Les services ukrainiens au secours des Touareg du Nord Mali

Les Forces Armées du Mali alliées aux  mercenaires russes du groupe Wagner ont subi des pertes importantes en vies humaines et en matériel, face à des renforts pour les groupes armés touareg. En plus, rapporte l’agence APAnews, basée à Dakar, du soutien apporté à ces derniers par les services de renseignement d’Ukraine.
 
 
Intervenant au sein de la plateforme « téléthon Unified News «  (téléthon ukrainien « Yodine novini »), lancée le 24 février 2022 pour informer la population ukrainienne sur la situation dans le pays suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Andrey Yusov, représentant officiel de la Direction principale du renseignement (GUR) du ministère de la Défense ukrainien, a fourni des détails importants sur une bataille décisive survenue entre le 25 et le 27 juillet 2024, dans le nord du Mali. Selon Andrey Yusov, le groupe paramilitaire russe Wagner a subi une défaite majeure près de la localité de Tinzawaten, dans la région de Kidal, au nord du Mali.
Lors de cette confrontation, des dizaines de combattants de Wagner, y compris plusieurs chefs, auraient été tués. Yusov a souligné que cette défaite pourrait marquer un tournant dans l’influence de Wagner en Afrique où ses activités se sont intensifiées pour résoudre des questions géopolitiques et économiques en soutenant ou en renversant certains gouvernements. « La Russie n’a plus le même potentiel ni les mêmes capacités. Cela signifie qu’il y aura moins de nouvelles commandes et moins de recours à Wagner comme outil pour résoudre des problèmes dans la région », a déclaré Yusov.
« Le fait que les rebelles aient reçu les informations nécessaires, et pas seulement des informations, leur permettant de mener à bien une opération réussie contre les criminels de guerre russes, un fait observé par le monde entier », a-t-il souligné, mettant en exergue le supposé appui que le renseignement ukrainien aurait apporté aux rebelles du CSP. Un développement intrigant révélé lors de cette interview est la proposition de ces derniers de livrer les mercenaires capturés à l’Ukraine. Cette offre, rapportée sur la page d’un réseau social appelé « X » par un représentant des rebelles, a été confirmée par Yusov.
Interrogé sur la faisabilité de cette opération, il a insisté sur l’importance de la discrétion et du respect du droit international. « C’est une information sensible, donc tout ce que fait l’Ukraine est dans le respect du droit international et de toutes les procédures nécessaires. Cette information a été suivie et vérifiée », a-t-il précisé.
Parallèlement à cet entretien, l’état-major général des armées maliennes a publié, le 29 juillet dernier, un communiqué concernant les récentes opérations militaires dans la région de Kidal. Selon ce communiqué, les Forces armées maliennes (FAMA) ont lancé une vaste opération de stabilisation dans les secteurs d’Inafarak et de Tinzaouatène depuis le 19 juillet 2024.
Le communiqué précise : « Les FAMA ont pris le contrôle de la localité d’Inafarak, située à 122 kilomètres au nord-est de Tessalit. Le 22 juillet 2024, après Inafarak, le cap est mis sur Tinzaouatène, située à 233 kilomètres au nord-est de Kidal, à la frontière algérienne, où les GATT sévissaient contre la population civile avec des roquettes, des vols et le blocage des convois logistiques. »
Le 25 juillet, les FAMA ont repoussé une première attaque terroriste, infligeant de lourdes pertes humaines et matérielles à l’ennemi. Le 26 juillet, les combats se sont intensifiés avec des renforts pour les groupes armés terroristes, incluant l’EIGS et le GSIM, qui ont encerclé l’unité FAMA.
Malgré leur bravoure, les FAMA ont subi des pertes importantes en vies humaines et en matériel. Toutefois, l’état-major n’a pas mentionné la présence du groupe Wagner, malgré les déclarations de divers observateurs internationaux et les commentaires fréquents de Wagner sur ses activités au Mali via son compte Telegram.
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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)