Le ministre centrafricain des Petites et Moyennes Entreprises et de la Promotion du Secteur Privé Hyppolite Ngaté Robard et sa délégation se sont rendus à Téhéran du 27 avril au 1er mai dernier pour participer à l’Exposition Internationale IRAN EXPO 2024.
En marge de cet évènement qui a vocation à mettre en lumière les services et industries des grands groupes iraniens à l’international, le ministre Ngaté Robard a notamment été reçu par le ministre de l’Industrie, des Mines et du Commerce Abbas Aliabadi, le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir Abdollahian, et encore le premier vice-président de la république islamique d’Iran Mohammad Mokhbér. Tous ont exprimé au cours de ces échanges leur volonté de développer les relations bilatérales Iran-RCA. Outre les promesses d’accroissement de la coopération bilatérale dans les domaines du commerce, de l’agriculture et de l’éducation, les discussions ont aussi porté sur des livraisons d’armement, une coopération militaire et la possibilité à terme de remettre en exploitation la mine de Bakouma.
L’uranium en ligne de mire
Déjà en 2010, le ministre centrafricain des affaires étrangères de l’époque, le général Antoine Gambi à Téhéran était invité par les hautes autorités de la République Islamique d’Iran qui lorgnaient sur le potentiel en uranium de la République Centrafricaine. Alors que les tensions s’intensifient au Moyen-Orient, en particulier entre Israël et l’Iran, Téhéran cherche à récupérer avec la coopération de la junte nigérienne plusieurs centaine tonnes de concentré d’uranium extrait des gisements de la ville minière d’Arlit, dans le nord du Niger par la société française Orano. L’exploitation de la mine de Bakouma, en Centrafrique, dont le potentiel est estimé à environ 32.000 tonnes d’uranium dans un pays désormais libre de toute ingérence occidentale, ravive manifestement l’intérêt de la République islamique d’Iran.
L’Iran pourrait aussi développer une militaire avec des Etats africains comme la RCA qui satellisés par la Russie ont vu l’influence occidentale décroître à peau de chagrin. Le rapport du 6 décembre 2019 des experts sur la RCA du Conseil de Sécurité des Nations Unies avait mis en lumière les liens opaques entre l’ancien président centrafricain Michel Djotodia et l’unité d’élite du Corps des Gardiens de la révolution islamique d’Iran : la Force Al-Qods. Djotodia avait mis sur pied en 2017-18 avec l’appui de la Force Al-Qods un groupe armé dénommé Saraya Zahraa, afin de s’en prendre aux intérêts occidentaux, israéliens et saoudiens en Afrique, y compris en République centrafricaine. Des dizaines de miliciens de l’ex-Séléka s’étaient ainsi rendus au Liban, en Iraq et en Syrie en 2017 et 2018 pour participer à des entraînements, notamment sur le maniement d’armes à feu entraînés notamment par des membres de la Force Al-Qods et du Hezbollah. A l’heure où les occidentaux essuient une sérieuse perte d’influence dans certains pays africain, l’Iran chercherait ainsi à relancer une coopération militaire avec certains régimes considérés comme de potentiels alliés.