L’Algérie veut éviter la contagion tunisienne 

Les manifestations populaires qui ont ébranlé plusieurs régions en Tunisie ont semé une véritable panique en Algérie.

La coordination des services de sécurité (CSS) qui a succédé au DRS Algérien a sonné l’alerte. Des rapports alarmistes ont été remis récemment à la Présidence de la République qui s’inquiètent de la situation en Tunisie. Le patron du CSS, le général-major Bachir Tartag, met en garde les autorités du pays contre le risque d’une propagation de la colère de la rue tunisienne en Algérie.

Grogne populaire

Les manifestions  qui se sont produites dans plusieurs régions de l’intérieur de la Tunisie, en signe de protestation contre la hausse des prix introduite par la nouvelle loi de finance, pourraient trouver un écho favorable en Algérie, avertissent les enquêteurs de la CSS.  Selon eux, les jeunes algériens notamment des régions frontalière pourraient emboîter le pas aux Tunisiens.

Certes, la situation économique de l’Algérie n’est pas aussi catastrophique que celle de la Tunisie, mais les augmentations de taxes suscitent une véritable exaspération. Les experts de la Direction générale de la sécurité intérieure, dirigé par le général Abdelkader, ont recommandé dans leurs rapports d’adopter des mesures urgentes pour parer à toute probabilité de contagion.

Feuille de route

Débloquer des projets de développement local dans les wilayas de Tébessa, Souk-Ahras, Annaba et El-Tarf ou Oued Souf, instruire les walis de recevoir les notables des régions et d’améliorer leur communication avec la société civile, veiller au respect de la transparence dans la distribution des logements sociaux: les services de la C.S.S ont proposé une feuille de route au Palais d’El-Mouradia pour se prévenir contre le danger de soulèvements sociaux.

Avec une situation financière tendue et une scène politique divisée en raison des enjeux incertains de la présidentielle de 2019, l’Algérie ne peut pas se permettre de faire face à une nouvelle vague de protestation populaire. Pour éviter ce scénario, un « véritable plan de guerre » a été mis en place. A titre d’exemple, la Direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure, l’une des trois composantes de la C.S.S, a instruit ses « cellules » en Tunisie de renforcer sa surveillance  et de transmettre le plus régulièrement possible des rapports détaillés.

Les berbères choyés

Le geste le plus symbolique de l’offensive présidentielle fut la consécration de Yennayer, nouvel an berbère, comme journée nationale et fériée. Un geste fort pour gagner la paix et l’apaisement en Kabylie, le foyer de la contestation populaire et la région la plus politisée dans toute l’Algérie.

Et pour rassurer le front social, Bouteflika a remis en cause la question des privatisations des entreprises publiques. Ces groupes emploient des milliers de personnes notamment dans les régions défavorisées. Même l’armée a été mise à contribution pour aider la SNVI de Rouiba et le complexe sidérurgique d’El-Hadjer d’Annaba, deux gros employeurs qi souffrent de gros déficits financiers.

Le plan échafaudé par le Palais d’EL-Mouradia est en marche pour éviter la « contagion tunisienne ». Il y a urgence….