
L’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, est attendu jeudi en Israël pour «discuter des prochaines étapes» de la guerre à Gaza avec l’allié israélien, sous une pression internationale inédite d’un nombre croissant de pays promettant de reconnaître un État de Palestine.
Hervé BAR d’ici Beyrouth, avec l’équipe de l’AFP à Gaza
Jeudi matin, la Défense civile a annoncé la mort de 58 personnes, tuées la veille au soir par des tirs israéliens autour d’une distribution d’aide dans le nord du territoire, revoyant à la hausse un précédent bilan d’une trentaine de morts. L’armée israélienne a immédiatement démenti, assurant «n’avoir connaissance d’aucune victime résultant de ses tirs» et parlant de «coups de semonce» visant à disperser un rassemblement «autour de camions d’aide (…) à proximité immédiate» de ses troupes. Selon des témoins, des camions d’aide ayant franchi le poste de contrôle militaire israélien de Zikim pour se rendre dans des entrepôts du Programme alimentaire mondial (PAM) ont été assaillis par la foule, et des coups de feu ont alors éclaté.
L’isolement international d’Israel
Après 22 mois d’une guerre sans répit contre le Hamas, ce territoire sous blocus israélien est désormais menacé d’une «famine généralisée», selon l’ONU, et totalement dépendant de l’aide humanitaire distribuée par camions ou larguée depuis les airs. «C’est une vraie famine (…). Beaucoup de gens meurent de faim», s’est même inquiété le président Donald Trump, face aux images d’enfants amaigris à Gaza. Les morts tombés sous les tirs et bombardements israéliens s’y comptent par dizaines chaque jour, dénoncent les sources palestiniennes.
L’envoyé spécial du président Donald Trump, Steve Witkoff, devrait rencontrer le Premier ministre Benjamin Netanyahou, dans l’après-midi. Selon la presse israélienne, il pourrait se rendre dans la bande de Gaza pour y visiter un site de la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF), une organisation soutenue par les États-Unis et Israël, en charge de la distribution de l’essentiel de l’aide dans le territoire palestinien, mais avec laquelle les organisations internationales refusent de travailler.
La visite en Israël de Steve Witkoff intervient près de deux semaines après l’échec de négociations indirectes, sous médiation américaine, qatarie et égyptienne, entre Israël et le Hamas en vue d’un cessez-le-feu. Mardi, face à «l’incapacité persistante» d’Israël à empêcher une catastrophe humanitaire à Gaza, le Canada a annoncé son intention de reconnaître l’État de Palestine, dans la foulée de la France et du Royaume-Uni. Israël a dénoncé une «campagne de pression internationale déformée» venant «récompenser le Hamas et nuire aux efforts visant à obtenir un cessez-le-feu à Gaza».
Le retour des colonies à Gaza
Mais depuis son offensive militaire visant à «éradiquer» le mouvement islamiste et libérer les otages, le gouvernement israélien semble peiner à trancher sur une solution politique pour Gaza, et plus généralement sur une sortie de crise pour le «jour d’après» selon une expression souvent reprise.
Dans ce contexte, la frange la plus radicale de la coalition gouvernementale plaide pour un retour des colonies à Gaza, évacuées en 2005 sur ordre d’Ariel Sharon. Et les incidents se multiplient en Cisjordanie, impliquant notamment des colons et des assaillants palestiniens.