Le Hamas a libéré quatre soldates israéliennes, otages à Gaza depuis le 7 octobre 2023, qui ont été échangées contre plusieurs dizaines de Palestiniens détenus en Israël, dans le deuxième échange de ce type prévu par l’accord de trêve dans la bande de Gaza
« Le Hamas est en contrôle de Gaza » !, titre le New York Times: près d’une semaine après le début du cessez le feu, le quotidien new yorkais n’hésite pas, jeudi 23 janvier, d’affirmer dans un long article que la guerre de quinze mois infligé à Gaza n’aura non seulement pas réussi à éradiquer le mouvement islamiste palestinien mais que ce dernier reste vivace et prêt diriger à nouveau le territoire en ruines après quinze mois de bombardements…
Revenant sur la démonstration de force de combattants cagoulés et aux kalachnikov brandies lors d’une mise en scène impressionnante de la libération des trois premières otages israéliens, dimanche 19 janvier, le journal remarque que « l’apparence des ces combattants ne donnaient pas l’impression qu’ils faisaient partie d’une organisation en déliquescence : ils portaient des uniformes propres, paraissaient en bonne forme et conduisaient des voitures en bon état ». Certes, poursuit le quotidien, « on ne sait pas encore au juste le nombre de combattants, d’officiers de police, de fonctionnaires et de responsables politiques qui ont survécu à la guerre mais (…) il est clair que le Hamas a voulu, lors du transfert des otages, de démontrer publiquement qu’il était en contrôle de cette partie du territoire particulièrement dévastée par les bombardements ».
Même certains Gazaouis semblent avoir été les premiers surpris de voir les forces armées du Hamas reprendre le contrôle : « Ils sont arrivés de nulle part », s’étonne, dans les colonnes du journal, un certain « Mohammed », interviewé sur place : « nous n’avions aucune idée où ils étaient durant la guerre »…
Le Hamas a également montré qu’il entendait reprendre la main depuis le début du cessez le feu en « s’efforçant de renforcer la sécurité publique, notamment en envoyant ses policiers diriger la circulation dans les rues et assurer la protection des camions venant apporter de l’aide, offrant ainsi l’impression qu’un certain niveau de loi et d’ordre a été réimposé ».
Le New York Times cite à cet égard Michael Milshtein, un ancien analyste des services secrets israéliens spécialisé dans les affaires palestiniennes : « Le Hamas est bien sûr très affaibli depuis le 7 octobre mais il est évident que le Mouvement est en mesure de montrer qu’il est capable d’imposer sa souveraineté dans tout Gaza ».
Le journal ne cache cependant pas que la tâche va être rude pour des membres d’une organisation qui en est réduite « à gérer un territoire en utilisant des papiers et des stylos plutôt que des ordinateurs et en demandant à ses fonctionnaires de travailler dans des bâtiments en ruines »… Et l’article de conclure par une citation qui en dit long sur la situation dans Gaza et le poids que pèse à nouveau le Hamas : répondant aux questions de journalistes alors qu’il faisait cette semaine une mission d’inspection en ville, le « général » Mahmoud Abu Wafa, officiel de haut rang du ministère de l’intérieur du Hamas, a affirmé haut et fort : « Ceux qui assurent la sécurité et protègent les citoyens, ce sont les forces du ministère de l’intérieur [du Hamas]!«
« Le Hamas est-il de retour [aux affaires?] » : Si Le Financial times de Londres se montre plus nuancé que son confrère new yorkais dans la titraille d’un article consacré à la situation dans Gaza, il semble arriver à des conclusions similaires à celles du quotidien américain : » Les combattants, les officiels et la policiers du Hamas sont sortis des décombres et semblent prêts à diriger à nouveau Gaza », confirme ainsi le « FT », citant un porte parole du Hamas, Ismail al Thawabta : « Nous travaillons selon le plan d’urgence que nous avons établi, il est hors de question pour nous de laisser s’installer un vide [politique] ». Et le quotidien de préciser que, selon cet interlocuteur, « les autorités locales prévoient de restaurer l’éducation, rouvrir les mosquées et réparer les services médicaux dans des hôpitaux qui avaient été régulièrement bombardés ».
Si le journal évoque certaines analyses d’experts israéliens prévenant que « la procession de militants masqués [lors du transfert des premières otages israéliennes à la Croix Rouge, dimanche 19 janvier] était une opération de relations publiques destinés à cacher l’ampleur des pertes du Hamas », le même article ajoute que d’autres analystes ont vu en cette démonstration de force la résultante d’une « absence d’anticipation stratégique du gouvernement Netanyahou : Israël a refusé d’envisager un rôle possible au grand rival du Hamas, l’Autorité palestinienne » dans la séquence post guerre qui vient de s’ouvrir.
Tout comme le New York Times, le « FT » estime donc que le Hamas est bien de retour aux affaires et, même si le titre de l’article était prudemment interrogatif : « Gaza est détruite mais le Hamas est droit dans ses bottes », affirme ainsi dans les colonnes du quotidien londonien Avi Issacharoff, analyste israélien créateur de la télévision « Fauda » : « L’explication [ de ce retour du Hamas] est la conséquence du manque d’intérêt du gouvernement israélien d’envisager le soutien à l’émergence d’un nouveau régime à Gaza ».
Le salut Nazi d’Elon Musk lors de la cérémonie d’investiture? Aucun problème pour Netanyahou qui salue « un grand ami d’Israël », rapporte Haaretz, le grand quotidien de la gauche israélienne libérale.
« Le premier ministre Benjamin Netanyahu n’a pas mis longtemps avant de venir défendre le milliardaire Elon Musk, affirmant que ce dernier a été ‘injustement souillé’ par les accusations de salut fasciste », écrit le Haaretz , citant encore le chef du gouvernement selon lequel Musk « n’a cessé de réitérer son soutien au droit d’Israël à se défendre contre les terroristes génocidaires et les régimes qui cherchent à annihiler le seul état juif : je le remercie pour tout cela ».
Le journal remarque cependant que le soutien de Musk n’est pas forcément inconditionnel : « récemment , lors d’une conversation sur X [ancien tweeter, qui appartient désormais au milliardaire] avec la dirigeante allemande du parti d’extrême droite AFD, Alice Wiedel, l’allié, le nouvel allié de Trump avait prévenu : » Je soutiens Israël mais il ne faut pas oublier d’éprouver de l’empathie pour les victimes civiles qui, elles aussi, [à Gaza] meurent aussi ».
Les leaders iraniens sont partagés sur la façon de réagir au retour de Trump, affirme le site Nikkei Asia review, un média japonais spécialisé sur le Proche Orient, dont les informations, relayées par des spécialistes locaux, sont considérées comme très fiables
Selon une tribune publiée par un analyste pakistanais basé à Karachi, le « retour de Trump à la Maison Blanche a provoqué un intense débat à Téhéran » où les responsables se posent la question de savoir si le moment est venu de « négocier avec un homme [Trump] précédemment considéré comme n’étant pas digne de confiance » ; ou si, au contraire, l »Iran « devrait elle camper sur ses positions, ne pas surmonter [ son hostilité au nouveau président ] et simplement s’efforcer de s’adapter aux changements en politiques en cours ». L’analyste du Nikkei croit en effet savoir que, « au sein de la République islamique, certains diplomates de haut vol soutiennent une position pragmatique, estimant que l’Iran pourrait profiter du retour de Trump pour parvenir à une percée diplomatique mutuellement bénéfique. »