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La boite à pandore de Vladimir Poutine

Le 3 mai 2021, il y a neuf mois, les bruits de botte à la frontière ukrainienne m’avaient conduit à examiner la question « et si la Russie envahissait l’Ukraine ? Cette hypothèse prémonitoire est devenue une réalité depuis douze jours. Pour expliquer cette invasion, plusieurs causes sont avancées. La chronique de Dov Zerav
 
Une des raisons les plus couramment présentées est l’extension de l’OTAN vers l’Est européen.
L’argument selon lequel l’Occident aurait négligé la main tendue par la Russie pour établir un partenaire durable n’est pas pertinent ! Les autorités britanniques et françaises ont accepté de solder les dettes de la Russie tsariste et d’annuler toutes les sanctions pour permettre au successeur de l’URSS de pouvoir se présenter sur les marchés financiers. La Russie a eu accès aux crédits commerciaux garantis par les Trésors occidentaux… a été, jusqu’en 2012, le second bénéficiaire des crédits de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD)… a accueilli de nombreux investisseurs venus de l’Ouest… Le G7 a été transformé en G8 pour accueillir la Russie… Moscou a intégré les deux institutions de Bretton Woods, Banque mondiale et FMI qui lui a notamment accordé un prêt de plus de 22 Md$ en 1998 pour faire face à la crise financière qu’il traversait…
 
Nombreux sont ceux qui considèrent que l’Occident a humilié la Russie. Il est clair que l’Ouest n’a pas suffisamment anticipé la crainte russe d’un enfermement. La chute du mur de Berlin est le signe que l’Union soviétique a certes perdu la guerre froide, mais tout autant par sa faillite économique et son incapacité à se réformer que par la résistance de l’Ouest. Quant à l’éclatement de l’Union, qualifiée par Vladimir POUTINE comme « la plus grande catastrophe du XXème siècle » (!), la responsabilité n’en incombe pas aux Occidentaux. Le Tsar ne peut renvoyer sur les autres les faiblesses du système soviétique, et de manière plus intemporelle, de la Russie.
 
Vladimir POUTINE peut reprocher à l’Occident l’intervention de l’OTAN en 1999 au Kosovo qui a conduit à l’indépendance de cette ancienne province de la Serbie, avec le bombardement de Belgradela seconde guerre du Golfe à partir de 2003 sans mandat du Conseil de sécurité de l’ONU, ainsi que la chute du Colonel KHADAFI suite à une opération occidentale en 2011 qui devait se limiter à la création d’une zone d’exclusion aérienne. Mais, il est facile d’appeler son attention sur : la Tchétchénie dès 1994, la Transnistrie détachée de la Moldavie, la Géorgie en 2007 avec l’occupation d’une partie du territoire, l’annexion de la Crimée en 2014, sans oublier le soutien aux séparatistes de l’Est ukrainien depuis plus de huit ans.
 
Ce n’est pas l’Occident qui a alimenté et développé le programme nationaliste de reconstitution de l’Empire en récupérant confetti après confetti. Le vrai pouvoir est aujourd’hui dans la recherche, l’innovation, les starts up… et non dans quelques km², même s’ils ont une symbolique historique, voire religieuse, comme Kiev pour le peuple russe. Les démocraties doivent aujourd’hui faire face aux régimes autoritaires comme la Chine, l’Iran, la Turquie, la Russie … qui s’arcboutent sur des arpents de terrains !
 
Enfin, cela fait huit ans que la guerre fait rage dans l’Est ukrainien. La non application des Accords de Minsk, notamment sur la révision de la constitution ukrainienne en vue d’une autonomie des régions russophones de Donetsk et Lougansk a constitué un argument récurrent pour exiger que les choses bougent enfin.
 
À la chute du mur de Berlin, certains avaient annoncé la fin de l’histoire. Trente ans après, la guerre fait un retour fracassant sur le continent européen, après les guerres consécutives à la dislocation de la Yougoslavie. Comme je le pressentais dans ma chronique du 14 septembre 2021, la faiblesse de Washington consécutive à la débandade d’Afghanistan allaient conduire certains à avancer leurs pions : La Chine, L’Iran et « … La Russie va tenter de saisir cette fenêtre de tir pour marquer des points en Ukraine ou dans les pays baltes. »
 
En quelques jours, Vladimir POUTINE a réussi le tour de force de :
Les Russes pensent pouvoir s’affranchir des sanctions avec l’aide des Chinois. Ils devraient se méfier pour au moins deux raisons :
Pour justifier la guerre en Ukraine, Vladimir POUTINE réécrit l’histoire et exhume certains remugles de la seconde guerre mondiale. En pénétrant en Ukraine, la Russie a porté atteinte à l’intégrité territoriale de son voisin et violé le memorandum de Budapest de 1994 qui dispose que cette intégrité était garantie en contrepartie du transfert à Moscou des ogives nucléaires héritées de l’Union soviétique.
 
De la même façon qu’il a profité du refus d’OBAMA d’intervenir en Syrie en 2013 pour revenir en force dans ce pays, Vladimir POUTINE a saisi la fenêtre ouverte avec le départ américain d’Afghanistan pour intervenir en Ukraine. Mais, il a ouvert la boite de Pandore, et a déclenché de nombreux effets collatéraux :
Aujourd’hui, au-delà des conséquences économiques, l’Occident est confronté à une quadrature du cercle : aider les Ukrainiens sans apparaître comme cobelligérant, apporter toute l’aide humanitaire possible, accueillir les réfugiés et contenir « les va-t-en-guerre ». La comparaison avec Munich ne peut être faite à cause de l’arme nucléaire
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