L’Afrique aux Africains
Le naufrage de Robert Mugabe devrait alerter plusieurs chefs d’Etat qui restent sourds et aveugles devant les exigences d’une jeunesse qui vit dans « le nouveau monde » et devient insensible aux discours démagogiques de ces dirigeants politiques qui ne gouvernent pas pour le bien-être de leur peuple. Porté, par ses pairs en 2015, à la présidence de l’Union africaine, mlgré ses 91 ans, Robert Mugabe était un peu considéré comme le « gardien du temple » ayant pour dogme » l’Afrique aux Africains ».
En dépit d’avoir ruiné son pays, d’avoir mis au chômage 90 % de la population active, d’avoir fait massacrer des dizaines de milliers de personnes, notamment dans le Matabeleland, d’avoir été contraint d’abandonner le dollar zimbabwéen pour le dollar américain, Robert Mugabe était encore considéré comme une icône d’une indépendance heureuse. L’intouchable « vieux lion » apparaissait, dans certains cercles de pouvoir hors sol, comme le successeur lointain, à la fois, de Fidel Castro, pour son anti-impérialisme, de Nelson Mandela, pour son courage à libérer son peuple de l’apartheid, de Nkame Nkrumah pour son panafricanisme voire de Idi Amin Dada, pour son anti-colonialisme parfois caricatural.
Robert Mugabe ne sera plus la vedette des Sommets de l’Union africaine. Les Zimbabwéens en ont décidé autrement. Ils sont descendus, en masse, dans les rues de Harare pour réclamer la fin de leurs tourments, sans pour autant manifester un soutien indéfectible aux nouveaux maîtres du pays, fortement compromis dans les dérives dictatoriales de l’ancien régime. La démocratie avec son fondement, » le gouvernement du peuple pour le peuple », devra probablement encore attendre.
La jeunesse l’avenir de l’Afrique
Mais pourquoi donc la plupart de ces chefs d’Etat, longtemps conquis par le verbe de Robert Mugabe, continuent-ils de se méfier autant de leur jeunesse, la condamnant, trop souvent, aux mirages des flux migratoires ? Qui sont les vrais responsables des hécatombes de migrants en Méditerranée ou des marchés aux esclaves en Libye ?
Le trésor de l’Afrique ne réside pas dans ses richesses naturelles mais dans sa jeunesse. Dans les 54 pays africains, ne constate-t-on pas que plus de 50 % de la population a moins de 20 ans mais, aussi, que 50% des chefs d’Etat ont plus de 65 ans. La jeunesse africaine « en a marre », de ces vieillards qui s’enrichissent « de biens mal acquis », bénéficiant du soutien d’organisations inter-étatiques, comme Mugabe avec l’Union africaine et l’Organisation Mondiale de la Santé qui avait osé le nommer « ambassadeur de bonne volonté », il y a seulement quelques semaines.
Heureusement, de toutes parts, les voix s’élèvent pour mettre en avant la prévention des crises africaines par une meilleure orientation des projets de développement vers la jeunesse. L’éducation, la scolarisation des enfants, la formation professionnelle, la santé, les nouvelles technologies, les échanges universitaires devraient devenir des priorités du développement. Les milliards d’euros dépensés pour les opérations de maintien d’une paix qui n’existe pas pourraient avoir un tout autre impact dans ces investissements humains. Des cohortes d’enseignants et de formateurs pourraient remplacer avantageusement la plupart des contingents bigarrés de Casques bleus, de plus en plus nombreux et de moins en moins efficaces.
On se réjouit de voir que le prochain Sommet Union africaine / Union européenne d’Abidjan aura pour thème principal » Investir dans la Jeunesse pour un avenir durable ». Dans cette optique, le Sénégal, associé à la France, accueillera, début février 2018, une Conférence de financement du Partenariat mondial pour l’éducation.
Il faut espérer que les potentats, nostalgiques de Robert Mugabe, s’engageront pleinement dans ce développement durable. Sinon, ils risquent fort de sortir de la scène politique sous les quolibets de la Rue, comme Mugabe ….dans le meilleur des cas.