« Nous avons établi des contacts avec de nombreux Etats. Ces derniers temps, l’Ukraine est entrée dans la danse car nous avons un dénominateur commun : les mercenaires russes de Wagner, qui ont aussi envahi l’Ukraine. L’Ukraine voit des ennemis là où se trouvent les Wagner et nous, dans l’Azawad, faisons face à cette organisation qui est la cause de malheurs et de destruction dans beaucoup de pays, en Libye, en Syrie, en République centrafricaine, au Soudan et bien évidemment en Ukraine », a dit Mohamed Ramadane.
« La coopération entre le CSP-DPA et les Ukrainiens en est à sa première phase. Il est trop tôt pour révéler sur quels plans l’Ukraine nous a aidés », a-t-il poursuivi.
« Car si l’Ukraine a ses propres combats et fait face à l’ennemi directement, nous menons aussi notre propre combat pour la liberté de notre population. C’est pourquoi il est nécessaire qu’on nous aide, particulièrement sur le plan militaire, afin de stopper l’avancée des criminels de Wagner. Cet appel est valable pour tous les alliés de l’Ukraine et pour tous ceux qui aident à combattre l’impérialisme russe. (…) Car la Russie est une menace pour le monde entier », a-t-il ajouté.
Le porte-parole de la coalition a précisé que les premiers contacts avec l’Ukraine remontaient au début de l’année 2024. Il a précisé que la Russie était devenue un ennemi de son groupe dès lors qu’elle a décidé d’appuyer le gouvernement militaire de Bamako à travers les mercenaires de Wagner. Des exactions russes sont régulièrement rapportées dans les campements du nord du Mali depuis la chute de Kidal, en novembre dernier.
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« La Russie a choisi son camp »
« La Russie était auparavant un pays de médiation, qui avait des représentants dans le Comité de Suivi de l’Accord d’Alger et qui connaissait bien l’histoire du conflit qui oppose l’Azawad au Mali. Elle a choisi son camp en prenant partie pour les putschistes de Bamako. (…) Son immixtion dans ce combat ne sera pas sans conséquences au plan juridique car elle a une grande part de responsabilité dans les exécutions extrajudiciaires des civils Azawadiens. »
Pour le porte-parole, si Wagner jouissait d’une certaine autonomie du vivant de son chef Prigojine, c’est bien désormais la Russie qui coiffe la société militaire privée. « Depuis que les mercenaires de Wagner dépendent du ministère de la Défense russe, Moscou répond directement et juridiquement de leurs actions, pas comme du temps où Prigojine était vivant. »
Ramadane ne s’est pas dit favorable au retour de l’armée française mais il a toutefois lancé un appel à l’aide étrangère. « Nous, en Azawad, ce que nous voulons, ce n’est pas une intervention étrangère.(…) Nous ne voulons pas faire de l’Azawad un champ de règlements de compte. Nous savons ce que nous voulons : des partenariats avec la France, l’Union Européenne, avec tous les Etats, même les pays voisins, qui souhaitent nous aider à mener ce conflit jusqu’au bout. (…) L’Azawad peut être une digue pour ceux qui visent la Méditerranée et l’Europe à travers le Sahel. »
Le CSP-DPA affirme avoir mené seul les combats ayant abouti à une cuisante défaite de l’armée malienne et de ses alliés russes, fin juillet, à la frontière algérienne. Cependant, selon plusieurs sources, le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans, affilié à Al Qaida, serait intervenu à la fin de la bataille, prenant en tenaille la colonne malienne bloquée par une tempête de sable. Au lendemain de cette opération, qui a fait plusieurs dizaines de tués russes, l’Ukraine a affirmé avoir agi aux côtés des rebelles, soulevant un tollé dans la région. Selon des sources de Mondafrique, Kiev aurait formé ces derniers mois des combattants du CSP-DPA, notamment sur l’utilisation des drones kamikazes, en Ukraine et dans le nord-ouest du Mali.
Mali, des dizaines de miliciens russes tués par les rebelles touareg