Série Centrafrique (5), la garde rapprochée de Touadera

Victime d’un grave malaise dans la nuit du 20 au 21 juin dernier, le Président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a été évacué d’urgence à l’étranger à bord d’un jet médicalisé privé, affrété par la compagnie suisse VistaJet, spécialisée dans les vols confidentiels pour dirigeants et élites.

Selon des sources proches de la présidence, Touadéra a souffert cette nuit-là de vomissements et de diarrhées sanglantes, suivis d’une chute dans sa résidence. Son état, jugé critique, a nécessité l’intervention rapide d’un avion médicalisé, arrivé en pleine nuit à Bangui. Destination : la Belgique, via un arrêt au Gabon.

Le porte-parole de la présidence, Maxime Balalou avait alors tenté de minimiser l’événement, évoquant un simple check-up médical à Bruxelles. Touadéra est réapparu après quelques jours de flottement au Sommet Gavi sur les vaccins. La rédaction de Mondafrique revient sur cet événement important marqué par un départ précipité, les des symptômes graves et l’absence d’une communication transparente et crédible qui ont alimenté toutes formes de rumeurs.

VistaJet : luxe, discrétion et diplomatie

Le choix de VistaJet n’est pas anodin. Cette compagnie suisse est réputée pour ses jets médicalisés équipés pour les soins intensifs. Elle offre des vols confidentiels, sans escale, avec itinéraires discrets. Ses équipages sont formés aux situations diplomatiques et sanitaires sensibles. Plusieurs chefs d’État africains ont déjà eu recours à ses services pour des évacuations médicales vers l’Europe, loin des regards indiscrets. À 3h du matin, un jet médicalisé Bombardier Challenger décolle de Bangui. À son bord : le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, victime d’un grave malaise, sa seconde épouse Tina Touadéra, son médecin personnel… et un homme discret mais central dans l’opération : Dimitri Mozer, le « Russe belge » devenu logisticien officieux du pouvoir.

Dimitri Mozer, consul honoraire de Centrafrique à Liège, a coordonné l’ensemble de l’opération depuis Bruxelles. Il a mobilisé en quelques heures un jet médicalisé affrété par le groupe Forrest International, pris en charge les coûts initiaux, et supervisé le transfert vers l’hôpital Delta, établissement privé réputé pour ses soins intensifs. Ancien bras droit de François Bozizé, Mozer a su traverser les régimes pour devenir l’un des hommes les plus influents autour de Touadéra. Officiellement diplomate, il est en réalité gestionnaire des déplacements présidentiels, intermédiaire financier, et coordinateur discret des opérations sensibles. Mozer, en homme de l’ombre, a géré la crise sans exposer le pouvoir, mais son omniprésence soulève des questions : qui contrôle vraiment les leviers de l’État en cas de vacance présidentielle ? Mozer incarne une diplomatie parallèle, où les décisions vitales se prennent hors des institutions légales. Sa proximité avec Touadéra, son accès aux fonds et aux réseaux, et sa capacité à agir dans l’urgence font de lui un acteur incontournable, mais aussi invisible.

Alors que la République centrafricaine traverse une période délicate, cette évacuation médicale soulève plus de questions qu’elle n’en résout. La santé du président Touadéra, longtemps taboue, devient un enjeu politique majeur. Et dans un pays où l’information est souvent verrouillée, le silence peut être plus bruyant que les faits.