
Un scoop du grand journal New Yorkais, The Wall Street Journal : des « sources proches de la transaction » révèlent que Téhéran, qui est en train de négocier l’avenir de son programme nucléaire avec les Etats-Unis, a acheté au printemps des ingrédients chimiques pour missiles à une entreprise chinoise basée à Hongkong.
L’Iran a commandé en mars des milliers de tonnes d’ammonium de perchlorate, un agent explosif utilisé comme composants pour missiles, a révélé, jeudi 5 juin, le Wall Street Journal, après avoir obtenu cette information exclusive de la part de « sources proches de la transaction ». Sources évidemment anonymes mais dont la garantie de sérieux est attestée par le souci de rigueur de ce grand journal américain.
« Des cargaisons d’ammonium de perchlorate devraient être livrées aux Iraniens [depuis la Chine] dans les prochains mois et pourraient servir de carburant à des centaines de missiles balistiques », indiquent les sources du « WSJ ». Ces dernières précisent que les bénéficiaires « seront aussi probablement des groupes armés régionaux, tels les Houthis du Yémen », proches alliés du régime des mollahs.
L’axe Pékin Téhéran
Le quotidien est en mesure de donner des détails sur l’entreprise chinoise concernée par la transaction : il s’agit de Lion Commodities Holdings ltd, basée à Hongkong, et à qui l’Iranien Pishgaman Tejarat Novin co a commandé ce genre de « poudre à canon », pour utiliser un vocabulaire familier. Contactés par le Wall Street Journal, un porte parole de « Lion commodities » s’est contenté de répondre , sans démentir, que « la Chine prend garde d’exercer un contrôle très strict pour tous les matériaux pouvant être utilisés [à des fins civiles et militaires] et cela en conformité avec les lois chinoises d’exportations et les réglementations internationales ».
L’Iran est pour la Chine – qui achète chaque année des millions de barils de pétrole brut au régime de Téhéran-, un pays à la valeur économique et stratégique cruciale. La proximité de la relation entre Chine et Iran s’inscrit ainsi dans la stratégie globale de Pékin visant à créer, notamment en compagnie de Moscou et de la Corée-du-Nord, un « axe » anti occidental. Même si la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis bouleverse ce schéma : Pékin est désormais contrainte de se présenter comme une « puissance de stabilité » dans un monde chaotique si elle veut encore pouvoir commercer avec les pays occidentaux. Et notamment les Européens.
Reste que fournir de tels composants chimiques aux Iraniens n’est à l’évidence pas une opération purement commerciale alors que Téhéran et Washington sont engagés dans une négociation pour le moment infructueuse sur l’avenir du programme nucléaire iranien. L’enrichissement de l’uranium, principal point d’achoppement de ce pourparlers, permet en effet à l’Iran de se rapprocher du seuil où elle sera en capacité de fabriquer une bombe atomique.
Le WSJ rappelle dans l’article que l’Iran possède « l’un des programmes balistiques les plus importants de la région, selon des sources américaines ». L’ammonium de perchlorate, « également utilisé dans la fabrication de feux d’artifice est un élément essentiel dans la composition du carburant solide utilisé par l’Iran pour ses missiles », ajoutent ces mêmes sources. Elles précisent que la quantité de ce produit chimique acheté aux Chinois pourrait « permettre aux Iraniens de produire environ 800 Missiles ».
Alors que le « Guide de la révolution » iranienne, l’ayatollah Khamenei, vient de refuser les dernières propositions américaines au terme de cinq « round » de négociations consacrées au nucléaire iranien, Donald Trump a écrit mercredi sur son réseau social que « le temps est compté pour les Iraniens : ils doivent prendre une décision en ce qui concerne l’arme nucléaire! ». L’implication de la Chine ne va pas simplifier l’affaire.
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