Le coordinateur des services secrets, le vrai ambassadeur algérien à Paris

Le poste de représentant des services algériens à Paris est devenu, ces dernières années, un siège éjectable, tributaire des rapports de force au sein du haut commandement militaire.

Il est loin le temps où le colonel Ali Abdelhamid Bendaoud, surnommé ABB et devenu depuis Général, fut le représentant de l’ex DRS (services algériens) à l’ambassade d’Algérie à Paris pendant plus d’une décennie. Un record jamais égalé (voir l’article ci dessous).

Depuis, des jeunes officiers non politisés ont succédé au fameux AAB, devenu l’éphémère candidat à la direction des services bloqué par décision du feu général Gaid Salah, véritable patron de l’Algérie après le départ de Bouteflika. Ce choix de ce saut de génération pour ce poste exposé n’a pas été très concluant à en juger par le « turn over » que l’on a constaté ces dernières années. C’est que l’ambassade d’Algérie en France est un lieu de pouvoir extrêmement sensible compte tenu des relations ambivalentes entre la France et l’Algérie et surtout en raison de la présence d’une diaspora très politisée et impliquée dans l’opposition au système qu’il faut discrètement surveiller.

La rotation des jeunes officiers dans ces fonctions enviées a vu défiler les colonels Abdelmalek, Ziad Boughaba, Tarek Amirat, et enfin le colonel Zakaria alias « Z ». Ce dernier a battu, dans le sens inverse, le record de celui de AAB. A peine arrivé à Paris, il est débarqué pour des raisons qui demeurent inconnues. Son nom circule pour une nomination dans un pays du Sud Est asiatique.

Le parcours acrobatique de Tarek Amirat

Le parcours de Tarek Amirat, transféré de l’ambassade de Rome à Paris pour occuper ces fonctions, est emblématique des fluctuations du pouvoir militaire ces dernières années. Ce brillant officier avait été nommé avec le simple grade de commandant, alors que ses deux adjoints sont colonels. Peu importe puisqu’il est l’homme de Said Bouteflika, frère de l’ex Président et véritable vice roi du régime,  désormais en prison. Le patron à l’époque de Tarek Amirat était le général Tartag, à l’époque coordinateur du renseignement à la Présidence avant d’être condamné puis emprisonné par les hommes de Gaïd Salah. 

Le départ des frères Bouteflika et de leurs obligés coutera cher au jeune responsable des services à Paris. La coordination qu’il avait engagée avec la DGSE française lors de son séjour parisien pour sauver le soldat Bouteflika est jugée sévèrement par le général Gaid Salah, devenu paitre du jeu. Convoqué à Alger, il est jugé et condamné à la prison de Blida dans le sillage de la justice militaire dirigée par le général Bessis.

La roue tourne

Au sein de l’institution militaire algérienne, les parcours ne dépendent que des rapports de force au sein du cercle fermé du haut commandement. Tarek Amirat vient de quitter la prison de Blida pour être réintégré au sein des services avec…une promotion et le grade de lieutenant-colonel. Les places occupées à la prison militaires par les fidèles de Bouteflika comme Amirat sont occupées désormais par les subordonnés du général Oussini Bouazza, patron des services sous Gaïd Slahn (1).

il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne

(1) Le général Benmaâzouz alias « Nabil », le colonel Yassine Ait Amara, le colonel Skander. Et la liste est longue.

Algérie, le règne du colonel Ali Bendaoud à Paris