- Mondafrique https://mondafrique.com/international/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Sun, 20 Apr 2025 19:51:57 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/international/ 32 32 Les postures théatrales de Trump face à l’Iran https://mondafrique.com/libre-opinion/les-postures-theatrales-de-trump-face-a-liran-ne-menent-a-rien/ https://mondafrique.com/libre-opinion/les-postures-theatrales-de-trump-face-a-liran-ne-menent-a-rien/#respond Sun, 20 Apr 2025 18:50:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=132143 Les États-Unis doivent abandonner la logique d’endiguement au profit d’un engagement stratégique avec l’Iran Une chronique de Magali Rawan Une guerre contre l’Iran serait un échec stratégique pour les États-Unis. Elle n’éliminerait pas les capacités nucléaires de Téhéran, ni ne renverserait le régime. Elle ne ferait que renforcer la détermination de l’Iran, déstabiliser la région […]

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Les États-Unis doivent abandonner la logique d’endiguement au profit d’un engagement stratégique avec l’Iran

Une chronique de Magali Rawan

Une guerre contre l’Iran serait un échec stratégique pour les États-Unis. Elle n’éliminerait pas les capacités nucléaires de Téhéran, ni ne renverserait le régime. Elle ne ferait que renforcer la détermination de l’Iran, déstabiliser la région et entraîner des répercussions mondiales. Une confrontation militaire irait également à l’encontre de la doctrine fondamentale de Donald Trump : mettre fin aux guerres sans fin et éviter tout engagement militaire direct — une doctrine encore influente dans les cercles républicains de la politique étrangère actuelle.

Pourtant, alors que Washington semble dériver une fois de plus vers une posture de confrontation, une ouverture diplomatique étroite mais bien réelle a discrètement émergé — une ouverture qui exige une gestion prudente, et non des postures théâtrales.

Deux pays sous pression

Cette fenêtre d’opportunité ne repose pas sur la confiance, mais sur une urgence partagée. Les deux gouvernements sont sous pression : les États-Unis, confrontés à la guerre en Ukraine, à une inflation persistante, à des tensions commerciales et à une polarisation politique croissante ; l’Iran, miné par un effondrement économique, un isolement régional et une transition du leadership déjà amorcée, sinon officiellement déclarée — aggravée par un défi démographique : une jeunesse plus laïque, aux aspirations différentes. L’incitation à dialoguer — discrètement, sans fanfare — n’a jamais été aussi forte.

Mais le simple facteur temps ne suffit pas à expliquer ce moment. Un changement structurel plus profond est à l’œuvre en Iran. Bien que non totalement inédit, des gestes significatifs et audacieux — certains émanant directement des Gardiens de la Révolution (IRGC), avec le consentement du Guide suprême — ont été transmis discrètement à l’administration Biden bien avant le 7 octobre. Ces signaux reposent sur trois constats clés :

  1. Le coût écrasant de près de cinq décennies d’isolement, de sanctions et de marginalisation économique mondiale ;

2. Le basculement géopolitique vers l’Est, avec la rivalité sino-américaine accélérant un réalignement global qui risque de laisser l’Iran relégué au rang de partenaire subalterne de la Chine ou de la Russie s’il ne se repositionne pas ;

3 Les revers de l’Iran sur plusieurs fronts — en Syrie, au Liban et à Gaza — après le 7 octobre, qui ont affaibli sa posture dissuasive et érodé son levier régional.

Le spectre de l’effondrement

Il existe également un calcul interne. La succession du Guide suprême étant déjà en préparation, plusieurs acteurs clés du système iranien perçoivent une réorientation diplomatique non pas comme une capitulation, mais comme une assurance contre l’effondrement. Une nouvelle génération de technocrates et d’élites militaires — incluant une jeunesse plus sécularisée et des bureaucrates réformistes — est moins motivée par l’idéologie anti-occidentale que par le pragmatisme économique. L’IRGC, de plus en plus intégré au tissu économique iranien, comprend les risques d’un statut de paria permanent. C’est une évolution, pas une révolution.

Pour les États-Unis, cette réévaluation iranienne ne doit pas être un motif de triomphalisme — c’est une opportunité. Mais toute tentative de l’exploiter par l’humiliation ou la contrainte se retournera contre ses auteurs. Une leçon tirée des précédents pourparlers est claire : le ton n’est pas un détail. Dans la psyché politique iranienne, l’humiliation publique est une ligne rouge. Une simple provocation ou une déclaration mal placée peut faire dérailler les discussions. 

Les limites de l’impévisibilité

C’est pourquoi la « théorie du fou » — longtemps favorisée par Trump et ses proches, selon laquelle l’imprévisibilité projetterait la force — a atteint ses limites. Si elle a pu ramener l’Iran à la table des négociations à plusieurs reprises, elle n’est plus adaptée aujourd’hui. Le système iranien est fondé sur la résistance, la fierté nationale et la mémoire historique. Mal lire cette dynamique a déjà conduit à l’échec — et le refera.

Mais au-delà du ton, c’est le cadre stratégique lui-même qui doit évoluer. Pendant des décennies, la politique américaine a suivi une logique d’endiguement : freiner l’influence iranienne, geler son programme nucléaire, et utiliser les sanctions comme levier de pression. Ce cadre a durci la posture de Téhéran et réduit la diplomatie à un exercice défensif — une réponse à la menace, plutôt qu’un levier d’opportunité.

Vers une plus grande fléxibilité

Un accord avec l’Iran, même modeste, ne devrait plus être présenté comme une concession mais comme un investissement stratégique — un levier vers un ordre régional plus stable, un frein à l’escalade, et un moyen de protéger les intérêts américains dans un monde multipolaire. Cette logique s’aligne d’ailleurs sur la nouvelle stratégie américaine de déni, théorisée par des stratèges comme Elbridge Colby, qui vise à empêcher la Chine ou la Russie de capter des partenaires régionaux clés. Si les États-Unis peuvent neutraliser — ou mieux, réengager — l’Iran, ils priveront leurs rivaux d’un atout géopolitique essentiel.

Les avantages ne sont pas théoriques. L’Iran a déjà formulé des propositions concrètes, comme le transfert de ses stocks d’uranium enrichi sous supervision russe, sur son propre territoire ou à l’étranger. Ce ne sont pas des capitulations, mais des signes de flexibilité stratégique dans un cadre de dignité nationale. En retour, Téhéran attend des mesures tangibles : levée des sanctions sur le pétrole et les transactions financières, déblocage des avoirs gelés, reconnaissance du droit à l’enrichissement civil — autant de mesures cohérentes avec l’esprit du JCPOA.

La portée d’un accord dépasserait le seul dossier nucléaire. Une voie diplomatique parallèle pourrait discrètement aborder :

Le devenir des milices comme le Hezbollah et les Houthis ;

La stabilisation de l’Irak et de la Syrie ;

L’intégration économique progressive de l’Iran aux marchés régionaux et mondiaux.

La sécurité maritime, la lutte contre les stupéfiants et les partenariats énergétiques deviendraient également plus faisables dans un climat de désescalade. La normalisation n’a pas besoin d’être proclamée — elle doit être construite, dossier par dossier, fonction par fonction.

Ironiquement, les conditions structurelles de cette diplomatie sont plus favorables qu’il n’y paraît. L’équipe américaine de négociation est réduite — non par choix, mais à cause des blocages bureaucratiques et des retards de confirmation au Sénat. À Oman, les négociations se mènent avec discrétion et efficacité. L’Iran a adopté la même logique, en envoyant une équipe restreinte et habilitée, capable de contourner les résistances internes.

Des bruits de botte

Le principal obstacle n’est pas technique — c’est le bruit politique. À Washington, des think tanks belliqueux, des médias partisans et les dynamiques électorales chercheront à torpiller le processus. À Téhéran, les courants conservateurs religieux et les factions du Corps des Gardiens s’apprêtent à qualifier tout compromis de trahison. Cette voie ne survivra que si les deux parties renoncent à jouer pour leurs bases internes. Elle doit rester discrète, modeste, et rapide.

Car le temps n’est pas neutre. Chaque retard renforce les saboteurs. Israël et certains États du Golfe posent déjà les fondations pour discréditer ou faire échouer tout dialogue qu’ils jugent trop indulgent. Plus le processus tarde à produire des résultats, plus il devient vulnérable à des manœuvres coordonnées — par la presse, les parlements ou les canaux parallèles. Le but est clair : faire échouer la diplomatie pour forcer la confrontation.

Pour maintenir le cap diplomatique, les États-Unis devraient prendre six mesures immédiates :

Modérer la rhétorique publique. Cesser de négocier par la menace.

Limiter le cercle et protéger la confidentialité. Pas de fuites. Pas de briefings.

Construire la confiance de façon progressive. Éviter les sommets spectaculaires et les exigences maximalistes.

Anticiper les critiques internes. Préparer une défense disciplinée et cohérente de l’engagement.

Coordonner discrètement avec les alliés. Déjouer les sabotages par la transparence, non par la surprise.

Recadrer la diplomatie comme un gain stratégique. Non pas un geste d’apaisement, mais un acte de réalisme éclairé.

Ce n’est pas un moment pour les effets de manche. C’est un moment pour le réalisme sans défaitisme. L’engagement avec l’Iran ne transformera pas le Moyen-Orient du jour au lendemain. Mais il peut désamorcer la prochaine crise, retarder le prochain conflit, et ouvrir un espace pour des solutions durables.

L’alternative n’est pas le statu quo. C’est l’escalade. Et si cette opportunité est manquée, la confrontation qui s’ensuivra sera plus rapide, plus brutale — et bien plus coûteuse.

Donald Trump et l’Iran : confrontation ouverte ou accord surprise ?

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L’écriture d’Aimé Césaire belle comme l’oxygène naissante https://mondafrique.com/international/leloge-daime-cesaire/ https://mondafrique.com/international/leloge-daime-cesaire/#respond Sun, 20 Apr 2025 18:18:03 +0000 https://mondafrique.com/?p=132145 Paris. Jeudi, 17 avril 2025. La Rhumerie. Boulevard Saint-Germain. Hommage à Aimé Césaire, organisé par la poétesse Suzanne Dracius et l’éditeur Jean-Benoît Desnel, avec la participation des comédiens Amadou Gaye et Greg Germain. Une chronique de Mustapha Saha La part d’Aimé Césaire est toujours prégnante. Il prend en charge, dès ses premiers écrits, la part […]

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Paris. Jeudi, 17 avril 2025. La Rhumerie. Boulevard Saint-Germain. Hommage à Aimé Césaire, organisé par la poétesse Suzanne Dracius et l’éditeur Jean-Benoît Desnel, avec la participation des comédiens Amadou Gaye et Greg Germain.

Une chronique de Mustapha Saha

La part d’Aimé Césaire est toujours prégnante. Il prend en charge, dès ses premiers écrits, la part refoulée des noirs caraïbéens à l’époque des luttes anticoloniales, au moment où la conscience aigüe de l’esclavagisme suscite des traumatismes mortifères. L’écriture est taillée dans la pierre, éruptive, volcanique, irrévocable. Le rythme est percussif, impulsif, collusif.  Se transgresse les conventions du langage. S’ouvre la sémantique sur l’imprévisible, l’imprédictible, l’insoupçonnable.

« L’écriture césairienne se savoure en poésie belle comme l’oxygène naissant 

André Breton

Suzanne Dracius lit un extrait du poème d’Aimé Césaire Le Verbe maronner. À René Depestre, poète Haïtien. Le texte d’origine, intitulé Réponse à René Depestre. Éléments d’un art poétique, est  publié dans la revue Présence Africaine dans le numéro d’avril-juillet 1955, dont Aimé Césaire est cofondateur.

« Fous-t-en Depestre fous-t-en laisse dire Aragon

Quittez Aragon bouler

La faiblesse de Depestre, dirais-je l’erreur, est d’avoir une vue a priori du problème 

Mais où est Depestre ?

Quel est cet éblouissement, quelle est cette contemplation extatique devant l’héritage prosodique français ? »

Paroles agissantes.

Les échauffourées rhétoriques galvanisent les luttes anticoloniales. Maronner, c’est pratiquer la spécificité nègre dans tous les domaines. Cette singularité passe par la poésie, qui installe l’intellectuel au cœur du monde et de lui-même. L’engagement politique n’altère pas la réflexion philosophique, l’invention littéraire, la subversion poétique. Le contraire d’un militantisme suiveur. Louis Aragon, particulièrement, attire les foudres d’Aimé Césaire. L’auteur de La Diane française, éditions Pierre Seghers, 1944, qualifie l’alexandrin de grand tracteur, de terrible maître du tambour. Il préconise le retour au sonnet. Il amalgame le mouvement révolutionnaire avec la Pléiade. Cf. Journal d’une poésie nationale, 1954. Aimé Césaire refuse l’instrumentalisation de la poésie à quelque fin que ce soit. Il récuse « le champ culturel structuré par la dégradation symbolique ». Il s’investit dans la décolonisation des formes et des contenus, la désaliénation de l’intellect, du percept, de l’affect. Il conseille à René Depestre un voyage « sans rimes, toute une saison, loin des mares ». Il l’exhorte à la rébellion prosodique, à la révolte contre les diktats de l’actualité parisienne. « Crois-m’en comme jadis bats-nous le bon tam-tam » (Aimé Césaire). La négritude est incessamment clamée comme indémontable matrice. « Ma négritude n’est pas une taie d’eau morte ruée contre la clameur du jour » (Cahier d’un retour au pays natal). Rejet des enrôlements, des enrégimentements, des encadrements. Impératif préalable, se dégager, de la bourbe, de la fange, de la bouillasse. Reprendre, en toute chose, l’initiative. Ainsi, Aimé Césaire s’institue comme le sémaphore de la métissité, de la créolité, de l’hybridité, de la forêt natale, du chant profond du jamais refermé.

 

Aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, Aimé Césaire est célèbre. Son Discours sur le colonialisme, éditions Réclame, 1950, est un tournant historique, dans la lutte des damnés de la terre et dans la littérature. L’impérialisme occidental se dénonce comme mécanique de déculturation. L’argumentaire est marxiste. Le style est explosif. Le combat est intrinsèquement culturel. Dès 1945, le poète est maire de Fort-de-France,  jusqu’en 2001, et député de la Martinique, jusqu’en 1993. Il est membre du parti communiste dont il démissionne en 1956. Lettre à Maurice Thorez : « Ce n’est ni le marxisme, ni le communisme que je renie. Je dis qu’il n’y a pas de variante africaine, ou malgache, ou antillaise du communisme, parce que le communisme français trouve plus commode de nous imposer la sienne. L’anticolonialisme même des communistes français porte les stigmates de ce colonialisme qu’il combat ».

En Mai 68, j’applique, avec Omar Blondin Diop, ce même constat au gauchisme. Nous sommes alors, tous les deux, les exceptions africaines qui confirment la règle. « Tiraillé entre son appartenance au parti communiste et ses amitiés surréalistes, entre la liberté de création et le caporalisme partidaire, entre les cultures nègres et les assimilations européennes, Aimé Césaire n’a jamais réussi à concilier ses aspirations fondamentales » (David Alliot, Le Communisme est à l’ordre du jour. Aimé Césaire et le PCF, de l’engagement à la rupture, 1935 – 1956, éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2013). Le poète détracte l’assimilationnisme des communistes, leur chauvinisme, leur suprémacisme.

Les Mots Nus

Je dis mon poème Les Mots nus, dédié à Aimé Césaire, lutinerie post-mortem en alexandrins.

« Que peuvent les mots nus quand sonnent les clairons

Quand s’éclipse la lune au rythme des alarmes

Quand s’endeuillent les clowns et les joyeux lurons

Quand s’abreuve l’amour aux collecteurs de larmes

Que peuvent les mots nus quand s’embrasent les tours

Quand voltigent les corps comme fétus de paille

Quand s’invite la bourse au festin des vautours

Quand s’unit la canaille aux funestes ripailles

Que peuvent les mots nus quand rodent les vampires

Quand traînent dans la boue les âmes sans ressort

Quand s’écroule d’un coup l’invulnérable empire

Quand s’arment les enfants pour conjurer le sort

Que peuvent les mots nus quand s’extirpent les lombes

Quand germe la guerre dans les mares d’or noir

Quand tombe au petit jour la dernière colombe

Quand spéculent sur l’art les affreux tamanoirs

Que peuvent les mots nus quand meurent les sirènes

Quand flambent les cités pour un bout d’oriflamme

Quand s’écrit la gloire dans le sang des arènes

Quand s’enfuient les serpents des ziggourats en flammes

Que peuvent les mots nus quand pleuvent les missiles

Quand s’ébattent les chiens dans les maisons sans porte

Quand crache la terre ses ténébreux fossiles

Que peuvent les mots nus que vent de sable emporte

(Mustapha Saha, Le Calligraphe des sables, éditions Orion, 2021).

« Bordélise ta poésie »

J’ai fréquenté Aimé Césaire pendant trente ans, de 1968 jusqu’à quelques mois avant sa mort en 2008. Il abhorrait la métrique classique. Je le taquinais avec mes octosyllabes, mes décasyllabes, mes alexandrins. Il faisait semblant d’être agacé. Un jour, il me dit : « Bordélise un peu ta poésie, elle sera plus vivante. Moi, je n’écris pas dans la mélodie. J’écris dans la discordance, dans la dissonance, dans la dissidence ».

La dernière fois que je vois Aimé Césaire, il a un verre de lunettes cassé. Je lui propose de contacter un opticien. Il me dit : « Pas la peine. Je n’en ai plus besoin ». J’esquisse au crayon son portrait. J’en tire plus tard une peinture sur toile. Cette image s’impose dans mon esprit chaque que je pense à lui.

 

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La main tendue de Trump à l’Iran https://mondafrique.com/international/la-main-tendue-de-trump-a-liran/ https://mondafrique.com/international/la-main-tendue-de-trump-a-liran/#respond Sun, 20 Apr 2025 06:50:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=131395 Donald Trump a créé la surprise en annonçant des discussions « directes » samedi avec l’Iran sur son programme nucléaire, après avoir menacé le pays de bombardement. D’abord réticent, Téhéran s’est résolu à des pourparlers mais via un intermédiaire. Ahmad PARHIZI et Sébastien RICCI de l’AFP La priorité pour Téhéran est d’obtenir une levée des sanctions qui […]

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Donald Trump a créé la surprise en annonçant des discussions « directes » samedi avec l’Iran sur son programme nucléaire, après avoir menacé le pays de bombardement. D’abord réticent, Téhéran s’est résolu à des pourparlers mais via un intermédiaire.

Ahmad PARHIZI et Sébastien RICCI de l’AFP

La priorité pour Téhéran est d’obtenir une levée des sanctions qui étranglent son économie. Après 20 mois d’âpres négociations, l’Iran avait conclu en 2015 un accord avec les grandes puissances dont les États-Unis pour encadrer ses activités nucléaires. Le texte prévoyait en contrepartie le retour en Iran des investissements occidentaux. Il avait nourri chez les Iraniens un immense espoir de voir leur pays sortir de l’isolement et d’importantes perspectives pour l’économie.

Mais en 2018, Donald Trump a retiré son pays de l’accord et rétabli de lourdes sanctions, dont l’économie iranienne ne s’est jamais remise. Selon le taux de change informel, la valeur du rial face au dollar a depuis été divisée par sept, alimentant une hyperinflation et du chômage qui paupérisent la population.

« Si l’Iran parvient à briser les chaînes des sanctions, il pourra atteindre une croissance économique considérable », l’universitaire Fayyaz Zahed, un expert des relations internationales.

Outre ses réserves d’hydrocarbures parmi les plus importantes au monde, l’Iran est un immense marché en devenir de 86 millions d’habitants, avec une population jeune (âge moyen de 32 ans) et éduquée. 

L’axe chiite mis à mal

L’Iran apparaît fragilisé depuis l’attaque du 7-Octobre du Hamas contre Israël. Au Liban, le Hezbollah, soutenu militairement par Téhéran, est sorti très affaibli d’une guerre contre Israël en soutien aux Palestiniens.

En Syrie, le pouvoir de son allié Bachar el-Assad a été renversé, tandis qu’au Yémen les rebelles Houthis ont subi des bombardements américains récemment. « L’Iran ne dispose (plus) d’aucune carte efficace et subit les conséquences » des bouleversements dans la région, estime Fayyaz Zahed, en référence à « l’axe de la résistance ».

Cette alliance informelle de groupes armés qui s’opposent à Israël a longtemps été considérée par le pouvoir iranien comme un bouclier.Des frappes israéliennes contre l’Iran au mois d’octobre, en représailles à des tirs de missiles, ont montré les limites de cette stratégie.

En quète d’une stratégie

« L’Iran est prêt à accepter les mêmes conditions techniques » que l’accord de 2015, estime M. Zahed.Téhéran défend un droit au nucléaire à des fins civiles, en particulier pour l’énergie afin de diversifier ses sources d’approvisionnement. Les Occidentaux soupçonnent l’Iran de développer le nucléaire pour se doter de la bombe, ce que Téhéran conteste vigoureusement. « En revanche, le pays ne fera preuve d’aucune flexibilité pour ses missiles », prévient l’expert.

En 2018, le retrait de Donald Trump de l’accord avait notamment été motivé par l’absence de mesures contre le programme balistique, perçu comme une menace par Washington et son allié israélien.

En février, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a appelé à « ne pas négocier » avec l’administration Trump, justifiant sa position par « l’expérience », selon lui, d’accords passés avec des dirigeants américains mais non tenus.

La carotte et le baton

En mars, Donald Trump a appelé dans une lettre les dirigeants iraniens à des pourparlers. Mais il a aussi menacé de bombarder leur pays en cas d’échec de la diplomatie.Téhéran a assuré qu’il ne négocierait pas sous la pression. L’annonce par le président américain de pourparlers samedi à Oman a semblé prendre de court la diplomatie iranienne. Le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi a dû confirmer en pleine nuit sur X la tenue d’un tel entretien.

Selon le site d’information américain Axios, Donald Trump a donné deux mois à l’Iran pour aboutir à un nouveau « deal ».

Donald Trump « a rompu une fois » l’accord sur le nucléaire, souligne le réformiste Hossein Nouraninejad dans le quotidien gouvernemental Iran, et « il existe de nombreux différends historiques entre les deux pays », qui n’ont plus de relations diplomatiques depuis 1980.

Des discussions directes prochaines entre MM. Trump et Khamenei semblent toutefois « plus probables qu’une guerre », juge dans les colonnes du journal Etemad Ali Shakourirad, un homme politique proche du président iranien Massoud Pezeshkian.

 

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Le 18 avril, le duo togolais Toofan enflamme Paris https://mondafrique.com/international/le-18-avril-le-duo-togolais-toofan-enflamme-paris/ https://mondafrique.com/international/le-18-avril-le-duo-togolais-toofan-enflamme-paris/#respond Fri, 18 Apr 2025 01:34:42 +0000 https://mondafrique.com/?p=132051   Le 18 avril, Toofan célèbre ses vingt ans de carrière au Zénith de Paris. Entre afropop, coupé-décalé et sonorités urbaines, le duo togolais offre un concert anniversaire vibrant, reflet d’un parcours unique entre ancrage africain et ouverture mondiale. Le 18 avril 2025, les murs du Zénith de Paris vibreront aux sons de l’Afrique de l’Ouest. À […]

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Le 18 avril, Toofan célèbre ses vingt ans de carrière au Zénith de Paris. Entre afropop, coupé-décalé et sonorités urbaines, le duo togolais offre un concert anniversaire vibrant, reflet d’un parcours unique entre ancrage africain et ouverture mondiale.

Le 18 avril 2025, les murs du Zénith de Paris vibreront aux sons de l’Afrique de l’Ouest. À l’affiche : Toofan, le duo togolais qui a su, en vingt ans de carrière, transformer ses pulsations locales en un langage musical universel. Pour ce concert anniversaire exceptionnel, le groupe promet un voyage sonore à travers deux décennies de tubes, de collaborations, de danses et d’émotions partagées.

Formé au début des années 2000 à Lomé, Toofan – composé de Barabas et Master Just – s’est imposé comme l’un des fers de lance de la musique contemporaine africaine. Leur style, surnommé le « Cool Catché », mélange habilement afropop, coupé-décalé, rythmes traditionnels togolais et influences urbaines globales. Dès leurs premiers succès locaux, le duo a très vite compris la puissance des images et des danses virales, associant chacun de leurs titres à un mouvement chorégraphique distinctif qui a conquis l’Afrique, puis le monde entier.

Leur ascension n’a rien d’un hasard. Toofan a su capter l’air du temps, en ancrant ses sons dans les réalités africaines tout en dialoguant avec les influences extérieures, du hip-hop américain à l’électro européenne. Cette capacité d’adaptation, alliée à une authenticité jamais reniée, leur a permis de traverser les modes, les frontières, et de devenir un véritable symbole de la jeunesse africaine moderne : créative, résiliente, festive et ouverte.

Le concert du Zénith sera bien plus qu’un simple best of. Il sera la célébration vivante d’un parcours jalonné de morceaux phares, de rencontres artistiques et de défis relevés. De « Eledji » à « Téré Téré », de « Ma Girl » à « Affairage », chaque titre raconte une époque, une énergie, une envie de rassembler au-delà des langues et des barrières géographiques. Portés par une mise en scène soignée, des musiciens live et une équipe chorégraphique de haut vol, Barabas et Master Just entendent offrir au public parisien une soirée à leur image : généreuse, explosive et fédératrice.

Au-delà de leur talent musical, Toofan incarne aussi un modèle d’entrepreneuriat culturel africain. Producteurs de leurs propres albums, créateurs de concepts scéniques novateurs, ils ont toujours revendiqué leur indépendance artistique. Leur succès international n’a jamais occulté leur volonté de rester connectés à leurs racines : leurs clips, souvent tournés au Togo ou dans d’autres pays africains, célèbrent les paysages, les cultures et les réalités sociales du continent. À travers leur musique, Toofan construit depuis vingt ans une passerelle entre l’Afrique et le reste du monde, avec la conviction que la fierté culturelle peut rimer avec modernité et universalité.

La date du 18 avril 2025 n’a pas été choisie au hasard. Elle symbolise pour le groupe une étape charnière : le moment de jeter un regard rétrospectif sur un chemin parcouru avec ténacité, mais aussi de se projeter vers l’avenir. De nouveaux projets sont d’ailleurs annoncés dans la foulée du concert, dont un album anniversaire réunissant des collaborations inédites avec des artistes africains, caribéens et européens, témoignant de leur volonté d’élargir encore leur univers musical.

À Paris, ville cosmopolite et carrefour des diasporas africaines, ce concert prend une dimension particulière. La capitale française a toujours été un lieu d’expression privilégié pour les artistes du continent, un espace où les musiques africaines rencontrent de nouveaux publics, se métissent, se réinventent. Toofan y retrouve un public fidèle, composé autant de fans de la première heure que de nouvelles générations séduites par leur énergie communicative et leurs messages positifs.

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Donald Trump dynamite le libre échange https://mondafrique.com/international/donald-trump-dynamite-le-libre-echange/ https://mondafrique.com/international/donald-trump-dynamite-le-libre-echange/#respond Mon, 14 Apr 2025 09:42:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=131118 Depuis son élection, le 4 novembre, et surtout depuis son investiture, le 20 janvier, Donald Trump provoque tsunami sur tremblement de terre. La tentative d’assassinat dont il a été victime le 13 juillet dernier à Meridian (Pennsylvanie), l’a habité de la conviction qu’il est investi d’une mission divine avec les pleins pouvoirs. Il aurait le […]

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Depuis son élection, le 4 novembre, et surtout depuis son investiture, le 20 janvier, Donald Trump provoque tsunami sur tremblement de terre. La tentative d’assassinat dont il a été victime le 13 juillet dernier à Meridian (Pennsylvanie), l’a habité de la conviction qu’il est investi d’une mission divine avec les pleins pouvoirs. Il aurait le droit, voire le devoir de tout dire, tout faire, d’humilier ses partenaires, de dénigrer ses alliés ! Chaque jour, il nous réserve son lot de surprises avec une brutalité digne d’Attila.
 
Une chronique de Dov Zerav
 
Tabula rasa !
Cette phrase de l’Internationale, « du passé, faisons table rase », semble être devenue la devise de l’Internationale réactionnaire en cours de constitution.
Laissons de côté les sujets internes pour n’examiner que les problématiques internationales.
 
Donald Trump, homme de paix ?
 
« Tel un cabri » pour reprendre l’expression du General de Gaulle, Donald Trump ne cesse de proclamer qu’il veut la paix, qu’il ne souhaite que la paix, qu’il n’a jamais entraîné son pays dans une guerre…
 
Que peut-on retenir de son 1er mandat ? Indiscutablement, son formidable succès des Accords d’Abraham ! Mais, il ne faut pas oublier que malgré toutes les concessions, il n’a rien obtenu du président Nord-Coréen. De même, avec sa volonté de quitter rapidement l’Afghanistan et de trouver un accord avec les Talibans, il leur a ouvert la voie du retour à Kaboul, même si son successeur porte une part de responsabilité.
 
En fait, depuis les guerres de George Bush Jr en Afghanistan, et surtout en Irak, un consensus s’est établi à Washington qu’il fallait mettre fin aux guerres impériales. Pendant que les Américains guerroyaient de par le monde, les Chinois renforçaient leur économie.
 
Nombreux sont aujourd’hui ses zélateurs qui réclament pour lui le « prix Nobel de la paix », ne serait-ce que pour faire mieux que son ennemi Barack Obama. Ce dernier avait obtenu cette distinction seulement huit mois après son investiture. L’Académie d’Oslo avait tenu à saluer « … ses efforts extraordinaires en faveur du renforcement de la diplomatie et de la coopération internationales entre les peuples… », ses discours qui n’ont été ni précédé ni suivi d’actes pendant huit ans.
 
Donald Trump a raison de vouloir mettre fin à 3 ans de guerre meurtrière en Ukraine et y instaurer la paix.
 
Le refus du président Volodymyr Zelensky de s’enfuir de son pays en février 2022, le courage des Ukrainiens et le retrait des troupes russes ont conduit l’Occident à se ranger derrière Kiev. Une aide qui a donné des ambitions aux Ukrainiens surtout après le retrait russe de Kherson, le 11 novembre 2022.
 
Alors qu’il s’agissait d’un repli stratégique derrière le Dniepr, il a été interprété à tort comme une débandade de l’armée russe. S’ensuivit le sentiment qu’il était possible de bouter les Russes hors d’Ukraine, y compris de la Crimée et le début d’une contre-offensive.
Nous avons eu droit à des débats sans fin, attisés par les chaines d’information continue, sur les livraisons de chars, de défenses anti-aérienne, d’avions… Pourtant, jamais, l’Occident n’aurait dû encourager une telle contre-offensive car, quelles qu’aient été les faiblesses de l’armée russe, le rapport humain demeurait toujours en sa faveur. Il y a un consensus pour considérer qu’une telle attaque ne peut se faire sans un rapport humain de 1 à 5, voire 7. On était loin du compte, très loin du compte. L’armée ukrainienne, malgré quelques grignotages, a buté sur les 3 lignes de défense russes ; fin décembre 2023, après 7 mois, le constat d’échec s’est imposé !
 
Depuis 15 mois, le conflit s’enlise malgré les succès ukrainiens en mer d’Azov et sur le sol russe dans la région de Koursk et les avancées limitées des russo-coréens. L’impasse était totale.
 
Il convient de saluer la démarche de Trump d’essayer de ramener les belligérants à la table des négociations. L’intention est plus que louable. Le bât blesse avec la méthode.
Sans que ce soit risible, son seul ami est aujourd’hui Vladimir Poutine !
 
Deux mois et demi après son investiture, Trump n’a rien obtenu, ni paix, ni cessez le feu. Il a pourtant mis M. Zelensky en situation de faiblesse en l’humiliant mais surtout en lui supprimant la livraison de renseignements, ce qui a permis à l’armée russe de récupérer les territoires perdus dans la région de Koursk, et en remettant en cause l’aide américaine.
 
Trump cherchait-il vraiment la paix en Ukraine ?
N’a-t-il pas plutôt cherché à troquer avec Poutine l’Ukraine contre ses propres visées territoriales sur le Canada, le Groenland ou le canal de Panama ? Au passage, il a fait main basse sur les terres rares ukrainiennes.
 
Le détricotage du droit international
 
Les 4 votes américains au Conseil de sécurité et à l’Assemble générale (AG) des Nations Unies, le 24 février et le 2 mars 2025 marquent une double rupture :
  • Pour marquer le 3ème anniversaire de l’agression russe, l’Ukraine a présenté, le 24 février, à l’AG une résolution réclamant le retrait des troupes russes des territoires ukrainiens et l’arrêt des hostilités. L’administration Trump a voté contre avec la Russie, la Biélorussie, la Corée du Nord, la Hongrie, le Nicaragua, le Mali, et 11 autres pays ; en revanche, 93 ont voté pour, et 65 se sont abstenus.
Le 24 février, une résolution américaine au Conseil de sécurité réclamant la fin immédiate du conflit sans rappeler l’exigence du respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine était votée par les États-Unis, la Russie, la Chine, l’Algérie, le Guyana, la Pakistan, le Sierra Leone…
Deux autres résolutions à l’AG, le 2 mars, enregistraient cette nouvelle cartographie onusienne et l’explosion du camp occidental.
  • Deux des principes fondamentaux du droit international, l’intégrité territoriale et l’inviolabilité des frontières ont volé en éclat en quelques jours. Depuis 1944, l’intangibilité des frontières a permis d’éviter de nombreux conflits en Afrique, nonobstant leurs incohérences du fait de découpages coloniaux arbitraires.
Sous prétexte de vouloir obtenir une « paix » rapide en Ukraine, le président américain n’y concourt pas ; la reddition sans conditions qu’il préconise mettra en évidence l’injustice d’une solution imposée et alimentera les ressentiments et les désirs de revanche. Il eût mieux valu qu’il retire purement et simplement son soutien diplomatique, financier et militaire à l’Ukraine, sans chercher à imposer la victoire poutinienne, et encore moins à faire croire qu’il est un « faiseur de « paix ».
 
En bafouant ces principes fondamentaux du droit international, Donald Trump pourrait justifier de nombreuses revendications et guerres latentes.
 
La dépréciation, voire la fin de la crédibilité américaine
 
Donald Trump nous a renvoyés à l’état de nature où la force prévaut sur le respect de certaines règles constituant des barrières contre la violence et la barbarie. Telle la « licence pour tuer » accordée à James Bond, Donald Trump a donné un blanc-seing à tous les dictateurs qui rêvent de conquêtes militaires.
 
Qui serait légitime demain pour :
  • Empêcher la Chine d’envahir Taïwan, contenir ses menées expansionnistes en mer de Chine contre le Japon, les Philippines, le Vietnam…, la retenir pour s’approprier avec la Corée du Nord la Corée du Sud… Les dernières manœuvres militaires chinoises autour de Taïwan laissent présager le pire !
  • Contenir l’expansionnisme iranien sur tout le Proche Orient
  • Retenir la Turquie dans ses objectifs à Chypre, en Lybie ou en Syrie…
  • Calmer certaines ardeurs de pays africains… ?
En préconisant et favorisant un retour au « tohu bohu », Donald Trump va pouvoir mener ses propres opérations de conquêtes. Au-delà de ses visées territoriales, c’est toute la crédibilité de la dissuasion américaine, y compris nucléaire, qui est sapée.
 
Donald Trump était censé nous donner des leçons dans l’art de la négociation. Tout lâcher dans le cadre d’un exercice de télé-réalité pendant que les collaborateurs de Poutine rappellent le maintien de tous leurs objectifs russes… Contraindre Volodymyr Zelensky à « se soumettre ou se démettre » … Exiger a posteriori que les États-Unis soient remboursés de leur soutien sur la base de chiffres exagérés… ne relèvent pas d’un négociateur exceptionnel.
 
Donald Trump n’inscrit pas son pays dans une continuité historique, quelles que soient ses intentions louables de mettre fin à un bain de sang en Ukraine et à épargner le contribuable américain. Il gère les affaires de l’État en joueur de poker alors qu’il a en face de lui un maître russe d’échecs et un praticien chinois de go.
 
La remise en cause de la gouvernance mondiale
 
En déclenchant une guerre commerciale mondiale, Donald Trump a ouvert la boite de Pandore d’une déstabilisation profonde du système économique mondial.
 
Rappelons-nous ! Lorsque l’Américain Harry Dexter White et le britannique John Maynard Keynes ont commencé en 1942 à travailler sur l’architecture économico-financière de l’après-guerre, ils avaient convenu que, dans l’entre-deux-guerres, l’augmentation des droits de douane et son corollaire avec la multiplication des dévaluations compétitives avaient été considérées comme un des facteurs de l’antagonisme entre les nations, un des ferments de la guerre.
 
Ce constat avait conduit à créer le Fonds monétaire international (FMI), gardien des changes et à signer les Accords généraux sur le commerce et les tarifs (General aggreement on trade and tariffs, GATT), chargés de désarmer les protections douanières.
 
La perte d’influence du FMI s’est effectuée en deux étapes :
  • Les Accords de la Jamaïque en 1975 avec la fin des changes fixes ont été le point d’aboutissement de la période ouverte par Washington en 1971. Incapables de contrôler ses déficits, les États-Unis, pour solder le coût de la guerre du Vietnam, « ont cassé le thermomètre » avec la fin de l’étalon-or, la convertibilité du dollar en or, et, in fine, la remise en cause des changes fixes. Toute la construction de l’après-guerre avec ses disciplines a été jetée aux orties.
N’ayant plus d’objet, le FMI s’est réinventé en devenant le financeur des pays en développement. « De gardien des changes », le FMI est devenu un « faiseur de plans d’ajustement structurel ».
  • Le dumping monétaire chinois Depuis plus de deux siècles et Adam Smith, le père de l’économie politique, tous s’accordent à considérer que l’échange international est profitable sous réserve que certaines règles soient respectées dont le retour à l’équilibre extérieur par la modification des prix relatifs et des taux de change.
Un pays en déficit structurel doit déprécier sa monnaie pour que la modification des prix relatifs lui permette de retrouver de la compétitivité. En sens inverse, un pays en excédent structurel doit apprécier sa monnaie pour écorner sa compétitivité et permettre le retour à l’équilibre. À défaut l’échange n’est pas équitable.
Alors que l’Empire du Milieu ne cesse d’accumuler des excédents commerciaux et que ses partenaires cultivent les déficits, les autorités de Pékin continuent de manipuler leur monnaie en la dépréciant, au lieu de la réévaluer.
 
Le constat peut être identique tant pour l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Elle est en panne depuis plusieurs années ne serait-ce que parce que Washington n’a pas désigné son représentant à l’instance d’arbitrage.
 
Alors que les Accords de Marrakech en 1994 avec le passage du GATT à l’OMC constituaient une véritable avancée de la gouvernance mondiale, les coups de boutoir des tentatives protectionnistes américaines et les différents dumpings chinois ont bloqué l’institution… Aujourd’hui, Trump a enterré l’OMC, le libre-échange, voire la mondialisation.
 
Mais n’oublions pas que l’échange international repose sur les prix relatifs qui sont fonction de la compétitivité, des droits de douane, mais aussi du taux de change. Aussi, la guerre commerciale déclarée par Donald Trump ouvre la perspective d’une vraisemblable guerre monétaire.
 
Un FMI sans intérêt, une OMC en état de « mort cérébral », une machine onusienne complétement déclassée par les deals entre les trois grands et par ses propres dérives (cf. ma chronique du 7 octobre 2024 « la faillite du machin ») … C’est toute la gouvernance mondiale créée après 1945 qui est battue en brèche.
 
Seule la Banque mondiale pourrait peut-être continuer à jouer son rôle malgré l’absence de « success story » en matière de développement et la contestation de banques régionales ou continentales au premier rang desquelles la banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (BAII) ; cette dernière a été créée par Xi Jinping en 2013 pour consolider « les routes de la soie » et la mainmise de l’Empire du Milieu sur les pays asiatiques.
Mais, si Washington diminuait ses financements comme ils ont remis en cause ceux de l’USAID, l’avenir de la Banque mondiale serait problématique.
 
Les fausses certitudes de >Donald Trump
 
Donald Trump a raison de vouloir combattre les déficits jumeaux américains, le déficit du budget fédéral frère du déficit de la balance commerciale. Rappelons-nous que dès 1960, le général de Gaulle critiquait ces déficits et l’absence de discipline des Américains dans la gestion de leurs comptes.
 
Donald Trump a raison de vouloir combattre la désindustrialisation des États-Unis et d’éviter que l’industrie ne se limite au complexe militaro-industriel.
 
Mais, Donald Trump occulte :
  • Le coût des guerres. Selon certaines estimations de chercheurs américains, les guerres en Afghanistan, Irak et Syrie auraient coûté au contribuable américain 6 000 Md$ sans compter les 2 000 Mds du service aux vétérans, près de 20 % des 36 000 Mds de dette publique fédérale américaine.
  • La perte de compétitivité de l’économie américaine, notamment à cause du coût salarial et d’un dollar sur apprécié pour permettre les souscriptions de bons du Trésor américain.
  • L’imbrication des pays dans les chaines de valeur des multinationales et les droits de douane vont perturber les productions. L’exemple de l’automobile est, à cet égard, intéressant. L’administration Trump est revenue sur les premières annonces pour le Canada et le Mexique ; les chaînes de production sont en partie installées dans ces deux pays ; les pièces et véhicules font de nombreux allers-retours au cours de leur fabrication.
  • Les difficultés de l’industrie automobile américaine ou d’entreprises comme Boeing ne résultent pas des droits de douane, mais d’erreurs stratégiques.
Tout ces effets auraient pu être limités si nous avions respectés les règles du commerce international à savoir que tout déséquilibre commercial doit être corrigé par une modification des changes.
 
Par ailleurs, Donald Trump sous-estime que :
  • L’augmentation des droits de douane entraine certes une hausse des recettes de l’État fédéral, mais qui n’est pas proportionnelle à cause de la probable baisse des importations
  • L’augmentation des droits de douane se traduit mécaniquement par une hausse des prix des produits importés, et, en attendant qu’une production locale prenne le relais, cela alimentera une inflation
  • La guerre commerciale ouverte par Donald Trump va automatiquement entrainer une diminution des échanges internationaux et donc des productions, ce qui est de nature à provoquer un mouvement récessif également impacté par l’incertitude créée pour les opérateurs économiques.
La conduite de l’économie mondiale va devenir de plus en plus difficile d’autant que les instances de coordination auront du mal à fonctionner.
 
Vers un réveil de l’Europe ?
 
Aujourd’hui, Trump bouscule l’Europe.
 
La fin de la protection américaine la met à la portée d’un prédateur. Le risque russe n’est pour autant pas immédiat tant Moscou est à la peine en Ukraine ; mais, les prétentions russes sont toujours présentes.
La mobilisation de l’Europe est compliquée par la présence dans l’Union de pays favorables à la Russie comme la Hongrie ou peu sensibles à la menace russe comme l’Espagne et l’Italie.
Les exemples de division sont nombreux. L’un d’entre eux est particulièrement éclairant ; le Danemark envisage de faire une commande « historique » de F35 alors que les visées sur le Groenland sont de plus en plus pressantes !
Avoir invité la Turquie à la conférence de Lancaster House avait probablement pour objectif d’afficher, avec la présence de Justin Trudeau, la tenue de la 1ère réunion de l’OTAN sans les Etats-Unis. Néanmoins, cela est revenu à oublier qu’Ankara a envahi et occupé la moitié de Chypre depuis l’été 1974, à fermer les yeux sur la violation de l’intégrité territoriale d’un pays européen.
 
L’augmentation de droits de douane va bousculer l’économie européenne. Mais l’Europe a tous les moyens juridiques, économiques et financiers pour faire face à cette agression américaine. Cela exige union et volonté. Si l’Europe veut écrire sa propre histoire, il est grand temps de ne pas se comporter comme les bourgeois de Calais !
 
L’heure de vérité a sonné pour l’Europe.
 
Dov ZERAH

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L’envoyée de Trump, Morgan Ortagus: « Le Hezbollah, un cancer! » https://mondafrique.com/international/liban-lenvoyee-de-trump-morgan-ortagus-le-hezbollah-est-un-cancer/ https://mondafrique.com/international/liban-lenvoyee-de-trump-morgan-ortagus-le-hezbollah-est-un-cancer/#respond Wed, 09 Apr 2025 06:56:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=131353 La visite de la diplomate américaine Morgan Ortagus a mis en lumière les attentes pressantes de Washington : désarmement du Hezbollah, « ce cancer qu’il faut éliminer », renforcement du rôle de l’armée, et engagement clair dans les réformes économiques. Dans ce contexte, d’autres questions sensibles, telles que la levée du secret bancaire et les allégations sur […]

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La visite de la diplomate américaine Morgan Ortagus a mis en lumière les attentes pressantes de Washington : désarmement du Hezbollah, « ce cancer qu’il faut éliminer », renforcement du rôle de l’armée, et engagement clair dans les réformes économiques. Dans ce contexte, d’autres questions sensibles, telles que la levée du secret bancaire et les allégations sur le contrôle du port de Beyrouth par le Hezbollah, cristallisent également les tensions internes et les inquiétudes internationales.

C’est à la résidence de Maarab, fief du chef des Forces libanaises Samir Geagea, que Morgan Ortagus a entamé sa visite au Liban. Ce choix, hautement symbolique, n’est pas passé inaperçu.

La visite stratégique à Samir Geagea

En rendant visite en premier à l’un des opposants les plus farouches au Hezbollah, la sous-secrétaire d’État adjointe des États-Unis pour le Moyen-Orient a adressé un message clair : Washington soutient les forces politiques libanaises qui plaident pour un État fort, souverain et affranchi de l’influence des groupes armés non étatiques.

Cette rencontre, avant les entretiens officiels avec le président Joseph Aoun, le Premier ministre Nawaf Salam et le président du Parlement Nabih Berri, reflète un positionnement diplomatique délibéré de la part des États-Unis. Elle illustre également une forme d’alignement stratégique avec les formations politiques pro-occidentales qui s’opposent ouvertement à la militarisation de la scène politique libanaise.

Le soutien aux Israéliens

Lors de ses entretiens avec les responsables officiels libanais, Morgan Ortagus a réitéré la position constante de Washington, à savoir la nécessité de désarmer les groupes armés non étatiques, au premier rang desquels le Hezbollah. Dans une interview accordée à la presse locale le 6 avril, elle a affirmé que « le Hezbollah devait être désarmé dès que possible » et que cette mission incombait « aux Forces armées libanaises, seules détentrices légitimes de la force armée sur le territoire libanais ».

Elle a également insisté sur la nécessité pour l’armée libanaise de renforcer le contrôle des frontières, en particulier avec la Syrie, pour empêcher la contrebande d’armes. Ortagus a souligné l’importance de la mise en œuvre complète de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui interdit notamment la présence d’armes non autorisées au sud du fleuve Litani — une zone où le Hezbollah continue d’être militairement actif.

« Il est clair qu’Israël n’acceptera pas que des terroristes tirent sur eux depuis un pays voisin, et c’est une position que nous comprenons », a-t-elle ajouté, exprimant ainsi l’alignement stratégique de Washington sur les préoccupations sécuritaires d’Israël tout en rappelant la responsabilité de l’État libanais dans le maintien de la paix à sa frontière sud.

Pas de soutien sans réformes concrètes

Morgan Ortagus a salué les premiers pas du gouvernement de Nawaf Salam en matière de réformes économiques, tout en soulignant l’urgence de traduire ces intentions en actions concrètes. Parmi les mesures attendues par la communauté internationale figurent la restructuration du secteur bancaire, la réforme des marchés publics, et la mise en place de mécanismes de nomination transparents dans les institutions publiques.

Elle a insisté sur le fait qu’un accord avec le Fonds monétaire international restait une priorité, à condition que le Liban s’engage fermement sur la voie de la transparence, notamment dans la gestion des finances publiques. Cependant, Ortagus a évité d’entrer dans les détails techniques des réformes, laissant ce volet aux institutions financières concernées, dont le FMI et la Banque mondiale.

La finance libanaise en cause

Parmi les réformes exigées par les bailleurs de fonds, la levée du secret bancaire occupe une place centrale. Ce dispositif, instauré en 1956, a longtemps contribué à faire du Liban un refuge financier prisé dans la région. Mais dans le contexte actuel de crise économique aiguë, il est perçu comme un frein à la lutte contre la corruption et au rétablissement de la confiance.

Morgan Ortagus a exprimé son soutien à la levée du secret bancaire, sans en faire un point de pression directe. Elle a déclaré : « La transparence est indispensable pour restaurer la confiance des investisseurs », tout en laissant au gouvernement libanais la responsabilité d’articuler cette réforme avec ses partenaires économiques.

C’est surtout dans le cadre des discussions avec le FMI que cette exigence prend un poids décisif. Le Fonds monétaire considère la levée du secret bancaire comme une étape incontournable vers la restructuration du système financier et la traçabilité des flux d’argent.

Les banques libanaises sur le grill

Face à ces injonctions, les établissements bancaires libanais manifestent une vive inquiétude. Plusieurs dirigeants redoutent qu’une levée brutale du secret bancaire provoque une fuite des capitaux encore présents, fragilisant davantage un secteur déjà sinistré. D’autres s’alarment des conséquences judiciaires potentielles de cette mesure, notamment en cas de divulgation d’opérations suspectes remontant à plusieurs années.

Ces craintes, bien que rarement exprimées publiquement, traversent l’ensemble du secteur bancaire. La Banque du Liban, sous la houlette de son nouveau gouverneur Karim Souhaid, tente de rassurer en promettant un plan de remboursement des dépôts « de façon intégrale et progressive, en commençant par les petits déposants ». Toutefois, le manque de clarté sur les mécanismes de mise en œuvre et les garanties offertes ne dissipe pas le malaise ambiant.

L’explosion du port de Beyrouth 

Au-delà des réformes économiques, une autre question inquiète les chancelleries occidentales : celle du contrôle du port de Beyrouth. Depuis l’explosion meurtrière du 4 août 2020, des doutes subsistent quant à la sécurité et à la gestion de cette infrastructure vitale. L’enquête sur la catastrophe est à l’arrêt, bloquée par des recours successifs et des tensions politiques.

Certaines sources, notamment la chaîne Al Arabiya, affirment que le Hezbollah aurait consolidé son emprise sur le port après l’explosion, y organisant des opérations de contrebande et contrôlant certains terminaux à des fins logistiques ou militaires. Le parti chiite a catégoriquement nié ces accusations, dénonçant une campagne visant à ternir son image.

Morgan Ortagus n’a pas abordé publiquement ce dossier durant sa visite, mais selon plusieurs analystes, la question du contrôle effectif du port fait partie des préoccupations américaines. L’absence de souveraineté claire de l’État sur une infrastructure aussi stratégique soulève des questions sur la capacité du Liban à garantir la transparence et la sécurité de ses installations critiques.

Washington change de ton : stratégie ou désengagement?

Lors de sa précédente visite au Liban en février 2025, Morgan Ortagus, sous-secrétaire d’État adjointe des États-Unis pour le Moyen-Orient, avait tenu des propos particulièrement fermes, notamment en déclarant que les États-Unis ne soutiendraient aucun gouvernement incluant le Hezbollah, qualifiant son influence de « cancer » à éradiquer. Ces déclarations avaient suscité de vives réactions sur la scène politique libanaise.

En revanche, lors de sa visite en avril 2025, Ortagus a adopté une approche plus mesurée. Bien qu’elle ait réitéré la position américaine en faveur du désarmement du Hezbollah, elle n’a pas fixé de calendrier précis pour cette action, demandant a ce que cela soit fait « aussi vite que possible ».

De plus, elle a salué les efforts du gouvernement libanais en matière de réformes économiques, notamment les mesures visant à lever le secret bancaire et à lutter contre la corruption.

Cette évolution dans le ton et le contenu des déclarations de l’émissaire américaine soulève des interrogations quant à l’engagement de Washington dans le dossier libanais. Certains observateurs se demandent si cette approche plus nuancée traduit une lassitude des États-Unis face aux complexités de la politique libanaise ou une volonté d’adopter une stratégie diplomatique différente pour encourager les réformes et la stabilité dans le pays.

 

Intensification des frappes israéliennes au Liban

L’espace aérien libanais est constamment surveillé par des avions de chasse et des drones israéliens, qui survolent le territoire jour et nuit. Cette présence aérienne permanente s’accompagne de frappes ciblées qui peuvent survenir à tout moment, sans avertissement, et dans presque toutes les régions du pays. Bien que le sud du Liban reste la zone la plus touchée, d’autres régions comme la banlieue sud de Beyrouth et la ville côtière de Saïda ont également été visées.

Le 6 avril 2025, une frappe israélienne a tué deux membres du Hezbollah à Zibqin, dans le district de Tyr. Selon l’armée israélienne, ces individus reconstruisaient des infrastructures terroristes. Quelques jours plus tôt, le 4 avril, un raid à Sidon a ciblé un immeuble résidentiel, tuant le commandant du Hamas Hassan Farhat et deux membres de sa famille. L’armée israélienne a affirmé que Farhat était responsable de plusieurs attaques contre des civils israéliens. Ces frappes sont les dernières d’une longue série d’opérations menées depuis le début du conflit, visant à neutraliser le leadership militaire du Hezbollah et de ses alliés.

Malgré les appels au respect de la résolution 1701 de l’ONU, qui interdit toute activité militaire au sud du fleuve Litani, les bombardements israéliens se poursuivent sans relâche. Depuis fin novembre 2024, plus de 120 personnes ont été tuées sur le territoire libanais, dont de nombreux civils. Le gouvernement libanais dénonce régulièrement ces violations répétées de sa souveraineté, qui ont entraîné près de 1 500 incursions militaires enregistrées en seulement quatre mois.

Le ciel libanais, désormais sous surveillance constante, est devenu un théâtre d’opérations où Israël frappe quand et où il le souhaite, selon ses propres critères, sans que les autorités libanaises aient la capacité de répondre efficacement. Cette stratégie militaire crée un climat d’insécurité généralisée pour les civils et renforce la précarité d’une situation politique et sociale déjà instable. Les frappes sur des zones peuplées comme Saïda rappellent qu’aucun lieu n’est véritablement sûr.

 

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Emmanuel Macron célèbre son « ami » al-Sissi au Caire https://mondafrique.com/international/emmanuel-macron-celebre-son-ami-al-sissi/ https://mondafrique.com/international/emmanuel-macron-celebre-son-ami-al-sissi/#respond Wed, 09 Apr 2025 00:14:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=131383  La visite d’État du président français en Égypte a permis de mettre en scène l’entente quasi parfaite entre les deux pays. Dans ce pays qui accueille le président français le 8 avril, la désillusion et la peur ont gagné la population, les militaires sont omniprésents et le maréchal Sissi, à la tète de l’État, peine à […]

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 La visite d’État du président français en Égypte a permis de mettre en scène l’entente quasi parfaite entre les deux pays. Dans ce pays qui accueille le président français le 8 avril, la désillusion et la peur ont gagné la population, les militaires sont omniprésents et le maréchal Sissi, à la tète de l’État, peine à se refaire une virginité en matière de droits humains

Karim Assad (correspondance)

Trois heures de train séparent Alexandrie du Caire. Dans le wagon 1er classe, climatisé à l’extrême, aucun touriste à bord. La deuxième ville du pays n’attire plus. Peut-être a-t-elle trop déçu. Plus austère, plus pauvre et plus sale, Alexandrie collectionne les mauvais points. « Alexandrie est décevante pour tous les Occidentaux qui s’y rendent », lâche d’un ton résigné un habitant. Alexandrie la cosmopolite ? Peut-être avant. Aujourd’hui, peu d’Alexandrins parlent français ou anglais dans cette ville de 4,5 millions d’habitants composée en majorité de ruraux déracinés.

A la gare de Ramleh, les déchets inondent le sol, l’odeur est pestilentielle et les mouches dansent autour des carcasses de poubelles. Quelques mètres plus loin, les marchands ambulants tentent de brader leurs bibelots, pour la plupart usagés. La sirène de la Méditerranée semble avoir été oubliée par le pouvoir trop concentré sur leur vitrine cairote. « Alexandrie est triste mais aussi plus conservatrice », confie un Égyptien. Même la bibliothèque, fleuron architectural de la ville, n’attire pas les foules.

La nostalgie est partout. Au centre de la place Saad Zaghloul, les prestigieux hôtels attendent le client, presque ennuyés. Certaines bâtisses majestueuses sont à l’abandon et pourrissent au soleil comme de vieilles charognes. Alexandrie n’est plus cette cité flamboyante qui auparavant éclairait l’Égypte.

La corniche est le point de rendez-vous des Alexandrins, notamment lors de la pause déjeuner.

Les soldats de plomb égyptien

Dans ce régime militarisé, les uniformes en treillis tiennent le haut du pavé. Les militaires sont souvent des jeunes adultes maladroits tout juste sortis de l’école. La plupart sont mal armés et disposent de peu de matériel. Des militaires égyptiens sous pression prêts à dégainer à la moindre étincelle. « Une nuit, je marchais sur la plage avec ma copine et des militaires ont commencé à courir vers nous pensant que nous étions des terroristes. C’est fou ! », témoigne un travailleur allemand qui vit au Caire depuis huit ans.

En Égypte, le service militaire est obligatoire. Un devoir qui concerne les jeunes hommes entre 18 et 30 ans pour une durée comprise entre un à trois ans. «  Si t’as de l’argent tu peux rester dans les banlieues cossus du Caire, sinon on t’envoie dans le désert, c’est beaucoup plus dur », témoigne un jeune Cairote issu d’un milieu modeste. « Je viens de redoubler mon année à la fac. Ca m’arrange car une fois mon diplôme d’ingénieur en poche, je devrais commencer mon service militaire », confirme un étudiant qui entame sa sixième année d’étude supérieur.

De leurs côtés, les policiers sont reconnaissables à leur uniforme blanc immaculé. « Je déteste les policiers, quand tu es une fille, ils cherchent toujours à obtenir ton numéro, sinon ils t’embarquent au poste de police », témoigne une étudiante en droit et d’ajouter : « Quand tu es journaliste ici, il y a des indics partout. Tu es surveillée tout le temps. » Une affirmation confirmée par une journaliste française : « Là-bas c’est l’espionnite aiguë », avait-elle prévenu.

De plus, la corruption nourrit les autorités. 50 livres égyptienne – soit 2,5 euros – suffisent à les faire taire lorsqu’ils frappent à la porte pour tapage nocturne. D’ailleurs, ils ne se déplacent que très rarement. La police touristique a, elle, quasi disparu de la circulation.

 

Le quartier copte, situé dans le Vieux Caire, reste le secteur le plus surveillé. À l’entrée de chaque monument, un policier monte la garde, plus ou moins sérieusement. Parfois, des portails de sécurité obsolètes sont postés à l’entrée des lieux de culte. En 2017, quatre attaques terroristes ont été perpétrées en six mois contre la minorité copte qui représente environ 10 % des 90 millions d’Égyptiens. À quelques pas de la célèbre église suspendue, des avis de recherche à l’effigie d’hommes barbus sont placardés sur les portes des églises.

Un policier posté devant un lieu de culte dans le Vieux Caire, le quartier copte, un dimanche matin.

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Gaza vu par Trump: un nettoyage ethnique masqué par des gratte-ciels https://mondafrique.com/moyen-orient/trump-et-gaza-un-nettoyage-ethnique-masque-par-des-gratte-ciels/ https://mondafrique.com/moyen-orient/trump-et-gaza-un-nettoyage-ethnique-masque-par-des-gratte-ciels/#respond Tue, 08 Apr 2025 16:22:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=131293 Le 26 février 2025, Donald Trump a publié sur les réseaux sociaux une vidéo de propagande générée par l’intelligence artificielle, illustrant ce qui ressemblerait à la bande de Gaza sous administration américaine. La scène met en avant des enfants palestiniens émergeant d’une caverne pour découvrir une version transformée de Gaza, une station balnéaire luxueuse imaginée par […]

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Le 26 février 2025, Donald Trump a publié sur les réseaux sociaux une vidéo de propagande générée par l’intelligence artificielle, illustrant ce qui ressemblerait à la bande de Gaza sous administration américaine. La scène met en avant des enfants palestiniens émergeant d’une caverne pour découvrir une version transformée de Gaza, une station balnéaire luxueuse imaginée par le président des États-Unis. Des gratte-ciels imposants, dont une « Trump Gaza Tower », remplacent les habitations en ruines, tandis que Donald Trump et le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, savourent des cocktails au bord d’une piscine. Pendant ce temps, Elon Musk parade sur la plage, distribuant des billets de banque à des enfants.

Si cette mise en scène pourrait être perçue comme une provocation de mauvais goût – après plus de 500 jours de conflit à Gaza, les chiffres du ministère palestinien de la Santé font état de plus de 50 000 morts et 112 000 blessés – elle s’inscrit dans un projet politique plus large. En effet, le 4 février 2025, Donald Trump, aux côtés de Benyamin Netanyahou, a annoncé son intention de prendre le contrôle de la bande de Gaza – il a même proposé de l’acheter – afin d’en faire la « Riviera du Moyen-Orient ». Ce plan, soutenu par Israël, implique le déplacement forcé de près de deux millions de Palestiniens vers des pays arabes voisins, une mesure qualifiée de nettoyage ethnique par plusieurs organisations internationales de défense des droits de l’homme. Bien que ce projet puisse sembler irréaliste en raison de sa totale violation du droit international, il s’inscrit dans une série de décisions controversées prises depuis la réélection de Donald Trump, qui a réaffirmé son soutien inconditionnel à Benyamin Netanyahou le 15 mars 2025 en l’autorisant à rompre l’accord de cessez-le-feu avec le Hamas, et à entreprendre de nouvelles frappes sur Gaza. Cette reprise des hostilités a entraîné la mort de plus de 800 personnes en une semaine, précipitant une détérioration dramatique de la crise humanitaire et politique dans la région.

Reconstruire sans le Hamas ? Le pari à 53 milliards des nations arabes pour Gaza

À la suite de cette annonce, l’Égypte a organisé, début mars, un sommet de la Ligue arabe afin d’élaborer une alternative au projet proposé par le président américain. À l’issue de cette réunion, les pays arabes ont présenté un plan quinquennal de reconstruction de la bande de Gaza, dont le coût est estimé à 53 milliards de dollars. Ce projet se décline en trois phases : une première phase de transition, au cours de laquelle un groupe de « technocrates palestiniens indépendants » supervisera l’acheminement de l’aide humanitaire tout en procédant au déblaiement des ruines et à l’installation de logements temporaires. Par la suite, l’Autorité palestinienne (AP) – au pouvoir depuis les accords d’Oslo, mais éclipsé par le Hamas – reprendra le contrôle de Gaza, amorçant la construction de 200 000 logements ainsi que la réhabilitation des infrastructures publiques. Enfin, à l’issue de deux ans et demi, une phase de développement à plus grande échelle sera engagée, incluant l’aménagement de ports, d’un aéroport et de zones industrielles.

Ce plan, soutenu notamment par la Jordanie, l’Irak, Bahreïn, le Koweït, la Syrie et la Tunisie, ne fait cependant que peu mention du Hamas. Il repose sur l’hypothèse qu’à l’issue du conflit, le mouvement ne constituera plus une force politique ou militaire significative en Palestine. Or, bien que sévèrement affaibli par la guerre avec Israël – ayant subi la destruction d’une grande partie de son arsenal militaire et de ses infrastructures souterraines, ainsi que la perte de nombreux combattants – le Hamas demeure une entité active. L’élimination d’Ismaïl Haniyeh à Téhéran en juillet 2024, suivie de celle de Yahya Sinwar à Gaza en octobre de la même année, n’a pas entraîné la disparition du mouvement.

Son idéologie continue de perdurer, et le conflit en cours a, dans une certaine mesure, contribué à son enracinement. Ainsi, bien que le Hamas ne soit peut-être plus en mesure d’administrer la Palestine comme avant 2023, il est peu probable – à l’instar du Hezbollah au Liban – qu’il accepte une démilitarisation complète, ou qu’il cède le contrôle de Gaza à l’Autorité palestinienne. Le Hamas pourrait, à défaut, adopter un mode d’opération clandestin et s’infiltrer dans le corps policier que l’Égypte propose d’établir, composé de Palestiniens formés par les forces de sécurité égyptiennes et jordaniennes.

Projet Riviera : quand l’intérêt économique surpasse les considérations humanitaires

Par ailleurs, la possibilité d’un retrait israélien de la bande de Gaza demeure incertaine. L’armée israélienne (Tsahal) refuse déjà de se retirer du sud du Liban, en dépit des termes de l’accord de cessez-le-feu, ce qui laisse penser qu’Israël ne partira de Gaza que si l’élimination du Hamas peut être garantie – une condition difficilement réalisable. De plus, les États du Golfe, en particulier l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, pressentis pour financer une part importante du projet de reconstruction, pourraient refuser de s’engager dans le projet sans l’assurance que le Hamas ne représente plus une menace. Ces deux pays, farouchement opposés à l’idéologie frériste – mouvance idéologique dont le Hamas est issu –, conditionneront probablement leur soutien à l’éradication totale de l’influence du mouvement sur le territoire. Le retrait des troupes israéliennes de la bande de Gaza apparaît d’autant plus improbable en raison des procédures judiciaires engagées contre le Premier ministre israélien. Benyamin Netanyahu, accusé de crimes de guerre par la Cour pénale internationale et cité dans une enquête du Shin Bet pour falsification de documents datant du 7 octobre 2023, est conscient de la précarité de sa position. La poursuite du conflit lui permet de différer une chute qu’il considère inévitable s’il venait à perdre son poste. Ainsi, des considérations personnelles l’incitent à prolonger les hostilités. Dans cette optique, il adopte une posture de plus en plus offensive à l’égard du Hamas, illustrée notamment par le rappel d’Itamar Ben Gvir, ancien ministre de la Sécurité nationale, à son poste le 18 mars 2025. Figure majeure de l’extrême droite israélienne et ardent défenseur de l’expansion des colonies en Cisjordanie, le retour de Ben Gvir au sein du gouvernement israélien renforce l’hypothèse selon laquelle Israël n’envisage pas un retrait imminent de Gaza.

Face à cette impasse – la solution à deux États étant devenue obsolète et le plan égyptien offrant peu de perspectives viables – il convient de s’interroger sur la faisabilité du projet « Riviera » de Donald Trump, malgré son caractère profondément inhumain et illégal. L’attrait économique que représente la reconstruction de Gaza, en particulier sous une administration américaine et dans le cadre d’un projet de transformation en destination touristique, pourrait séduire plusieurs États. Il est envisageable que des puissances régionales telles que la Turquie, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis choisissent d’ignorer les violations des droits de l’homme à l’encontre de la population palestinienne afin de prendre part à ce projet de reconstruction. L’opportunité financière, conjuguée à la volonté de conserver une position diplomatique acquise en tant que médiateurs durant la guerre Israël-Hamas, pourrait les inciter à soutenir le plan de l’ancien président américain.

Il ne fait également aucun doute que Donald Trump usera de moyens de pression, notamment diplomatiques, pour contraindre les États réticents à coopérer. L’Égypte et la Jordanie, pressenties pour « accueillir » les quelque deux millions de Palestiniens vivant actuellement à Gaza, pourraient être soumises à une réduction des aides financières américaines – une menace que le président américain a déjà formulée. Par ailleurs, des contacts auraient été établis avec le Soudan, la Somalie et la province du Somaliland afin d’envisager un accueil des réfugiés palestiniens. À cette fin, il est probable que Trump promette une assistance militaire au Soudan, en proie à une guerre civile, ainsi qu’à la Somalie, qui lutte contre l’insurrection djihadiste pour obtenir leur accord. De même, il pourrait œuvrer à l’établissement d’un état indépendant du Somaliland pour y envoyer une partie de la population palestinienne.

D’un point de vue juridique, le plan de Donald Trump pour Gaza constituerait une forme de nettoyage ethnique au regard du droit international et pourrait faire l’objet d’accusations de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre devant la Cour pénale internationale (CPI). Toutefois, compte tenu des politiques adoptées par l’ancien président américain en matière de migration – notamment la séparation forcée des familles, les expulsions de masse incluant des rafles dans les établissements scolaires, et l’incarcération de migrants illégaux à Guantánamo Bay, toutes considérées comme des violations manifestes des droits de l’homme –, il est peu probable que Trump se soucie de poursuites supplémentaires sur la scène internationale. Sa seule contrariété serait de voir son rêve d’obtenir le Prix Nobel de la paix – obtenu par Obama – à jamais s’envoler.

Des ambitions stratégiques dissimulées derrière le rêve touristique

Un doute majeur subsiste quant à la logique du projet « Riviera » de Donald Trump : quel intérêt aurait-il à annexer ou à acheter – comme il l’a lui-même suggéré – la bande de Gaza ? Fervent défenseur de la doctrine « America First », centré sur les intérêts économiques des États-Unis et initialement opposé à toute implication prolongée au Moyen-Orient, Trump ayant promis de mettre fin aux conflits entre Israël et le Liban et entre Israël et le Hamas, il adopte désormais une posture radicalement opposée, soutenant la reprise des combats par Netanyahou, tout en élaborant un projet de prise de contrôle sur Gaza.

D’un point de vue stratégique, disposer d’une présence terrestre à Gaza offrirait à Trump un levier diplomatique face à l’Iran et aux pays du Golfe, tout en permettant l’établissement d’une base militaire dans un territoire placé sous administration américaine, échappant ainsi à l’autorité d’un régime musulman. Sur le plan économique, la reconstruction de Gaza constitue une opportunité lucrative qui s’inscrit dans sa vision « America First » : il ambitionne de transformer la Palestine en un nouvel « Eldorado » touristique pour les Américains, à l’image de ce que fut Cuba dans les années 1950 – mais cette fois, sur les ruines d’un territoire ravagé par la guerre, et au prix de dizaines de milliers de vies palestiniennes.

Ainsi, au-delà de son caractère inhumain et de sa violation manifeste des droits de l’homme, le projet « Riviera » pourrait se concrétiser si la communauté internationale ne réagit pas. Une absence de mobilisation, notamment de la part des États européens et des instances internationales, reviendrait à entériner un processus assimilable à un nettoyage ethnique, l’un des plus documentés du XXIe siècle, et à en devenir tacitement complice.

 

 

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Entre l’Algérie et le Mali, rien ne va plus https://mondafrique.com/international/entre-lalgerie-et-le-mali-rien-ne-va-plus/ https://mondafrique.com/international/entre-lalgerie-et-le-mali-rien-ne-va-plus/#respond Tue, 08 Apr 2025 15:57:08 +0000 https://mondafrique.com/?p=131327  Dans la nuit du 31 mars au 1er avril, Alger a abattu un drone malien qui avait violé son espace aérien. La réponse agressive et maladroite de Bamako a entraîné une riposte de la diplomatie algérienne d’une rare fermeté. Les tensions entre les deux pays vont crescendo plaçant ainsi la Russie dans l’embarras. Leslie Varenne […]

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 Dans la nuit du 31 mars au 1er avril, Alger a abattu un drone malien qui avait violé son espace aérien. La réponse agressive et maladroite de Bamako a entraîné une riposte de la diplomatie algérienne d’une rare fermeté. Les tensions entre les deux pays vont crescendo plaçant ainsi la Russie dans l’embarras.

Leslie Varenne

L’épave du drone de combat turc «Akinci» de l’armée malienne, à l’origine des tensions, a été localisée à 9,5 km au sud de la frontière avec l’Algérie.

Après qu’Alger a reconnu avoir abattu Baykar Akinci, un modèle de drone turc de haute qualité d’une valeur de 30 millions d’euros, le Mali a d’abord répondu de manière maladroite mais mesurée. Le communiqué publié le 1er avril contestait la violation de l’intégrité territoriale de son voisin, assurait que l’engin effectuait « une mission ordinaire de reconnaissance » et annonçait une enquête. Jusque là, rien n’indiquait le coup de tonnerre à venir.

Mais le 6 avril, Bamako sort l’artillerie lourde contre Alger avec une déclaration faite au nom de la Confédération des Etats du Sahel. Solidaires, les trois Etats accusent le « régime algérien » de compromettre « les efforts régionaux de sécurisation » et de soutenir indirectement « les factions terroristes » et ajoute qu’aucun avertissement n’aurait précédé l’interception du drone dans la zone de Tinzawatene. Par conséquent l’AES rappelle ses ambassadeurs en Algérie. De son côté, le Mali convoque le diplomate algérien en poste à Bamako, se retire du CEMOC, l’organisation sécuritaire régionale et annonce porter plainte devant les instances internationales pour « actes d’agression ».

Une crise ouverte Alge/Bamako

C’en est trop pour Alger qui réplique dès le lendemain par un communiqué virulent. De mémoire, jamais la diplomatie algérienne, d’habitude mesurée, n’avait tapé si fort. Noir sur blanc, elle dénonce : « un projet putschiste qui a enfermé le Mali dans une spirale de l’insécurité, de l’instabilité, de la désolation et du dénuement ». Le pouvoir algérien enfonce le clou en évoquant « l’échec de cette clique institutionnelle ». Et d’ajouter que l’échec est « patent à tous les niveaux ».

Dans la foulée, Alger prend des mesures de rétorsion. Le ministre des Affaires étrangères algérien, Ahmed Attaf, rappelle pour consultation ses ambassadeurs au Mali et au Niger et diffère la prise de fonction de son nouveau diplomate au Burkina Faso. Puis l’Algérie ferme son espace aérien à tous les vols en provenance ou à destination du Mali avec effet immédiat et jusqu’à nouvel ordre. Bamako s’empresse d’appliquer la réciprocité. 

Trop, c’est trop

Par ce communiqué, Alger a clairement marqué son exaspération qui s’explique par au moins deux raisons. La première est d’ordre factuel,  le drone a bien violé l’intégrité territoriale de l’Algérie et des sommations ont bien eu lieu. Ce que le Mali conteste.

Le site spécialisé, Avions légendaires, note : « Il semble désormais acquis que malgré les sommations de retourner dans son espace aérien le télépilote malien ait poursuivi sa mission. » Ensuite, ce n’est pas la première fois que ce genre d’incidents se produisent. Avions Légendaires rappelle qu’en août 2024 une patrouille de Sukhoi Su-30MKA Flanker-H a montré les crocs à un télépilote dont l’engin avait pénétré l’espace aérien algérien.

Quelques semaines auparavant c’est un hélicoptère de combat Mil Mi-35M Hind-E également malien qui avait été accroché au radar par l’Algérie et sommé de retourner dans son espace aérien. Enfin, le Mali qui ne contrôle pas physiquement cette partie de son territoire, envoie, sous prétexte de lutte contre les terroristes, des drones qui frappent à l’aveugle tous groupes d’individus. Ainsi, par exemple, en mars derniers deux camions appartenant à des commerçants algériens ont été détruits par une frappe et ce n’est pas le premier accident de ce type.

Le bon grain et l’ivraie

L’irritation de l’Algérie s’explique également par le fait que la déclaration du 6 avril ait été adoptée par la Confédération des Etats du Sahel. Elle l’exprime d’ailleurs dans son communiqué : « Le gouvernement algérien regrette, par ailleurs, profondément l’alignement inconsidéré du Niger et du Burkina Faso sur les thèses fallacieuses présentées par le Mali. »

Sii grâce aux efforts diplomatiques de la Russie Alger a mis de l’eau dans son vin avec son turbulent et indiscipliné voisin malien, les relations avec Assimi Goïta et son gouvernement sont restées néanmoins empreintes d’une grande méfiance. En revanche, tel n’est pas le cas avec le Niger. Ces derniers mois ont vu des avancées notables entre les deux pays, notamment concernant des projets d’infrastructures comme l’édification du gazoduc reliant Lagos à Alger ; la construction de la centrale électrique au Niger et la route transaharienne pour désenclaver la région. L’Algérie a également offert des dons à Niamey en affrétant trois avions d’aide alimentaire avant le ramadan. Jusqu’où ira la solidarité entre Etats de l’AES se demandent des internautes nigériens qui n’ont pas envie de se fâcher avec leur grand voisin.   

La Russie dans l’embarras

La Russie, allié traditionnel d’Alger
L’affaire du drone Akinci qui entraîne une crise diplomatique majeure entre le Mali et l’Algérie met à nouveau la Russie dans une position extrêmement délicate, les deux pays étant partenaires et alliés. En 2023 et 2024, le Kremlin a déployé de nombreux efforts diplomatiques pour inciter les deux parties, déjà en froid, à resserrer leurs liens. Elle avait presque réussi, en novembre 2024, le nouvel ambassadeur algérien, Kamel Retieb, avait remis en grande pompe ses lettres de créances à Assimi Goita. Ces nouvelles tensions tombent au plus mauvais moment puisqu’entre le 3 et le 5 avril, les trois ambassadeurs des pays de l’AES étaient reçus à Moscou pour officialiser « un partenariat multidimensionnel » avec la Russie. Cela explique peut-être pourquoi le Mali a attendu le 6 avril pour sortir l’artillerie lourde contre Alger !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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De la « Riposte Graduée » de Retailleau à la « réconciliation progressive » de Macron https://mondafrique.com/international/de-la-riposte-graduee-de-retailleau-a-la-reconciliation-progressive-de-macron/ Mon, 07 Apr 2025 04:54:17 +0000 https://mondafrique.com/?p=131222 Depuis la fin juillet de l’année passé, les relations entre la France et l’Algérie sont rentrées dans une phase de turbulence. La nomination du gouvernement Bayrou le 23 décembre 2024 a aggravé la crise à travers le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau. La patron de la Place Beauvau transforme la confrontation avec l’Algérie en un […]

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Depuis la fin juillet de l’année passé, les relations entre la France et l’Algérie sont rentrées dans une phase de turbulence. La nomination du gouvernement Bayrou le 23 décembre 2024 a aggravé la crise à travers le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau. La patron de la Place Beauvau transforme la confrontation avec l’Algérie en un combat personnel. Il promet une riposte graduée face à l’échec de régler l’épineux problème des OQTF, en s’attaquant aux privilèges de la nomenklatura pour leur entrée sur le territoire national sans visa, en attendant d’utiliser d’autres leviers.

Si le ministre de l’intérieur inscrit sa démarche dans un registre idéologique de droite dure afin de satisfaire son électorat en vue de positionner à l’élection du président au sein de son parti LR le 17 Mai prochain, un tremplin assuré à l’élection présidentielle de 2027, la crise avec l’Algérie lui a offert une inestimable opportunité. Trois mois durant, il a occupé l’espace médiatique s’empiétant sciemment sur les prorogatives du chef du Quai d’Orsay. Sa participation à la campagne médiatique pour la libération de l’écrivain Boualem Sansal s’est avérée contre productive.

Entre temps, la cellule de crise à l’Élysée opte pour une diplomatie de coulisses loin des caméras et des micros des journalistes. La visite furtive à Alger du patron de la DGSE Nicolas LERNER, le 13 Janvier de cette année, n’a pas apaisé les tensions d’une crise multidimensionnelle (politique, juridique, économique, sécuritaire, mémorielle). Alger maintient le cap dans sa résilience aux pressions en gelant le dossier de coopération sécuritaire au Sahel approuvée lors de la visite à Alger du président Macron en Août 2022. Un coup fatal pour la France qui déserté la bande Sahelo-sahélienne marquée par la présence militaire de l’Africa Corps Russe et des instructeurs Turcs.

Paris voit également la signature à Alger le 22 Janvier 2025, du memorandum sur un protocole d’accord de coopération militaire avec l’Africom dans le domaine de défense et sécurité, dont une partie touche l’échange du renseignement, comme une véritable menace, à moyen terme, pour ses intérêts au Maghreb.

Les échanges discrets entre les deux présidences n’ont jamais cessé, en dépit de la non présence d’un ambassadeur algérien à Paris. La condamnation de l’écrivain Boualem Sensal à 5 ans de prison et une légère amande ouvre la voie à une grâce justifiée après la clôture du dossier judiciaire. Reste à connaître ce que Alger aurait en retour, Certains dossier ont été évoqué, notamment de celui de Abdesllam Bouchouareb ancien ministre de l’industrie de 2014 à 2019 maintes fois condamné en Algérie pour corruption dont Alger a introduit six demandes d’extradition aux autorité françaises dont aucune n’a été acceptée. La dernière demande remonte au 19 mars dernier. Le Maire de Cannes, David Lisnard du même parti «  les républicains » de Bruno Retailliau se prononce en faveur de l’extradition.

Les relations franco algériennes bousculent les frontières politiques françaises

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