L’arrestation d’un cyberactiviste proche de Tidjane Thiam, Axel N’guetta surnommé Macron 1er, ravive la rivalité entre le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et l’homme d’affaires ivoirien Jean-Louis Billon. Tous deux briguent la candidature du parti pour la prochaine présidentielle prévue le 25 octobre prochain. Mais à huit mois de l’échéance, la tension est palpable et se reflète dans l’impitoyable guerre de proxys qui se déroule sur les réseaux sociaux.
Correspondance à Abidjan, Bati Abouè
Le lundi 3 mars, un cyberactiviste du nom de Ludovic Axel N’guetta alias « Macron 1er » a été arrêté à Abidjan par des policiers de la plateforme ivoirienne de lutte contre la cybercriminalité et placé sous mandat de dépôt le même jour à l’issue de son audition. Ludovic Axel N’guetta est très proche de Tidjane Thiam, le président du PDCI, dont il relaie régulièrement les positions sur ses réseaux sociaux.
Comme la plupart des jeunes militants cyberactivistes, « Macron 1er » n’hésitent pas à s’en prendre à tous ceux qui critiquent le président du PDCI. Et à ce jeu, en dehors des cadres du parti présidentiel, le RHDP, Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix, celui qu’il a régulièrement en ligne de mire en interne n’est autre que le délégué communal de Dabakala, Jean Louis Billon. D’une part, parce que ce dernier est candidat contre Thiam à la convention qui doit désigner le candidat du parti et, de l’autre, parce que depuis que la procédure de renonciation à la nationalité ivoirienne de Thiam est sue de tout le monde, ses supporteurs s’en montrent préoccupés et visiblement sous tension.
La réaction du PDCI
Car en cas de rejet de la candidature de l’actuel président du PDCI, le parti serait bien obligé soit de se rabattre sur Billon ou bien se chercher un nouveau candidat, ce qui pourrait s’avérer dangereux. Mais les relations au sein du parti sont à ce point figées que la direction du parti a préféré prendre le parti du cyberactiviste. Le porte-parole Soumahoro Bredoumy qui a réagi par un communiqué a ainsi condamné l’arrestation suivie de l’emprisonnement du cyberactiviste. En revanche, il n’a eu aucun mot sur les propos qui ont poussé Jean Louis Billon à porter plainte.
Billon qui a été ministre du commerce ne cache pourtant pas sa frustration. Sur X, il s’en explique. « Ce qui est encore plus frustrant, c’est que, vu ma position au PDCI-RDA, personne n’a pris la peine d’interpeller ce jeune et de l’empêcher de tenir de tels propos », dénonce-t-il. Et de se demander « pourquoi, depuis un moment, tout le monde m’appelle pour régler ce problème, alors que personne n’a agi plus tôt pour mettre fin à ces attaques ? ».
En Côte d’Ivoire, personne n’ignore que les pamphlets éructés à longueur de journées sur les réseaux sociaux par les activistes sont commandés et nourris en arrière-plan par des adversaires politiques. C’est pour cette raison que lorsque des secrétaires généraux de section ont porté plainte pour obtenir la destitution de Tidjane Thiam pour cause de nationalité non exclusive, les partisans du président du parti y ont vu la main de Jean-Louis Billon.
Il en est de même lorsque Valérie Yapo, une ex-déléguée communale de Cocody, a demandé la démission du président du parti parce qu’il y aurait eu « tromperie sur sa nationalité », une « violation des textes du PDCI-RDA et une duperie envers les congressistes qui l’ont élu ». Tous ont immédiatement regardé dans la direction de l’adversaire le plus résolu qui n’est autre le délégué départemental Jean-Louis Billon.