Le contraste entre les deux Sommets qui se tiennent cet automne à Lomé et à Abidjan pourrait être révélateur. D’un côté, une Union européenne de plus en plus absente sur la scène internationale,, notamment africaine, et de surcroit paralysée par le Brexit et par des intérêts géostratégiques voire économiques divergents entre États de l’est et États du sud.
En revanche, la montée en puissance d’Israël en Afrique est impressionnante dans de nombreux domaines. Le Premier ministre Benyamin Netanyaou accompagne cette offensive diplomatique par des visites officielles et il ne cesse de recevoir des chefs d’États africains qui n’hésitent pas à braver leur opinion publique, encore parfois rétive à ce nouveau partenariat. Avec Israël, les intérêts réciproques sont bien identifiés et cohérents.
Les droits de l’homme ignorés
Autre atout d’Israel dans ses relations avec des chefs d’Etat peu sensibles aux libertés publiques, les questions des droits de l’homme et des élections sont remises au second plan. L’Union européenne, elle, navigue à vue sur ces questions. Elle fait souvent des droits humains une condition préalable, tout en pouvant curieusement les occulter dans certains pays soumis à la dictature d’un clan.
Plusieurs signes montrent le succès de la diplomatie israélienne. L’Etat juif a été admis comme « observateur » au sein de l’Union Africaine. Et le chef d’Etat rwandais, Paul Kagamé, qui en prend la présidence, a des relations plus que cordiales avec les Israéliens.
Déficits européens
Israel enfin profite de la mauvaise gouvernance européenne; Le Sommet d’Abidjan devrait voir une Union européenne présidée par l’Estonie et son Conseil européen par le Polonais Donald Tusk. Autant dire que ce ne sont pas là des pays qui voient dans l’Afrique une priorité,loin de là.
L’Estonie est surtout préoccupée par les manoeuvres russes à ses frontières et intéressée par le développement de l’économie digitale. Elle n’est nullement préoccupée par l’aide au développement, les flux migratoires si ce n’est des populations russophones et peu concernée par le terrorisme islamique. L’Afrique est également lointaine pour Donald Tusk qui fait confiance à la France et à l’Allemagne pour camoufler une politique des affaires étrangères qui se résume à d’importants financements versés souvent dans un.tonneau des Danaides, sans véritables contrôles de leur utilisation.
Le nouveau président français connaît la situation préoccupante de l’Union européenne. Il souhaite la transformer. Déjà, la Pologne plus proche de Washington que de Bruxelles, lui a montré la difficulté de la tâche. Emmanuel Macron a bien compris que des questions aussi importantes, pour la France et l’Allemagne, que les flux migratoires et la lutte contre le terrorisme islamique ne pourront être traitées que par les États directement concernés et non pas par l’actuelle Union européenne.
En associant symboliquement l’Union européenne, le président français a donc entamé des concertations directement avec les États du Sahel et les États européens concernés. A Abidjan, il est possible que l’Europe s’exprime de plusieurs voix.
Heureusement que les déclarations sur les changements climatiques permettront au moins de retrouver une certaine unité européenne.