Quatrième chef du gouvernement depuis 2021, Sarra Zaafrani Zenzri succède à Kamel Madouri. À quand le suivant?
Selim Jaziri
Selon ce qui est devenu désormais un rituel, les Tunisiens ont appris au matin du 21 mars, par un communiqué publié dans la nuit sur la page officielle de la Présidence de la République sur Facebook, qu’ils avaient un nouveau Premier ministre. Une Première ministre en l’occurrence, Mme Sarra Zaafrani Zenzri qui était, dans le gouvernement sortant, ministre de l’Équipement et de l’Habitat au sein duquel elle a effectué l’essentiel de ses 36 ans de carrière de haut fonctionnaire, selon le profil qu’affectionne le Chef de l’État.
Avant d’entrer au gouvernement en octobre 2021, elle occupait le poste de directrice général de l’unité du suivi de la réalisation des projets des autoroutes et de la libération d’emprise des voiries structurantes des villes. Elle succède à Kamel Madouri, en poste depuis le 8 août 2024.
Un turn over permanent
Les Tunisiens ont à peine le temps de retenir le nom des chefs de gouvernement, tant ils se succèdent à un rythme soutenu. Elle en effet la quatrième à siéger à la Kasbah depuis que Kaïs Saïed a accaparé le pouvoir, le 25 juillet 2021. Le 21 octobre 2021, il avait nommé Najla Bouden, première femme a dirigé un gouvernement dans le monde arabe, avant d’être remplacée par Ahmed Hachani, le 1er août 2023.
Le communiqué qui annonce la désignation de Sarra Zaafrani Zenzri lui assigne pour mission de « renforcer la coordination des travaux gouvernementaux et de lever les obstacles à la satisfaction des attentes du peuple tunisien ». Une pure langue de bois à l’image de la dépolitisation totale de la fonction, conçue comme un pure mission administrative.
La faute au gouvernement
Dans la Constitution hyper-présidentialiste rédigée par Kaïs Saïed, le gouvernement est une simple administration chargée de mettre en œuvre les orientations définies par le Président de la République et n’est responsable que devant lui. Pourquoi tant de changements?
Devant le Conseil national de sécurité réuni au soir de la fête de l’Indépendance, le 20 mars, le Chef de l’État a déclaré qu’à défaut d’avoir « trouvé un débouché auprès de la Présidence de la République, les lobbies se sont tournés vers la Kasbah, siège du gouvernement, pour y trouver un canal d’influence. Ils semblent avoir oublié que le Premier ministre a pour fonction d’appliquer la politique de la présidence ». Ce qui paraît être une justification du limogeage de Kamel Madouri.
Cette valse semble surtout illustrer la difficulté de Kaïs Saïed à faire aboutir ses réformes censées « libérer le pays de tous les corrupteurs », mais aussi sa fébrilité devant un climat social de plus en plus dégradé et les pressions intérieures et internationales.