La junte malienne accuse Paris de collaborer avec le terrorisme

Que cherchent les autorités maliennes en envoyant la France devant le Conseil de Sécurité et en l’accusant de collaborer avec les terroristes ? Pourquoi avoir attendu que le dernier soldat français quitte le territoire pour lâcher cette bombe ? Le courrier envoyé par le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, aux Nations Unies, pose plus de questions qu’il n’amène de réponse.

Le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop,

Les soldats de l’opération Barkhane ont quitté le Mali le 15 août, date anniversaire du retrait des Etats-Unis d’Afghanistan. Certains trouvent le symbole malheureux, signe de l’échec français dans le Sahel. D’autres y voient le contraste entre un départ précipité et un repli bien organisé.

Les deux sont justes et le retrait a été réalisé dans les temps, sans embuche, malgré les difficultés logistiques. La rétrocession de la base de Gao aux forces de Défense maliennes (FAMA), (aussitôt réoccupée par les hommes de Wagner) aurait pu, aurait dû, sonner le glas des embrouilles diplomatiques entre Paris et Bamako. Que nenni, la junte a décidé de s’engager dans une nouvelle bataille.

Les faits reprochés…

Dans sa lettre au Président du Conseil de Sécurité, le Chinois Zhang Jun, Abdoulaye Diop détaille ses griefs à l’encontre de la France :

1-        Violations de l’espace aérien répétées, depuis l’annonce du retrait de Barkhane 16 sont dûment répertoriées avec les dates et les lieux.  Celles-ci mentionnent les événements de Gossi en avril 2022, lorsque la France avait diffusé des images de drones montrant des FAMA, accompagnés d’hommes blancs supposés être des mercenaires de Wagner, recouvrant de sable un charnier. Selon Paris, cette mise en scène aurait été réalisée pour accuser Barkhane d’exactions.

2-        Enlèvement de deux proches d’Iyad GhaliIbrahim Ag Baba et Abou Talha dans la nuit du 6 au 7 août, une opération qui aurait été réalisée sans en informer les FAMA. Les deux djihadistes auraient été transportés vers une destination inconnue. Cette accusation, pour autant qu’elle soit prouvée, suggère-t-elle que les militaires français ont « enlevé » ces deux personnes pour les protéger ? Pour rappel,  Iyad Ag Ghali a été désigné par la France comme ennemi public numéro un…

Le 8 août un hélicoptère Chinook aurait largué un colis dans les environs de Tessit, les FAMA ont cherché ledit colis, en vain. Même question que pour la précédente accusation, que faut-il comprendre ?

 

3-        Enfin, les autorités maliennes accusent la France d’avoir entravé l’action des Forces armées maliennes.

Dans tous les faits décrits, rien ne vient étayer, les accusations de complicité avec les djihadistes.

Le but de la manœuvre

Abdoulaye Diop profite-t-il de la présidence chinoise au Conseil de Sécurité pour jeter le gant au visage de la France ? Quel que soit le bien-fondé des dissensions politiques entre les deux Etats, ces attaques sont particulièrement inélégantes. Pour rappel, les armées de deux pays ont combattu ensemble pendant neuf ans. la collaboration entre les militaires sur le terrain a toujours été fraternelle et solidaire. Quel est l’objectif réel des autorités maliennes avec cette lettre au Conseil de Sécurité ? Continuez à jouer l’opinion publique nationale et africaine, se victimiser ? Il n’est pas certain qu’une telle démarche fonctionne sur le plan intérieur, tant les Maliens sont épuisés par l’insécurité, la vie chère, la faiblesse de l’Etat, éducation, santé, etc. En revanche, chez les « panafricanistes », la manœuvre fait merveille. Leur diva, Nathalie Yamb, suggère même au Mali d’acquérir des S300 ! Pourquoi faire ?  Pour se protéger des missiles français ? ! Mais pourquoi choisir le modèle le plus ancien, passons tout de suite aux S500. Et ses amis virtuels, les combattants du clavier, de surenchérir en proposant d’ouvrir une cagnotte pour les financer. Mama mia…