L’Union africaine (UA) aurait du, d’après sa charte, condamner toute prise de pouvoir par la force ou en rupture avec l’ordre constitutionnel. Ce qu’elle n’a pas fait sur la pression de son président, le tchadien Moussa Faki Mahamat
Alors que le Tchad, avec la prise de pouvoir par le Conseil militaire de transition (CMT), se retrouve dans le cas des condamnations automatiques, l’Union africaine (UA) s’est contentée de présenter ses condoléances au peuple tchadien. On doit cette absence de condamnation au président de la Commission de l’Union africaine : le Tchadien Moussa Faki Mahamat un fidèle parmi les fidèles du président Déby décédé mardi des suites des blessures reçues au front
Faki rattrapé par son passé
Avant d’atterrir au siège de l’UA à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, Moussa Faki a été directeur de cabinet de Déby (1999-2000), Premier ministre de 2003-2005 puis ministre des Affaires étrangères de 2008 jusqu’à son élection en janvier 2017 comme président de la commission de l’Union africaine. Profitant du statut de meilleur allié de la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme, Idriss Déby avait obtenu facilement la désignation de son protégé à la tête de la Commission de l’UA face, malgré des candidatures jugées plus convaincantes. Il a ensuite obtenu en janvier dernier la réélection de Faki pour un nouveau mandat de 4 ans. Comme tous ceux qui furent des proches collaborateurs de Déby, le président de la Commission de l’UA connaît parfaitement bien Mahamat Déby Itno, le nouvel homme fort de N’Djamena, qui l’appelait même « tonton ».
Précédent dangereux
C’est donc en reconnaissance des services rendus par le père et pour protéger son « fils » que le président de la Commission de l’Union africaine n’a pas fait condamner la prise de pouvoir par le CMT. Là où on attendait une condamnation ferme suivie d’une suspension du Tchad, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA s’est contenté d’exprimer « sa vie préoccupation » après la création du CMT.
« Le CPS souligne la nécessité urgente d’un dialogue national entre toutes les parties prenantes au Tchad, dans le but de restaurer l’ordre constitutionnel et appelle toutes les parties prenantes tchadiennes à s’engager immédiatement dans le dialogue national », indique le communiqué du CPS à l’issue de sa 993 è session tenue le 22 avril. Les atermoiements de l’UA à condamner la prise de pouvoir par l’armée au Tchad constitue un précédent pour l’organisation panafricaine qui avait manifesté une grande fermeté contre la junte qui avait pris le pouvoir en août 2020 au Mali.