La Mauritanie et le Maroc, pivots de l’influence américaine au Sahel

Un rapport publié le 20 août 2025 par le think tank New lines institute analyse la révision du positionnement américain au Sahel. Intitulé « A U.S. Sahel Strategy Anchored in Morocco and Mauritania), le document explique comment, face à l’effondrement du partenariat sécuritaire avec les juntes du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Washington cherche, désormais, à replacer son dispositif à la périphérie du champ, en s’adossant au périmètre Maroc-Mauritanie.

Un article de « Veille sahélienne », un site partenaire
https://t.me/veillesah/74
 
 
Les auteurs rappellent que les États-Unis et la France maintenaient, pendant près de deux décennies et sans discontinuer, une prééminence forte au sud du Sahara. Or, la succession de coups d’État en Afrique de l’Ouest, de 2020 à 2023, aura entraîné l’expulsion des troupes alliées et la fermeture des bases américaines de drones au Niger. La rupture, amplifiée par le rejet croissant de l’influence de l’Occident, rend la région plus vulnérable à l’activisme du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim Alqaïda) et de l’État islamique au Sahel (Eis). Les deux coalitions ennemies sont responsables de milliers de morts, de blessés, disparus et déplacés, durant l’année 2024, soit plus de la moitié des victimes du terrorisme mondial. Dans le même temps, les trafics d’armes, de drogues et de migrants ont prospéré à travers de vastes territoires, de moins en moins sous contrôle.    
 
Tandis que Washington réduisait son empreinte, d’autres puissances renforçaient la leur. La Russie, via la société de mercenaires Wagner devenu Africa Corps, a consolidé son ancrage – encore vacillant – grâce à l’obtention de concessions minières et à un soutien direct aux juntes. La Chine a accru une présence durable sur les corridors logistiques et les ressources du sous-sol, notamment en Guinée et au Nigeria. L’Iran, plus discret, a élargi son audience sous couvert de ventes d’armes, de partage d’expérience et de relais chiites, parfois liés au Hezbollah libanais. Une telle redistribution des cartes s’est traduite par le recul marqué de l’influence des États-Unis, au niveau de la diplomatie et de l’engagement militaire.
 
Un « pare feu » fonctionnel

Dans cet environnement concurrentiel, « New lines institute »  met en avant le rôle du Maroc et de la Mauritanie comme deux amarrages stables et fiables. Le duo est qualifié de « pare-feu fonctionnel », permettant aux États-Unis de sécuriser les chaînes d’approvisionnement en minerais critiques, contenir la nuisance des entités hostiles et filtrer la propagation du terrorisme et de l’illégalité transfrontalière.  

Le Maroc, partenaire historique de Washington, accueille, chaque année, l’exercice de défense African Lion et veut utiliser son Initiative atlantique pour offrir, aux pays enclavés du Sahel, un accès à ses ports de Dakhla et de Laâyoune, pourtant éloignés de l’hinterland. La Mauritanie, quant à elle, assure la fonction de tampon, le long d’une frontière poreuse avec le Mali et reçoit, de ses amis occidentaux, une assistance en matière de renseignement et de formation au combat.  

Le think tank recommande, aux États-Unis, d’adopter une posture dite du « périmètre ». L’approche consiste à s’ancrer, de manière indirecte et souple, en bordure nord du Sahel plutôt qu’au cœur de ses foyers instables. Washington préserverait, ainsi, un accès modulable à l’aire de belligérance et se prémunirait des coûts et risques d’une implication prolongée au Sahel. Selon le New Lines Institute, il ne s’agirait pas d’un retrait mais d’un recalibrage pragmatique.  

Il importe de le souligner, le gouvernement fédéral récolte, d’une multitude de boîtes à penser, d’experts et de laboratoires intellectuels du Traité de l’Atlantique nord (Otan), quantité d’analyses et de prospectives d’une qualité variable. Leur incidence sur sa politique étrangère demeure difficile à mesurer.    
 
Source:  
 
https://newlinesinstitute.org/strategic-competition/a-u-s-sahel-strategy-anchored-in-morocco-and-mauritania/