Le Royaume marocain qui avait amorcé un rapprochement avec les émiratis sur la question du Sahara et qui a soutenu la cause de l’Islam sunnite dans la guerre menée au Yémen, n’a guère apprécié que leurs interlocuteurs du Golfe couvrent d’or les frères ennemis algériens.
Une chronique de Karim Douichi
Alors que les fortunés émirs des pays du Golfe partaient avidement au braconnage à l’outarde et à la gazelle dans le désert algérien, les hauts dignitaires liés au président déchu Abdelaziz Bouteflika s’emplissaient les caisses en lingots d’or. A condition qu’ils ferment les yeux sur la chasse d’espèces protégées sur leur propre territoire. C’est l’ancien premier ministre algérien, aujourd’hui en détention, Ahmed Ouyahia, qui a révélé le pot aux roses lors d’une audience de son procès dans l’affaire du financement occulte de la campagne électorale de la présidentielle avortée d’avril 2019.
L’ancien directeur de cabinet de la présidence algérienne qui a été plusieurs fois premier ministre assure avoir accepté soixante lingots d’or entre 2014 et 2018. Ces surprenants cadeaux ont été offerts en douce par les richissimes émirs du Golfe à Ahmed Ouyahia, mais également à Abdelaziz Bouteflika, aux hauts cadres de la présidence, à certains ministres et à plusieurs hauts gradés de l’armée.
Coups fourrés anti marocains
Ces révélations ont fait l’effet d’une bombe en Algérie, mais ont été largement commentées au Maroc, ce pays voisin où les cheikhs du Golfe s’adonnaient également à cette pratique bédouine de la chasse à l’outarde. Au royaume chérifien qui a toujours entretenu des relations très amicales avec les monarchies du Golfe, la chasse est un sport très régulé sur la survie d’espèces menacées d’extinction. Rabat a toujours permis à ses invités de marque de pratiquer la chasse dans des réserves, mias en respectant les normes internationales et, naturellement, sans aucune contrepartie aurifère ou pécuniaire.
Mais malgré, cette bienveillance amicale de la part du Maroc, certains pays du Golfe n’ont jamais hésité à échafauder des « coups fourrés » contre Rabat. D’ailleurs, quand une certaine presse de ces pays écorche souvent l’image du royaume chérifien, d’autres chroniqueurs se délectaient des « maux sociaux » d’un Maroc dont ils raffolent pourtant durant leurs fréquents séjours.
Sans oublier, le braconnage diplomatique sauvage dans l’espace géostratégique du royaume. Des pics pseudo amicales qui jettent souvent les relations entre le Maroc et les monarchies du Golfe dans de profondes périodes de tiédeur que tout l’or du monde ne peut dissiper facilement.