Sahara, Alger et Tunis au bord de la crise

Entre Tunis et Alger, les relations diplomatiques se tendent. La raison ? Les récentes déclarations de deux anciens grands commis de l’État tunisiens au sujet de la gestion controversée du dossier du Sahara occidental par le voisin algérien.

Un article de Maher Hajbi

Que reprochent Moncef Marzouki, ancien président de la République, et Ahmed Ounaies, ancien chef de la diplomatie tunisienne, à Alger ? 

Pour Moncef Marzouki, “le régime algérien en déclin sur le plan politique et moral, vend des illusions aux Polisarios qu’il détient comme otages au service d’un choix politique fallacieux”. L’ancien pensionnaire de Carthage écarte l’idée d’un “État sahraoui” et accuse le régime algérien d’avoir commis un crime envers son peuple et envers l’union maghrébine.

Ahmed Ounaies a, quant à lui, accusé Alger d’avoir confisqué des centaines de kilomètres du Sahara tunisien, “une démarche menée, également, contre le Maroc qui essaie simplement de défendre la souveraineté de son territoire, tout comme ils l’étaient avant la colonisation”. 

Le spécialiste en relations internationales dénonce “le rôle du régime militaire algérien pour alimenter une guerre contre le Maroc qui, après avoir fait face à ces hostilités pendant 45 ans, a opté pour une nouvelle stratégie : établir des relations diplomatiques avec Tel-Aviv en contrepartie de la reconnaissance par Washington de la souveraineté du Royaume sur le Sahara Occidental. “Une décision surprenante mais courageuse”.

Ces affirmations des deux anciens hommes d’État ont mis à mal l’établissement militaire en Algérie et il a fallu l’intervention du ministre des Affaires étrangères, Othman Jerandi à ce sujet. Le chef de la diplomatie tunisienne s’est entretenu avec l’ambassadeur algérien, Azour Baalal, pour souligner “l’intérêt que porte le président de la République Kaïs Saïed aux relations tuniso-algériennes” afin d’apaiser les tensions et rassurer le voisin algérien.