En neuf mois de présence dans le ciel irakien, les six Rafale et six Mirage 2000 français ont effectué 150 frappes, soit moins de 1,5 frappe par avion et par mois. Pour un coût annoncé de 130 millions par an
Hollande, bon élève de Washington
Les trois quart des sorties aériennes au dessus de l’Irak ne se terminent pas par des frappes, selon les Américains, parce que les cibles sont mal identifiés, l’armée irakienne au sol ne fournissant pas toujours les informations nécessaires. De plus, les djihadistes de Daesh ont appris à se fondre dans la population, à ne pas effectuer de déplacements massifs facilement repérables du ciel. Enfin, les pilotes sont soumis à l’impératif de « zéro bavure », pour ne pas alimenter la propagande de l’Etat Islamique. On comprend ainsi pourquoi les bombardements sont inefficaces et n’arrêtent pas la progression de Daesh.
Ce qu’on comprend moins, ce sont les raisons qui ont amené la France à s’embarquer dans cette galère. En 2003, Chirac et son gouvernement s’étaient opposés à l’intervention américaine en Irak dont on connaît aujourd’hui les résultats catastrophiques. Hollande, lui, a décidé d’envoyer plus d’avions que les Anglais, qui participent eux aussi à la coalition internationale, ce qui lui permet de revendiquer le titre de meilleur élève du maître américain au sein de l’Otan. Paradoxalement, il a refusé d’engager l’armée française au dessus de la Syrie, où sévit aussi Daesh, alors que des liens historiques très forts lient les deux pays. Pour ne pas donner l’impression qu’il volait au secours d’Assad, le dictateur syrien souvent présenté par la diplomatie française comme le grand Satan, pire que Daesh. « Nous aurions pu laisser seuls les Américains et les Britanniques, au motif qu’ils sont en partie responsables de la situation… », a lancé perfidement Henri Bentégeat, ancien chef d’état major de Chirac, invité en décembre dernier par les commission des Affaires Etrangères du Sénat. Le même général estimait aussi à l’époque que « l’opération Chammal répond à la menace certaine que constitue le califat, que ce soit pour protéger notre approvisionnement en énergie, à cause du développement des « combattants étrangers », comme les appelle Daesh, parmi lesquels figurent de nombreux Français, pour la protection des minorités, notamment des chrétiens d’Orient, ou généralement pour lutter contre la barbarie… »
Neuf mois après le début de l’engagement français en Irak, on ne peut pas soutenir sérieusement qu’un de ces objectifs aient été atteints. Mais l’essentiel n’est-il pas que, grâce à la surexposition des Rafale dans le ciel du Golfe Persique, François Hollande apparaisse comme un excellent représentant de commerce, à défaut d’être un véritable