À chaque poussée de fièvre dans les relations entre l’Algérie et le Maroc, les Etats africains sont sommés de choisir chacun son camp après la rupture le 24 août dernier des relations diplomatiques entre les deux pays maghrébins. Un choix cornélien pour certains pays, notamment ceux du Sahel.
C’est un exercice que redoutent les diplomates des pays d’Afrique subsaharienne : afficher son amitié avec le Maroc sans fâcher l’Algérie ou inversement. Certains Etats, particulièrement ceux du Sahel (Mali, Mauritanie, Niger, Tchad), s’y essaIent en recherchant une strIcte neutralité pas toujours facile à trouver.
Ce jeu d’équilibriste de plusieurs pays africains a du faire face à la longue brouille que connaissent Rabat et Alger sur le dossier du Sahara occidental. Avec plus de 1360 kilomètres de frontière commune avec l’Algérie, le Mali, par exemple, ménage la chèvre et le chou. Bamako a certes reconnu en 1980 la République arabe saharouie démocratique (RASD), soutenue par le pouvoir algérien, mais le Mali demeure un des plus fidèles alliés du Maroc en Afrique occidentale.
Le Niger et la Mauritanie participent à l’initiative algérienne de création d’un Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOG) basé à Tamanrasset, tout en entretenant des liens privilégiés avec le Maroc. Plus récemment, les pays d’Afrique subsaharienne ont dû faire, en janvier 2017, des contorsions diplomatiques pour ne froisser ni Rabat ni Alger, à l’occasion du retour du Maroc dans l’Union africaine.
Levier économique
Avec l’enlisement du dossier du Sahara occidental aux Nations unies et le retour du Maroc dans l’organisation panafricaine, la plupart des Etats d’Afrique subsaharienne pensaient être tirés d’affaire, convaincus même de ne plus avoir à choisir à nouveau entre Alger et Rabat.
Mais, la rupture le 24 août des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc est venue leur rappeler le cauchemar diplomatique des années 1980, lorsque l’Organisation de l’unité africaine (OUA, devenue UA) avait reconnu la RASD et que Maroc en avait tiré les conséquences en se retirant de l’organisation panafricaine. Cette fois, Rabat semble avoir les meilleures cartes en main pour rallier le plus grand nombre de pays du continent à sa cause.
Alors que la diplomatie algérienne a abandonné progressivement son orientation « tiers-mondiste », marquée par le soutien aux luttes anticoloniales et aux guerres de libération nationale, Rabat active le levier économique pour étendre et renforcer son emprise sur le reste du continent. La compagnie nationale Royal Air Maroc (RAM) et le groupe bancaire Attijariwafa Bank sont devenus les deux instruments visibles de l’offensive marocaine en Afrique subsaharienne.
Intérêt géostratégique
Parties d’Afrique de l’Ouest, leurs tentacules s’étendent désormais à l’Afrique australe et orientale en passant par l’Afrique centrale. Là où l’Algérie procède aux expulsions des centaines de migrants d’Afrique subsaharienne vers le Niger, voisin, le Maroc en régularise des dizaines. Des diplômés originaires de certains pays africains sont même encouragés à rester travailler dans le Royaume chérifien après leurs études. On rencontre ainsi des hôtesses de l’air et des stewards sénégalais sur les vols de la RAM.
Si le positionnement devait uniquement se faire suivant les intérêts des Etats, il est clair que le Maroc raflera la mise.
Toutefois, l’Algérie garde une position géostratégique qui en fait un acteur majeur pour la paix et la sécurité, particulièrement au Sahel où le paradigme diplomatique restera d’assumer sa proximité avec le Maroc, sans jamais fâcher l’Algérie.
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L’Algérie ne peut plus contrarier les intérêts du Maroc surtout après l’enlisement de ses réserves monétaires
L’Algérie est devenue de plus en plus pauvre et faible risquant même un éclatement eminent pour savourer le dicton qui clame
Qui rira rira le dernier