La décision d’Israël de reconnaître officiellement le Somaliland comme État souverain, annoncée le 25 décembre 2025 par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, marque une inflexion notable dans la diplomatie de l’État hébreu en Afrique de l’Est.
Indépendant depuis 1991, le Somaliland n’est pas reconnu par la communauté internationale. L’ancienne Somalie britannique mise sur le développement du port de Berbera, sur le Golfe d’Aden, pour concurrencer Djibouti et accueillir les importations et les exportations de l’Éthiopie (120 millions d’habitants), un géant privé d’accès à la mer.
Le Somaliland n’a pas répondu, mais les Etats-Unis lui ont fait la proposition: contre l’accueil des Palestiniens, Washington reconnaîtrait ce pays qui, depuis 1991, reste un paria, reconnu par aucun pays dans le monde. L’ancien Somalie britannique ne vit que de la vente de Chameaux, de moutons, de chèvres dans les pays du Golfe, ainsi que des 1,5 millions de Somalilandais qui vivent à l’étranger, notamment en Grande-Bretagne. Hargeisa n’a pas accès à l’aide internationale, Banque mondiale, etc.
Installée dans une petite rue paisible, la modeste ambassade du Somaliland n’est qu’à un coup d’accélérateur de l’aéroport d’Addis-Abeba. L’Éthiopie demeure le seul pays – avec Taïwan – à reconnaître cet État fantôme boudé par le reste du monde. Les formalités ne durent qu’une quinzaine de minutes. Les visiteurs ne se bousculent guère dans ce territoire semi-désertique, vaste comme le tiers de la France, et peuplé de 3,5 millions d’âmes. Seule la compagnie Ethiopien Airlines permet de rejoindre en quatre-vingt-dix minutes Hargeisa, la capitale de ce pays qui n’existe pas.
Fidèle à l’ancien colonisateur, le Somaliland importe des voitures avec le volant à droite, mais paradoxalement, on y roule aujourd’hui à droite… La langue officielle, le Somali, a opté pour les caractères latins. Mais sur son drapeau, la devise est écrite en arabe. L’islam est la religion d’État et toute promotion d’un autre culte est interdite par la constitution somalilandaise.
Le Mossad dans la boucle
Cette reconnaissance israélienne, hautement symbolique, s’inscrit dans un contexte régional complexe et révèle des calculs stratégiques qui dépassent largement la simple reconnaissance politique. En remerciant publiquement le ministre des Affaires étrangères Gideon Sa’ar et le chef du Mossad David Barnea pour leur rôle dans cette initiative, Netanyahu a souligné le caractère concerté et multidimensionnel de cette démarche. L’implication du Mossad laisse deviner une dimension sécuritaire et de renseignement significative, à la croisée des enjeux de la mer Rouge et de la Corne de l’Afrique, zones clefs pour les routes énergétiques et maritimes mondiales.
Pour Israël, cette reconnaissance répond à plusieurs objectifs. D’une part, elle permet d’affirmer son influence sur un axe stratégique reliant la Méditerranée, la mer Rouge et l’océan Indien, à un moment où l’Iran et la Chine renforcent leur présence navale et diplomatique dans la région. D’autre part, elle offre un accès privilégié à un partenaire africain stable dans un environnement marqué par l’instabilité somalienne et les rivalités éthiopiennes.
Trente ans d’isolement
Danses traditionnelles dans un pays très religieux
Du côté du Somaliland, cette reconnaissance constitue une victoire politique majeure. Après plus de trente ans d’attente et d’isolement diplomatique, Hargeisa obtient un soutien international venant d’un acteur technologiquement avancé et militairement puissant. Ce partenariat pourrait accélérer son développement économique, notamment dans les secteurs de la sécurité maritime, de l’agriculture technologique et des énergies renouvelables.
Cependant, cette décision risque d’exacerber les tensions régionales. Mogadiscio, farouchement opposé à toute reconnaissance du Somaliland, pourrait y voir une provocation.