L’Algérie se dirige vers la criminalisation du colonialisme français qui a duré plus de 130 ans (1830-1962). L’Assemblée populaire nationale algérienne (APN), chambre basse du Parlement, passe à l’action. Elle a préparé un projet de proposition de loi visant à criminaliser l’ensemble des faits de la colonisation française en Algérie.
Aksil Ouali (revue de presse : Anadolu – 15 décembre 2025)
Le texte, préparé par une commission composé d’un groupe de parlementaires de différents partis, sera débattu en plénière, dimanche 21 décembre. La séance, selon le programme de l’APN, sera consacrée à la présentation de la proposition, l’examen du rapport préliminaire ainsi que les interventions des présidents des groupes parlementaires.
Le document est composé de 54 articles qui prévoient, notamment, de qualifier les opérations militaires françaises contre le peuple algérien de « crimes contre l’humanité », d’affirmer leur imprescriptibilité et de reconnaître le droit de l’Etat algérien, des associations et des individus à réclamer réparation pour les préjudices matériels et moraux.
Il impose également que l’État algérien ne conclut « aucun accord avec la France tant que les conditions de reconnaissance des crimes coloniaux ne sont pas réunies ». Pour les historiens, « ce projet est un acte de justice historique face aux tentatives de glorification et de réécriture du colonialisme par certaines tendances politiques françaises ».
Selon eux, les atrocités commises – confiscation des terres, déplacements forcés, répression des résistances populaires – constituent un héritage que la France continue d’instrumentaliser à des fins politiques.
Pour rappel, l’idée de légiférer sur le colonialisme remonte à 1984, à l’époque du parti unique en Algérie. Mais elle a rencontré de nombreux obstacles. En 2001, un député avait proposé à nouveau un texte visant à criminaliser les crimes coloniaux. D’autres initiatives ont suivi en 2005, 2006, 2017, 2020 et 2021.
Le 30 novembre dernier, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a appelé à « la criminalisation du colonialisme en Afrique » qui a mené une guerre d’extermination contre les populations autochtones, tout en pillant leurs richesses. « Il est temps de criminaliser le colonialisme en entier, au lieu de se contenter de la condamnation de seulement certaines de ses pratiques et ses effets », déclare-t-il, à l’ouverture, à Alger, d’une Conférence internationale sur les crimes coloniaux en Afrique.
Selon le chef de la diplomatie algérienne, « l’Afrique est en droit d’exiger la reconnaissance officielle et explicite des crimes commis contre ses peuples durant la période coloniale », et de « réclamer une indemnisation juste et la restitution des biens spoliés ».
La proposition de loi de l’Assemblée algérienne intervient dans un contexte marqué par un froid glacial entre les deux pays, secoués par une crise diplomatique qui dure depuis l’été 2024. Les relations entre les deux ont été aussi minées, depuis plusieurs décennies, par le contentieux historique. L’Algérie a toujours demandé la reconnaissance par la France officielle des crimes commis par le colonialisme français. Mais la demande n’a pas reçu de réponse favorable de la partie française.
























