Nawaf Salam Premier ministre: un revers pour le Hezbollah !

Nawaf Salam, élu Premier ministre au Liban, marque un tournant majeur dans l’influence que le Hezbollah faisait peser sur la vie politique. Ce choix historique ouvre la voie à un renouveau espéré depuis des années. Pour les Libanais épuisés, l’espoir renaît enfin.

Les élus du Hezbollah font grise mine, les autres parlementaires se réjouissent

Le juge Nawaf Salam a été nommé Premier ministre du Liban ce lundi 13 janvier 2025 par le président Joseph Aoun, après une journée de consultations parlementaires marquée par des retournements décisifs. Cette nomination constitue un tournant majeur dans la politique libanaise.

La journée avait débuté dans l’incertitude, avec trois candidats principaux en lice. Tout a basculé lorsque Fouad Makhzoumi, en compétition avec le Premier ministre sortant Najib Mikati, s’est retiré au profit de Nawaf Salam, affirmant vouloir « rompre avec les pratiques corrompues du passé ». Cette décision a permis à Salam de s’imposer, malgré l’abstention des députés du tandem chiite.

Diplomate respecté et président de la Cour internationale de Justice à La Haye, Salam est perçu comme une figure réformatrice, extérieure à la classe politique traditionnelle.
En poste dans un contexte de crise profonde, Salam devra affronter des défis immenses, notamment la mise en œuvre de réformes économiques indispensables et la reconstruction du pays après la récente guerre entre Israël et le Hezbollah.

Le retour de Nawaf Salam au Liban, prévu mardi, sera un premier pas vers la formation d’un gouvernement attendu comme porteur d’espoir pour un pays en quête de renouveau.

Cette victoire, improbable et inespérée, a déclenché une vague d’euphorie. Place des Martyrs, les Libanais se sont rassemblés pour célébrer ce qu’ils perçoivent comme une revanche populaire et l’héritage de la révolution du 17 octobre 2019, brutalement réprimée par le Hezbollah et ses alliés.

Pour un pays enfermé si longtemps dans le désespoir, cet espoir retrouvé paraît presque irréel. Le Liban semble prêt à renaître de ses cendres, tandis que le temps des corrompus semble toucher à sa fin.

Dans les coulisses, les États-Unis et l’Arabie Saoudite mettent tout leur poids pour libérer le Liban de l’influence iranienne. L’effet domino est en marche : après la chute de Bachar al-Assad à Damas, ses relais vacillent désormais au Liban.

Les Libanais en liesse place des Martyrs 

« L’élection du président Joseph Aoun est une victoire éclatante, une réponse claire aux critiques acerbes et aux menaces des députés du Hezbollah. La voix du peuple a résonné, brisant des décennies de silence imposé, et ramenant au sommet l’intégrité et la dignité du pouvoir. Cinquante ans de lutte. Cinquante ans à résister à une mafia qui a saccagé notre système judiciaire, pillé nos richesses et tenté d’effacer notre identité. Cinquante ans d’espoir face à ceux qui ont fait de la corruption leur doctrine, détruisant nos valeurs et asphyxiant notre avenir.

Mais aujourd’hui, un nouveau chapitre s’écrit. Les sacrifices de toute une génération trouvent enfin leur sens. Nous tenons une chance unique de reconstruire un pays fondé sur la justice, l’éthique et le respect de la dignité humaine. Le moment est venu de tourner la page, de briser les chaînes du passé et d’imaginer, ensemble, un avenir lumineux. Un avenir où le courage et l’unité traceront la voie vers la renaissance. »

Des paroles fortes, exprimées par Nadim S., qui traduisent l’espoir d’une population qui déclare « voir enfin la lumière au bout du tunnel »

« Les Saoudiens mijotent quelque chose »

Lundi matin, alors que le Liban s’apprêtait à vivre une journée décisive, le quotidien libanais L’Orient-Le Jour posait le décor de l’incertitude politique dans un article au titre évocateur : « Mikati, Makhzoumi ou Salam ? Là aussi, on attend Riyad. »

Le journal précisait : « Dès 8h du matin aujourd’hui, le président élu Joseph Aoun tiendra des consultations parlementaires contraignantes pour désigner le Premier ministre qui dirigera le premier cabinet du mandat. Samedi soir, le paysage se présentait ainsi : le tandem chiite et ses alliés ainsi que la majorité des sunnites soutiennent une reconduction de Nagib Mikati, qui pourrait compter sur une cinquantaine de voix. De son côté, l’opposition était divisée. Les FL et leurs alliés ont soutenu Fouad Makhzoumi, qui pourrait à peine réunir plus de 30 voix, tandis que les députés de la contestation se sont rangés derrière Ibrahim Mneimné. Toutefois, dimanche, une candidature surprise a changé la donne : le président de la Cour pénale internationale, Nawaf Salam, s’est dit prêt à assumer ce poste en cas de consensus. Dans la foulée, Mneimné se serait dit prêt à se retirer en faveur du juge libanais. Avec cette candidature, les cartes ont été rebattues dans les rangs de l’opposition mais aussi parmi certains soutiens de Mikati. »

Cette analyse s’accompagnait d’une information clé : « Selon des informations de presse, l’émissaire saoudien Yazid ben Farhane, qui a joué un rôle essentiel dans le consensus présidentiel autour de Joseph Aoun et dont le pays souhaite une recomposition du pouvoir politique au Liban, ferait une nouvelle visite express à Beyrouth. » Un député résumait la situation : « Les Saoudiens mijotent quelque chose. »

Le Hezbollah tergiverse !

Le média Ici Beyrouth met en lumière le « démarrage en force pour le mandat du président de la République, Joseph Aoun », soulignant qu’il a appliqué à la lettre, lors des consultations parlementaires contraignantes de lundi, ce qu’il avait promis dans son discours d’investiture : redonner ses lettres de noblesse à l’État.

Dans son analyse, le média poursuit : « Alors qu’une majorité parlementaire se dégageait progressivement dans la journée en faveur du juge Nawaf Salam, président de la Cour internationale de justice (CIJ), le Hezbollah, favorable à une reconduction de Najib Mikati à la tête du nouveau gouvernement, a essayé de tergiverser, faute de pouvoir bloquer le processus constitutionnel. »

Ce blocage, bien que temporaire, n’a pas empêché le Palais de Baabda de maintenir une position ferme : « Alors que son bloc devait être reçu dans l’après-midi, au Palais présidentiel, conformément à l’agenda préétabli, il a fait savoir aux départements concernés de la présidence de la République qu’il viendrait mardi. La réponse de Baabda n’a pas tardé : nous allons donc considérer que vous vous êtes abstenus de désigner un Premier ministre. C’est la présidence de la République qui fixe les rendez-vous et chaque bloc doit s’y conformer. Du jamais vu. Le bloc du Hezbollah n’a eu d’autre choix que de se présenter au rendez-vous fixé, mais pour lancer une diatribe contre le régime, après avoir annoncé qu’il n’a pas nommé de Premier ministre. »

Enfin, Ici Beyrouth poursuit en affirmant que « L’élection de Joseph Aoun, auquel l’axe pro-iranien et ses alliés étaient farouchement opposés, a été le premier coup asséné à cet édifice malfaisant. L’intransigeance présidentielle de lundi a marqué le second. Le non de Joseph Aoun au Hezbollah a constitué le premier pas sur la voie d’un changement auquel les Libanais rêvaient depuis longtemps sans trop y croire. »