Une conférence à Paris sur la Libye sans les principaux intéressés

Le président français Emmanuel Macron a réuni une conférence internationale sur la Libye le 12 novembre, à un mois d’élections générales censées mettre fin à une décennie de conflit dans ce pays. Sauf que manquait notamment à ce sommet le président turc Erdogan sans lequel rien de durable ne peut se décider dans ce pays. 

La présence de la vice présidente américaine, Kamala Harris, a sauvé la conférence sur la Libye d’une totale déconfiture

 

Selon un diplomate du Quai d’Orsay, « le Président français tient beaucoup à s’investir sur le dossier libyen ». Ne serait ce que pour oublier l’échec de la conférence qui eut lieu en 2018 à Paris pour imposer des élections en quelques mois et qui ne déboucha sur pratiquement rien. Et le même expert français de la région d’ajouter: « le sommet qu’Emmanuel Macron organise à Paris sur la Libye le 12 novembre peut lui donner une certaine visibilité ». À condition toutefois que les principaux acteurs de ce dossier soient présents à cette grand messe, ce qui est loin d’être le cas. 

Ainsi le président Erdogan n’a pas pris le chemin de Pairs.Or le rôle de la Turquie fut déterminant, pour arrêter l’offensive du maréchal Haftar au printemps 2020. En reprenant le contrôle du ciel, grâce aux drones et aux défenses antiaériennes turques, le camp loyaliste a pu reconquérir des localités et des sites stratégiques. Pourtant le maréchal Haftar était soutenu à l’époque par l’Égypte, les Émirats, discrètement par la France  et plus massivement la Russie qui a envoyé quelques centaines de mercenaires de la société privée Wagner.

Depuis, la diplomatie turque, plus sophistiquée que ne le laissent penser certaines saillies d’Erdogan, a su oublier les griefs passés. Ankara a fait un pas vers le Président égyptien et a su convaincre certains au Quai d’Orsay que la carte Haftar n’était pas forcément la plus pertinente. 

Discrète rencontre Erdogan-Macron

Du coup, le Président français a payé de sa personne et, malgré de fortes préventions contre le Président turc, a  rencontré ce dernier longuement dimanche dernier, en marge du sommet du G20 à Rome. Selon le correspondant de l’Agence Anadolu, la rencontre a eu lieu à huis-clos, dans le centre des congrès Nuvola. Le Président français a insisté pour que son homologue turc soit présent au sommet du 12 novembre sur la Libye. Ce à quoi le président Erdogan a répondu que son éventuelle participation se ferait à certaines conditions.

La première réserve des Turcs porte sur la présence envisagée à cette conférence de la partie chypriote grecque avec laquelle la Turquie entretient quelques solides contentieux. Une seconde condition est que la France, au mieux avec les Égyptiens et les Émiratis, les alliés d’Haftar, parvienne à dissuader ce dernier de se présenter à la Présidentielle qui est théoriquement prévue à la fin du mois de décembre. »La personne d’Haftar est totalement clivante, admet un expert français de cette région proche des cercles militaires, il est temps qu’il passe la main » 

Autant de raisons qui expliquent l’absence du président Erdogan au sommet de Paris

Le président Tebboune boude Paris

Depuis fin septembre, Alger et Paris sont en froid à la suite des déclarations très controversées d’Emmanuel Macron sur le système algérien et l’histoire du pays. Le président français a notamment remis en question l’existence de la nation algérienne avant la colonisation française en 1830. 

Beaucoup de choses se sont passées de part et d’autre depuis, avec notamment des rétropédalages de la partie française, dont le dernier en date est cette déclaration du conseiller Afrique du Nord et Moyen-Orient du président français qui a été faite mardi lors d’un briefing presse consacré à la conférence sur la Libye.

Le conseiller a indiqué que M. Macron a invité M. Tebboune et qu’il souhaite sa présence à Paris. Il a aussi fait part du « regret » du président français devant les « malentendus » et les « polémiques » engendrés par ses déclarations. Il a surtout réitéré le « respect » d’Emmanuel Macron pour l’histoire de l’Algérie et sa souveraineté.

Mais cela ne semble pas avoir suffi pour convaincre Abdelmadjid Tebboune de se rendre à Paris. Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a mis fin au suspense ce mercredi 10 novembre.

 « Les conditions ne sont pas réunies pour la participation personnelle du président », a déclaré le chef de la diplomatie algérienne au cours d’un point de presse tenu à la clôture de la conférence des chefs des missions diplomatiques algériennes, au Palais des nations.

Le discret déplacement du conseiller Maghreb d’Emmanuel Macron en Libye