Le 8 février, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et le président sénégalais Macky Sall devraient se rencontrer à Nouakchott pour tenter de régler des dossiers qui fâchent: l’exploitation du gaz dans des eaux territoriales communes et la répartition des zones de pêche.
Dans la nuit du 28 au 29 janvier 2018, une pirogue de pêcheurs de Guet-Ndar, le port de pêche de Saint-Louis du Sénégal ,a été interceptée par un garde-côte mauritanien, à la limite des eaux territoriales des deux pays. Le coup de semonce mauritanien a fait une victime sénégalaise. L’équipage ne fut relâché que sur intervention diplomatique. Dès que la nouvelle du décès du jeune pêcheur avait été propagée à Saint-Louis, des boutiques maures avaient été incendiées ainsi que le monument aux morts historique de la ville.
Médiation française
L’affaire est si grave que dans son discours du 3 février 2018, place Faidherbe de Saint-Louis, Emmanuel Macron a présenté officiellement les condoléances de la France à la famille du jeune pêcheur décédé. Le président français a promis son assistance pour éviter le renouvellement d’un tel incident.
Cet incident est pris très au sérieux par la France. Les événements tragiques qui eurent lieu en 1989 à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie, où les négro-aficains sont majoritaires, sont encore dans les mémoires. Des tracasseries frontalières de part et d’autre, puis des incidents entre éleveurs maures et cultivateurs sénégalais avaient constitués les prémisses de l’affaire de Diawara avec deux sénégalais tués. Des centaines de morts et des milliers de boutiques avaient été détruites en Mauritanie et au Sénégal. Les relations diplomatiques furent rompues et la guerre évitée de justesse.
Mutatis Mutandis, la situation dans laquelle se trouvait le président mauritanien de l’époque, Maaouyia Sid’Hamed ould Taya, ressemble de plus en plus à celle que connaît l’actuel président Mohamed ould Abdel Aziz. Tous deux appartiennent à des tribus maures ( les Smacides pour ould Taya et les Oulad Bousba pour ould Abdel Aziz) qui possèdent des intérêts commerciaux importants au Sénégal où leurs tribus sont minoritaires. Les membres de leurs tribus qui vivent dans ce pays frontalier pourraient subir les contrecoups violents de toute détérioration de la situation.
A l’inverse en Mauritanie, la communauté nègro-africaine minoritaire, Toucouleurs et Peuls essentiellement , aurait tout à perdre si les relations se dégradaient entre les deux pays..