Madagascar, l’Assemblée nationale au centre d’un jeu politique tendu

Le parti TIM de l’ancien président Marc Ravalomanana se retire officiellement de la plateforme Firaisankina, mouvement qui a été constitué pour faire face aux dernières élections législatives de 2024. Dans un communiqué daté du 30 octobre 2025, le TIM explique que « cette décision acte la fin d’une alliance politique forgée dans un contexte de mobilisation contre l’ancienne gouvernance ».

Daniel Sainte-Roche 

La plateforme Firaisankina a été composée de TIM de Ravalomanana, du HVM de l’ancien président Hery Rajaonarimampianina, du Mouvement pro-Siteny (un agglomérat de diverses personnalités régionalistes ayant appuyé le candidat Siteny lors des élections présidentielles de 2023), du Tsara Tahafina (TT) dirigé par Paraina Auguste, ancien ambassadeur au Sénégal et à Rome sous l’ère Ravalomanana, et de Antoko Politika Madio (APM) d’Alban Rakotoarisoa, ce conseiller municipal qui a mis le feu aux poudres lors des manifestations du 25 septembre 2025 qui ont été à l’origine de l’actuel changement.

Le retrait de TIM n’est pas une surprise car, dès 2024, des membres influents de ce parti ont souhaité la dissolution de la plateforme de l’opposition qui a échoué dans sa quête de majorité à l’Assemblée nationale. En effet, sur les 22 députés Firaisankina, 17 relèvent du TIM, les autres composantes de la coalition n’ayant pour la plupart aucune assise territoriale.

L’ex opposition parlementaire, une unité de façade

La démarche du parti de Marc Ravalomanana intervient au lendemain des élections du bureau permanent de l’Assemblée nationale, à l’issue desquelles le Firaisankina a obtenu trois des six postes de vice-président et trois postes stratégiques (postes de questeur numéro 1 et numéro 3 qui englobent la gestion financière, les ressources humaines et les équipements de l’Institution, et le poste de Rapporteur général adjoint). La présidence de l’Assemblée nationale étant occupée par Siteny Randrianasoloniaiko, un autre député du Firaisankina.

La question se pose donc de savoir si l’on assiste à une rupture au sein de la coalition qui, hier encore, jouait le rôle de l’opposition et qui prend aujourd’hui le contrôle de l’Assemblée nationale. Arrivera-t-on à maintenir une union de façade, sachant que l’ancienne opposition a été constamment minée par des querelles intestines, ce qui a longtemps fait le jeu de Andry Rajoelina.

Pour rappel, l’opposition malgache était réunie d’une manière circonstancielle au sein du « Collectif des candidats », un regroupement de onze candidats à l’élection présidentielle de 2023, qui avait pour but de dénoncer les conditions d’organisation du scrutin, notamment la validation par la Haute Cour constitutionnelle (HCC) de la candidature du président sortant Andry Rajoelina après la découverte de l’acquisition par décret de la nationalité française par ce dernier et, par conséquent, de la perte de sa nationalité malgache.

Le 13 février 2024, la plateforme « Kolektifa an’ny Malagasy » est née et dirigée collectivement par les anciens candidats à la présidentielle Hajo Andrianainarivelo, Andry Raobelina, Roland Ratsiraka, Jean-Jacques Ratsietison et Tahina Razafinjoelina. Le 23 février, la coalition Firaisankina a vu le jour, divisant ainsi l’opposition du pays en deux plateformes différentes. Ces dissensions ont conduit à des résultats catastrophiques car le Kolektifa an’ny Malagasy n’a obtenu qu’un siège au Parlement, et le Firaisankina s’est contenté de 22 sièges, qui n’ont pas pesé lourd face aux 84 députés IRMAR (pro-Rajoelina) lesquels pouvaient de surcroît compter sur la volatilité des votes des 50 députés élus sur pdes listes indépendantes.

Aujourd’hui, l’ancienne opposition a réussi à prendre le contrôle de l’Assemblée nationale grâce à la capitulation des 80 % des dép…