Un deuil national de trois jours a débuté samedi en République démocratique du Congo après le massacre présumé de civils dans l’est du pays pour lequel le gouvernement évoque maintenant un bilan de «plus d’une centaine» de morts.
L’armée et les autorités de la RDC ont accusé les rebelles du M23, soutenu par le Rwanda, d’avoir «lâchement assassiné» au moins 100 civils à Kishishe, un village du territoire de Rutshuru situé à environ 70 km au nord de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
Le Rwanda bafoue, via des groupes armés, l’intégrité territoriale de son voisin congolais depuis 1996 sous prétexte de poursuivre les auteurs du génocide rwandais de 1994. La crise entre les deux pays est désormais ouverte.
En réalité, ce sont les immenses richesses minières et les terres arables de la RDC qui sont convoités par le voisin rwandais mais aussi ougandais. Les deux guerres (1996-1997 et 1998 -2002) et les incursions incessantes de divers groupes armés soutenus par Kigali et/ou Kampala ont fait des millions de morts dans l’indifférence de la « Communauté internationale ».
Depuis août 2022, le M23, mouvement à la solde du Rwanda, a repris les hostilités et sème la terreur auprès des populations de l’Est de la RDC. Les Congolais ont versé trop de sang, ils sont à bout de nerfs et de larmes.
L’expulsion de l’ambassadeur rwandais
Depuis la reprise des hostilités dans l’Est de la République Démocratique du Congo en août dernier par les rebelles du M23, une milice soutenue par le Rwanda, les Congolais demandaient à cors et à cris au Président Félix Tshisekedi de rompre les relations diplomatiques avec le Rwanda. C’est fait depuis le samedi 29 octobre, après la réunion du Conseil national de Sécurité, Kinshasa a décidé de donner 24 heures à Vincent Karega, l’ambassadeur de Kigali en RDC pour quitter le territoire.
Si cette mesure satisfait les Congolais qui souffrent depuis 1994 des ingérences du petit Rwanda sur l’immense Congo, notamment par l’intermédiaire de groupes armés, comme le M23, elle ne suffira pas. Cette milice mieux armée et mieux équipée que l’armée congolaise conquiert chaque jour des territoires. Devant leur avancée, les populations de Rutshuru, dans le nord Kivu, ont fui leur ville, et ce sont toujours les mêmes images cruelles d’un autre temps, qu’on espérait ne jamais revoir : des mamans en pagne, avec bassine sur la tête et bébé dans le dos, courant pieds nus sur la latérite. Et c’est maintenant au tour des populations de la grande ville frontalière de Goma de s’inquiéter, les rebelles ne sont qu’à une dizaine de kilomètres où les Forces armées congolaises les combattent et tentent de les contenir.
Paul Kagamé interpellé
Devant l’avancée du M23, le président de la Commission des Affaires Etrangères du sénat américain a demandé à Paul Kagamé d’arrêter de soutenir le M23 : « un mouvement responsable du meurtre des Congolais et des casques bleus ». L’ambassadeur US aux Nations unies a fait une déclaration similaire : « C’est inacceptable. Les États-Unis appellent les groupes armés à cesser leurs assauts contre la population la plus vulnérable de la RDC ».
Le Foreign Office s’est aussi insurgé : « L’impact sur les civils est inacceptable. Les hostilités doivent cesser. Le soutien au M23 doit cesser. ». La France d’Emmanuel Macron qui a renoué avec Paul Kagamé et entretient désormais de bonnes relations avec le Rwanda ne dit mot. Alors qu’avec la guerre en Ukraine le respect de l’intégrité territoriale d’un Etat est devenu un mantra, l’ambassadeur français aux Nations unies s’est contenté d’une déclaration aussi insipide que vague « le dialogue doit être maintenu entre les Etats de la région ».
Le Quai d’Orsay, lui, reste muet. C’est qu’il est terrorisé par de possibles réactions d’Emmanuel Macron, qui a choisi d’être au mieux avec le président rwandais, Paul Kagamé. Au point d’offrir à ce pays anglophone le poste convoité de patron(ne) de la francophonie.,