Le Bénin saigné par le terrorisme d’en prend à ses voisins

Le 17 avril, le Bénin a subi une attaque majeure qui, officiellement, a coûté la vie à 54 soldats, le bilan le plus lourd jamais enregistré dans le pays. Jusqu’ici relativement épargné par les malheurs des pays sahéliens, Cotonou, désormais pris dans la nasse du terrorisme, pointe du doigt la responsabilité de ces voisins burkinabè et nigériens.

Depuis le début de 2025, le pays fait face à une escalade sans précédent de la menace djihadiste dans la zone dite du « triple point » à la frontière avec le Burkina Faso et le Niger. Depuis 2021, date à laquelle le Bénin a été confronté à ses premières violences armées, l’attaque du 17 avril est la plus grave. Le JNIM, qui l’a revendiquée, conteste le bilan officiel et évoque 100 morts. 

Les Etats du Sahel responsables ?

Les forces béninoises, engagées dans l’opération Mirador depuis janvier 2022, peinent à contenir la progression djihadiste, malgré un effort sans précédent avec le déploiement de près de 3 000 soldats dans les zones sensibles. Pour justifier cet échec sécuritaire, Cotonou reproche à Ouagadougou et Niamey de ne plus coopérer dans la lutte antiterroriste. Depuis le coup d’État de juillet 2023, le Niger a en effet rompu les accords de coopération militaire qui permettaient échanges de renseignements, opérations conjointes et droit de poursuite contre les groupes armés à travers la frontière.

Cependant, si cette stratégie du bouc émissaire paraît commode, elle n’est pas fondée. D’une part, une bonne coopération n’empêche pas les attaques, comme le démontre l’exemple de l’Alliance des États du Sahel (AES), où la collaboration entre Mali, Burkina Faso et Niger n’a pas mis fin à la violence dans la zone des trois frontières. D’autre part, ces voisins pourraient tout aussi bien renvoyer la balle, puisque le côté béninois du parc W – qui s’étend sur les trois pays – sert depuis longtemps de refuge aux groupes armés. Enfin, les attaques ne se limitent plus à cette seule zone : le 25 avril, le JNIM a frappé la partie centrale du pays, proche de la frontière nigériane, en faisant exploser un véhicule de transport de troupes.

Derrière la tentation de désigner un bouc émissaire, le Bénin semble surtout répéter les erreurs qui ont mené à l’échec de la lutte antiterroriste au Sahel  : réponse essentiellement militaire, absence de stratégie politique globale. L’expérience des voisins sahéliens montre que l’approche sécuritaire seule ne suffit pas à endiguer la menace. Cette escalade de la violence est aussi une très mauvaise nouvelle pour la France et les États-Unis qui coopèrent avec le Bénin et qui voient, une fois de plus, leurs efforts menacés par la répétition des mêmes impasses.