L’Institut du monde arabe lance « Andaloussiyat », un festival dédié aux musiques arabo-andalouses. Du 25 au 30 mars 2025, cette première édition mettra à l’honneur le riche patrimoine musical de l’Algérie à travers concerts, conférences et ateliers.
Rejoignez la nouvelle chaine Whatsapp de Mondafrique
Depuis des siècles, la musique arabo-andalouse perpétue un héritage né du brassage entre les traditions musicales arabes et ibériques du VIIIe siècle. Inscrite dans l’histoire du Maghreb, elle continue d’évoluer, portée par des générations de musiciens qui la transmettent et la réinventent. Pour célébrer cette richesse, l’Institut du monde arabe à Paris inaugure le festival Andaloussiyat, un rendez-vous annuel qui consacrera chaque édition à un pays ou une aire culturelle du Maghreb. Pour cette première année, c’est l’Algérie qui est mise à l’honneur, avec un programme qui explore la diversité de ses traditions musicales, du maâlouf constantinois à la sanâa algéroise, en passant par l’école gharnatie de Tlemcen.
Durant six jours, l’IMA accueillera des artistes emblématiques de la scène arabo-andalouse. Le festival s’ouvrira avec Salim Fergani, maître incontesté du maâlouf de Constantine, héritier d’une lignée de musiciens qui ont façonné l’identité musicale de cette ville. Il sera suivi par Meryem Koufi et Mehdi Haddab, qui présenteront Nuba Nova 2, un projet revisitant la tradition andalouse à travers des sonorités contemporaines. Abbas Righi, autre grand nom du maâlouf, viendra à son tour célébrer cet art subtil, avant qu’Amel Brahim-Djelloul et l’ensemble Amedyez ne proposent une approche lyrique et instrumentale de ce répertoire. Le 29 mars, Lila Borsali transportera le public dans une évocation poétique de Grenade avec Il était une fois… à Grenade, tandis que le festival se clôturera sur un concert du Takht Attourath, réunissant des musiciens d’Algérie, du Maroc et de Tunisie, symbole d’un patrimoine commun qui transcende les frontières.
Mais Andaloussiyat ne se limite pas à la scène musicale. Conçu comme un espace de transmission et de réflexion, le festival proposera également des conférences, des ateliers et des projections. Jean Lambert, ethnomusicologue spécialiste des musiques du Maghreb, animera une conférence sur Les pays du Maghreb au Congrès de musique arabe du Caire, une occasion d’explorer l’histoire des échanges musicaux entre le Maghreb et le monde arabe. Pour ceux qui souhaitent s’initier à cette tradition, Meryem Koufi animera des stages de chant andalou les 28, 29 et 30 mars, permettant aux participants d’approcher les subtilités de cette musique savante, fondée sur la poésie et l’improvisation. Des projections de films viendront compléter cette immersion, offrant un regard cinématographique sur les résonances historiques et contemporaines de cet héritage musical.
Le festival Andaloussiyat s’inscrit dans une ambition plus large : celle de valoriser et de préserver un patrimoine culturel dont l’histoire est intimement liée à celle du Maghreb et de l’Europe méditerranéenne. Cette initiative a été portée par François Gouyette, diplomate français passionné par la musique arabo-andalouse, qui assure le commissariat général du festival. Il est accompagné par Dorothée Engel, responsable spectacle vivant et musique à l’IMA, qui veille à la cohérence artistique de cette programmation. Ensemble, ils ont imaginé un événement qui, au-delà de la célébration musicale, interroge les liens entre tradition et modernité, entre transmission et innovation.
Situé au cœur de Paris, l’Institut du monde arabe se positionne comme un carrefour des cultures, un lieu où se rencontrent les héritages artistiques d’horizons divers. En accueillant ce festival, l’IMA affirme une fois de plus son rôle de passeur, créant un espace où la mémoire musicale du Maghreb dialogue avec les aspirations contemporaines. Accessible en métro via les lignes 7 et 10 à la station Jussieu, le festival est ouvert à tous, avec une billetterie disponible sur le site officiel de l’IMA.