La Royal Academy of Arts de Londres accueille, du 20 septembre au 18 janvier, une rétrospective majeure de Kerry James Marshall. L’artiste américain y célèbre l’histoire afro-américaine à travers soixante-dix œuvres puissantes, alliant mémoire collective, peinture monumentale et imaginaire vibrant.
Londres s’apprête à vivre un événement artistique d’envergure. Du 20 septembre 2025 au 18 janvier 2026, la Royal Academy of Arts consacre une exposition exceptionnelle à Kerry James Marshall, figure incontournable de la peinture contemporaine américaine. Baptisée The Histories, cette rétrospective – la plus grande jamais organisée en Europe pour l’artiste – réunit plus de quarante ans de création, offrant un panorama unique sur une œuvre engagée qui n’a cessé de réinventer les codes de la représentation noire dans l’histoire de l’art.
Né en 1955 à Birmingham, Alabama, et élevé à Los Angeles, Marshall a grandi dans le sillage du mouvement des droits civiques. Son parcours marque son travail : à la croisée de la peinture classique et du récit populaire, il a imposé la présence noire au cœur de la toile, là où l’histoire officielle l’avait longtemps reléguée à la marge ou à l’invisible. Pour lui, chaque tableau est un acte de mémoire, un geste politique et poétique à la fois. L’exposition londonienne en fait la démonstration éclatante : on y retrouve ses grands formats, peuplés de figures puissantes et dignes, scènes de la vie quotidienne, salons de coiffure, parcs publics, familles réunies. Les références à la tradition picturale occidentale abondent : compositions rappelant Manet ou Velázquez, jeux d’ombres et de lumière, mise en scène digne des maîtres anciens. Mais ici, les protagonistes sont noirs, magnifiés, porteurs d’une histoire trop souvent oubliée ou niée.
Parmi les œuvres phares présentées, Knowledge and Wonder (1995) fascine par sa démesure : jamais prêté hors des États-Unis jusqu’à présent, ce tableau monumental condense la démarche de Marshall : entre hommage et contestation, il revisite la « history painting » pour mieux en souligner les angles morts. School of Beauty, School of Culture (2012), autre pièce maîtresse, fait du salon de coiffure un haut lieu de la culture noire américaine, un décor foisonnant de détails et de références, où l’art devient à la fois célébration et manifeste. Plus inédit encore, la Royal Academy dévoile huit nouvelles peintures spécialement créées pour l’exposition. Marshall s’y penche sur des épisodes méconnus de l’histoire africaine, la traite transatlantique ou la diaspora, élargissant encore la portée universelle de sa réflexion.
Tout au long du parcours, l’artiste interroge : qui décide de ce qui mérite d’être peint ? Quelles figures, quelles scènes, quels souvenirs façonnent la mémoire collective ? Marshall ne répond pas, il propose : en multipliant les portraits, les scènes de vie, les regards directs, il offre une vision riche, nuancée, profondément humaine de la condition afro-américaine, mais aussi de la manière dont les sociétés racontent et transmettent leur histoire. Plus de soixante-dix œuvres jalonnent l’exposition, entre peintures, dessins, gravures et sculptures. Chaque salle fait dialoguer le passé et le présent, la tradition occidentale et l’héritage africain, la réalité sociale et la puissance de l’imaginaire.
À travers The Histories, Kerry James Marshall livre bien plus qu’une rétrospective : il propose une réécriture audacieuse de l’histoire de l’art, où chaque visage, chaque geste, chaque décor compte. Londres célèbre ainsi un créateur qui, loin des effets de mode, s’impose comme l’un des plus grands narrateurs visuels de notre temps.
Informations pratiques
Dates : du 20 septembre 2025 au 18 janvier 2026
Lieu : Royal Academy of Arts, Burlington House, Piccadilly, Londres W1J 0BD
Billetterie et horaires : royalacademy.org.uk
Tarifs : à partir de £22 (plein tarif), tarifs réduits disponibles
Accès : Métro Piccadilly Circus ou Green Park