitué dans leur immeuble pour parer aux pannes d’électricité avaient été enflammés par un générateur électrique défectueux.
De 3000 à 5000 milliards de dollars
En raison de la guerre en Ukraine, les prix de l’énergie ont monté en flèche. Le Fonds monétaire international estime que les revenus des pays arabes producteurs de pétrole et de gaz devraient passer de 3 000 milliards de dollars à 5 000 milliards de dollars entre 2022 et 2023.
Une minuscule fraction de ces richesses suffirait à fournir des systèmes de soins de santé et d’éducation de qualité à Gaza, ainsi qu’à sécuriser les infrastructures d’eau et d’électricité pour deux millions de Palestiniens. Cet argent n’arrivera jamais à Gaza parce que les Emirs du Golfe ne veulent pas s’ « ingérer » dans les affaires israélo-palestiniennes.
En réalité, le dénuement des résidents de Cisjordanie et de Gaza demeure la carte politique du monde arabe contre l’ « entité sioniste ». La Coupe du monde démontre la cruauté de ce chantage qui dure depuis cinquante ans.
L’hypocrisie n’est pas l’apanage des seuls pays arabes producteurs de pétrole. Quand le président de la FIFA, Gianni Infantino, explique qu’il ne faut pas critiquer le Qatar en raison des persécutions infligées par les Européens aux Arabes pendant trois mille ans, il se moque du monde ou fait preuve d’une ignorance historique crasse. Victimiser les Qataris est une insulte à tous les gens qui travaillent pour gagner leur vie.
Monsieur Infantino devrait même s’excuser auprès des supporters de football de les obliger à dépenser leurs économies pour le seul bénéfice d’un petit Etat égoïste et antidémocratique du Golfe Persique.