La valse des gardiens d’Al-Qaïda au Mali

Dans son livre « Prisonnier du désert » , le journaliste Olivier Dubois, qui a été retenu 711 jours par Al-Qaïda, décrit le nombre incroyable de gardiens, plus ou moins sérieux, qui se sont succédés tout au long de sa détention (*). 

Par Ian Hamel

Un jour, c’est un vieil homme décati qui arrive pour surveiller Olivier Dubois. « Papi vient faire de la garde », ironise un prisonnier. « Un boulot qui devrait lui amener un complément d’argent substantiel. Tous ceux qui participent à la captivité des étrangers perçoivent une partie de la rançon », explique Olivier Dubois, journaliste à Libération et au Point.  Mais comment expliquer qu’une organisation terroriste qui fait trembler les services de sécurité du monde entier puisse parfois laisser la garde des otages à des gosses à peine sortis de l’adolescence, riant devant un jeu vidéo ? Certains ravisseurs permettaient au journaliste se promener seul, assez loin du campement, d’autres, au contraire, lui accrochaient des chaînes jours et nuits.   

Certains parlaient un français impeccable, d’autres ne s’exprimaient qu’en tamacheq, la langue touarègue. Il y en a qui ne voulaient que le convertir à l’islam, d’autres acceptaient de répondre à ses questions. Alors qu’un otage est censé valoir de l’or, un sadique s’est brutalement mis à tirer à quelques centimètres du journaliste. Toutefois, Olivier Dubois ne dit à aucun moment si sa libération a fait l’objet d’une rançon. Les autorités françaises ont toujours nié avoir versé de l’argent. Certains médias africains affirment le contraire.

 

(*) Michel Lafon, 364 pages, janvier 2025.