- Mondafrique https://mondafrique.com/international/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Sat, 13 Dec 2025 07:25:14 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/international/ 32 32 Le Président Sissi et le maréchal Haftar alliés en Libye https://mondafrique.com/international/le-president-sissi-et-le-marechal-haftar-allies-en-libye/ https://mondafrique.com/international/le-president-sissi-et-le-marechal-haftar-allies-en-libye/#respond Sat, 13 Dec 2025 07:16:14 +0000 https://mondafrique.com/?p=144144 La rencontre entre le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi et le maréchal libyen Khalifa Haftar, tenue au Caire, s’inscrit dans une relation de dépendances réciproques que les deux pays cultivent de longue date. 

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La rencontre entre le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi et le maréchal libyen Khalifa Haftar, tenue au Caire, s’inscrit dans une relation de dépendances réciproques que les deux pays cultivent de longue date. 

Revue de presse : Le Dialogue (11 décembre 2025)*

L’entretien, auquel ont également participé les plus hauts gradés du renseignement égyptien et de l’état-major de l’Armée nationale libyenne (ANL), intervient dans un contexte régional traversé par les incertitudes — du chaos soudanais à la fragmentation persistante de la Libye.

Selon la présidence égyptienne, les deux hommes ont réaffirmé la « profondeur » et la « spécificité » des liens bilatéraux. Mais derrière les formules diplomatiques affleure une convergence stratégique assumée : l’Égypte voit dans l’ANL un rempart essentiel à sa sécurité frontalière, tandis que Khalifa Haftar continue de s’appuyer sur Le Caire, soutien politique et militaire constant depuis l’éclatement de la crise libyenne en 2014.

Le Caire réaffirme son soutien sans réserve à l’ANL

Abdel Fattah Al-Sissi a renouvelé son appui à « l’unité, la souveraineté et l’intégrité territoriale » de la Libye. Une position classique pour la diplomatie égyptienne, qui n’a cessé de plaider pour la mise à l’écart des milices et des forces étrangères présentes dans le pays. L’Égypte craint depuis longtemps l’enracinement de groupes armés proches de ses adversaires régionaux — Turquie ou Qatar — dans l’ouest libyen, susceptible de reconfigurer l’équilibre sécuritaire à ses portes.

En retour, le maréchal Haftar a exprimé sa reconnaissance au rôle du Caire, saluant l’implication personnelle du président égyptien dans la « restauration de la stabilité » en Libye. La formule, soigneusement choisie, vise autant à conforter l’alliance qu’à rappeler l’impossibilité pour l’ANL d’imposer seule un règlement militaire.

L’Égypte pousse à un compromis politique encadré

Le porte-parole de la présidence égyptienne, Mohamed Al-Shennawi, a souligné que Le Caire soutenait toutes les initiatives visant à relancer un processus politique « complet », incluant la tenue simultanée d’élections présidentielle et législatives. Une position qui reflète le souhait égyptien de stabiliser un système institutionnel susceptible d’intégrer l’ANL comme un pilier de l’armée nationale future.

Cette approche, qui privilégie une sortie de crise ordonnée plutôt qu’une recomposition révolutionnaire, place l’Égypte en médiateur intéressé, cherchant à canaliser les ambitions des différents acteurs libyens tout en préservant ses propres leviers d’influence.

Le spectre soudanais au cœur des discussions

La dégradation rapide du conflit au Soudan, voisin commun des deux pays, a occupé une place majeure dans l’entretien. Le Caire et l’administration de Haftar partagent l’inquiétude d’une contagion régionale : afflux de réfugiés, circulation d’armes, implantation de groupes armés sur les routes du désert.

Les deux parties ont insisté sur la « nécessité » de renforcer les efforts internationaux et régionaux pour parvenir à un règlement politique au Soudan, soulignant que la stabilité de ce pays est « indissociable » de leur sécurité nationale. Derrière cette affirmation, se dessine la crainte d’un arc d’instabilité s’étendant du Sahel à la vallée du Nil.

Un partenariat qui se consolide dans un paysage instable

En recevant Khalifa Haftar, Abdel Fattah Al-Sissi rappelle une constante de sa politique étrangère : la volonté de s’imposer comme pilier de sécurité en Afrique du Nord. Pour le maréchal libyen, affaibli par les divisions persistantes dans l’est libyen et la concurrence des puissances étrangères, le soutien égyptien demeure indispensable.

Cette rencontre, qui s’apparente moins à une médiation qu’à une coordination stratégique, confirme que la crise libyenne reste un enjeu majeur pour Le Caire — à la fois menace potentielle et espace d’influence.

*Source : Le Dialogue

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La liquidation du groupe Brandt, un naufrage entre Paris et Alger https://mondafrique.com/international/la-liquidation-du-groupe-brandtbrandt-un-naufrage-entre-paris-et-alger/ https://mondafrique.com/international/la-liquidation-du-groupe-brandtbrandt-un-naufrage-entre-paris-et-alger/#respond Fri, 12 Dec 2025 08:25:55 +0000 https://mondafrique.com/?p=144113 La liquidation judiciaire de Brandt, prononcée le 11 décembre 2025, met un terme à une aventure industrielle commencée avec enthousiasme en 2014 grâce aux liens tissés entre Issad Rebrab, le milliardaire labyle historiquement proche des services alagériens et Emmanuel Macron, alors ministre de l’Industrie de François Hollande et achevée dans les tensions politiques et l’épuisement […]

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La liquidation judiciaire de Brandt, prononcée le 11 décembre 2025, met un terme à une aventure industrielle commencée avec enthousiasme en 2014 grâce aux liens tissés entre Issad Rebrab, le milliardaire labyle historiquement proche des services alagériens et Emmanuel Macron, alors ministre de l’Industrie de François Hollande et achevée dans les tensions politiques et l’épuisement financier. Ce naufrage raconte autant l’histoire d’un modèle économique défaillant que celle d’une relation franco-algérienne minée par la méfiance et les calculs de pouvoir.

Lorsque Cevital reprend FagorBrandt le 15 avril 2014, la France y voit la preuve qu’un investisseur étranger peut contribuer à préserver l’industrie nationale, tandis que l’Algérie glorifie l’ascension d’un champion privé capable d’acquérir un industriel européen. Derrière ces discours, les fragilités de l’électroménager français sont déjà présentes, tout comme les limites d’un partenariat économique entre deux États dont la relation reste marquée par des tensions récurrentes.

L’argent afflue, les pertes aussi

Cevital investit massivement durant la décennie suivante. Le groupe débourse environ cinquante millions d’euros pour la reprise, puis près de cinquante millions supplémentaires pour relancer les usines françaises, avant de consacrer plus de deux cent cinquante millions à la construction du complexe de Sétif en Algérie.

Malgré ces efforts, Brandt ne parvient jamais à retrouver un modèle viable. Le bilan arrêté au 31 décembre 2023, le dernier publié par le groupe Brandt, affiche une situation nette négative et une trésorerie insuffisante face à des dettes dépassant les deux cents millions d’euros. L’entreprise survit grâce aux avances intragroupe, signe d’une dépendance croissante et d’une absence de redressement structurel.

Une entreprise défaillante pendant de dix ans 

Pourquoi Cevital est parti dans cette galère industrielle, Cette question s’impose comme l’une des zones d’ombre les plus dérangeantes du dossier. Les montants investis par Cevital dépassent largement ce que justifiait la performance réelle de Brandt. Pourquoi maintenir sous perfusion une filiale déficitaire pendant plus d’une décennie ? Pourquoi prolonger une stratégie qui ne fonctionne pas, sans jamais en expliquer le sens ?

Les explications officielles évoquent le prestige international, le soutien à un projet transméditerranéen ou la volonté d’alimenter l’usine de Sétif en volumes européens. Mais ces arguments ne suffisent pas à éclairer un engagement financier aussi disproportionné.

Dans les milieux économiques, un autre questionnement émerge, plus direct et plus sensible. Brandt a-t-elle servi à autre chose qu’à produire des réfrigérateurs et des machines à laver ? Une filiale structurellement déficitaire peut-elle devenir un outil pratique pour faire circuler des flux intragroupe qui ne pourraient transiter par les circuits algériens ?

Certains observateurs évoquent, sous forme d’hypothèse, l’idée d’un possible usage de Brandt comme mécanique de recyclage financier. Aucun élément factuel ne permet de confirmer un dispositif de blanchiment ou de manipulation comptable. Mais l’absence d’explication claire de Cevital, l’ampleur du soutien accordé malgré l’échec industriel et l’opacité des flux financiers intragroupe alimentent un doute légitime. Une telle incohérence constitue un signal d’alarme qui appelle des réponses. Elles n’ont jamais été fournies.

L’effondrement final en 2024 et 2025

Le recul du marché européen en 2024 accélère la chute. Les ventes baissent, les banques se retirent et Cevital, engagé dans une recomposition interne, cesse de financer la filiale française avec la même intensité. Le 1ᵉʳ octobre 2025, Brandt est placé en redressement judiciaire. Le 11 décembre, faute de repreneur crédible, le tribunal prononce la liquidation. Environ sept cents salariés perdent leur emploi.

Les projets de reprise en coopérative échouent malgré leur sérieux, car aucune banque n’accepte de soutenir une entreprise que Cevital lui-même ne défend plus.

Le pouvoir algérien et la nouvelle ligne de Cevital

La faillite de Brandt s’inscrit dans un contexte politique algérien profondément transformé. Depuis l’accession d’Abdelmadjid Tebboune au pouvoir, l’État exige des grands groupes économiques une loyauté sans ambiguïté. Issad Rebrab, fondateur de Cevital, devient progressivement une figure trop indépendante.

À partir de 2022, son fils Malik Rebrab prend en main la direction opérationnelle du groupe. Il écarte son père et son frère Omar des centres de décision et renforce ses liens avec l’entourage du président Tebboune. Cette consolidation interne s’accompagne d’un recentrage sur les activités jugées stratégiques pour l’Algérie. Brandt France, structure déficitaire et politiquement inutile, est abandonnée dans ce virage.

À l’image des relations franco-algériennes

Les années 2023-2025 voient les relations entre Paris et Alger traverser une zone de turbulences : désaccords sur les visas, divergences au Sahel, tensions mémorielles et concurrence d’influence en Afrique. Aucun climat de confiance n’encourage la consolidation d’un projet industriel franco-algérien.

La France laisse Brandt s’effondrer sans intervention significative. L’Algérie n’a aucune raison politique de soutenir une filiale étrangère en perte chronique. La faillite devient alors le reflet d’une relation bilatérale qui peine à dépasser les crispations diplomatiques.

Les bassins industriels de Vendôme et d’Orléans paient le prix fort. Les suppressions d’emplois frappent des territoires déjà fragilisés, tandis que les sous-traitants locaux s’effondrent. Les élus dénoncent une désindustrialisation devenue systémique et l’incapacité de la France à protéger les chaînes de production encore présentes sur son sol.

Quand l’économie s’efface devant la politique

La disparition de Brandt résulte d’une combinaison étroite de fragilités industrielles et de calculs politiques. La recomposition du pouvoir au sein de Cevital, les priorités du régime algérien et la méfiance persistante entre Paris et Alger ont créé un environnement où la survie d’une filiale française déficitaire n’avait plus aucune justification stratégique.

Brandt s’éteint en France tandis que son usine de Sétif poursuit son activité, confirmant le basculement d’un projet présenté comme transnational vers une logique strictement nationale. L’histoire retiendra qu’au-delà des bilans comptables, c’est le politique, en France comme en Algérie, qui a façonné le destin de cette entreprise.

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La diplomatie marocaine en porte-à-faux entre le Maroc et le Mali https://mondafrique.com/international/la-diplomatie-marocaine-en-porte-a-faux-entre-le-maroc-et-le-mali/ https://mondafrique.com/international/la-diplomatie-marocaine-en-porte-a-faux-entre-le-maroc-et-le-mali/#respond Wed, 10 Dec 2025 08:05:41 +0000 https://mondafrique.com/?p=144005 En recevant le ministre malien de la Réconciliation, Ismaël Wagué à la Conférence sur les victimes africaines du terrorisme, les autorités marocaines ont offert une tribune diplomatique à un régime accusé d’exécutions de civils touaregs, arabes et peuls. Une présence qui tranche avec la réalité des massacres commis au Mali par l’armée et les mercenaires […]

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En recevant le ministre malien de la Réconciliation, Ismaël Wagué à la Conférence sur les victimes africaines du terrorisme, les autorités marocaines ont offert une tribune diplomatique à un régime accusé d’exécutions de civils touaregs, arabes et peuls. Une présence qui tranche avec la réalité des massacres commis au Mali par l’armée et les mercenaires russes, et qui dévoile les ambiguïtés d’un événement censé rendre justice aux victimes.
 
Mohamed AG Ahmedou, journaliste, acteur de la société civile malienne.
 
 
Dans la capitale marocaine, la Conférence sur les victimes africaines du terrorisme se voulait un espace de vérité, de compassion et de reconnaissance. Pourtant, l’image qui a dominé cet événement est celle d’un paradoxe : la participation officielle de l’auto proclamé,   Général de Corps d’Armée Ismaël Wagué, ministre de la Réconciliation d’un régime illégal du Mali et figure centrale du régime militaire, à un rendez-vous consacré… aux victimes d’actes terroristes.
 
L’information, relayée via la page Facebook du gouvernement malien, un outil de communication utilisé de façon contestée par la junte, a provoqué incompréhension et indignation, notamment parmi les communautés les plus touchées par les exactions au Mali.
 
Car derrière les formules officielles sur « la paix » et « la lutte contre l’extrémisme », se cache une réalité diamétralement opposée : la junte malienne est devenue elle-même un producteur de violences massives contre les civils.

5000 civils tués

À Rabat, les massacres perpétrés par l’armée malienne sont restés hors-champ. L’invitation du régime malien prend un relief tragique à l’aune des événements récents. Depuis des mois, les frappes de drones de l’armée malienne,  parfois coordonnées avec les mercenaires russes d’Africa Corps (ex-Wagner),  bombardent non pas les katibas jihadistes, mais des mariages, des foires hebdomadaires et des hameaux touaregs, arabes et peuls. Parmi les épisodes les plus marquants, la localité de Gossi, situé dans la région du Liptako Gourma de Tombouctou, le 30 octobre 2025 : 19 morts lors d’une célébration de mariage, visées par un drone de l’armée malienne; Zouéra, 8 juillet 2025: la foire hebdomadaire bombardée par un drone de l’armée tuant 4 personnes dont trois filles mineures.
 Émimalane, 24 octobre 2025 : frappe meurtrière. Tangata, 13 novembre 2025 : une famille de 7 personnes tuée, dont 5 enfants. Et combien d’autres!14 novembre 2025 : 6 femmes et un bébé tués dans une frappe ciblant un campement dans la localité de Eghachar N’Tirikene dans le département de Gargando situé dans l’ouest de la région de Tombouctou au Mali.
Selon une enquête citée dans la presse américaine à travers l’agence Associated Press, plus de 5 000 civils auraient été tués depuis 2022 par ces opérations menées par Bamako et ses alliés russes. Aucun de ces massacres n’a été mentionné à Rabat.
 

Un ministre de « la Paix », Ismaël Wagué

 
L’ironie,  sinistre,  est flagrante : Ismaël Wagué, ministre de la Réconciliation, intervient à une conférence sur les victimes du terrorisme alors que son gouvernement est accusé de pratiques que de nombreux acteurs qualifient de terrorisme d’État. Sa présence, affirment plusieurs observateurs, relève moins de la diplomatie que d’une stratégie de légitimation internationale de la junte.
 
Une source politique malienne confie :« Le Maroc profite du gel des relations entre le Mali et l’Algérie pour afficher sa fidélité à la junte, sans mesurer le degré de pourrissement du régime. Cette junte autocratique et sanguinaire traverse la période la plus sombre de l’histoire du Mali. Les pays qui la soutiennent aujourd’hui devront répondre demain de ce choix. »
 
Le Maroc, engagé depuis une décennie dans une politique d’influence en Afrique de l’Ouest, a saisi l’occasion du vide diplomatique créé par la rupture entre Bamako et Alger et d’autres pays comme la Mauritanie et de l’Afrique de l’ouest pour renforcer ses liens avec les autorités maliennes.
 
Mais en donnant une tribune à un responsable militaire mis en cause dans des crimes contre des civils, Rabat prend plusieurs risques :
Un risque moral : associer son image à un régime accusé d’atrocités ; Un risque politique : parier sur une junte isolée et instable ; Un risque symbolique : transformer une conférence dédiée aux victimes en tribune d’un bourreau présumé.

Les vraies victimes, grandes absentes

 
En théorie, la conférence avait pour vocation de donner une voix aux victimes du terrorisme en Afrique.
En pratique, elle a soigneusement évité d’évoquer les violences commises par la junte militaire malienne, les mercenaires russes d’Africa Corps, les milices supplétives de Wagner et d’autres, les bombardements indiscriminés, mais aussi les exactions du JNIM, que les populations civiles subissent de manière cumulative.
 
En invitant Ismaël Wagué, le Maroc a offert à la junte malienne une visibilité internationale que les victimes maliennes, elles, n’ont toujours pas. L’événement de Rabat restera comme un moment où l’on a parlé du terrorisme sans évoquer les victimes de la terreur d’État, où la diplomatie a prévalu sur la vérité, et où la politique a fait taire les morts.
 
Des conférences sur les victimes qui évitent de nommer les responsables resteront des vitrines diplomatiques.

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République centrafricaine : l’épreuve électorale d’une démocratie confisquée https://mondafrique.com/international/republique-centrafricaine-lepreuve-electorale-dune-democratie-confisquee/ https://mondafrique.com/international/republique-centrafricaine-lepreuve-electorale-dune-democratie-confisquee/#respond Mon, 08 Dec 2025 23:08:54 +0000 https://mondafrique.com/?p=143959 À l’approche des élections du 28 décembre, la République centrafricaine s’apprête à vivre un moment qui devait être fondateur : l’espoir d’un pluralisme retrouvé et d’un retour progressif à la normalité démocratique. Pourtant, tout indique que ces élections risquent de consacrer l’inverse.   La rédaction de Mondafrique    Loin de symboliser la renaissance institutionnelle annoncée, […]

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À l’approche des élections du 28 décembre, la République centrafricaine s’apprête à vivre un moment qui devait être fondateur : l’espoir d’un pluralisme retrouvé et d’un retour progressif à la normalité démocratique. Pourtant, tout indique que ces élections risquent de consacrer l’inverse.
 
La rédaction de Mondafrique 
 
Loin de symboliser la renaissance institutionnelle annoncée, le processus actuel traduit une captation du pouvoir par des mécanismes électoraux biaisés, où la transparence recule à mesure que s’intensifie le contrôle politique.
L’origine du déséquilibre remonte au référendum constitutionnel de 2023, qui a aboli la limitation des mandats présidentiels. Cette réforme, présentée comme une consolidation des institutions, a surtout ouvert la voie à une présidence à durée indéterminée. Ce glissement vers la personnalisation du pouvoir a transformé l’élection à venir en simple étape d’un processus de légitimation du statu quo, plutôt qu’en compétition ouverte entre des visions politiques divergentes.
 
L’opposition sous surveillance, la participation entravée
 
La période préélectorale illustre à quel point l’espace politique s’est rétréci. L’exclusion initiale, puis la réintégration tardive des anciens Premiers ministres Anicet-Georges Dologuélé et Henri-Marie Dondra, ne relèvent pas d’un hasard procédural, mais d’une stratégie éprouvée : fatiguer l’opposition, retarder sa préparation, et laisser au parti présidentiel le temps de saturer l’espace médiatique et institutionnel. Ces manœuvres administratives témoignent d’une volonté de maintenir un pluralisme d’apparat, où l’alternance devient théorique.
Les autres partis, marginalisés ou menacés, peinent à s’exprimer dans un environnement politique dominé par la censure de fait, la peur des représailles et le déséquilibre structurel des moyens. La mainmise sur les médias publics, l’accès restreint aux ressources logistiques de campagne et une justice instrumentalisée réduisent toute opposition à une position de défense. Face à cette réalité, le boycott envisagé par la coalition du Bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC) se veut comme un acte de résistance démocratique.
 
Les dérives d’un pouvoir sécuritaire et clientéliste
 
Pour légitimer le contexte électoral, le gouvernement met en avant une série d’accords de paix conclus avec des groupes armés. Officiellement, ces ententes devaient créer les conditions d’un scrutin apaisé. En pratique, elles ont institué un système d’achats de loyautés, où les seigneurs de guerre sont récompensés pour leur silence plutôt que jugés pour leurs crimes. La stabilité obtenue par l’argent et la peur ne saurait fonder la paix durable — elle prépare au contraire les prochaines flambées de violence.
L’absence de véritable désarmement et l’impunité persistante posent une question cruciale : comment parler de démocratie alors que le monopole de la force publique reste théorique ? Ce paradoxe s’aggrave encore avec la réduction planifiée de la MINUSCA, qui laisse craindre un recul du contrôle international et une recrudescence des représailles contre les populations des zones rebelles.
 
Un climat de peur et de repli identitaire
 
À Bangui comme dans les provinces, la parole publique se crispe. Les appels à la vigilance démocratique sont souvent assimilés à une trahison nationale. Dans les réseaux sociaux contrôlés par des cercles proches du pouvoir, une rhétorique xénophobe gangrène le débat politique, cherchant à disqualifier certains candidats au nom de leur “centralafricanité”. Cette dérive identitaire, encouragée par le silence complaisant des autorités, menace de fracturer encore davantage une société déjà fragilisée par des années de guerre et de marginalisation.
Dans le même temps, journalistes et activistes exercent leur métier sous la menace constante des arrestations et des intimidations. L’un des frères d’Henri-Marie Dondra demeure ainsi en détention provisoire sans inculpation, symbole d’un pouvoir qui criminalise la dissidence au lieu de l’écouter. Cette répression feutrée entretient un climat d’auto-censure incompatible avec tout processus électoral crédible.
 
Une République à la croisée des chemins
 
La République centrafricaine se trouve aujourd’hui face à une logique implacable de confiscation progressive des institutions. Le scrutin du 28 décembre risque d’entériner une normalisation de l’autoritarisme, comme un moment de légitimation d’un pouvoir qui avance de plus en plus sans contrepoids.

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Soudan, la première base navale russe en Afrique https://mondafrique.com/international/soudan-la-premiere-base-navale-russe-en-afrique/ https://mondafrique.com/international/soudan-la-premiere-base-navale-russe-en-afrique/#respond Wed, 03 Dec 2025 08:04:16 +0000 https://mondafrique.com/?p=143705 Le projet prévoit l’accueil simultané de quatre navires de guerre russes, y compris des bâtiments à propulsion nucléaire

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Selon cette proposition, la Russie serait autorisée à établir une base navale sur la côte soudanaise, probablement à Port-Soudan, pour une durée de vingt‑cinq ans. En échange, Khartoum bénéficierait d’un soutien militaire renforcé et d’avantages économiques jugés cruciaux dans un contexte de crise profonde.
 
La rédaction de Mondafrique 
 
Le gouvernement militaire soudanais a présenté à Moscou une offre qui pourrait transformer l’équilibre stratégique en mer Rouge.Le projet prévoit l’accueil simultané de quatre navires de guerre russes, y compris des bâtiments à propulsion nucléaire, appuyés par environ 300 militaires stationnés en permanence. Une telle implantation donnerait à la Russie un accès direct et durable à l’une des routes maritimes les plus fréquentées du monde, reliant l’océan Indien à la Méditerranée via le canal de Suez. Pour Moscou, qui cherche depuis des années un point d’appui stable sur le continent africain, la base constituerait un levier majeur pour projeter sa puissance navale au-delà de la Méditerranée orientale.
 
Pour le Soudan, l’offre reflète à la fois la recherche de nouveaux partenaires et la volonté de monnayer une position géographique stratégique. Isolé par la guerre civile et soumis à des sanctions ou à des pressions occidentales, le régime militaire espère obtenir des systèmes d’armes modernes, une coopération sécuritaire accrue et, potentiellement, des investissements dans le secteur minier et les infrastructures portuaires. Le pays, déjà l’un des principaux producteurs d’or en Afrique, pourrait aussi utiliser cet accord comme outil de négociation face aux puissances régionales du Golfe et à la Chine, également présentes en mer Rouge.
 
Toutefois, le projet suscite des inquiétudes chez plusieurs acteurs internationaux. Les États‑Unis, les pays européens et certains voisins redoutent une militarisation accrue d’un couloir maritime déjà saturé de bases étrangères, notamment à Djibouti. Ils craignent aussi que la présence russe ne renforce les factions soudanaises engagées dans le conflit interne, au détriment des efforts de médiation. La dégradation de la sécurité à Khartoum et dans plusieurs régions du pays a d’ailleurs conduit Moscou à reconnaître que la mise en œuvre de l’accord pourrait être retardée, voire suspendue, tant que la situation politique restera instable.
 
Au-delà de ses implications locales, cette base navale symbolise la compétition grandissante entre grandes puissances autour des points de passage africains. En s’installant durablement sur la côte soudanaise, la Russie renforcerait sa capacité à influencer les flux énergétiques et commerciaux transitant par la mer Rouge, tout en contestant l’avantage naval des pays occidentaux et de la Chine. L’issue de ce projet dépendra cependant des rapports de force internes au Soudan et de la manière dont la communauté internationale répondra à ce nouvel épisode de rivalité géopolitique.

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L’Iran utilise Dubaï pour continuer à financer le Hezbollah https://mondafrique.com/international/liran-utilise-dubai-pour-continuer-a-financer-le-hezbollah/ https://mondafrique.com/international/liran-utilise-dubai-pour-continuer-a-financer-le-hezbollah/#respond Mon, 01 Dec 2025 08:20:54 +0000 https://mondafrique.com/?p=143626 ce sont les relais de Téhéran installés à Dubaï qui permettent au régime des mollahs de faire parvenir des fonds au mouvement chiite libanais, révèle le "Wall Street Journal.

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Considérablement affaibli par les opérations menées par le Mossad israélien en 2024, le Hezbollah a plus que jamais besoin de financement pour se reconstruire. Elle-même affaiblie par les bombardements israélo-américain de cet été, l’Iran n’a pas renoncé à financer son principal allié régional qu’est le « Parti de Dieu ». Et ce sont les relais de Téhéran installés à Dubaï qui permettent au régime des mollahs de faire parvenir des fonds au mouvement chiite libanais, révèle le « Wall Street Journal..
 
Notre chronique sur le Moyen Orient dans la presse anglophone, signée Bruno Philip, ancien journaliste au « Monde »
 
Des centaines de millions de dollars, peut-être un milliard, envoyé par l’Iran cette année au Hezbollah via Dubaï… C’est l’information exclusive que vient juste de publier le Wall Street Journal dans son édition du 27 novembre.
 
Un système appelé « havala », qui consiste à faire effectuer des transactions par des partenaires de confiance dont la parole donnée est la garantie fondamentale , est la voie choisie par Téhéran pour renflouer les caisses de son allié chiite libanais, très affaibli par les coups de boutoirs que lui a infligé Israël en 2024.

Bachar al-Assad, l’allié disparu

 
Le recours à ces transactions illicites utilisant cette plaque tournante de la finance mondiale s’est imposé au fil des mois, notamment en raison de la chute du régime syrien de Bachar al-Assad, naguère soutenu par Téhéran et que le régime des mollahs utilisait jusque là comme relais pour le financement du Hezbollah. Les efforts du gouvernement libanais dans sa lutte contre les passeurs débarquant à Beyrouth pour directement approvisionner le « Parti de Dieu » ont, de surcroît, rendu les choses plus compliquées pour ce dernier.
 
« Face à ces restrictions, écrit le Wall Street Journal, l ‘Iran et le Hezbollah ont été contraints de se tourner davantage vers des alternatives comme Dubaï, que Téhéran utilise depuis longtemps pour blanchir de l’argent et contourner les sanctions ». Le grand quotidien new yorkais affirme tenir ces informations de sources « très proches du dossier », à commencer par « un haut responsable américain « non identifié. 
 
Le modus operandi est assez simple, précise le journal : certains revenus provenant de la vente du pétrole iranien « sont envoyés à des bureaux de change, des sociétés privées, des hommes d’affaires et des coursiers liés à l’Iran à Dubaï, qui les transfèrent ensuite au Hezbollah au Liban via le système ‘hawala’, une pratique séculaire permettant de transférer de l’argent d’un point à un autre en se basant entièrement sur la confiance ». Lorsqu’ils arrivent dans l’émirat, ces fonds sont versés à un intermédiaire de Dubaï, lequel les reversent à un autre intermédiaire au Liban sans qu’aucune transaction bancaire officielle n’ait été effectuée. 
 

Les EAU, carrefour du blanchiment d’argent

 
Les autorités de Dubaï dénient naturellement que leur territoire soit utilisé comme une plate forme de blanchiment d’argent, surtout impliquant un pays aussi problématique que l’Iran : les Emirats arabes unis ont, dans un passé relativement récent, entretenu des relations pour le moins compliquées avec le pouvoir chiite iranien, surtout lors des épisodes de crises ouvertes entre l’Arabie Saoudite, allié des Emirats, et ses rivaux iraniens et qataris.
 
Les EAU ont longtemps souffert d’une  réputation de carrefour du blanchiment d’argent, ce qui leur a valu d’être placé en 2022 sur la liste noire  du « Groupe d’action financière » ( GAFI) , organisation mondiale de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Les Emirats ont malgré tout vu leur nom retiré de cette même liste deux ans plus tard. 
Le quotidien cite à cet égard un responsable des EAU, non identifié, ayant déclaré que son pays « était déterminé à empêcher l’utilisation de son territoire à des fins de financement illicites et qu’il collabore avec ses partenaires internationaux pour persuader et dissuader de telles activités ». 
Mais si des progrès ont été indéniablement réalisés, il est patent, au vu des révélations du « WSJ », que des progrès restent à faire… 

Les groupes mafieux de Bombay, un précédent

 
Il faut dire que le ‘havala » , notamment qualifié de « transfert d’argent sans mouvement d’argent » – puisque les fonds ne sont pas envoyés par des des canaux légaux- consiste en une pratique de longue date répandue dans la région et dont l’habileté à se jouer des contrôles est connue. Entre autres exemples, des scandales ont impliqué  dans les années quatre vingt dix des groupes mafieux de Bombay qui avaient financé, par le biais de ce système,  des groupes djihadistes durant la période la plus noire des affrontements entre organisations armées fondamentalistes et l’armée indienne au Cachemire. 
 
Quoiqu’il en soit, le Hezbollah a bien comme priorité sa reconstruction à la suite de la décapitation de sa hiérarchie consécutives aux opérations perpétrés par des agents du Mossad israélien, tandis que l’Iran, en dépit de son affaiblissement consécutif aux bombardements israélo-américains de cet été, n’a pas renoncé à aider son dernier allié de poids dans la région après  la chute du régime syrien.  
 
« La ‘Force Al Qods [ une unité d’élite des Gardiens de la révolution iranienne], chargée de soutenir les milices alliées de Téhéran à l’étranger, a transféré plus d’un milliard de dollars au Hezbollah depuis janvier, principalement via des bureaux de change », précise le Wall Street Journal, citant un communiqué officiel du Département du Trésor américain. A propos du montant des sommes dont a besoin le mouvement chiite libanais pour se reconstruire, une chercheuse au Washington Institute , Hanin Ghaddar, estime que le budget annuel du Hezbollah « s’élevait auparavant à un milliard de dollars mais après la guerre [ de 2024], ses besoins sont bien plus importants ». 
La plate forme de Dubaï ne constitue cependant pas le seul « point de passage » pour permettre aux Iraniens de continuer son financement du Hezbollah : selon certaines sources moyen-orientales également mentionnées par le « WSJ »,  des « petites mains' » iraniennes continuent de déjouer les contrôles renforcées à l’aéroport de Beyrouth « en transportant avec elles de petites sommes d’argent liquide ou des bijoux qui n’ont pas à être déclarées et sont plus facilement dissimulables »…
 
 
 


 
 

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À nouveau des combats entre les frères ennemis djihadistes au Sahel https://mondafrique.com/a-la-une/a-nouveau-des-combats-entre-les-freres-ennemis-djihadistes-au-sahel/ Sun, 30 Nov 2025 06:39:50 +0000 https://mondafrique.com/?p=143558 Les récents combats entre Al Qaida et l’Etat islamique à la frontière Mali-Burkina Faso nous rappellent que la rivalité reste latente entre les deux grandes franchises djihadistes. En l’occurrence, c’est l’Etat islamique au Sahel, profitant de l’éloignement de ses rivaux locaux appelés en renforts dans l’Ouest du Mali pour la grande offensive contre les citernes […]

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Les récents combats entre Al Qaida et l’Etat islamique à la frontière Mali-Burkina Faso nous rappellent que la rivalité reste latente entre les deux grandes franchises djihadistes. En l’occurrence, c’est l’Etat islamique au Sahel, profitant de l’éloignement de ses rivaux locaux appelés en renforts dans l’Ouest du Mali pour la grande offensive contre les citernes et les usines, qui a pris l’avantage.

L’État Islamique au Sahel combattait les hommes de la filiale burkinabé du Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans, Ansaroul Islam. Moussa Ag Acharatoumane, grand connaisseur de l’Etat islamique qu’il affronte depuis des années à quelques encablures de là, dans le Gourma malien, au sud de Menaka, en a parlé tout récemment sur TV5, faisant part de 30 morts et plusieurs prisonniers du côté du GSIM.

Les combats ont duré du 6 au 8 novembre à Tigou, au nord-est du Burkina Faso, dans l’Oudalan (commune de Gorgadji, province de Séno), région jusqu’ici tenue par Ansaroul Islam,  la petite sœur burkinabè de la katiba Macina malienne.  La présence de l’Etat islamique dans cette zone va contrarier la fluidité de la circulation des deux katibas jumelles, malienne et burkinabé, qui partent fréquemment au combat côte à côte de part et d’autre de la frontière, avec la dernière née, la katiba Anifa, active plus au sud, à cheval sur le Niger et le Bénin.

Ousmane Dicko, le chef d’Ansaroul Islam, a immédiatement publié un vocal accusant ses ennemis de collusion avec le régime burkinabè et promettant la guerre à ses rivaux.  

Dans les rangs de l’Etat islamique, plusieurs sources rapportent la présence de combattants du Nigeria voisin, des membres des communautés Kanouris et Boudoumas envoyés en renfort du bassin du lac Tchad, par la grande filiale locale de l’Etat islamique, l’ISWAP (Islamic State’s West Africa Province, dans l’acronyme anglais).

Les héritiers de Boko Haram dans la boucle

Abou Mohaz, un émir kanouri de Maiduguri, ancien vétéran d’Abubakar Shekau, le chef foutraque de Boko Haram qui s’est fait sauter en 2021 avec une ceinture d’explosif dans la forêt de Sambisa, au Nigeria, commanderait une unité de l’EIS depuis 2020 déjà dans la zone d’Anderamboukane, à la frontière du Niger et du Mali.

La rivalité entre les Peuls des deux camps ennemis concerne l’espace pastoral mais aussi les communautés qui y vivent et la régulation des ressources en eau et en pâturage imposée par chacun des deux groupes. Sur les lignes de frottement, les trêves locales volent régulièrement en éclat, au gré des ambitions territoriales incessantes et des défections dans les deux sens.

C’est ainsi que le 26 octobre, l’Etat islamique s’est aventuré très loin de ses bases du Gourma pour aller assassiner dans la région de Kidal l’un de ses anciens commandants, un dénommé Idrissa Tolobé) ayant fait défection pour le GSIM avec ses troupeaux et ses hommes et se livrant désormais à des actes de banditisme dans l’espace contrôlé par son ancienne organisation. Le commando de l’EIS aurait exécuté 6 personnes et enlevé une dizaine d’autres à Intibzaze.

A l’inverse, à Tera, le 19 novembre dernier, peut-être en représailles aux assauts essuyés au Burkina Faso, le GSIM a mené une attaque contre la gendarmerie de la ville de l’ouest du Niger, faisant 21 morts, dont le commandant de l’unité, en pleine zone de l’EIS.

Quoi qu’il en soit, les frictions entre les deux groupes font la joie de leurs ennemis communs des armées nationales liguées au sein de l’Alliance des Etats du Sahel.

 

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Notre chronique de l’implosion programmée du Sahel https://mondafrique.com/international/notre-chronique-dune-implosion-annoncee-au-sahel/ Fri, 28 Nov 2025 07:25:41 +0000 https://mondafrique.com/?p=143413 Les hostilités dans le sud et le centre du Mali ne connaissent de trêve. On assiste à une nette augmentation des attaques du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda) et à une pénurie de carburant illustrée par de nombreuse images de propagande dont certaines produites par les autorités via l’Intelligence Artificielle pour […]

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Les hostilités dans le sud et le centre du Mali ne connaissent de trêve. On assiste à une nette augmentation des attaques du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda) et à une pénurie de carburant illustrée par de nombreuse images de propagande dont certaines produites par les autorités via l’Intelligence Artificielle pour tenter d’apaiser les populations frappés par un climat d’inquiétude généralisé (voir ci dessus)

Notre site partenaire « Veille Sahélienne »

https://t.me/veillesah/637

Au Mali de nombreux convois d’approvisionnement en carburant parviennent à atteindre la capitale et quelques chefs-lieux administratifs mais la pénurie et la spéculation induite se poursuivent.Durant la semaine, des heurts qualifiés de vifs se déroulaient au cœur de la forêt de Mandéla, en périphérie de Sikasso. Des frappes aériennes des Fama visaient des emprises du Gsim. Suivant une « jurisprudence » relativement établie, les canaux de l’Etat gardent le silence, en dépit d’un large écho des évènements, sur les réseaux sociaux.

De son côté, le Gsim diffuse, le 24 novembre 2025, une série de tracts où il se félicite de ses assauts et poses d’engins explosifs dirigés (eed) aux dépens des troupes loyalistes, autour de Bla, Yangasso, Zantiguila et Sikasso, tous points du territoire éloignés les uns des autres. Aux abords de la dernière ville, ses combattants auraient repoussé la tentative d’infiltration d’une unité motorisée des Fama. Celle-ci gardent le silence.

Le seul communiqué de la Direction de l’information et des relations publiques de l’armée (Dirpa) remonte au 22 novembre : Il mentionne la destruction d’un « véhicule logistique camouflé » près d’Abeibara (Nord) et la « neutralisation » d’éléments supplémentaires lors d’une seconde frappe à Kidal.

Depuis le 20 novembre, la Commission nationale de désarmement, démobilisation et réinsertion (Cnddr) reprend ses programmes dans plusieurs localités – Ségou, Mopti, Ménaka et Kidal – avant une extension vers Tombouctou, Gao et Taoudéni. La relance du dispositif ne manque de paradoxe alors que Bamako s’efforce d’entraîner et d’équiper les milices des chasseurs traditionnels Donzos.

Au Burkina Faso, l’agence de presse du gouvernement révèle, le 25 novembre, l’arrestation d’un dirigeant notoire du Gsim, le dénommé Ousmane Dicko, un homme au « lourd passé de violences » mais à présent repenti. L’individu —capturé en août dernier pendant une bataille au cours de laquelle plus de la moitié de sa katiba a été tuée — appelle, ses anciens compagnons, à se rendre et « épargner les populations ».

Le septentrion du Burkina Faso a subi, le 24 novembre, une vague de raids menés par le Gsim qui revendique la prise de positions militaires et de certains camps de l’entité affiliée « Volontaire pour la défense de la patrie » (Vdp), dans les espaces ruraux de Fada N’Gourma, Ouahigouya et Tangaye (Nord). Les Forces armée burkinabè (Fab) ne confirment les annonces en question.

Au Niger, l’on constate l’imbrication permanente de l’insécurité et des fragilités de l’économie. Les deux substrats reflètent, ainsi, l’enracinement des foyers de crise. Le 24 novembre, le Syndicat national des distributeurs de gaz domestique déclare la suspension temporaire de ses activités, en raison de l’absence d’un accord final avec le ministère du Commerce, au sujet de la révision tarifaire. Par la même occasion, la corporation présente ses excuses, aux citoyens, de la perturbation à venir.

Les Toubous à la manoeuvre

En parallèle, le 22 novembre, le Mouvement patriotique pour la liberté et la justice (Mplj) publie un avertissement aux entreprises qui entérinent les contrats d’exploitation et les appelle à «quitter immédiatement le pays ». Le Mplj émet une mise en garde directe à l’endroit de la Société minière de Dasa Sa (Somida), filiale locale du leader canadien de l’uranium, Global Atomic, active dans la région d’Agadez. La rébellion acquise au Président détenu Mohamed Bazoum menace de cibler les installations, après une attaque antérieure à proximité du site pétrolier d’Agadem. Le Mplj, constitué en majorité de rebelles Toubous, marque son empreinte à l’entour de Diffa et s’efforce de priver, le régime de transition, des revenus de l’industrie extractive.

Le 24 novembre, un atelier médiatique de riposte à l’extrémisme se tient, à Niamey sous l’égide du Comité inter-États de lutte contre le terrorisme (Cimct). Y participaient des officiers et des journalistes, aux fins de renforcer le rôle des institutions face à la propagande jihadiste qui progresse parmi les civils.

Au niveau culturel, le ministère du Tourisme reconnaît, le 24 novembre, le report de la 17ème édition du festival de l’Aïr, prévu à Iférouane (Nord) du 5 au 7 décembre prochain. Les animateurs prétextent une forte demande nationale et internationale (sic).

Le Tchad, endure un afflux massif de migrants venus du Soudan. Les rescapés fuient la guerre d’extermination et la famine croissante, au Darfour, notamment depuis la ville d’El Fasher. Les survivants décrivent un « massacre à ciel ouvert ». Des observateurs explicitent, quant à eux, le concept de « génocide ».

Selon un rapport d’InfoMigrants, en date du 24 novembre, les centres de tri de Tiné et les destinations d’accueil à Touloum, Iridimi et Goudran — situés dans la région du Wadi Fira — souffrent d’un déficit criant de nourriture et des secours d’urgence. Des responsables du Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (Hcr) soulignent le défaut, dans la zone, du Programme alimentaire mondial (Pam).

Notre encadré sur la Mauritanie, l’ultime allié de Paris

En Mauritanie, Le général Pascal Lann, Commandant des forces françaises en Afrique, entame, le 24 novembre, une visite officielle.A la faveur de la première étape de son séjour, il a été reçu au siège du commandement militaire, par le général Mohamed Ould Cheikh Ould Beida, chef adjoint de l’état-major général des armées. La situation au Sahel occupait l’essentiel des échanges. La Mauritanie s’engage à développer le partenariat avec la France.

Aux discussions, prenaient part des officiers supérieurs, dont le Directeur du renseignement et de la sécurité militaire, les commandants des brigades respectives, des opérations et de la coopération militaire, en sus de l’officier accompagnateur du chef adjoint de l’état-major.

Le général Pascal Ianni s’est également rendu au Collège de défense, où il a été accueilli par le Directeur de l’établissement, le colonel Mohamed Ahmed Mahmoud El-Bennan et son équipe. La réunion a permis de passer en revue les niveaux de la collaboration et les perspectives de son renforcement.

Le général français a ensuite donné une conférence aux stagiaires du Collège, sous le titre : «Réorganisation de la présence française en Afrique centrale et occidentale ». Il y évoqua les transformations stratégiques qui exigent, désormais, « une nouvelle approche fondée sur une présence discrète, la fermeture des bases permanentes et la mise en avant des partenaires plutôt que la tutelle ».

Références

Carte du Sahel : https://t.me/veillesah/641

Mali

3 tracts Gsim : https://t.me/veillesah/642

2 communiqués Dirpa : https://t.me/veillesah/645

 

Burkina Faso

1 lien capture Ousmane Dicko : https://t.me/veillesah/647

6 tracts Gsim : https://t.me/veillesah/648

 

Niger

1 communiqué du syndicat des distributeurs de gaz : https://t.me/veillesah/653

1 tract Mplj : https://t.me/veillesah/654

1 lien de l’agence de presse saoudienne, atelier de riposte à l’extrémisme : https://t.me/veillesah/656

1 courrier d’annulation du festival de l’Aïr : https://t.me/veillesah/660

                                                                                                                 

Mauritanie

2 photos visite général français : https://t.me/veillesah/661

 

Tchad

1 lien du portail en ligne Le devoir : https://t.me/veillesah/663

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Sahel, le Ghana tente de rapprocher l’Union Africaine et les juntes militaires https://mondafrique.com/international/le-ghana-tente-un-compromis-entre-lunion-africaine-et-les-juntes-militaires/ Wed, 26 Nov 2025 17:26:19 +0000 https://mondafrique.com/?p=143297 Du 4 au 6 novembre 2025, le Ghana accueillait un échange à huis-clos, intitulé « Réunion de coordination technique sur la mise en place d’une plateforme inclusive pour la cohésion des efforts entre l’Union africaine et les pays en transition politique en Afrique de l’Ouest ».  Cependant, les Conclusions d’Accra qui demandent la levée des sanctions imposées […]

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Du 4 au 6 novembre 2025, le Ghana accueillait un échange à huis-clos, intitulé « Réunion de coordination technique sur la mise en place d’une plateforme inclusive pour la cohésion des efforts entre l’Union africaine et les pays en transition politique en Afrique de l’Ouest ».  Cependant, les Conclusions d’Accra qui demandent la levée des sanctions imposées aux juntes militaires du Sahel révèlent une dérive de la diplomatie. D’où, sans doute, l’indisponibilité du document sur le site électronique de l’Organisation.

L’archer d’ébène

La mouture initiale, après avoir circulé au cœur d’un cercle restreint d’initiés à Addis Abeba, siège de la Commission, ne tarda à provoquer des remous. L’audace fut étouffée, en sourdine, comme le prouve une note interne, du 12 novembre.

L’Union africaine serait-elle devenue le réceptacle de règlements de comptes inavoués ?

 À la source d’une manipulation

Le document propose la levée des sanctions appliquées aux pouvoirs militaires et demande, sans ambiguïté, la reconnaissance d’une entité régionale de l’Union Africaine qui serait l’Alliance des Etats du Sahel (Aes). Or, seule la Conférence au sommet des 54 pays membres détient la prérogative modifier les référents moraux et les règles d’usage.  En effet, les « transitions » en treillis (Mali- Niger-Burkina Faso-Guinée) ne participent plus aux activités de l’Union africaine (Ua).

Le Mali, le Niger et le Burkina ont décidé de se retirer de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Les trois juntes lui reprochaient d’user de la contrainte des armes, afin de restaurer le Président élu Mohamed Bazoum, par une sédition d’officiers de sa garde, le 26 juillet 2023. L’intervention punitive n’a pas eu lieu mais le contexte des antagonismes débridés ne cessait de se dégrader au Sahel, en direction du Golfe de Guinée, voire de l’ensemble du littoral Atlantique de l’Afrique de l’Ouest (Sénégal, Guinée, Mauritanie).

Aussi, était-il compréhensible que l’Ua se préoccupât de rebattre les cartes pour tendre la main à une poignée de ses sociétaires en rupture de ban pais confrontés à l’offensive jihadiste. C’est à ce stade que le leader du Ghana, John Dramani Mahama, a tenté de jouer sa partition via son « Envoyé spécial auprès de l’Alliance des Etats du Sahel » (Aes), le Docteur Larry Lartey, assisté du Colonel burundais Corneille Sindayigaya, délégué de son Président, nommé le 17 juillet, à titre exceptionnel, « Représentant spécial de l’Ua au Sahel ». L’introduction du communiqué final souligne la participation de « Représentants gouvernementaux et des Experts du Burkina Faso, de la Guinée, du Mali, du Niger, du Ghana et du Nigéria ainsi que de fonctionnaires de la Commission de l’Union africaine et des Ambassadeurs et Représentants permanents à Addis Abeba. »

La manufacture des lacunes

La rédaction du projet initial révèle un dévoiement inédit des objectifs de l’Union. Le projet tel qu’il est apparu à Accra s’abandonne à l’acrobatie du complotisme oblique, recycle le dédain des droits fondamentaux de la personne, entérine l’indifférence à la banalisation du massacre des civils et – grief bien moins rémissible – élude les atrocités imputables, à la fois, aux jihadistes, soldats, miliciens et supplétifs russes. Au prétexte de favoriser le resserrement des rangs contre l’insurrection islamiste, la tentative de l’Ua en arrive à adopter les formulations des adeptes du putsch à portée « révolutionnaire ». On y débusque un affligeant copié-collé du jargon de la bureaucratie des agences de l’Onu et de la Banque mondiale (Bm). Non sans débauche de circonlocutions et d’acrobaties rhétoriques.

Les vocables « démocratie, élection, droits humains, exécutions extra-judiciaires, disparitions forcées » ne figurent à aucun paragraphe du texte mais ce dernier n’envisage guère l’hypothèse, à présent évidente, d’une négociation de nécessité avec les volontaires du jihad, alors que l’équilibre de la dissuasion, désormais à l’œuvre, lui confère le critère de l’urgence. Le papier parle plutôt un novlangue autoréférentiel, sans souffle ni vision. Maintes de ses tournures donnent le tournis paradoxal de l’inertie: « renforcement des capacités de la fonction publique en vue d’une prestation de service efficacegouvernance inclusive, une prise de décision participative et une communication transparente… Investir dans la résilience sociale, économique et sécuritaire des communautés frontalières afin de réduire leur vulnérabilité et de renforcer la stabilité locale, etc, etc…» Bref, sur 7 pages s’étale, par épaisseur de tartines, la confiture stéréotypée qui pollue la prose en vigueur au sein de la fonction publique internationale.

Conspirationnisme déloyal

Les passages les plus surprenants se rabaissent à légitimer le narratif douteux des membres de l’Aes selon quoi la guerre d’attrition, à eux imposée, résulte du soutien, des puissances de l’Empire au projet de théocratie salafiste. La thèse prêterait souvent à sourire, si l’Ua, sous l’impulsion du Ghana, ne s’était mise à lui consentir un supplément de crédit. Bien entendu, l’accusation n’est pas explicite mais elle exsude, le long du communiqué, sur le mode éprouvé de l’insinuation : « Condamner et dénoncer le rôle néfaste des acteurs extérieurs dans le financement du terrorisme…La condamnation et la dénonciation systématiques du rôle et du soutien des acteurs extérieurs dans l’aggravation du terrorisme et de l’extrémisme violent au Sahel…» Insidieusement, le propos cible la France et l’Algérie, lesquelles se vouent, pourtant, une acrimonie chronique.

Une enquête approfondie permettrait de tracer la chaîne d’intérêts ayant présidé à la manœuvre, y compris au niveau du Siège. De facto, le Président John Dramani Mahama accepte de parrainer un tel mépris à la démocratie, lui qui connaît les avantages de l’alternance électorale. Battu aux urnes et réélu, son parcours exemplaire témoigne d’une constance à défendre l’Etat de droit et contredire la loi du plus fort. N’y a-t-il pas, là, matière à s’indigner, au nom des peuples du Sahel, qui aspirent certes à la paix, à la dignité et, pourquoi pas, à la liberté ?! Si le détournement de l’écriture n’a dépassé un essai de contrefaçon pas vraiment franc, le geste et sa visée constituent une alerte sérieuse, à l’attention de la Commission de l’Ua et des partenaires qui pourvoient à ses dépenses de fonctionnement.

Remettre le sujet à l’endroit

La petite musique sur la supposée connivence entre l’Occident et la nébuleuse du jihad, malgré son absurdité, devient nettement audible dans la coulisse de nombreuses officines de renseignement du Continent africain qui reprend les outrances du panafricanisme bon marché. La paranoïa en question se nourrit d’abord d’un déficit d’observation de la société, de l’inculture historique et de bribes de mauvaise foi. Quand, aux 18ème et 19èmesiècles, à peu près sur les mêmes territoires qu’aujourd’hui, Usman Dan Fodio, Ahmadou Sékou, El Hadj Oumar Tall et Samory Touré lançaient, chacun, sa guerre sainte et y sacrifiaient la vie de milliers de leurs congénères, l’Europe s’apprêtait juste à conquérir le Sud. Oui, l’obsession du Califat est une invention de l’Orient arabo-musulman. Nulle contrée de l’Afrique sunnite n’y échappera.

Après quatre décennies de prosélytisme wahhabite, le Sahel et le Golfe de Guinée moissonnent le fruit vénéneux de l’imprévoyance. L’extrémisme subsaharien s’est « endogénéisé » et pour longtemps. A cet égard, le sommet périodique des deux continents Afrique-Europe offre l’occasion d’en finir avec les approximations et complaisances du complexe de culpabilité postcoloniale. L’assignation perpétuelle à devoir se justifier d’un impérialisme responsable de tout, confine, maintenant, à une monomanie du chantage. A contrario, l’enjeu de la sûreté collective requiert de la gravité en partage, un peu de goujaterie et beaucoup de témérité intellectuelle.

A la lumière de l’incident des Conclusions d’Accra le Monde libre, s’il prétend encore préserver et promouvoir les valeurs de l’universalisme, doit reconsidérer ses engagements auprès de l’Ua. De surcroît, sous peine d’accélérer un échec sanglant au Sahel et le long des côtes à l’Ouest, la lutte contre le terrorisme n’autorise le renoncement moral ni la capitulation devant l’arbitraire des juntes. Fort à tort, l’intransigeance martiale passe, par pertes et profits, la répression féroce des opposants, la persécution de la presse et des Ong, l’élimination de centaines de non-belligérants et, pire, le déracinement et l’exode d’une multitude de familles, dès lors livrées aux caprices du hasard. L’illusion d’une victoire décisive sur le théâtre mouvant de l’asymétrie ne fait que déblayer le chantier à venir des fosses communes et baliser l’arène du génocide. Parce que la victoire militaire s’avère hors d’atteinte, le moment est venu de savoir désarmer l’hostilité de l’ennemi, se comparer à ses moyens, jauger sa résolution, avant d’apprendre à transiger avec lui. La paix est une transaction. La reconnaissance de l’Autre en est la courtoisie et le commencement.

 

 

 

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