De Bordeaux à Marrakech, en passant par Bruxelles et Paris, l’Afrique culturelle rayonne du 19 au 30 mars 2025. Entre les projections engagées du Festival Contrechamps, les mélodies arabo-andalouses d’Andaloussiyat à l’IMA et la fusion audacieuse des sonorités gabonaises et russes à L’Impromptu, découvrez la sélection de la rédaction.
Le Festival Contrechamps, trois jours de cinéma engagé à Bruxelles
Du 21 au 23 mars 2025, Bruxelles accueillera le Festival Contrechamps, un rendez-vous incontournable pour les amateurs de cinéma africain. Projections, rencontres et débats mettront en lumière des regards singuliers et engagés, portés par des cinéastes du continent.
Le cinéma africain continue de s’affirmer comme une force narrative et esthétique majeure, explorant avec acuité les réalités sociales, politiques et culturelles du continent. Du 21 au 23 mars 2025, le Festival Contrechamps investira Bruxelles pour trois jours de projections et de rencontres dédiées aux regards cinématographiques venus d’Afrique. Véritable vitrine pour les créateurs africains, l’événement se veut un espace de dialogue et de réflexion sur les évolutions et les défis du septième art sur le continent.
À travers une sélection pointue de films, le festival propose un panorama des nouvelles écritures et des récits qui résonnent avec l’actualité. Courts et longs-métrages, documentaires et fictions composeront une programmation éclectique où les voix émergentes côtoieront celles de réalisateurs confirmés. Les thématiques abordées iront de la mémoire postcoloniale aux mutations urbaines, en passant par les luttes sociales et les questionnements identitaires. Chaque projection sera accompagnée d’échanges avec les réalisateurs, critiques et chercheurs, offrant au public l’opportunité d’approfondir sa compréhension des œuvres et de leurs enjeux.
Le Festival Contrechamps n’est pas seulement une célébration du cinéma africain, c’est aussi un lieu où se questionne la place de ces films dans l’industrie mondiale. Malgré une reconnaissance croissante, le cinéma africain fait face à de nombreux défis : manque de financements, accès limité aux circuits de distribution internationaux et absence de structures solides pour soutenir les jeunes créateurs. Ces questions seront au cœur des discussions qui ponctueront l’événement, avec pour ambition de trouver des solutions et d’encourager de nouvelles dynamiques de production et de diffusion.

L’édition 2025 mettra également un accent particulier sur le rôle du documentaire en tant qu’outil de témoignage et de résistance. Depuis plusieurs années, le cinéma documentaire africain connaît un essor remarquable, donnant à voir des réalités souvent ignorées ou mal représentées par les médias traditionnels. À travers des récits intimes ou des enquêtes sociopolitiques, ces films offrent une autre lecture du continent, loin des stéréotypes habituels.
Au-delà des projections, le festival proposera également des ateliers et des masterclasses destinés aux jeunes cinéastes et aux étudiants en cinéma. L’objectif est de transmettre des savoir-faire, d’échanger sur les processus de création et de renforcer les réseaux entre réalisateurs africains et européens. Ces sessions pratiques permettront d’aborder des aspects concrets du métier, du financement à la postproduction, en passant par la recherche de partenaires et la stratégie de distribution.
En proposant un espace de visibilité et de discussion, le Festival Contrechamps affirme la nécessité de soutenir un cinéma engagé, capable de raconter l’Afrique d’aujourd’hui dans toute sa complexité. Trois jours ne suffiront pas à explorer toute la richesse de ces récits, mais ils offriront un aperçu précieux d’un continent dont la voix cinématographique ne cesse de s’amplifier.
Afrique du Sud : le Wakkerstroom Festival célèbre 14 ans de passion musicale
Jusqu’au 23 mars 2025, le Wakkerstroom Music Festival de l’Afrique du Sud célèbre sa 14ᵉ édition avec un programme riche et varié mettant à l’honneur des compositeurs légendaires comme Arvo Pärt, Erik Satie, Georges Bizet et Vivaldi. Ce festival unique en son genre offre une plateforme aux talents locaux et internationaux, tout en apportant une touche de diversité musicale qui s’étend bien au-delà des frontières de la musique classique.
Chaque année, ce festival se distingue par son ambiance intime et chaleureuse. Niché dans la charmante ville de Wakkerstroom, un lieu pittoresque situé dans la province du Mpumalanga, il attire les mélomanes passionnés qui viennent pour écouter des chefs-d’œuvre et pour découvrir des talents émergents dans un cadre propice à l’évasion. Avec des concerts organisés dans des lieux tels que des églises, des salles de concert et des espaces ouverts, le festival joue un rôle central dans la promotion de la musique classique en Afrique du Sud. Cette année, l’événement promet d’être encore plus captivant avec des performances exceptionnelles et une programmation exceptionnelle.
L’édition 2025 s’inscrit dans un contexte où la musique classique est mise à l’honneur. Le programme célèbre plusieurs anniversaires importants, notamment celui du compositeur estonien Arvo Pärt, qui fête ses 90 ans cette année. Son influence sur la musique contemporaine, avec ses œuvres minimalistes profondément spirituelles, sera magnifiquement rendue à travers des interprétations de ses compositions. À ses côtés, le centenaire de la mort du compositeur français Erik Satie sera également commémoré, avec une performance spéciale de ses pièces iconiques, marquées par leur innovation et leur excentricité.
Le festival rendra hommage à Georges Bizet à l’occasion du 150ᵉ anniversaire de sa disparition, en mettant en avant des extraits de son opéra Carmen, sans oublier de célébrer les 300 ans de la composition Les Quatre Saisons de Vivaldi, une œuvre indémodable qui continue de captiver le public à travers les siècles. Cette programmation riche ouvre également un espace aux musiciens contemporains.
Parmi les moments forts de ce festival, les concerts des ensembles musicaux réputés tels que le Gauteng Guitar Quartet et l’Umoya Woodwind Ensemble sauront captiver le public avec des œuvres de grands maîtres comme Bach, Ravel, et Bernstein. Le Pangea String Quartet interprétera les quatuors à cordes de Mozart et Mendelssohn, offrant une interprétation intime et raffinée de ces pièces essentielles du répertoire classique. Le Trio Joie de Vivre, avec ses arrangements originaux pour piano, flûte et basson, présentera une exploration musicale unique de la vie à travers les saisons. Ces performances, toutes empreintes de passion et de technique, soulignent le rôle central du festival dans la mise en valeur de la musique de chambre et des œuvres orchestrales.
Mais ce n’est pas seulement la musique classique qui sera à l’honneur au Wakkerstroom Music Festival. L’édition 2025 présentera également des ensembles qui combinent des influences variées, telles que la musique traditionnelle juive Klezmer et les rythmes africains. Ces collaborations interculturelles ouvriront la voie à des échanges enrichissants, offrant une expérience sonore diversifiée aux spectateurs.
Un autre point culminant sera la performance du WMF Marimba Ensemble, un projet communautaire qui réunit des musiciens locaux, mettant en lumière la créativité musicale sud-africaine et la fusion des genres traditionnels et modernes.
Les billets pour le festival sont disponibles à la réservation, et le public peut s’attendre à des prix abordables pour des événements de cette qualité.
L’IMA Paris lance son premier festival « Andaloussiyat » du 25 au 30 mars
L’Institut du monde arabe lance « Andaloussiyat », un festival dédié aux musiques arabo-andalouses. Du 25 au 30 mars 2025, cette première édition mettra à l’honneur le riche patrimoine musical de l’Algérie à travers concerts, conférences et ateliers.
Depuis des siècles, la musique arabo-andalouse perpétue un héritage né du brassage entre les traditions musicales arabes et ibériques du VIIIe siècle. Inscrite dans l’histoire du Maghreb, elle continue d’évoluer, portée par des générations de musiciens qui la transmettent et la réinventent. Pour célébrer cette richesse, l’Institut du monde arabe à Paris inaugure le festival Andaloussiyat, un rendez-vous annuel qui consacrera chaque édition à un pays ou une aire culturelle du Maghreb. Pour cette première année, c’est l’Algérie qui est mise à l’honneur, avec un programme qui explore la diversité de ses traditions musicales, du maâlouf constantinois à la sanâa algéroise, en passant par l’école gharnatie de Tlemcen.
Durant six jours, l’IMA accueillera des artistes emblématiques de la scène arabo-andalouse. Le festival s’ouvrira avec Salim Fergani, maître incontesté du maâlouf de Constantine, héritier d’une lignée de musiciens qui ont façonné l’identité musicale de cette ville. Il sera suivi par Meryem Koufi et Mehdi Haddab, qui présenteront Nuba Nova 2, un projet revisitant la tradition andalouse à travers des sonorités contemporaines. Abbas Righi, autre grand nom du maâlouf, viendra à son tour célébrer cet art subtil, avant qu’Amel Brahim-Djelloul et l’ensemble Amedyez ne proposent une approche lyrique et instrumentale de ce répertoire. Le 29 mars, Lila Borsali transportera le public dans une évocation poétique de Grenade avec Il était une fois… à Grenade, tandis que le festival se clôturera sur un concert du Takht Attourath, réunissant des musiciens d’Algérie, du Maroc et de Tunisie, symbole d’un patrimoine commun qui transcende les frontières.
Mais Andaloussiyat ne se limite pas à la scène musicale. Conçu comme un espace de transmission et de réflexion, le festival proposera également des conférences, des ateliers et des projections. Jean Lambert, ethnomusicologue spécialiste des musiques du Maghreb, animera une conférence sur Les pays du Maghreb au Congrès de musique arabe du Caire, une occasion d’explorer l’histoire des échanges musicaux entre le Maghreb et le monde arabe. Pour ceux qui souhaitent s’initier à cette tradition, Meryem Koufi animera des stages de chant andalou les 28, 29 et 30 mars, permettant aux participants d’approcher les subtilités de cette musique savante, fondée sur la poésie et l’improvisation. Des projections de films viendront compléter cette immersion, offrant un regard cinématographique sur les résonances historiques et contemporaines de cet héritage musical.
Le festival Andaloussiyat s’inscrit dans une ambition plus large : celle de valoriser et de préserver un patrimoine culturel dont l’histoire est intimement liée à celle du Maghreb et de l’Europe méditerranéenne. Cette initiative a été portée par François Gouyette, diplomate français passionné par la musique arabo-andalouse, qui assure le commissariat général du festival. Il est accompagné par Dorothée Engel, responsable spectacle vivant et musique à l’IMA, qui veille à la cohérence artistique de cette programmation. Ensemble, ils ont imaginé un événement qui, au-delà de la célébration musicale, interroge les liens entre tradition et modernité, entre transmission et innovation.
Situé au cœur de Paris, l’Institut du monde arabe se positionne comme un carrefour des cultures, un lieu où se rencontrent les héritages artistiques d’horizons divers. En accueillant ce festival, l’IMA affirme une fois de plus son rôle de passeur, créant un espace où la mémoire musicale du Maghreb dialogue avec les aspirations contemporaines. Accessible en métro via les lignes 7 et 10 à la station Jussieu, le festival est ouvert à tous, avec une billetterie disponible sur le site officiel de l’IMA.
Le MACAAL de Marrakech dévoile les « Sept Contours » de l’art africain
Le Musée d’Art Contemporain Africain Al Maaden (MACAAL) de Marrakech a rouvert ses portes, après une rénovation de 18 mois. L’exposition permanente « Seven Contours, One Collection » y présente plus de 150 œuvres, offrant une immersion profonde dans la richesse de l’art contemporain africain.
Situé au sud-est de Marrakech, près du quartier de Sidi Youssef Ben Ali et adjacent au complexe Al Maaden Golf Resort, le MACAAL se distingue par son architecture mêlant traditions locales et esthétique minimaliste contemporaine. Conçu par l’architecte français Didier Lefort, le bâtiment intègre des matériaux locaux tels que la pierre et la terre cuite, avec des façades aux tons terreux et des cours centrales inspirées des riads marocains. Ces éléments permettent de réguler naturellement la température et offrent des espaces d’exposition lumineux et flexibles.
L’exposition « Seven Contours, One Collection » est organisée en galeries thématiques explorant des sujets tels que la décolonisation, la mondialisation et l’environnement. Parmi les artistes exposés figurent des figures majeures comme Farid Belkahia, Ahmed Cherkaoui et Malick Sidibé, ainsi que des talents émergents, illustrant la diversité et la vitalité de l’art africain et de sa diaspora.
Le MACAAL s’engage activement dans la démocratisation de l’accès à l’art. Des programmes communautaires, tels que des camps culturels et des événements ouverts, sont organisés pour impliquer la communauté locale et inspirer les jeunes générations. Le musée propose également une nouvelle médiathèque offrant une riche archive d’art vidéo, numérique, sonore et performatif par des artistes africains des années 1990 à nos jours, ainsi qu’une bibliothèque ouverte dédiée à l’art contemporain africain.
La réouverture du MACAAL marque une étape importante dans la promotion de l’art contemporain africain, offrant une plateforme dynamique et accessible qui célèbre la créativité du continent sur la scène mondiale.
Pour plus d’informations sur les expositions en cours et les programmes à venir, vous pouvez visiter le site officiel du MACAAL.