Les relations de la Guinée Équatoriale avec la Centrafrique et le Tchad ont connu une année 2018 mouvementée. En 2019, les crispations semblent s’estomper et les signes de bonne volonté ne manquent pas.
La tentative de « coup d’Etat », déjouée par Malabo le 24 décembre 2017, avait provoqué une colère retenue du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo envers ses homologues centrafricain et tchadien. La présence de plusieurs de leurs ressortissants, dont certains bien connus des deux présidents, dans les instigateurs présumés et arrêtés en était la cause.
La délocalisation du siège de la CEMAC de Bangui à Malabo, sur décision du président en exercice de la CEMAC, Idriss Deby Itno, le 19 février 2018, avait tendu les relations de Bangui avec Ndjamena et Malabo. Le président tchadien motivait sa décision sur le non-respect des obligations souscrites par l’État centrafricain et son président.
Le réchauffement entre Malabo et Bangui
La situation difficile, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du président Touadera l’oblige à faire les premiers pas ici et là et surtout vers Malabo d’autant que la Guinée Équatoriale est actuellement membre non-permanent du Conseil de sécurité et l’a présidé en février 2019. La Centrafrique est tellement redevable de l’ONU…Et de la Guinée Equatoriale. Le président Touadera a donc retrouvé le chemin de Malabo et sollicité la bienveillance et l’aide du plus ancien président d’Afrique.
Alors que Faustin-Archange Touadera, se trouvait en visite à New York, il a reçu, le 11 avril 2019, un message de félicitations du président Teodoro Obiang Mbasogo pour son prochain anniversaire du …. 21 avril ! Faustin-Archange Touadera est né le 21 avril 1957. Cette inhabituelle anticipation de dix jours montre peut-être une certaine précipitation peu protocolaire, mais elle traduit surtout un réchauffement des relations entre les deux présidents. Certains y verront même un message subliminal, car le message a été réceptionné aux Etats-Unis et non pas à Bangui.
Le procès des ressortissants centrafricains accusés d’avoir comploté contre le président de Guinée Equatoriale a commencé à Bata, le 22 mars 2019 . Ce procès est embarrassant pour le président centrafricain. Sans raisons apparentes, il a été suspendu dix jours plus tard.
La délocalisation du siège de la CEMAC de Bangui vers Malabo est encore durement ressentie à Bangui. Avec les perspectives de l’Accord de Khartoum, le retour de Bangui est envisagé. Le 14 ème Sommet de la CEMAC, qui s’est tenu à Ndjamena le 22 février 2019 en présence du président Touadera, a donné son accord de principe pour un retour du siège à Bangui. Il sera concrétisé lorsque le programme immobilier des villas et des infrastructures CEMAC aura été mené à son terme par les autorités centrafricaines. La date du retour du siège à Bangui leur appartient donc.
La « divine » surprise du président équato- guinéen
L’un des principaux opposants au régime de Malabo, Andres Esono Ondo, Secrétaire général du parti Convergence pour la démocratie sociale (CPDS) a été arrêté au Tchad, le jeudi 11 avril 2019, en provenance aérienne de Douala. Après avoir accompli les formalités habituelles d’entrée sur le territoire tchadien, l’opposant équato-guinéen se rendait à 500 km de Ndjamena pour participer au congrès du parti de Saleh Kebzabo, l’un des leaders de l’opposition à Idriss Deby Itno. Selon les services de renseignement tchadiens, sa visite aurait plutôt été en liaison avec la préparation d’un nouveau coup d’Etat contre Teodoro Obiang Mbasogo avec livraison d’armes et recrutement de mercenaires, sur financements étrangers. Andres Esono Ondo a donc été arrêté en plein congrès de Saleh Kebzabo mais aussi du procès de Bata, actuellement suspendu, de la précédente tentative de coup d’État. Sera-t-Il extradé sur l’autel de la réconciliation tchado-équato-guinéenne ? Beaucoup d’opposants au président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo le craignent.
Cette embellie des relations personnelles des trois présidents ne doit pas cacher le contexte politique préoccupant dans la région avec une situation économico-financière fortement dégradée dans la zone CEMAC, désormais présidée « à distance » par le président Paul Biya.