Le tableau accablant des atrocités de Wagner au Mali

FILE Yevgeny Prigozhin, top, serves food to then-Russian Prime Minister Vladimir Putin at Prigozhin's restaurant outside Moscow, Russia on Nov. 11, 2011. Prigozhin, the owner of the Wagner private military contractor who called for an armed rebellion aimed at ousting Russia's defense minister has confirmed in a video that he and his troops have reached Rostov-on-Don. (AP Photo, File)

Depuis leur arrivée au Mali en 2021, les mercenaires russes de Wagner ont kidnappé et détenu des centaines de civils sur d’anciennes bases de l’ONU et dans des camps militaires partagés avec l’armée malienne. Dans le cadre du projet Viktoriia, Forbidden Stories révèle l’existence de ces prisons secrètes où sévices et tortures sont perpétrés en toute impunité

En partenariat avec France24, Forbidden Stories a enquêté sur les prisons secrètes du groupe Wagner au Mali. Une investigation qui met à jour un vaste système de centres de détention.
En partenariat avec France24, Forbidden Stories a enquêté sur les prisons secrètes du groupe Wagner au Mali. Une investigation qui met à jour un vaste système de centres de détention présent sur des bases militaires. © Forbidden Stories

Un article écrit par Guillaume Vénétitay (Forbidden Stories)

Les cris ne parviennent plus jusqu’à ses oreilles. Ils sont recouverts par un son épais, presque furieux. « C’était leur musique russe. Ils la mettaient à chaque fois qu’il y avait un interrogatoire », raconte Wangrin*. 

Face à lui, deux autres civils maliens, ligotés et capturés plus tôt dans la journée. Ils sont amenés, torses nus, à tour de rôle devant une bassine remplie d’eau. Les trois geôliers leur attrapent la tête, puis la plongent dans le récipient pendant de longues secondes. « Moi, ils me l’ont fait trois fois, jusqu’à ce que je ne parvienne plus à respirer », témoigne Wangrin, passé au supplice le 5 août 2024. Les cerbères alternent les simulacres de noyade avec des coups. Au ventre, à la tête, parfois avec des bâtons. « C’est comme s’ils étaient en train de tuer des chiens, se remémore l’ancien détenu d’une voix frêle. J’ai commencé à pleurer en les voyant frapper. »

À droite, une image satellite de la base de Kidal, dans le nord du Mali. À gauche, Wangrin témoignant anonymement auprès de Forbidden Stories.
À droite, une image satellite de la base de Kidal, dans le nord du Mali. À gauche, Wangrin témoignant anonymement auprès de Forbidden Stories. © MaxarTechnologies2025 / Forbidden Stories

Durant sept jours, chaque soir, le travailleur humanitaire entend ces chansons russes. Un funeste rituel qui indique que les nouveaux prisonniers de la base militaire de Nampala, dans le centre du Mali, sont soumis à la torture. Comme lui, plusieurs centaines de civils maliens ont été raflés puis détenus au secret par les mercenaires russes du groupe Wagner, présents au Mali depuis fin 2021.

 

Forbidden Stories et ses partenaires des Observateurs de France 24, du Monde et IStories ont enquêté sur ces détentions secrètes de civils par les mercenaires russes au Mali. Une investigation réalisée dans le cadre du projet Viktoriia, en mémoire de la journaliste ukrainienne Viktoriia Roschyna, capturée par la Russie à l’été 2023 alors qu’elle enquêtait sur les détentions illégales de civils en territoires occupés par les Russes. Elle a été déclarée morte en captivité le 19 septembre 2024.

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Notre enquête révèle la duplication de ce système d’enfermement et de torture de civils au Mali. Deux continents et deux contextes très différents, mais les mêmes schémas sont appliqués par les mercenaires russes : enlèvements, arrestations arbitraires, absence de contact avec le monde extérieur, recours à la torture systématique – parfois jusqu’à la mort. Forbidden Stories, dont la mission est de poursuivre le travail des reporters tués, emprisonnés ou menacés, est allé à la rencontre des rares témoins de ce système de détention et de torture au Mali, où le nom de Wagner est synonyme de terreur pour les journalistes. « Au Mali en général, dans le nord et le centre en particulier, aucun média n’ose parler de Wagner par peur de représailles », racontait un reporter malien dans un rapport publié en 2023 par Reporters sans frontières, qui a classé le pays à la 119e place (sur 180) dans son baromètre annuel. « Aucun journaliste sur place n’ose enquêter sur la présence de Wagner », continuait un de ses confrères.

Les civils maliens délibérément ciblés par Wagner et l’armée malienne

À la suite des deux coups d’État orchestrés par le colonel Assimi Goïta en 2020 et 2021, le pouvoir malien s’est rapproché de la Russie, en louant les services des « musiciens », comme ils se surnomment entre eux. Les hommes du groupe Wagner, connus pour leur carte de visite sanglante en Ukraine, en Syrie ou encore en Centrafrique sous la houlette d’Evguéni Prigojine – mort en août 2023, soutiennent les opérations de l’armée malienne contre les jihadistes et les séparatistes touareg. 

Leur arrivée dans le pays a été facilitée par le départ de la France, finalisé en 2022 après neuf ans d’engagement militaire face aux groupes terroristes, et la fin de la mission de stabilisation de l’ONU (Minusma) presque un an et demi plus tard. « Les Maliens voulaient certainement changer leur manière de mener la guerre et se débarrasser des yeux extérieurs qui jugeaient la façon dont fonctionnait leur armée, analyse Yvan Guichaoua, chercheur au Bonn International Centre for Conflict Studies. Et en faisant venir les Russes, cela a une implication directe sur la manière dont ils utilisent la force. » 

Des maisons sont incendiées par les mercenaires de Wagner. © departamente / Telegram

Depuis leur arrivée, les mercenaires russes sont régulièrement accusés d’exactions et de crimes contre les civils lors d’opérations conjointes avec les Forces armées maliennes (FAMa) contre les groupes jihadistes dans le centre et le nord du pays. « Les civils sont délibérément ciblés depuis le déploiement de Wagner, poursuit Yvan Guichaoua. Les forces de sécurité tendent à considérer comme complices des mouvements jihadistes les populations qui vivent dans leur aire d’influence. »

Pour retrouver les survivants des prisons secrètes de Wagner au Mali, il faut se rendre à Mbera, en Mauritanie. À un jet de pierre de la frontière, dans le désert du Sahara vivent environ 270 000 Maliens, dont 118 000 dans un camp géré par les Nations unies, qui ont fui les zones de combat. À Mbera, les ex-détenus peuvent témoigner plus librement qu’au Mali. En recoupant ces récits de prisonniers, notre consortium a pu identifier six bases militaires dans lesquelles des civils maliens ont été détenus et torturés par Wagner entre 2022 et 2024 : Bapho, Kidal, Nampala, Niafunké, Sévaré, Sofara.

À droite, le camp de réfugiés de Mbera en mai 2025. Il est également possible de voir sur la carte située à gauche que Mbera est situé à seulement quelques dizaines de kilomètres de la frontière malie
À droite, le camp de réfugiés de Mbera en mai 2025. Il est également possible de voir sur la carte située à gauche que Mbera est situé à seulement quelques dizaines de kilomètres de la frontière malienne. © Guillaume Vénétitay / Anouk Aflalo Doré / Forbidden Stories.

Wangrin vit depuis dix mois à Mbera, mais il est toujours hanté par la musique russe. Après avoir passé quelques jours à Fassala, une commune mauritanienne à la frontière avec le Mali, il s’est rendu dans le camp. Là, il habite un abri de fortune et cherche un emploi auprès d’ONG, sans succès pour le moment.

Pour raconter sa captivité à l’abri des regards, il donne rendez-vous à Bassikounou, une ville étape à moins de 20 kilomètres du camp. Wangrin a conservé des détails extrêmement précis de sa semaine de détention : la tasse de riz blanc avec du sel pour seul repas, les coups portés avec des câbles électriques, et ce codétenu qui ne pouvait plus marcher tant il avait été frappé. La veille de son arrestation dans la boutique d’un grand frère, une patrouille menée conjointement par Wagner et les FAMa dans son village de Nampala avait déjà terrorisé les habitants.

Ce dimanche 4 août 2024, les soldats ordonnent aux hommes et aux garçons de sortir de leur domicile. Ils sont rassemblés sur le terrain de sport, à côté d’un puits. Le soleil castagne. « On a passé toute la journée là. Les gens ne comprenaient pas ce qu’il se passait », remet Wangrin. Les villageois patientent pendant que les soldats maliens et les mercenaires russes notent des noms, fouillent des maisons et frappent parfois des habitants. Ils sont à la recherche d’un talkie-walkie qu’ils soupçonnent de faciliter la communication avec les jihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). La mise en œuvre concrète de ce que l’armée répète à longueur de communiqués : « la traque » et « la neutralisation » des terroristes comme priorité lors de ses opérations.

« Des prisons presque partout où Wagner opère »

Comme Wangrin, Abdallah* fait partie des nombreux civils victimes de ces rafles. Le mardi 6 décembre 2022, cet aide-soignant touareg débarque de bonne heure à la foire hebdomadaire de Kita, un village de la commune de Dioura, dans le centre du Mali, près de la frontière mauritanienne. Il est 7 h du matin. « J’ai été surpris de voir des hélicoptères et j’ai entendu des tirs. La poussière se dissipe et j’aperçois des soldats qui ont été déposés », se souvient-il. Des militaires FAMa accompagnés de nervis du groupe Wagner débutent, au sol, leur opération et en profitent pour piller des marchandises, comme des boissons, des parfums ou de la viande. Cinq personnes sont tuées, trois autres blessées par les tirs des FAMa et Wagner.

Des hommes de Wagner et des FAMa en train de piller. © Oukidal / X

En début d’après-midi, Abdallah et huit personnes sont embarqués. « Ils m’ont ligoté, bandé les yeux et mis dans l’hélicoptère. Nous étions couchés et les mercenaires ont mis leurs pieds sur mon dos. Je pensais qu’ils m’emmenaient ailleurs pour me tuer », détaille-t-il. L’hélicoptère atterrit une heure plus tard. Les prisonniers sont regroupés dans une cour. Des soldats maliens leur demandent alors s’ils connaissent un jihadiste qu’ils recherchent. Aucune réponse positive. En fin de journée, les détenus ont droit à une gorgée d’eau, puis parviennent à échanger dans la cour avec un autre prisonnier, captif depuis quelques jours de plus. « Il nous a dit : ‘Vous êtes à Sévaré. Priez Dieu pour ne pas subir la même chose que nous.’ Il avait été torturé », explique Abdallah.

« Wagner a des prisons presque partout où il opère, dans les camps où les Wagner stationnent. Toutes les personnes arrêtées et qui n’ont pas été tuées lors de leurs opérations finissent là. Ce sont des bergers, des commerçants, des transporteurs routiers », décrypte un analyste avisé de la situation au Sahel.

Carte localisant les six centres de détention identifiés par Forbidden Stories, France 24 et les médias partenaires.
Carte localisant les six centres de détention identifiés par Forbidden Stories, France 24 et les médias partenaires. © France 24

Plusieurs de ces prisons sont situées à l’intérieur de bases militaires FAMa, où les mercenaires russes cohabitent parfois avec les Maliens. Leur localisation varie en fonction des opérations sur le terrain. Le nombre total de lieux de détention durant la mission de Wagner dans le pays est probablement bien plus élevé que les six prisons identifiées lors de notre enquête, comme le mentionnent de nombreux observateurs contactés par le consortium.

L’analyse d’images satellites par Forbidden Stories et les Observateurs de France 24 montre par exemple la présence d’hélicoptères de fabrication russe sur la base de Sévaré, durant la période de l’incident de la foire de Kita. La construction d’un nouveau hangar pour hélicoptères a également commencé à la fin de l’année 2022.

Image satellite de l’aéroport de Sévaré, montrant des hélicoptères, 26 novembre 2022.
Image satellite de l’aéroport de Sévaré, montrant des hélicoptères, 26 novembre 2022. © MaxarTechnologies2025

Parfois, les prisons secrètes de Wagner se nichent dans des lieux plus symboliques, comme des anciennes bases des forces de l’ONU au Mali, la Minusma. C’est le cas à Kidal, bastion historique des rebelles touareg dans le nord du pays. La reprise de la ville par l’armée malienne et Wagner, en novembre 2023, fut une victoire marquante pour la junte de Bamako et leurs supplétifs russes. Au point de faire sortir les soudards de leur légendaire discrétion. Les hommes de feu d’Evguéni Prigojine sont allés jusqu’à hisser leur drapeau – une tête de mort sur fond noir – sur le fort de Kidal.

Le drapeau de Wagner est hissé sur le fort de Kidal le 22 novembre 2023. © FpAnalisis

« Ce drapeau, c’était une manière de faire comprendre qu’ils avaient fait l’essentiel du boulot », souligne Yvan Guichaoua. Avec un contingent de plus de 2 400 hommes au plus haut de sa présence au Mali, le groupe Wagner a pu compter sur des nervis chevronnés qui effectuent des rotations entre leurs différents théâtres d’opération, du front ukrainien en passant par la Syrie et la Centrafrique. Avec, en prime, l’importation de matériel militaire et des pires « savoir-faire » acquis sur les autres terrains.

Sur la base de Kidal, nos partenaires des Observateurs de France 24 ont identifié un Chekan, véhicule blindé spécialement conçu pour le groupe Wagner, au milieu de conteneurs qui ont longtemps servi de stockage pour la Minusma. Le 12 août 2024, Ali* est arrêté à son domicile par les mercenaires et un soldat malien, avant d’être jeté dans une de ces « boîtes » à Kidal. À ses côtés, un homme de 40 ans, sans pantalon, ni chaussures et décharné par quatre mois de détention. « L’autre prisonnier m’a dit qu’il avait seulement le droit de boire et manger au crépuscule », témoigne le travailleur humanitaire, captif durant 24 heures.

Image satellite de la base de Kidal, le 12 septembre 2024.
Image satellite de la base de Kidal, le 12 septembre 2024. © Pleiades

La détention dans des conteneurs est un des modes opératoires de Wagner au Mali. Omar* a été capturé le 20 janvier 2024, puis mis dans une « boîte » sur la base de Niafunké. Le tailleur de 25 ans, à la silhouette adolescente et à la voix fluette, se rappelle de la chaleur à l’intérieur. « Le conteneur était exposé en plein soleil. La nuit, il faisait très noir. Quelques trous en haut laissaient passer la lumière. Il y avait juste une planche sur le sol, décrit-il. Nous avons été au maximum une dizaine dans le conteneur durant mes 40 jours de détention. » Les prisonniers n’ont pas le droit d’en sortir, sauf pour aller aux toilettes, situées à quinze mètres, à la condition d’être accompagnés d’un maton. « Parfois, j’ai eu droit à du travail forcé. Je devais mettre du sable dans un camion, creuser des trous. Je me demandais si j’allais quitter un jour cet endroit ou mourir là », rapporte Omar, passé à tabac jusqu’à perdre conscience dès le premier jour de sa captivité.

Climat de terreur

Les sévices et la torture reviennent dans les témoignages de chaque ancien détenu rencontré. À Nampala, Abdoulaye* a été enfermé quatre jours au début du mois d’août 2024. Rencontré dans un village situé à une trentaine de kilomètres de Mbera, ce boutiquier peul d’1,90 m nous montre deux cicatrices. « Ils m’ont frappé à la tête jusqu’à ce que je m’évanouisse, j’ai perdu beaucoup de sang, Ils ont aussi pris un briquet pour me brûler le ventre », explique celui qui dit avoir été attaché dans une douche, complètement nu, pendant sa détention.

Abdoulaye, illégalement détenu et torturé en août 2024, montrant l’une de ses cicatrices.
Abdoulaye, illégalement détenu et torturé en août 2024, montrant l’une de ses cicatrices. © Guillaume Vénétitay / Forbidden Stories

« La plupart des gens meurent en détention », appuie Attaye Ag Mohamed Aboubacrine, secrétaire général adjoint de l’association de défense des droits humains Kal Akal. Ce qui accentue le climat de peur qu’inspire le nom de Wagner. « Ces disparitions et les exactions commises par les FAMa et Wagner, qui sont soutenus et encadrés par la Russie, sont emblématiques de cette stratégie, c’est-à-dire semer la terreur auprès de la population pour la forcer à l’exil », embraye Boubacar Ould Hamadi, président du Collectif pour la défense des droits du peuple de l’Azawad (CD-DPA), qui a recensé 304 enlèvements ou disparitions forcées entre octobre 2024 et mars 2025.

Ces disparitions et les exactions commises par les FAMa et Wagner […] sont emblématiques de cette stratégie, c’est-à-dire semer la terreur auprès de la population pour la forcer à l’exil.

Les FAMa n’interviennent pas pour réfréner leurs partenaires russes, qui semblent priser leur autonomie. « Les Wagner prennent eux-mêmes les gens sur le terrain et les FAMa n’ont pas leur mot à dire », se défend un officier malien, sous couvert d’anonymat, auprès de nos partenaires du Monde. Des prisonniers peuvent être libérés contre des rançons. « Certains enlèvements sont clairement motivés par des gains financiers directs. Souvent perpétrés dans l’Azawad et le centre du Mali, ils relèvent de pratiques qui croisent à la fois le mercenariat, le banditisme organisé et les méthodes de la terreur », expose Attaye Ag Mohamed Aboubacrine.

Certains rescapés sont ensuite livrés aux autorités maliennes, qui risquent de judiciariser leur statut une fois sorti de prison. Abdallah assure avoir été déposé à la gendarmerie 48 heures après son arrestation à Kita. Une double peine : après sa détention illégale, le voici sous la menace d’une condamnation sur des accusations factices. Il a finalement obtenu un classement sans suite moins d’une semaine plus tard et affirme avoir été libéré contre le paiement de près d’1,5 million de francs CFA (environ 2 288 euros, NDLR) par sa famille.

Ali, victime d’enlèvement et de détention illégale par des militaires FAMa et des mercenaires Wagner en mars 2022.
Ali, victime d’enlèvement et de détention illégale par des militaires FAMa et des mercenaires Wagner en mars 2022. © Guillaume Vénétitay / Forbidden Stories

Pour les familles des disparus – 668 personnes arrêtées, enlevées ou disparues entre novembre 2023 et avril 2025 selon l’association Kal Akal –, rester sans nouvelle est un calvaire. Berger nomade, Moussa* marchait avec ses deux frères et leurs centaines de moutons dans le cercle de Goundam quand ils ont été arrêtés par une patrouille conjointe FAMa-Wagner, en février 2025. Les trois hommes sont gardés toute une nuit en pleine brousse. Au matin, Moussa, ligoté et laissé pour compte sur le sable, voit les mercenaires embarquer ses petits frères. « Je ne sais pas s’ils sont morts ou vivants. J’aimerais savoir. S’ils ne sont plus de ce monde et qu’il n’y a plus d’espoir, je serais apaisé », explique-t-il. Sous sa chemise, Moussa montre une autre trace indélébile sur son torse. Cette nuit-là, ses geôliers se sont amusés à lui brûler la poitrine avec un mégot.

*Le prénom a été modifié à la demande de l’intéressé.

**Le ministère des armées malien, le ministère de la Défense russe, l’ambassade de Russie au Mali et des mercenaires du groupe Wagner n’ont pas répondu à nos sollicitations.