Madrid met un terme au bras de fer diplomatique avec Rabat et se range du côté marocain sur la question du Sahara occidental en soutenant le projet d’autonomie proposé par le royaume chérifien.
Une chronique d’Olivier DELAGARDE
Après l’Allemagne et la France et dans un mouvement européen qui pourrait encore s’élargir, c’est au tour de l’Espagne de reconnaître « le sérieux, le réalisme et la crédibilité » de l’unique proposition marocaine d’autonomie. C’est tambour battant et non sans une certaine fierté, ce que précise le communiqué du cabinet royal marocain, le vendredi 18 mars, annonçant la nouvelle position espagnole sur le dossier du Sahara marocain, mettant de facto un terme à la brouille diplomatique entre les deux couronnes. « L’Espagne agira avec la transparence absolue qui correspond à un grand ami et allié (…). Je vous assure que l’Espagne tiendra toujours ses engagements et sa parole », a affirmé le président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez, dans une résolution écrite adressée au souverain marocain.
Précisant sans ambages la nouvelle relation souhaitée avec le royaume chérifien, le chef de gouvernement espagnol a assuré que celle-ci aura pour fondations « la transparence et la communication permanente, le respect mutuel et les accords signés par les deux parties et l’abstention de toute action unilatérale ». La décision du voisin ibérique génère un rebattement de cartes géopolitiques dans la région en la faveur évidente du Maroc, ayant pour conséquence directe un bouleversement des rapports de force sur les rives du bassin méditerranéen. Pour aller plus loin, le chef de la diplomatie espagnole José Manuel Albares, se rendra à Rabat dans les prochains jours, notamment afin de préparer la venue officielle de Pedro Sanchez, dont la date n’a pas encore été annoncée.
Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a fait savoir également au Roi du Maroc que Berlin encourage la proposition de plan d’autonomie marocain comme « un effort sérieux et crédible du Maroc » et le qualifiant de « bonne base pour parvenir à un accord ».
C’est en février dernier que Madrid a fait un premier pas vers Rabat, en lui apportant un soutien pour « garantir sa sécurité énergétique », après la fermeture du robinet du gaz par Alger, sur fond de vives tensions avec le Maroc. Ainsi grâce à cet accord, « le Maroc pourra acquérir du gaz naturel liquéfié sur les marchés internationaux, le faire livrer dans une usine de regazéification de l’Espagne péninsulaire et utiliser le gazoduc du Maghreb (GME) pour l’acheminer vers son territoire », selon les précisions du département espagnol de la Transition écologique dans un communiqué.
Côté algérien, la grogne
Qualifié de « brusque » par la diplomatie algérienne, la décision espagnole place l’Algérie en situation de quasi rupture de ses relations avec l’Espagne. Dès le samedi 19 mars, Alger a décidé de rappeler immédiatement son ambassadeur à Madrid, officiellement « pour consultations ». Cette secousse diplomatique a visiblement ébranlé Alger, qui semble de plus en plus isolé sur ce dossier.
Le Front Polisario exprime quant à lui son « étonnement » Le Front indépendantiste sahraoui Polisario, soutenu inconditionnellement par l’Algérie, a quant à lui exprimé son « étonnement » face à la position du gouvernement espagnol de soutenir la position marocaine sur le Sahara occidental, selon un communiqué parvenu samedi dernier à l’AFP. « Avec beaucoup d’étonnement, le gouvernement de la République sahraouie et le Front Polisario ont été informés vendredi du contenu des deux communiqués émis par l’occupant marocain et le gouvernement espagnol ». Et de poursuivre : « La position exprimée par le gouvernement espagnol contredit absolument la légitimité internationale. Les Nations unies, l’Union africaine, l’Union européenne, la Cour internationale de justice et la Cour européenne de justice et toutes les organisations régionales ne reconnaissent pas une quelconque souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental ».
Le Sahara occidental au coeur
La délégation du Polisario en Espagne a elle accusé de son côté Madrid d’avoir « cédé face au chantage à l’immigration et à la politique de la peur utilisée par le Maroc ». Le conflit du Sahara occidental, ex-colonie espagnole considérée comme un « territoire non autonome » par l’ONU, oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario. Rabat, qui contrôle près de 80% de ce territoire, propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté tandis que le Polisario réclame un référendum d’autodétermination, prévu lors de la signature en 1991 d’un cessez-le feu, mais jamais concrétisé.
Le Sahara occidental est au centre de toute l’action diplomatique de Rabat. En contrepartie de la reprise de ses relations diplomatiques avec Israël, le Maroc avait obtenu des EtatsUnis, alors dirigés par Donald Trump, la reconnaissance de « la marocanité » de l’ex-colonie espagnole. En octobre 2021, le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé de proroger jusqu’au 31 octobre 2022 le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO). Depuis, plusieurs missions ont effectué des déplacements d’enquêtes et d’auditions, tant sur le territoire contesté qu’auprès des pays acteurs du dossier, sans effusions majeures.
L’article parle du gouvernement de la République Sahraoui et du Polisario ! Franchement, est ce que cette entité a un gouvernement ??? Il faut que le pouvoir Algérien cesse d’instrumentaliser ces gens pour son agenda que tout le monde connaît. Bientôt la fin de ce cirque qui a trop duré.