Le 21 novembre, Musa Bihi Abdi a été élu président du Somaliland, un discret territoire septentrional de l’ex Somalie en mal de reconnaissance internationale.
Le Somaliland a toutes les apparences d’un Etat et envoie même des signaux d’une proto-démocratie. Quelques dizaines d’observateurs internationaux et plusieurs centaines d’observateurs nationaux viennent en effet de suivre l’élection présidentielle dans ce pays ignoré. Résultat, le scrutin pouvait être considéré comme satisfaisant, en dépit d’irrégularités ne pouvant pas entacher la proclamation des résultats.
C’est donc l’ancien leader militaire indépendantiste, Musa Bihi Abdi, avec 55 % des voix, qui est devenu le cinquième chef de l’Etat du pays. Peu d’États africains peuvent afficher autant de présidents en un quart de siècle. Ses deux challengers, ont immédiatement reconnu sa victoire.
En mal de reconnaissance
Jadis protectorat britannique, rattaché tardivement à la Somalie, qui était colonisée par l’Italie, ce territoire de 137 000 km2 n’est reconnu ni par l’ONU, ni par l’Union africaine. En revanche, c’est le pays en lambeaux de ce qui reste de l’ex Somalie, avec Mogadiscio pour capitale, qui est encore reconnu par la communauté internationale.
Bien qu’ayant une constitution, une monnaie, des institutions qui fonctionnent et une administration moins sinistrée que dans de nombreux États africains, cet Etat, d’un peu plus de trois millions d’habitants, bénéficie peu de l’aide internationale qui va surtout à Mogadiscio. Alors que dans l’ex Somalie, la guerre civile et l’anarchie règnent, sous la pression des Shebabs, le Somaliland connaît une paix relative, parfois troublée par des rebelles et des pirates venant du Puntland qui a joué la carte du fédéralisme en Somalie.
Comment comprendre la position de l’Éthiopie qui utilise l’importante plate forme portuaire de Berbera et l’attitude de l’Union africaine, alors que son siège d’Addis Abeba n’est pas éloigné de Hargeisa, la capitale du Somaliland ?
Les Séoudiens en embuscade
L’Érythrée ne s’est-elle pas émancipée de l’Ethiopie, en la coupant de la Mer Rouge ? Le Soudan du sud ne s’est-il pas séparé du Soudan, le privant de riches gisements de pétrole ? De même, la République Arabe Sahraouie Démocratique qui ressemble tellement à un État virtuel mérite-t-elle plus que le Somaliland d’ être membre de l’Union africaine ?
La question du Somaliland ne pourra plus être éludée trop longtemps. Situé dans un des endroits les plus stratégiques du monde, le Somaliland attire les convoitises. Désormais plus proche des monarchies du Golfe que des Etats africains, le Somaliland voit affluer les financements arabes. L’Arabie Saoudite et surtout les Émirats Arabes Unis, y investissent dans le développement économique et l’éducation, mais aussi dans une importante base militaire qui pourrait bientôt concurrencer Djibouti.
Il n’est pas étonnant que le Somaliland a annoncé son soutien à la coalition arabe menée contre le Qatar et impliquée dans la guerre du Yémen.