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Moncef Marzouki rallume la guerre entre le Maroc et l’Algérie

L’ancien président tunisien Moncef Marzouki, qui avait été élu après le départ de Ben Ali par les islamistes du mouvement islamistes Ennahdha, lance une salve contre l’Algérie. Contre l’avis de ses alliés d’hier.

Moncef Marzouki a été élu Président
de la République en Tunisie en 2011

Dans une interview à Al Khaleej, une chaîne de télévision satellitaires du Golfe, le premier chef d’État tunisien post-révolution, Moncef Marzouki, a clairement accusé l’Algérie d’avoir joué un rôle néfaste durant la révolution du Jasmin en 2010-2011, qui a mis fin au régime du dictateur Ben Ali.« Les autorités algériennes ont combattu la révolution tunisienne et lui ont été hostiles pendant ses premières années. Ce qu’a enduré la révolution tunisienne de la part de l’Algérie n’est pas moindre que ce que lui ont fait subir les Émiratis, même si c’était d’une manière différente », a-t-il déclaré, avec beaucoup d’amertume.

Car si officiellement en Tunisie, tout le monde sait que les services algériens, inquiets de la contagion, s’étaient plutôt rangés du côté des dictatures arabes contestées, jusqu’à présent chacun s’interdisait de critiquer ouvertement le grand voisin algérien. 

Les relations entre Moncef Marzouki et
la monarchie marocaine sont bonnes

Ce n’est pas la première fois que l’ex-président tunisien Moncef Marzouki, connu pour ses attaches marocaines et ses amitiés qataries, critique le pouvoir algérien depuis qu’il a quitté la présidence.  Mais dans cette dernière interview, largement reprise et commentée dans les trois pays du Maghreb, Merzouki avait accusé l’Algérie d’être le principal obstacle à « l’édification maghrébine ». Une façon officiellement de s’aligner sur les thèses marocaines au sujet du Sahara Occidental.  

Réactions algériennes

Piqué au vif, le pouvoir d’Alger a exigé et obtenu des éclaircissements. « Les excellentes relations avec l’Algérie ne peuvent être perturbées par des positions officieuses, qui n’engagent en rien la Tunisie et ne représentent que leurs auteurs », a aussitôt réagi le ministère tunisien des Affaires étrangères. 

Mieux, l’Algérie a eu droit au soutien du mouvement islamiste Ennahda, ancien « allié »  de Merzouki. Mais il faut savoir que le chef du mouvement, Rached Ghannouchi, a toujours entretenu de bonnes relations avec l’Algérie, notamment avec l’ex président Bouteflika. Ghannouchi était venu au secours de ce dernier quand, exilé dans les pays du Golfe, il était en froid avec les Émirats Arabes Unis. C’est le leader islamiste tunisien, à l’époque en réfugié à Londres mais au mieux avec les monarchies pétrolières, qui avait recollé les morceaux. Lorsque Bouteflika est revenu au pouvoir en 1999, Ghannouchi s’était immédiatement immédiatement avec lui pour le féliciter.

« Des déclarations offensantes« 

Ennahda a en effet exprimé dans un communiqué,  largement repris par les journaux gouvernementaux des deux pays, son « rejet » des déclarations de Merzouki qu’il juge « offensantes » à l’égard de l’Algérie, « précipitées », « irresponsables » et « contre-productives »

Fin stratège, Ghannouchi sait que rien de décisif ne peut vraiment être entrepris à Tunis sans le feu orange de l’Algérie, le grand frère qui veille de près sur la Tunisie voisine. Disons que les intentions de Marzouki en lançant cette saillie contre les Algériens sont moins claires. Mais ce n’est pas la première fois que la vison politique de l’ancien président tunisien souffrent d’une certaine opacité

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