En Algérie, la crise financière change les agendas politiques et détermine les enjeux de diplomatie. Après avoir tenu tête à Riadh depuis le début de l’agression militaire séoudienne contre le Yémen, l’Algérie revient à de meilleurs sentiments à l’égard de l’Arabie Saoudite.
L’argent du Golfe
Mieux encore, l’Algérie revient même petit à petit dans le giron saoudien alors qu’elle était naguère le redoutable rebelle qui refuse le diktat de la puissante monarchie wahhabite. Alger revoit sa position parce que les chèques de l’Arabie Saoudite pour surmonter la terrible crise financière qui la tourmente sont précieux. Et les saoudiens ne cachent pas leur générosité lorsque les Algériens rejoignent leur camp.
La réconciliation entre Alger et Riyadh a commencé officiellement ce mi-février lors de 12eme session de la commission mixte algéro-saoudienne. Une importante délégation d’hommes d’affaires conduite par le ministre de l’Investissement et du commerce du Royaume d’Arabie Saoudite, Madjid Ben Abdallah Al Qassabi, débarque à Alger.
Phosphate, engrais et papier
Pour séduire encore davantage les richissimes saoudiens, le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdesslam Bouchouareb, exécute une véritable danse du ventre et jure à ses interlocuteurs que le régime algérien va « lever tous les obstacles pouvant se dresser devant la réalisation des projets retenus entre les opérateurs économiques algériens et saoudiens ».
Alger et Ryad par la mer
L’Algérie se met à rêver de ses capitaux saoudiens qui l’aideront à créer enfin cette richesse et ces emplois tant attendus par les jeunes algériens. Des projets fous ont été exposés lors de cette commission algéro-saoudienne. Le ministre des Travaux publics et des transports, Boudjemaa Talai, et le ministre saoudien du Commerce et de l’investissement, Madjed Ben Abdallah Al Qassabi, ont même convenu de lancer une étude pour l’ouverture d’une ligne maritime pour le transport de marchandises entre l’Algérie et l’Arabie Saoudite.
Dans le tourisme, l’Algérie a tenté de vendre une partie des 65 hôtels publics. Une ouverture du capital ou une privatisation entière de ces établissements est à l’étude à Alger et les saoudiens ont été les premiers démarchés par le gouvernement algérien. Tout a été fait pour convaincre la cinquantaine d’hommes d’affaires en déplacement à Alger de miser sur le marché algérien.
Des compromis politiques
Officiellement, l’objectif d’Alger est de le volume d’augmenter les volumes d’échanges et des investissements avec l’Arabie Saoudite à près de 15 milliards de dollars au cours des dix prochaines années. Le régime algérien est conscient que des compromis politiques sont nécessaires pour atteindre cet objectif. Et le lobby saoudien commence d’ores et déjà à retrouver ces avantage perdus ces dernières années en Algérie.
Les salafistes, les chouchous des wahabites, ne sont plus aussi contrôlés et surveillés dans les mosquées algériennes. La confrérie Ahmadite, considérée par les saoudiens comme une secte dangereux qui menace son idéologie, est en train d’être démantelée par les services de sécurité algériens. Quand au délicat dossier iranien, Bouteflika prend petit à petit ses distances avec Téhéran et se contente d’être le médiateur qui essaie de relayer les messages et colères de Riadh. La réconciliation avec l’Arabie Saoudite a un prix. Et l’Algérie est, décidément, contrainte de payer ce prix.