Libye, les ardeurs belliqueuses d’Haftar freinées par ses alliés

Les soutiens traditionnels du maréchal Haftar- Français, Russes Egyptiens- militant désormais pour une solution politique. Seuls les Emirats Arabes Unis restent sur l’espoir d’une victoire militaire de leur protégé

La France, l’Egypte et la Russie ont fait savoir à l’impétueux maréchal Haftar leur opposition à une politique agressive contre le gouvernement d’Unin Nationale de Tripoli. L’heure, selon ces soutiens traditionnels d’Haftar, est à la phase de négociation politiques. Le maréchal libyen voit ainsi ses chances disparaitre de s’imposer comme interlocuteur privilégié. Seuls parmi ses alliés, les Emirats Arabe Unies, ne sont pas sur cette ligne et préconisent la poursuite des attaques militaires

Le retournement français

 La France où le ministre des Affaires Etrangères, Jean Yves Le Drian n’a jamais caché sa sympathie pour Haftar, considère désormais que le discours guerrier de ce dernier, à l’occasion du 69 anniversaire de l’indépendance le 24 décembre, est contreproductif. « La solution militaire est à écarter, il faut soutenir l’accord du cessez le feu » a déclaré le porte-parole du Quai d’Orsay.

On assiste à une remise à plat des canaux habituels de communication entre protagonistes de la crise libyenne.

La diplomatie a repris ses droits, même entre adversaires. L’Egypte, l’allié naturel d’Haftar, a dépêché une délégation présidée par l’adjoint du patron des service secret à Tripoli. La Russie a reçu une délégation du ministère des affaires étrangères du gouvernement de Tripoli. La Turquie enfin, connue pour son aide au gouvernement d’Union Nationale de l’Ouest libyén, ouvre unenégociation avec le président du parlement de Toubrouk, Aquila Salah, pour l’instant vitrine politique de Haftar dans les négociations.

Les Turcs à nouveau fréquentables

La France et la Turquie, reprennent langue dans une discrétion très marquée, après les attaques du président Erdogan contre le président français Macron. La visite du ministre de l’intérieur Fethi Bachagha à Paris ,fin novembre, en est un signal clair. Ce proche du présidnt turc a été reçu successivement par le ministre de l’intérieur Gerald Darmanin, les affaires étrangères Le Drian, et la ministre de la Défense Florence Parly. Un accord de principe a été signé pour l’achat des hélicoptères d’intervention rapide et du matériel de Biométrie pour les documents sécuritaires et civils (pièces d’identités, Passeports, badges).

A l’exception des Emirates, l’ensemble des puissances impliquées dans la crise libyenne revoient leur copie. C’est l’échec de la prise de Tripoli par Haftar qui a marqué un tournant. L’intervention militaire turque qui fut largement critiquée alors a introduit un nouveau rapport d’équilibre sur le plan militaire qui a rendu possible l’ouverture politique. .

Le gouvernement de Tripoli tente d’atténuer voire même neutraliser le soutien de la France à Haftar à travers des projets économiques et commerciaux. La même démarche a été opérée auprès de l’Egypte par le même ministre de l’intérieur. Aucune information n’a infiltré sur le deal à l’exception de la visite de la délégation des services de sécurité égyptien à Tripoli en vue de la réouverture de l’ambassade fermée depuis plus de six années et les lignes aérienne entre tripoli et le Caire.

Le changement de cap américain

Autre facteur propice au dialogue politique, la diplomatie américaine, sans doute après la défaite de Trump, appuient la démarche en vue d’ un nouveau gouvernement d’union nationale pour préparer des élections générales prévues à la fin de l’année, le 24 décembre 2021.

La politique de laisser faire de Trump dans la crise libyenne arrive à sa fin. Les USA feront tout son possible pour freiner les appétences russes en Libye. Le nouveau positionnement égyptien offre l’opportunité d’une nouvelle répartition des rôles, pour trouver un dénouement politique.

Les USA soutiennent le retour complet de l’activité dans les terminaux pétroliers et s’engagent à sécuriser la mise sur le marché international du pétrole libyen. Ils soutiennent également les démarches engagées par l’ONU, à travers sa représentante Stéphanie Williams, pour la mise en place d’une commission consultative pour le dialogue politique en Libye en vue de mettre en place une autorité exécutive unifiée.

L’arrivée de la nouvelle administration US redistribue les rôles tant qu’elle impose l’acceptation de la solution politique comme préalable à toute initiative. La sous-traitance octroyée par l’administration Trump aux Emirates et à l’Egypte en Libye prend fin. Une nouvelle vision géostratégique et géopolitique prend corps sur le théâtre libyen tant que les ramifications s’étendent a    

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