Les révélations sur la tentative de coup d’État contre le président Obiang Nguema Mbasogo compromettent, chaque jour davantage, le proche entourage du président Touadera.
Le président Obiang Nguema Mbasogo ne comprend pas que les complotistes centrafricains et tchadiens aient pu traverser la Centrafrique, avec armes et bagages, et rejoindre le Cameroun sans problèmes. Il le comprend d’autant moins que le trafic routier centrafricain est aux mains de Sani Yalo, proche du président Touadera.
Sani Yalo, le sulfureux protégé de Touadera
Sani Yalo est une figure bien connue des Centrafricains. Il a été mêlé à de nombreux scandales financiers et à des escroqueries retentissantes, l’obligeant à se mettre souvent à l’abri en France. Ce briseur de l’État de droit a été condamné à plusieurs reprises, notamment à huit années de prison, en août 2006, dans la fameuse affaire pétrolière « Zongo oil ». A Bangui, on assure que c’est un des meilleurs experts en corruption et prédation qu’a jamais connu le pays et pourtant la concurrence est grande. Sa fortune a permis de financer la campagne de son ami Touadera. Les recettes du Bureau d’affrètement routier centrafricain ( BARC), dont il assure la présidence du conseil d’administration, alimenteraient des circuits financiers de la présidence.Le président et sa famille sont souvent cadeautés par cet archétype des fossoyeurs de la République centrafricaine.
Le très généreux BARC
Depuis sa nomination par son ami Touadera, en août 2016, les détournements se chiffrent en centaines de millions de francs CFA. La gestion du BARC est opaque et sans contrôle. Sani Yalo a l’art de maquiller les comptes et de corrompre. Il a placé sa famille à tous les points stratégiques du corridor routier allant du port de Douala à Bangui en passant par Beloko, le poste frontière. Les transporteurs routiers sont obligés d’acquitter des droits de passage dont une bonne partie vont dans la caisse de Sani Yalo et de ses amis. Le BARC est une des pompes à finances du régime de Touadera. Les trafics en tous genres dans les deux sens commencent à inquiéter sérieusement les autorités camerounaises, surtout après l’affaire équatoguinéenne. Paul Biya et Obiang Nguema Mbasogo, dont leur village natal est distant de 300 km, se sont récemment concertés pour déplorer ce danger centrafricain. Les parents et amis de Sani Yalo au Cameroun sont désormais sous haute surveillance.
Sani Yalo et la Guinée Equatoria
Suite à la mise en cause du frère cadet de Sani Yalo, Hamed Yalo, avec son frère aîné, le putschiste invétéré, le mercenaire Danzoumi Yalo, les révélations venant de Bangui ne peuvent qu’accroître le courroux du président Obiang Nguema Mbasogo. Le rapport documenté des autorités de Malabo a conduit le procureur général de la cour de cassation de Bangui à constituer une commission d’enquête qui a procédé aux premières auditions. Le comptable du BARC a ainsi été entendu et, à la consternation de Sani Yalo et du Palais de la Renaissance, il a dévoilé minutieusement le système mafieux de Sani Yalo, en apportant de nombreux documents comptables. La gestion des comptes du Barc a été mise sur la place publique de Bangui. Ces documents compromettent un peu plus la famille Yalo, citée dans le complot de décembre 2017 contre le Président Obiang Nguema Mbasogo. Évidemment, ce comptable a été immédiatement licencié du BARC sur ordre de Sani Yalo. Il craint beaucoup pour sa vie et l’a fait savoir au procureur général de la cour de cassation.
Comme les autres personnages sulfureux et peu recommandables qui gravitent autour du président Touadera, Sani Yalo ne risque rien, même si c’est au prix des bonnes relations avec la Guinée Équatoriale qui a tant fait pour la Centrafrique et Touadera. Toutefois, il ne faudrait pas oublier que la Guinée Équatoriale est membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU pour deux années et que sa voix est très sollicitée…Les révélations sur Sani Yalo, sa famille et sa proximité avec Faustin-Archange Touadera pourrait ternir l’admiration de l’Onu envers ce président qui voulait « la rupture avec le passé ».