Ils sont 2740, dont 181 femmes, qui solliciteront les suffrages des électeurs ivoiriens le 27 décembre prochain, lors des élections législatives. Seuls 255 d’entre eux auront le privilège de siéger à l’Assemblée nationale de la Côte d’Ivoire.
Venance Konan
Pour le président Alassane Ouattara qui a été confortablement élu en octobre dernier, il s’agit de s’assurer une majorité tout aussi confortable à l’Assemblée nationale pour pouvoir gouverner tranquillement pendant les cinq années à venir. A priori son parti, le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), part avec toutes les chances de gagner le pari. D’abord parce que son candidat avait été élu avec une très large majorité lors de la dernière présidentielle, mais aussi parce qu’il avait déjà la majorité à l’Assemblée nationale sortante, et il est le seul parti à présenter des candidats dans toutes les circonscriptions électorales.
Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de Tidjane Thiam e présente que 229 candidats pour les 255 sièges, n’ayant pas trouvé de candidats suffisamment forts pour affronter ceux du RHDP dans certaines régions du nord du pays, le fief d’Alassane Ouattara. Tidjane Thiam lui-même, qui n’a pu se présenter à l’élection présidentielle d’octobre dernier, vit hors de la Côte d’ivoire depuis plusieurs mois et s’exprime peu, ce qui donne à son parti l’air d’un navire abandonné par son capitaine.
Depuis quelques années, le PDCI, le parti historique fondé par Félix Houphouët-Boigny qui régenta la vie politique de la Côte d’ivoire pendant plusieurs décennies, n’existe pratiquement plus que dans la région Baoulé, l’ethnie de son fondateur et de son successeur, Henri Konan Bédié. Thiam lui-même n’a été propulsé à la tête de ce parti que parce qu’il a des liens de sang avec son fondateur, ce qu’a fait remarquer récemment Maurice Kakou Djikahué, un cacique du parti qui en avait brigué la présidence mais en avait été écarté, parce que, dit-il, il n’était pas baoulé.
Le FPI, « une enveloppe vide »
Le Front populaire ivoirien (FPI), l’ancien parti de Laurent Gbagbo qu’il a lui-même qualifié d’enveloppe vide qu’il a laissée à Affi N’guessan, son ancien compagnon de lutte et ancien Premier ministre, lui, ne présente que 21 candidats.
Le plus gros des aspirants députés est constitué de candidats indépendants qui tentent leur chance en dehors des appareils des partis. Soit parce qu’ils n’ont pas été choisis par leurs partis alors qu’ils estiment avoir plus d’aura et de popularité que les candidats officiels, soit parce qu’ils refusent tout simplement d’adhérer à un parti, comme c’est le cas de quelques journalistes qui participent à la joute.
Laurent Gbagbo, l’ancien président de la république et président du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), lui, a choisi la politique de la chaise vide en décidant de ne présenter aucun candidat à ces législatives. Au motif étrange qu’on ne lui a pas laissé le temps consoler ses prisonniers et de pleurer ses morts. Lors de l’élection présidentielle, Laurent Gbagbo avait appelé à la désobéissance civile, et certains de ses militants les plus extrémistes avaient été arrêtés et certains avaient perdu la vie lors de plusieurs incidents violents. Gbagbo avait alors demandé que les législatives soient repoussées à une date ultérieure. Ce qu’il n’a pu obtenir.
Mais plus prosaïquement, il a probablement voulu éviter l’humiliation, vu les piètres résultats que son parti avait obtenu lors des précédentes législatives, vu les divisions qui déchirent ce parti en ce moment, et vu surtout qu’il a été dans l’incapacité d’empêcher Alassane Ouattara de faire un nouveau mandat, alors qu’il avait annoncé urbi et orbi, et appuyé en cela par des pasteurs évangéliques illuminés, que de son vivant, il n’y aurait pas de quatrième mandat pour le président en exercice.
Certains cadres du PPA-CI ont néanmoins décidé de se porter candidats aux législatives, mais ils font l’objet de sanctions, tout comme ceux de ses proches qui avaient décidé de se porter candidats lors de la présidentielle, et les militants ont été priés de les ignorer complètement. Peu avant l’élection présidentielle, Laurent Gbagbo avait annoncé sa volonté de se retirer de la présidence de son parti à l’issue de son prochain congrès. Il chercherait à saborder son parti afin qu’il ne lui survive pas qu’il ne s’y prendrait pas autrement.
Si l’intention de Laurent Gbagbo est vraiment de tuer son parti, il n’a cependant pas du tout l’intention de laisser Alassane Ouattara régner tranquillement.
Le 8 décembre dernier, le jour-même où le président nouvellement réélu prêtait serment devant un parterre de chefs d’Etats en exercice et d’anciens chefs d’Etat venus de toute l’Afrique, Laurent Gbagbo avait publié un texte dans lequel il demandait à son avocat de saisir la Cour pénale internationale (CPI) afin que toute la lumière soit faite sur le vrai leader de la rébellion qui avait divisé le pays pendant huit ans et sur les vrais auteurs des crimes de la crise post-électorale, puisqu’il a été jugé et acquitté. Le texte était signé : Laurent Gbagbo, ancien président de la Côte d’Ivoire, ancien prisonnier de la Cour pénale internationale.
Histoire de dire à ses anciens homologues qu’il est toujours là, et qu’ils ne doivent pas l’oublier. La CPI lui a répondu que seuls les Etats ou le Conseil de sécurité de l’ONU sont habilités à la saisir. Ce que Laurent Gbagbo aurait du savoir, lui qui a passé une dizaine d’années entre les mains de cette Cour.



























