Le Prix Nobel de la Paix pour une transition tunisienne totalement fragilisée

Autant l'exception démocratique tunisienne était remarquable jusqu'aux élections de 2014, autant la Tunisie apparait désormais minée par ses problèmes identitaires et sociaux. Sur fond de menaces terroristes extrèmes

Depuis 2011, nous avons tous cru, non sans de bonnes raisons, à « l’Exception tunisienne », qui aura été le titre d’un livre écrit par l’auteur de ces lignes avec Dominique Lagarde. Seule ou presque dans le monde arabe, une Tunisie paisible et ouverte semblait avoir répondu aux formidables promesses du printemps arabe. Les atouts paraissaient innombrables dans le jeu politique tunisien: la capacité des élites, y compris islamistes, à ouvrir un débat démocratique, à s’entendre sur un socle de valeurs  et à élaborer des compromis. L’adoption d’une constitution moderniste. La tenue d’élections démocratiques, à trois reprises, sans contestation ni fraude et la sécularisation de la société face à la tentation salafiste, qui consacrait les droits des femmes accordés sous Bourguiba. Une liberté d’expression qui ne s’est pas démentie. Et enfin une alternance en 2015, où l’on vit le parti séculariste de Nida Tounes créé par l’actuel chef de l’Etat, Beji Caïd Essebsi, succéder sans heurts aux Frères Musulmans d’Ennahdha, alors que l’Egypte de « Sissi impérator » sombrait dans la dictature, et la plus féroce qui soit.

Faiseurs de paix

Nous ne pouvons que saluer l’attribution du prix Nobel de la Paix, ce vendredi 9 octbre, au « Quartet » de la société civile tunisienne, formé des deux grands syndicats patronal et salarié, des mouvements d’avocats et enfin des organisations de droits de l’homme. Autant de citoyens engagés qui en marge de la vie pollitique ont oeuvré, notamment à partir de l’été 2013, pour que le processus démocratique se poursuive en Tunisie, malgré le recul du printemps arabe dans la plupart des autres pays concernés. Ces faiseurs de paix ont permis que des élections législative et présidentielle aient lieu sereinement à la fin de 2014 en Tunisie.

Durant ces quatre dernières années, tout semblait donc aller pour le mieux au Paradis du jasmin. Personne même pour mettre en doute le caractère révolutionnaire du changement de régime intervenu en 2011 comme si le 14 janvier, le peuple tunisien, et non une révolution de Palais, avait chassé le président Ben Ali du pouvoir. L’Histoire avance au prix parfois d’une sérieuse réécriture.

Sous l’ombrelle américaine, les islamistes de Ghannouchi et les laïcs de Beji posaient encore ce printemps sur les mêmes photos de famille. Du coup, les Etats Unis, l’Algérie et l’Europe espèrent encore que leurs alliés tunisiens pourraient faciliter la tentative de d’ONU de bâtir un compromis politique en Libye entre les deux gouvernements rivaux de Tripoli et de Toubrouk. Avec les attentats du musée du Bardo et ce vendredi,  de Sousse, ces belles constructions géopolitiques, bénies par les Think Tanks et les fondations de Washington et les chancelleries, se perdent désormais dans les sables…Autant de mirages en raison de la folie des terroristes, qui peuvent frapper au coeur du Sahel, la région la plus riche et la mieux sécurisée de Tunisie….

Fractures régionales

Pour qui s’éloigne de la vitrine cotière et touristique des régions de Tunis et de Sousse, la Tunisie majoritaire de l’intérieur apparait frappée par la régression économique, la déstructuration sociale, les interrogations identitaires, voire même dans le sud des tentations sécessionnistes. Au point qu’une experte du ministère de la Défense tunisien peut évoquer, non sans une certaine dramatisation, « la possibilité d’une guerre civile dans les mois à venir, s’il e se produit pas un sursaut sécuritaire ».

Rien n’avait été entrepris sous Bourguiba et sous Ben Ali pour cette Tuniise des oubliés. Rien ne sera fait pendant les quatre ans de la transition démocratique pour ces mêmes régions. La Tunisie, expliquent aujourd’hui les experts et les universitaires, a été « victime de son succès ». Comprenons que le pays légal, celui qui vit dans le double confort des idées modernistes et d’un mode de vie occidental, a été grisé par l’ivresse du débat damocratique, happé par les palabres de k’Assemblée constituante et les arguties juridiques de la réforme contitutionnelle, oublieux du pays réel qui en se révoltant en décembre 2010, avait renversé le tyran. La principauté de Lamarsa, qui en juin recevait encore ses amis parisiens, de Jack Lang à Serge Moati et Bertrand Delanoe, dans le cadre d’un vague colloque organisé par le Nouvel Observateur, n’est pas qualifié pour représenter un pays plus complexe qu’il n’y parait.

Entre exil et djihad

Cette Tunisie, minée par le chomage et la crise, est devenue un terreau formidable pour les idées salafistes. Un jeunesse marginalisée qui connait dans ces régions des taux de chomage de plus de 40% rève soit à émigrer, soit à partir pour le djihad. L’Europe s’érigeant en fortersse, l’aventure prend de plus en plus souvent les formes de Daech, notamment dans le Sud du pays qui jouxte sur quelque 600 kilomètres la Libye voisine, minée par le dhihadisme, l’anrchie et la circulation d’armes. Hélas, la Tunisie n’est pas une ile isolée.

Cette proximité avec la Libye explique l’infiltration, ces derniers mois, de commandos djihadites venus de la Libye, où des territoires entiers se trouvent sous le controle des milices salafistes de Fars el-Libya, quand ils ne sont pas terrorisés par l’Etat Islamqiue qui a pris par exemple le controle de la ville de Syrte, l’ancien fief de Khadafi. Un symbole. De source sécuritaire tunisienne, on estime à 1500 le jeunes tunisiens entrainés dans les camps libyens et à 3000 ou 4000 ceux qui osntpartis en Syrie et d’Irak. Des chiffres qui, compte tenu d’une population tunisienne de douze millions d’habitants, représenteraient à l’échelle française au moins 30000 combattants.

Personne à la barre

Or face è la montée des périls, la Tuniisie n’est pas en ordre de marche. Politiquement d’abord, le pouvoir éxécutif est exercé par un Président de la République, certes bien élu en décembre dernier et fin tacticien, mais agé de 88 ans, malade et qui ne dispose pas de plus de deux heures de réelle préence par jour. Tout le monde en Tunisie parie désormas sur l »après Beji. Le Premier rministre Essid, un ancien chef de cabinet de deux ministre tunisiens de l’Intérieur sous Ben Ali, est un éxécutant sans relief, sans projet, sans surface poitque.  Ce pouvoir amateur multiplie les couacs, comme récemment en échangeant un terroriste libyen contre dix diploamtes pris en otage à Tripoli en Libye. Ces bourdes sont amplifiées par les réseaux sociaux fort réactifs qui abaissent encore, par leur déluge de commentaires indignés ou ironiques, l’image du pouvoir.

Su le plan sécuritaire, la situation n’est pas plus brillante: une Armée et une Police, que l’ex président Ali s’était employé à dresser l’une contre l’autre et  qui ne travaillent pas suffisamment ensemble; un ministère de l’Intérieur débousollé après le départ du dictateur et où les féodalités syndicales ont pris le pouvoir; les recrutements de 30000 jeunes policiers inexpérimentés par les islamsites d’Ennahdha en 2012 et 2013 qui grippent la machine sécuritaire. Enfin, le manque de moyens  prive les forces anti terroristes en Tunisie d’hélicoptères sophistiqués munis de matériel infra rouge capable de détecter les maquis terroristes de nuit.  Les Américians ne livreront les appareil qu’en 20168 Quant à la  la surveillance électronique d’une partie la frontière avec la Libye, dont le cout représente 150 millions d’euros, elle est remise à plus tard, les Emirats ayant rénoncé à financer cet investissement en raison des trop bonnes relations, selon eux, entre le pouvoir et les Frères Musulmans. Du coté français, les aides restent parcimonieuses, 2;5 millions d’euros qui devraient, selon le ministre de la Défense français, passer à dix millions. Une aumone.

« Nous en arrivons à nous demander si nos alliés veulent vraiment que l’on combatte le terrorisme », regrette un haut cadre sécuritaire.