La visite pour rien à Paris du Premier ministre tunisien

La visite du Premier ministre tunisien, Hichem Mechichi, la première qu’il a effectuée à l’étranger, s’est traduit  par une rencontre avec le chef du gouvernement français, Jean Castex, dont il n’est rien sorti de concret.  

Un article de Meher Hajbi et de la rédaction de Mondafrique

La rencontre entre Hichem Mechichi et Jean Castex est restée purement formelle, sans perspectives politiques ou économiques

Comme il est loin le printemps arabe de 2011 où on découvrait à Deauville le Premier ministre, d’alors, Béji Caïd Essebsi, prendre place auprès des 25 chefs d’Etat ou de gouvernement  présents au 37 ème sommet annuel du G8, dont Nicolas Sarkozy. Des centaines de millions d’aides étaient alors promises par la communauté internationale à la jeune démocratie tunisienne. On n’en est plus là. La Tunisie est passée de mode !La France préfère aider la dictature égyptienne, allié des Emiratis et des Séoudiens, dans sa lutte hypothétique contre le terrorisme, plutôt que venir au secours de la jeune démocratie tunisienne qui s’enfonce dans la crise et voit les mauvaises fées autour de son berceau.

Des signes qui ne trompent pas

La toute récente visite de l’actuel chef du gouvernement tunisien à Paris n’aura pas eu cet éclat ni surtout de telles conséquences sur le plan financier.

Les diplomates tunisiens ont déploré, non sans raison,  l’absence de toute personnalité officielle pour accueillir le Premier ministre tunisiens à l’aéroport. De même, l’hôte de la France a été hébegé dans la résidence de l’ambassade et non pas dans un hôtel choisi par le Quai d’Orsay. Enfin il a du se déplacer pour rencontrer son homologue français à bord de la voiture de l’ambassade tunisienne, et non pas avec une voiture officielle du gouvernement français.

 Le déplacement du chef de l’exécutif tunisien s’est résume à des échanges éphémères avec Jean Castex, des photos souvenirs folkloriques et des rencontres officielles sans écho médiatique notable. Malgré les avancées sur l’octroi de laissez-passer consulaires (LPC) pour expulser de France les immigrants illégaux radicalisés, les perspectives de percevoir une énième aide financière française pour relancer l’économie tunisienne à l’agonie semblent bien minces…

La Tunisie mal notée

Affaiblie par une crise sociale, économique et financière sans précédent, la Tunisie risque de ne pas honorer ses engagements vis-à-vis de ses principaux créanciers. Un constat confirmé par le dernier rapport de Fitch Ratings. L’agence de notation avait révisé la perspective de la Tunisie de “stable” à “négative” en raison de l’aggravation des risques de liquidité budgétaire. La forte détérioration des finances publiques, l’absence des réformes et le chaos politique actuel ne plaident pas en faveur d’un nouveau financement extérieur du déficit budgétaire abyssal.

C’est pourquoi Hichem Mechichi a du se contenter de simples promesses d’investissement et rien de concret. 

Le dernier rapport de l’agence de notation Fitch Ratings avait révisé la perspective de la Tunisie de “stable” à “négative” en raison de l’aggravation des risques de liquidité

Le bilan défendu par le pensionnaire de la Kasbah à Matignon, pour exhorter Paris à accroître ses investissements en Tunisie, n’a été écouté que d’une oreille par Jean Castex, très préoccupé par la crise sanitaire et le dossier très épineux du séparatisme religieux. Du coté français, les arguments répétitifs sur la liberté d’expression ou encore le plaidoyer en faveur d’un « développement solidaire » pour lutter contre la migration clandestine, sont sans grand impact.

Le chef du gouvernement pratique une sorte de mendicité en costard-cravate, avant que son pays ne s’effondre. Rien de bien réjouissant !