Vers la rupture entre Nouakchott et Rabat !

Dans les deux capitales maghrébines de Rabat et Nouakchott, chacun espérait que la nomination d’un nouvel ambassadeur du Royaume du Maroc en Mauritanie allait ramener de la sérénité aux relations entre les deux pays. Quelle erreur! L’éclaircie  n’a été de courte durée. Selon des informations divulguées par la capitale mauritanienne, le président Mohamed Ould Abdel Aziz, oublieux de tous les gestes faits par le Palais marocain en sa faveur, aurait catégoriquement refusé d’accréditer Hamid Chaba qui avait été nommé par le roi Mohammed VI, le 25 juin dernier, comme ambassadeur en Mauritanie.

Pourquoi une telle agression entre voisins ? Personne ne comprend vraiment les raisons qui guident actuellement le pouvoir mauritanien, mis en cause par la rue et une opposition de plus en plus unie, bousculé par ses plus fidèles soutiens au sein du Sénat et des élites mauritaniennes et égratigné par la diplomatie américaine.

Attaques en règle

Pour l’instant, le ministère des Affaires étrangères marocain affirme n’avoir reçu aucune fin de non recevoir. Il est clair que les autorités mauritaniennes, avec une extraordinaire désinvolture, essaient de jouer avec les nerfs des responsables marocains qu’ils accusent d’héberger chez eux des opposants au régime d’Ould Abdel Aziz.

Habitué aux sautes d’humeur du général-président, le royaume chérifien n’a pas voulu mettre de l’huile sur le feu et a joué profil bas.  Mais du coup, la colère du président mauritanien n’a fait que décupler. La presse proche de la présidence mauritanienne s’est mise subitement à attaquer le Maroc.

Ces médias aux ordres ont ainsi évoqué le retour à l’accord tripartite de Madrid signé par le Maroc, la Mauritanie et l’Espagne et prévoyant la répartition du Sahara occidental entre les deux pays du Maghreb. A l’époque, Nouakchott s’était incapable de sécuriser une partie du territoire saharien s’était retiré unilatéralement de cette tentative de compromis. Pourquoi revenir aujourd’hui sur une solution aussi datée qu’inopérante, sinon pour provoquer inutilement  le voisin marocain?

Ligne rouge

Alors que le Sahara constitue une ligne rouge pour l’Etat marocain, le président mauritanien semble jouer avec ce sujet hautement sensible comme un « bad boy » qu’il n’a jamais cessé d’être. Mais cette posture constitue, hélas, une véritable « déclaration de guerre » pour Rabat.

Plus grave, le pouvoir mauritanien ne semble pas vouloir s’arrêter au niveau des gesticulations. Selon des informations concordantes rapportées par le site Saharazoom.com, les autorités mauritaniennes auraient décidé de fermer le passage frontalier de Guerguarat qui relie  le Maroc à son voisin du Sud.

Le dossier est sensible. Le passage de Guerguarat est l’unique passage terrestre qui lie le royaume chérifien à l’Afrique subsaharienne et revêt à ce propos  une importance capitale au niveau économique. Plusieurs dizaine de camions transportant des marchandises marocaines  vers les pays du Sahel transitent par cette ville frontière.

Une provocation de plus

En même temps, la Mauritanie aurait sollicité les responsables algériens pour accélérer l’ouverture de la route Tindouf-Zouerat, qui pourrait être un cordon reliant le port d’Oran aux pays subsahariens. Autant d’initiatives qui constituent de véritables provocations pour les Marocains, sans que cette recomposition régionale ne bénéficie vraiment à l’Algérie. Avec des milliers de kilomètres de frontières aussi bien avec le Niger qu’avec le Mali, Alger a suffisamment d’ouvertures avec le reste de l’Afrique.

Comme il est loin le temps où la Mauritanie adoptait une ligne équilibrée entre ses deux puossants voisins, l’Algérie et le Maroc. Faite d’ingratitude et de cécité, la diplomatie mauritanienne ne peut mener qu’à un bouleversement des équilibres régionaux.