Pour le représenter à l’investiture du nouveau président mauritanien, Mohammed Ould Ghazouani, le 1er Août 2019 à Nouakchott, Emmanuel Macron avait porté son choix sur le député Jean-Jacques Bridey, un de ses soutiens de la première heure totalement plombé aujourd’hui
Le député LREM du Val-de-Marne avait été choisi en sa qualité de président de la Commission de la Défense et des Forces Armées de l’Assemblée nationale. Cette fonction pouvait effectivement valoir à son titulaire l’honneur de représenter la France et son chef de l’État. Jean-Jacques Bridey n’était pourtant pas le meilleur émissaire pour une telle représentation à haute signification politique.
Jean-Jacques Bridey lâché par les siens
Le 24 juillet 2019, soit une semaine avant son voyage à Nouakchott, l’ancien maire de Fresnes ( Val-de-Marne) avait été désavoué par ses pairs du parti présidentiel. Jean-Jacques Bridey n’a pas été reconduit à la tête de la Commission de la Défense et des Forces Armées. Ils lui ont préféré une députée nîmoise pour lui succéder à la prochaine rentrée parlementaire.
Ses notes de frais » astronomiques « .
Outre les reproches des membres de son propre parti concernant une certaine opacité dans la gestion et le management de la commission de l’Assemblée nationale, notamment en matière de finances et de ses déplacements, Jean-Jacques Bridey avait déjà attiré l’attention de Mediapart et d’Anticor sur son train de vie et ses frais de bouche. Avant le président de l’Assemblée nationale, Francois de Rugy, le homard et les vins d’exception étaient déjà à l’honneur chez le député ex PS du Val-de-Marne.
250 euros la bouteille de vin
Dans son édition du 29 octobre 2018, le site Mediapart avait épinglé Jean-Jacques Bridey pour « des notes de frais astronomiques » qu’il se faisait rembourser, en 2016-2017, par la Société d’économie mixte de l’aménagement de Fresnes ( SEMAF) qu’il présidait. Mediapart évoquait des remboursements de l’ordre de 2000 euros mensuels.
A titre d’exemples, Mediapart citait des frais bouche tels que 680 euros pour deux couverts dans un grand restaurant parisien, 250 euros pour une belle bouteille de Meursault ou encore 85 euros pour des aiguillettes de homard bleu. Selon Mediapart, des bouquets de fleurs à près de 100 euros ou des frais de parking à Roissy étaient aussi parmi les dépenses facturées à la Semaf. J
ean-Jacques Bridey aurait perdu la mémoire sur ses invités ou ses voyages et déclare que Mediapart veut atteindre son honneur car toutes ces dépenses avaient été bien validées par la Semaf. En février 2019, l’association Anticor a saisi le procureur de la République de Créteil pour ces faits.
Une avalanche d’indemnités
Jean-Jacques Bridey a aussi été inquiété, suite à un signalement, pour des faits s’apparentant à de la concussion.La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique ( HATVP) a saisi la justice. Avant la loi de 2017 interdisant le cumul de mandats, l’élu de la Nation aurait perçu, en 2013, 2014 et 2015, des indemnités pour ces différents mandats ( maire, député président de la Semaf) dont le cumul serait bien au-delà du plafond qui était alors admis par la législation. Le parquet a diligenté une enquête préliminaire sur ces informations. Jean-Jacques Bridey invoque la bonne foi et une possible négligence de sa part et qu’en tout état de cause il rembourserait les sommes indues.
En attendant les décisions de la justice, et bien qu’ayant perdu son poste de président de la Commission de la Défense et des Forces Armées, c’est bien Jean-Jacques Bridey qui a représenté le chef de l’État français à l’investiture du nouveau président mauritanien et eu des entretiens avec lui et son prédécesseur sur les relations franco-mauritaniennes.
Quelques semaines après la démission du ministre d’État, François de Rugy, la désignation de Jean-Jacques Bridey ne manque pas de soulever quelques questions sur certains choix de personnes du président Macron.