Les frappes de Donald Trump au Nigeria très contestables

Notre chroniqueur, Cheick Boucadry Traore, exprime de sérieuses préoccupations sur les récentes frappes américaines menées au Nigeria.

Ces opérations, bien que présentées comme ciblant des groupes extrémistes, apparaissent injustifiées dans leur forme actuelle et risquent, à court comme à long terme, de provoquer davantage de victimes parmi les populations civiles que parmi les assaillants eux‑mêmes.

Plusieurs éléments l’expliquent:

1.⁠ ⁠Les zones visées sont densément habitées et les groupes armés se fondent dans les communautés locales. Toute frappe aérienne, même dite « précise », expose directement les villages, les familles et les infrastructures essentielles.

2.⁠ ⁠Le risque de représailles contre les civils est élevé

L’expérience du Sahel et du bassin du lac Tchad montre que chaque intervention extérieure entraîne des attaques de vengeance contre les populations, qui deviennent les premières cibles.

3.⁠ ⁠L’intervention étrangère fragilise la souveraineté et la stabilité locale

Une opération militaire menée par une puissance extérieure, même en coordination officielle, peut être perçue comme une ingérence. Cela affaiblit la confiance des citoyens envers leurs propres institutions et renforce les discours radicaux.

4.⁠ ⁠Les frappes ne traitent aucune cause profonde du conflit

Pauvreté, conflits fonciers, absence de services publics, corruption locale, effondrement de la sécurité rurale: aucune bombe ne peut résoudre ces réalités. Au contraire, les destructions et les déplacements forcés aggravent les tensions.

5.⁠ ⁠Des solutions alternatives existent et sont plus durables

Renforcement des forces locales, sécurisation communautaire, développement rural, coopération régionale ciblée, programmes de prévention et de déradicalisation: ce sont ces leviers qui construisent la paix, pas les frappes aériennes.

Notre responsabilité collective est de défendre la vie, la dignité et la stabilité de nos populations. Toute action militaire qui met en péril ces principes doit être questionnée avec rigueur. Les frappes actuelles, dans leur nature et leur contexte, risquent davantage d’alimenter le cycle de violence que de le briser.