- Mondafrique https://mondafrique.com/international/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Mon, 24 Nov 2025 08:24:39 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/international/ 32 32 Les révélations de l’ancien chef du Mossad sur l’Iran https://mondafrique.com/international/les-revelations-de-lancien-chef-du-mossad-sur-liran/ https://mondafrique.com/international/les-revelations-de-lancien-chef-du-mossad-sur-liran/#respond Mon, 24 Nov 2025 02:25:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=143172 Yossi Cohen, ancien chef du Mossad israélien qui a quitté son poste en 2021, a révélé que l’opération de sécurité pour infiltrer l’Iran a commencé au début des années 2000, qu’il a qualifiée de remarquablement réussie. Selon Cohen, qui a été à la base des opérations récentes, dans un livre qu’il a publié récemment intitulé […]

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Yossi Cohen, ancien chef du Mossad israélien qui a quitté son poste en 2021, a révélé que l’opération de sécurité pour infiltrer l’Iran a commencé au début des années 2000, qu’il a qualifiée de remarquablement réussie.

Selon Cohen, qui a été à la base des opérations récentes, dans un livre qu’il a publié récemment intitulé « L’épée de la liberté : Israël, le Mossad et la guerre secrète », Israël disposait à l’époque d’informations indiquant que le Pakistan et la Corée du Nord fournissaient des expertise nucléaire à Téhéran. Le précédent directeur du Mossad, Meir Dagan, a alors nommé un chef pour une nouvelle unité dont l’objectif était de déceler et d’éliminer le projet nucléaire iranien ainsi que le projet de production de missiles balistiques.

Il a précisé que cette unité a découvert, dans le cadre de son travail, des détails sur le soutien de l’Iran à des organisations et des bras tels que « le Hezbollah », « le Hamas » et « le jihad islamique ». La première mission a été d’introduire des équipements et du matériel « infiltré » au cœur du « Hezbollah » (une partie a été utilisée lors de la guerre de 2006) et au cœur de l’Iran, en plus de l’utilisation des cyber-armes contre les Iraniens et leurs alliés.

Il a déclaré : Ainsi, l’unité a pu suivre les activités de plusieurs chefs militaires et de scientifiques nucléaires, établissant un dossier pour chacun d’eux, contenant les moindres détails sur leurs habitudes, leur comportement quotidien et les lieux qu’ils fréquentaient.

Cohen se considère comme le concepteur des idées fondamentales pour ces missions, mentionnant lui-même qu’il a suggéré à plusieurs reprises d’initier une attaque contre l’Iran et le « Hezbollah », soit individuellement, soit conjointement, et que les chefs d’état-major de l’armée israélienne successifs s’y opposaient tour à tour. Comme il le dit.

Il a souligné que Netanyahu, le chef du gouvernement à l’époque, se tenait aux côtés des chefs d’état-major et avortait l’attaque, prétendant qu’elle pourrait entraîner une guerre dans laquelle plusieurs bâtiments dans les villes israéliennes seraient détruits.

Dans une autre partie du livre, Cohen critique Netanyahu pour avoir conclu un cessez-le-feu avec « le Hamas » en 2014, en déclarant : « À l’époque, une décision d’éliminer le Hamas devait être prise. » Mais Cohen offre un grand cadeau à Netanyahu en l’exonérant de la responsabilité de l’échec du 7 octobre 2023, la transférant aux dirigeants des agences de sécurité.

Concernant l’assassinat de Qassem Soleimani, le commandant de la « Force Quds » du « Corps des Gardiens de la Révolution » iranien, Cohen dit qu’il a proposé un plan détaillé qui a été soutenu par tous les chefs des services de renseignement, mais que le chef d’état-major Aviv Kochavi s’y est opposé, et Netanyahu l’a soutenu, demandant à Cohen d’en informer les Américains. Le président Donald Trump (durant son premier mandat) s’est énervé contre la décision de Netanyahu. De même, la directrice de la CIA, Gina Haspel, s’est plainte à Cohen (selon ce qui lui est attribué) : « Vos généraux sont comme nos généraux, ils n’aiment pas se battre ».

Cohen révèle à cet égard : « J’ai fait une visite urgente aux États-Unis, et j’ai fourni des informations abondantes sur Soleimani. Je l’appelais (le petit prince), et les Américains ont choisi ce nom pour l’opération d’assassinat. Après son succès (en janvier 2020), les Américains m’ont décerné une médaille de reconnaissance. Et lors de la guerre de 12 jours en juin 2025, les Iraniens se sont vengés en bombardant ma maison à Tel Aviv. »

Concernant cette guerre, Cohen dit qu’elle a entraîné la destruction des capacités de défense aérienne iraniennes, « la preuve étant qu’elles n’ont pas ouvert le feu sur les avions israéliens attaquants, et la destruction de la majorité de l’uranium enrichi ainsi que des réacteurs spécialisés dans l’enrichissement, et une dissuasion a été atteinte. L’Iran n’est plus aujourd’hui impénétrable et sait qu’Israël et les États-Unis sont libérés de la peur de l’attaquer. » Mais il s’étonne pourquoi la décision de chasser le « régime des mollahs » n’a pas encore été prise à Tel Aviv ou à Washington. En une phrase, sans détails, il dit que la dernière guerre a raté l’opportunité de renverser le régime iranien.

Dans son livre, notamment au chapitre six, Yossi Cohen raconte comment il a recruté un agent libanais pour le Mossad, proche d’Imad Moughniyeh, qui était chef des opérations du « Hezbollah ». Il déclare qu’il a fixé son attention sur « une personne instruite parmi les anciens activistes au Liban », qui avait vingt ans de plus que lui. Pour les besoins de l’écriture, il lui attribue le pseudonyme « Abdullah ». Il était très proche du parti. Il a découvert que l’homme cherchait un avenir économique sûr qui garantirait son futur en Amérique latine.

Par précaution, il l’a rencontré la première fois sans arme, mais il a porté un pistolet lors de la deuxième rencontre, puis il lui a collé un observateur à distance pour suivre ses mouvements comme un chercheur qui observe un rat dans son laboratoire. Il s’est avéré que l’appartenance d’Abdullah au « Hezbollah » était doctrinale à travers la croyance religieuse et son engagement à protéger le Liban, « ce qui est l’essentiel ».

La période temporelle était au début des années 90. La couverture choisie par l’agent du Mossad Yossi Cohen pour lui-même était celle d’un homme d’affaires argentin à la recherche d’un partenaire pour lancer un projet commercial au Moyen-Orient. Après plusieurs rencontres, où Cohen avait senti que l’homme l’aimait et lui faisait confiance, il lui a proposé qu’ils soient partenaires.

Après plusieurs rencontres, il lui a fait une proposition concernant la nature du travail, en disant qu’une entreprise leur proposait d’effectuer une étude sur le « Hezbollah », contre un montant d’argent respectable. Au premier abord, Abdullah a catégoriquement refusé la mission et a coupé les communications avec Cohen pendant plusieurs jours. Mais il est revenu soudainement et a exprimé son accord. Ils ont ensemble visité Israël et se sont promenés à Tel Aviv, sans qu’Abdullah ne sache que son partenaire argentin était un agent du Mossad.

La mission majeure était de connaître le sort des deux soldats israéliens ; Rahmim Cheikh et Yossi Fink, qui étaient tombés aux mains du « Hezbollah » après avoir été piégés par le parti en 1986. Bernd Schmidbauer, conseiller de sécurité du chancelier allemand Helmut Kohl, servait d’intermédiaire entre Israël et le « Hezbollah » pour un échange concernant eux.

Le « Hezbollah » a refusé de dévoiler s’ils étaient morts ou vivants, demandant en échange un nombre important de prisonniers libanais et palestiniens. Abdullah a réussi à obtenir la véracité de l’information selon laquelle ils étaient décédés de leurs blessures. Cela a radicalement changé le « prix de l’échange ». À ce moment-là, Cohen a réalisé qu’Abdullah était une prise très précieuse ; il avait d’excellentes relations, des capacités élevées et était fidèle dans l’exécution de son rôle.

Cependant, le plus important est survenu dans les mois et les années suivantes ; Abdullah a pu rassembler des informations étonnantes sur Imad Moughniyeh, qui était recherché dans 42 pays du monde, et les États-Unis avaient offert une récompense de 25 millions de dollars pour qui fournirait des informations menant à son arrestation, en raison de sa responsabilité dans le meurtre de nombreux Américains au Liban. Israël était intéressé à l’éliminer.

Cohen ne parle pas beaucoup des détails de cette opération, qui a eu lieu en 2008 à Damas, où il a été tué par l’explosion de sa voiture. Mais l’ancien premier ministre, Ehud Olmert, a reconnu en 2024 que son gouvernement était responsable de l’opération, et qu’une cellule du Mossad avait élaboré le plan et l’avait exécuté en collaboration avec les services de renseignement américains.

*Source : SadaNews

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Niger: la trahison d’Issoufou, la dignité de Bazoum https://mondafrique.com/international/niger-la-trahison-dissoufou-la-dignite-de-bazoum/ https://mondafrique.com/international/niger-la-trahison-dissoufou-la-dignite-de-bazoum/#respond Sat, 22 Nov 2025 22:51:54 +0000 https://mondafrique.com/?p=143154 Le renversement du président  Mohamed Bazoum, le 26 juillet 2023, a ouvert une plaie plus profonde qu’un simple putsch militaire. Le coup de poignard contre celui qui fut un hommes d’État a été donné par son prédécesseur et son protecteur, Mahamadou Issoufou. Lequel a encouragé le chef de sa garde présidentielle à prendre le pouvoir […]

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Le renversement du président  Mohamed Bazoum, le 26 juillet 2023, a ouvert une plaie plus profonde qu’un simple putsch militaire. Le coup de poignard contre celui qui fut un hommes d’État a été donné par son prédécesseur et son protecteur, Mahamadou Issoufou. Lequel a encouragé le chef de sa garde présidentielle à prendre le pouvoir et à emprisonner Bazoum pour conserver, dans l’ombre, le contrôle sur les richesses du Niger et sur le fonctionnement du régime. Ce qui, hélas, est en train de se produire.                                
 
Voici une chronique de Mohamed AG Ahmedou, journaliste
 
L'ex Président issoufou et le patron de la junte, lamain dans la main
L’ex Président issoufou et le patron de la junte, lamain dans la main
 
https://mondafrique.com/confidentiels/rejoignez-la-nouvelle-chaine-whattsapp-de-mondafrique/
 
Pendant plus de trente ans, leurs noms avançaient comme une seule trajectoire. Mohamed Bazoum et Mahamadou Issoufou avaient bâti, pierre après pierre, un compagnonnage politique rare en Afrique de l’Ouest : même idéal démocratique, mêmes années de clandestinité, même combat dans un Niger où l’alternance a souvent vacillé.
 
L’accession de Bazoum à la présidence en 2021 devait être l’aboutissement d’une fidélité militante et d’un pacte fraternel.Mais au cœur du Sahel, l’amitié politique peut se fracturer sous le poids des ambitions
 
«Un coup de poignard, pas un coup d’État. Le Niger paie aujourd’hui le prix d’une trahison programmée» Ghaliou Alhassane, président du Collectif pour la Libération du Président Bazoum 
 
Le résultat, le voici: Abba Issoufou, fils de l’ancien président Mahamadou Issoufou, aurait été pressenti pour reprendre les rênes du pouvoir, ou à défaut le ministère de la Défense, marqué par une gestion opaque des milliards destinés à l’armée que le Présient Bazoum comptait combattre

La dignité murée de Bazoum

 
Pour beaucoup de Nigériens, le refus de Bazoum de démissionner reste l’acte fondateur de sa stature morale dans l’histoire contemporaine du pays : « Le président Bazoum a juré de servir le peuple, affirme un proche. Il a tenu. Il a préféré la prison à la trahison de ses valeurs. Dans l’Afrique politique de 2023, c’est un geste rarissime».  Une dignité murée, mais intacte. Une résistance silencieuse, mais puissante.
 
« Quand un homme trahit, il sera trahi », écrit Henri Sebgo, un des soutiens inconditionnels de Mohamed Bazoum, dans un édito publié sur les groupes WhatsApp.
 
Le militant et soutien du président Bazoum, Henri Sebgo, ajoute une lecture plus implacable encore. Selon lui, le système mis en place entre 2011 et 2021 est en train de s’autodétruire. « Aujourd’hui, même le putschiste du Niger, général Tiani, son propre allié, est en train d’abandonner Issoufou. Quand on trahit un camarade, on finit toujours par être trahi à son tour. C’est la logique implacable du pouvoir sans morale. » Le même dénonce aussi les mises en scène orchestrées par les militaires au pouvoir: « Les foules qu’ils montrent à l’international sont fabriquées : 90 % d’enfants d’écoles coraniques, d’orphelinats, de commerçants contraints de fermer boutique, d’enseignants forcés de quitter leurs classes pour applaudir. Ce n’est pas une adhésion. C’est une manipulation. »
 

Une démocratie sacrifiée 

 
Alhassane, formule sa critique avec lucidité : « En Afrique, quand des hommes politiques décident de trahir leurs camarades pour conserver le pouvoir, ils n’hésitent pas à pervertir la démocratie, à la bannir, à l’enterrer. Pourtant, ce sont ces mêmes hommes qui ont profité de la démocratie depuis la Conférence nationale des années 1990..»
 
La transition militaire qui a suivi l’arrestation de Bazoum n’a fait qu’accélérer ce renversement institutionnel. Pour beaucoup de citoyens, elle a démontré que le Niger reste un terrain où les ambitions personnelles peuvent écraser les avancées démocratiques. Dans un contexte déjà explosif, de nombreuses sources diplomatiques affirment que Mahamadou Issoufou serait envisagé comme futur envoyé spécial des Nations unies auprès des États de l’Alliance des États du Sahel (AES): Mali, Burkina Faso, Niger.
 
Une perspective qui indigne Ghaliou Alhassane : « Comment l’ONU peut-elle envisager de nommer un homme accusé par son propre peuple d’avoir trahi la démocratie ? L’AES, pour beaucoup de Sahéliens, n’est qu’un syndicat de putschistes autocratiques. Leur donner un parrain international est une erreur historique. ».
 
Ghaliou Alhassane conclut, presque solennel : « Dans l’obscurité du putsch, Bazoum est devenu lumière. Il a prouvé qu’il existe encore en Afrique des dirigeants qui peuvent perdre le pouvoir sans perdre leur honneur. Et c’est cela que l’histoire retiendra. »
 
 

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Ces cinq vélos offerts par une France si généreuse à la police gabonaise https://mondafrique.com/international/lincroyable-don-de-cinq-velos-de-la-france-a-la-police-gabonaise/ https://mondafrique.com/international/lincroyable-don-de-cinq-velos-de-la-france-a-la-police-gabonaise/#respond Thu, 20 Nov 2025 06:35:04 +0000 https://mondafrique.com/?p=142953 Il y a quelques jours, j’ai vu circuler sur les réseaux sociaux des photos de la remise à la police gabonaise de cinq vélos par l’ambassade française à Libreville

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 Il y a quelques jours, les réseaux sociaux ont montré des photos de la remise à la police gabonaise de cinq vélos par l’ambassade française à Libreville, au titre de la coopération entre les deux pays. Une blague? Pas vraiment! Jusqu’à ce jour, aucun démenti n’est venu de la part des autorités gabonaises ou françaises.

Venance Konan à Abidjan

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L’histoire est d’autant plus intéressante que le jour où cette information était donnée, la justice gabonaise venait de condamner à de lourdes peines les proches collaborateurs de Nourredine Bongo, le fils du président déchu du Gabon, qui avait pris le contrôle de l’Etat gabonais avec sa mère Sylvia, lorsque son père avait un accident de santé et avait été éloigné du pouvoir pendant un long temps. On avait trouvé aux domiciles de ces hommes que l’on avait surnommés la « Young Team », ainsi que sur leurs comptes bancaires, des sommes faramineuses qui se chiffraient en milliards de francs CFA. Et l’on avait découvert les dizaines de biens immobiliers de très grandes valeurs que la familles Bongo possède en Europe, notamment en France et en Grande Bretagne.

Le pétrole gabonais pompé

Le Gabon, ne l’oublions pas, est un petit pays peuplé de moins de trois millions d’habitants, gorgé de pétrole, couvert de forêts denses, et disposant de manganèse, d’uranium et d’autres minerais. C’est un pays qui aurait dû être au moins au même niveau de développement que les émirats arabes. Mais il est de notoriété publique que pendant de très longues années, le pétrole gabonais avait été pompé par des entreprises françaises sans que les Gabonais n’aient le droit de vérifier la quantité réelle qui était extraite. On avait pris le soin de placer à la tête du pays des hommes dont le développement de leur pays était le cadet des soucis. Il y eut notamment le père Bongo, plus soucieux d’alimenter les caisses des partis politiques français pour se maintenir au pouvoir à tout prix que du bien-être de ses concitoyens, puis son fils Ali, encore moins soucieux du développement de son pays que son père.

Alors, lorsque je regarde la France offrir des vélos au Gabon, cela me fait penser à ma banque qui m’offre un petit calendrier à la fin de l’année. Tout l’argent qui a été volé à l’Etat gabonais par la famille Bongo peut permettre d’offrir des milliers de voitures à la police gabonaise. Ali Bongo lui seul possédait des dizaines de voitures de grand luxe. Robert Bourgi, grand connaisseur de ce pays qui l’avait largement nourri, a plusieurs fois raconté dans des interviews et des livres toutes les turpitudes de la famille Bongo.

 Pourquoi donc la France offre-telle des vélos aux Gabonais ? Par reflexe auto-conditionné. La France est l’ancienne puissance coloniale du Gabon. Et en tant que telle, elle pense qu’elle a toujours le devoir d’aider le Gabon. Même avec n’importe quoi. C’est son fardeau qu’elle doit porter. Le fardeau de l’homme blanc.

Des latrines pour le Bénin

Il y a quelques années, ce sont des latrines qu’elle avait offertes au Bénin, en Afrique de l’ouest. Aujourd’hui elles sont en ruine et abandonnées. Il n’y avait personne pour les entretenir ou peut-être même les utiliser. Mais on n’arrêtera pas d’aider pour autant. Aider qui ? L’Afrique bon sang ! Qui d’autre a toujours besoin d’aide ? Alors, on a cinq vélos dont on ne sait trop quoi en faire ? « Envoyez ça au…au Gabon. » « C’est où le Gabon ? » « Regarde la carte. C’est en Afrique centrale. Il y a longtemps qu’on n’a pas aidé ce pays. »

Pourquoi les Gabonais acceptent-ils les vélos de la France ? Par reflexe auto-conditionné aussi. Ils sont un pays africain et en tant que tel, ils se doivent de recevoir de l’aide des pays riches. Précisément de la France. Même s’ils n’en ont pas besoin. Nous sommes dans la problématique de l’aide, qui ressemble à la fin à la relation du toxicomane et du dealer. On nous avait convaincus au sortir de la colonisation que sans l’aide des pays développés, nous ne sommes absolument rien. Alors, dans notre esprit, nous devons à tout moment être aidés. Et nous en sommes là, à attendre chaque jour de l’aide. Comme le toxicomane qui a toujours besoin de sa drogue. Et le dealer est là pour la lui fournir, à tout moment. Il faut qu’il lui en fournisse toujours, même par toutes petites doses, pourvu que son client n’arrive pas à s’en passer. Que deviendrait le dealer si son toxicomane se désintoxiquait ? Que deviendrait l’ancienne puissante coloniale si le Gabon refusait de prendre ses vélos ? Si le Gabon disait par exemple : « nous allons prendre le contrôle total de l’exploitation de notre pétrole pour offrir nous-mêmes à notre police des vélos, des motos, des voitures ? » Apparemment tout est mis en œuvre pour qu’une telle éventualité n’arrive jamais.

Cela dit, je me demande toujours comment les autres pays producteurs de pétrole, ceux du Golfe par exemple, ont réussi à utiliser les revenus de leur pétrole pour bâtir ce que l’on voit là, et pas nous. Ils n’avaient pas une grande population ? C’est le cas du Gabon ou du Congo. Quelqu’un a-t-il obligé Bongo, Sassou et leurs descendances à être aussi kleptomanes et aussi peu soucieux du développement de leurs pays ? Les Arabes investissent beaucoup en Europe et aux Etats Unis, ils gaspillent beaucoup aussi, mais ils ont transformé leurs pays. Quel est donc notre problème ?

Dans un de mes livre publié en 2018, j’avais écrit en titre que « si le Noir n’est pas capable de se tenir debout, laissez-le tomber. Mais tout ce que je vous demande, c’est de ne pas l’empêcher de se tenir debout. » Et bien, si le Gabon n’est pas capable d’offrir des véhicules appropriés à sa police, qu’il ne débrouille tout seul ! Pourquoi la France devrait-elle en faire son problème à elle ?

 

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Bamako tient encore, la guerre civile s’installe au Mali https://mondafrique.com/international/bamako-tient-encore-la-guerre-civile-sinstalle-au-mali/ https://mondafrique.com/international/bamako-tient-encore-la-guerre-civile-sinstalle-au-mali/#respond Tue, 18 Nov 2025 17:41:44 +0000 https://mondafrique.com/?p=142935 L’hypothèse d’une prise de Bamako imminente par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda) n'est sans doute pas réaliste.

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Tandis que le Mali se relève lentement de la pénurie des produits pétroliers en provenance de la Côte d’Ivoire, le blocus se poursuit toujours sur les convois d’approvisionnement à partir du Sénégal. L’hypothèse d’une prise de Bamako imminente par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda) n’est sans doute pas réaliste. Ce qui démontre la légèreté de l’emballement médiatique à propos d’un pays très largement ignoré par les grands medias europées tout comme le désastre humanitaire au Soudan ou la guerre au Congo..

Le temps long de la guerre civile s’impose. D’autant qu’aucun des deux acteurs majeurs de la belligérance, respectivement le pouvoir central et la rébellion islamiste, ne dispose de la faculté de renverser l’équilibre de la dissuasion. La somalisation du pays se précise, tout comme l’enlisement des supplétifs de l’Africa corps, soudain devenus moins visibles. Les dernières images témoignent de leur retour, le 15 novembre, à la mine d’or d’Inkhata, au milieu des unités des Forces armées maliennes (Fama). Le site avait été préalablement déguerpi de centaines d’orpailleurs artisanaux, à cause de soupçons de connivence avec les jihadistes et la rébellion du Front de libération de l’Azawad (Fla). D’ailleurs, en ces lieux, la présence russe est familière. Elle date de février 2024, selon un reportage de Radio France internationale (Rfi).

Plus loin, vers le sud, le Gsim revendiquait, le 15 novembre, plusieurs actions contre les Fama, au moyen d’engins explosifs improvisés (iee), en travers des routes qu’empruntent les patrouilles des Fama. Les axes Loulouni–Sikasso et Hérémanoko–Sikasso sont les plus touchés. L’une des attaques, copieusement filmée, a visé, à Loulouni, une position de la milice pro-gouvernementale des chasseurs Donzos. Les combattants jihadistes paradaient au centre de la bourgade, avant de s’en retirer, fidèles une tactique d’occupation brève d’une emprise, le temps de réaliser quelques vidéos de propagande. La veille, 14 novembre, les insurgés menaient un bombardement au lance-roquette, sur trois positions à Kidal, des Fama et de leurs alliés russes. Le même jour, les troupes loyalistes annonçaient avoir frappé trois pick-up « terroristes » au sud-est de la ville, sans publier d’illustration, à l’inverse du Gsim.

La diplomatie de crise

En marge de la recrudescence des affrontements, la diplomatie de crise reprend ses droits. Peu après la réouverture administrative complète de l’ambassade des États-Unis à Bamako, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, exprimait, le 14 novembre, sa « profonde préoccupation » face à la hausse des attaques jihadistes au sein de l’espace de l’Alliance des Etats du Sahel (Aes). Elle accuse, des acteurs extérieurs, d’animer une « campagne d’information coordonnée depuis l’extérieur », aux fins de déstabiliser le Mali, le Burkina Faso et le Niger, parce que les trois ont « choisi une ligne indépendante en matière de politique étrangère ».

Le communiqué ne manque d’ironie involontaire quand il use d’un argument spécieux : « Les activités subversives de ce type, motivées exclusivement par des objectifs géopolitiques et économiques conjoncturels, touchent avant tout les populations civiles. Enfin, comble de contradiction avec les visées souverainistes de ses protégés, Moscou appelle, la communauté internationale, à soutenir les efforts des gouvernements sahéliens contre la menace du terrorisme et en faveur du développement… 

 

Point de répit, nulle part

Sur le flanc Est de l’Aes, le Niger subit un sabotage du pipeline de pétrole, près du gisement d’Agadem, région désertique de Diffa. L’opération revient au Mouvement patriotique pour la liberté et la justice (Mplj), une sédition Touboue, qui proclame sa loyauté au Président détenu, Mohamed Bazoum. L’acte avait été précédé d’un ultimatum aux sociétés exploitantes, en date du 12 octobre 2025 (https://t.me/veillesah/349). Les auteurs continuent à réclamer la fin du régime militaire et la restauration de la démocratie.

 

Dans le septentrion du Burkina Faso, localité de Douma, province du Mouhoun, région de Bankui, le Gsim se félicite, le 16 novembre, du « contrôle total », d’un camp des Volontaires pour la défense de la patrie (Vdp), une entité connexe aux Forces armées burkinabè (Fab).  En revanche, à Tiegou, province de Séno, région du Liptako, l’Etat islamique au Sahel (Eis) accroît sa pression au détriment du Gsim, tandis que les deux, séparément, ne cessent de harceler l’ennemi commun. Le 14 novembre, l’Eis publie le bilan de son incursion, soit la mort de 36 éléments d’Alqaïda, ici qualifiée de milice et la capture d’un important butin de vecteurs balistiques et de lots de munitions.

 

Références

Carte Aes : https://t.me/veillesah/601

 

Mali

1 reportage Rfi Inkhata, février 2024 : https://youtu.be/2oOw_3QBW-Y?si=jfZZsC3AjP0UO8Ff

6 tracts du Gsim : https://t.me/veillesah/603

2 photos lancer de roquettes Gsim, Kidal : https://t.me/veillesah/610

1 communiqué Fama : https://t.me/veillesah/611

1 compte X de l’Ambassade des Etats unis d’Amérique à Bamako : https://t.me/veillesah/612

1 commentaire de la porte-parole de la diplomatie russe, canal Telegram de l’Ambassade au Niger et Mali :  https://t.me/veillesah/613

 

Niger

1 tract du Mplj : https://t.me/veillesah/614

 

Burkina Faso

1 tract du Gsim : https://t.me/veillesah/615

1 tract de l’Eis : https://t.me/veillesah/616

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Le retour incertain de la Syrie dans le concert des nations https://mondafrique.com/moyen-orient/le-retour-incertain-de-la-syrie-dans-le-concert-des-nations/ https://mondafrique.com/moyen-orient/le-retour-incertain-de-la-syrie-dans-le-concert-des-nations/#respond Tue, 18 Nov 2025 08:56:44 +0000 https://mondafrique.com/?p=142923 La Syrie, portée par la réhabilitation de son nouveau président Ahmad el-Chareh, s’affiche à Washington dans une volte-face aussi spectaculaire que fragile. Cette mutation géopolitique interroge : quels lendemains pour la région, et jusqu’où ira le retour de l’ingérence syrienne au Liban ? On aurait pu croire le destin syrien condamné à l’enfermement, marqué à jamais par […]

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La Syrie, portée par la réhabilitation de son nouveau président Ahmad el-Chareh, s’affiche à Washington dans une volte-face aussi spectaculaire que fragile. Cette mutation géopolitique interroge : quels lendemains pour la région, et jusqu’où ira le retour de l’ingérence syrienne au Liban ?

On aurait pu croire le destin syrien condamné à l’enfermement, marqué à jamais par la dictature, la guerre et la relégation dans les marges du monde civilisé. Pourtant, en ce mois de novembre, un frisson inattendu parcourt la scène internationale. Ahmad el-Chareh, figure controversée, mais désormais centrale, foule le tapis discret de la Maison-Blanche. Pas de protocole solennel, nul drapeau, à peine quelques flashs : la scène est feutrée, presque clandestine, à l’image du cheminement sinueux d’un pays qui cherche sa place, entre le chaos d’hier et l’énigme de demain.

Il y a dans cette visite, loin du faste réservé aux chefs d’État, une gravité et une ambiguïté qui disent tout du nouveau visage syrien : celui d’un régime en quête de respectabilité, mais lesté d’un passé encombrant et d’alliances réversibles. L’histoire retiendra peut-être que c’est sans tambours ni trompettes qu’Ahmad el-Chareh, naguère sur la liste noire américaine, s’est vu offrir une consécration tacite. Le chef d’un État brisé par la guerre, jadis incarnation même de la dissidence radicale, devenu l’interlocuteur du moment pour un Donald Trump plus pragmatique que jamais, soucieux de solder le dossier syrien sans autre considération que l’efficacité contre l’ennemi djihadiste.

Le divorce consommé avec l’État islamique

La scène pourrait prêter à l’ironie si elle n’était pas si tragiquement révélatrice des flux et reflux de la realpolitik. Il y a un an à peine, le nom d’Ahmad el-Chareh – plus connu sous l’alias d’Abou Mohammad al-Jolani – était synonyme de radicalité, de lutte armée, d’insoumission aux dogmes de l’ordre occidental. Reconverti, « réhabilité », il s’érige aujourd’hui en rempart contre l’hydre djihadiste qu’il a lui-même contribué à façonner, puis à combattre.

 

L’ironie de l’histoire, c’est qu’en traçant sa propre rupture avec l’État islamique (EI), el-Chareh n’a fait que prolonger la trajectoire tourmentée de la Syrie, où chaque allégeance est toujours provisoire, chaque ennemi d’hier un partenaire possible. La recomposition s’est jouée dans la clandestinité, puis dans la lumière crue de la guerre civile : Jabhat al-Nosra, matrice syrienne d’al-Qaïda, a vu son étoile pâlir, laminée par la surenchère de violence de l’EI. Dès lors, il a fallu choisir – la fidélité à la cause globale, ou le pragmatisme local.

La création de Hayat Tahrir al-Cham (HTC), regroupement de factions longtemps rivales, marque la volonté de « syrianiser » la lutte : en finir avec le salafisme globalisé pour embrasser la realpolitik locale. Jolani, devenu el-Chareh, change de peau et de discours. Il liquidera sans états d’âme les affidés de Daech, promettra aux Occidentaux la stabilité, négociera à voix basse avec les Turcs, puis, ultime volte-face, entamera ce dialogue avec Washington qui, naguère, aurait semblé impensable.

Une réhabilitation orchestrée, mais précaire

Le symbole est d’autant plus fort que l’effacement de l’ancien paria n’a rien d’un acte isolé. En quelques semaines, la Syrie se débarrasse de ses attributs d’État-voyou : sortie de la liste noire américaine, levée des sanctions de l’ONU à l’initiative de Washington, et promesse de coopération dans la lutte anti-djihadiste. Le ballet diplomatique, méthodique, s’orchestre dans le silence des cabinets, loin des tribunes, mais avec une efficacité implacable.

Ce nouveau chapitre s’ouvre dans un climat de prudence extrême. À Washington, le ministre syrien des Affaires étrangères assure que cette visite « illustre le réchauffement des relations » avec l’Amérique. Mais tout est pesé, codifié. Ahmad el-Chareh n’est pas accueilli à la porte principale, les journalistes sont tenus à l’écart, le communiqué final expédié dans la pénombre. Ce n’est pas un triomphe, c’est un sursis. Une mise à l’épreuve.

Le président Trump, dans un style qui lui est propre, salue le « très bon travail » du chef syrien, se félicite de cette conversion tactique : « C’est un gars dur », dit-il, « je me suis très bien entendu avec lui ». La phrase résonne comme une épitaphe à la cohérence : le Moyen-Orient n’est plus le terrain de la morale, mais celui de la géométrie variable, de l’alliance du moment, du marchandage diplomatique. Les sources consultées par Reuters et The Washington Institute abondent dans ce sens : la coopération Syrie–États-Unis, naguère inconcevable, se fait désormais sur le dos des vieux dogmes. Le souci n’est plus l’origine des acteurs, mais leur capacité à juguler la menace immédiate.

Les métamorphoses de la loyauté

Ce qui se joue ici, c’est la capacité d’un régime à réinventer ses fidélités, à vendre la paix qu’il n’a su ni imposer ni conserver. En Syrie, tout est affaire de survie, de glissements successifs. Il n’y a plus de place pour les certitudes ; seul compte le maintien du pouvoir, fût-ce au prix de toutes les conversions idéologiques. Ahmad el-Chareh, qui a traversé la guerre sous toutes ses bannières, en est la figure parfaite – tour à tour djihadiste, chef de guerre, puis partenaire de l’Occident.

En se désolidarisant de l’EI, en neutralisant les cellules radicales sur son territoire (61 raids, 71 arrestations selon al-Ikhbariya), en fermant les bureaux du Hamas et du Jihad islamique, en acceptant l’aide humanitaire onusienne, le nouveau président façonne la figure de l’homme de la transition. Un Janus aux deux visages, rassurant pour les chancelleries, mais porteur d’un passé qui ne s’efface pas d’un trait.

La recomposition n’est pas sans zones d’ombre. Si l’on en croit Navar Şaban, chercheur au Harmoon Center, « il est clair qu’Ahmad el-Chareh n’incarne plus la ligne dure jihadiste qu’il avait adoptée dans ses jeunes années ». Mais la rupture est-elle réelle, ou s’agit-il d’un habillage ? Le doute persiste, entretenu par la plasticité même des alliances et la volatilité des engagements dans cette région où la mémoire courte n’est jamais un défaut diplomatique.

Du côté américain, la logique est toute d’opportunisme. L’administration Trump, fatiguée des équations insolubles du Proche-Orient, cherche à solder la page syrienne en s’assurant que le nouveau régime ne servira plus de base arrière au djihad global. Les gages fournis par Damas sont suffisants, pour l’instant, pour entériner le rapprochement. Les entretiens ont lieu loin des caméras, les sanctions sont levées avec parcimonie, et l’exigence principale demeure : que la Syrie tienne la promesse de sécurité sur son territoire.

 

On se rassure à Washington : « La rencontre est aussi le vrai nouveau chapitre dans la politique régionale de la Syrie », observe Tim Lise, analyste au New York Times Institute for National Security. Mais nul n’ignore que les lignes restent mouvantes. En Orient, la paix est toujours conditionnelle, jamais définitive.

La tentation du retour au Liban

À mesure que la Syrie se réinsère dans le jeu international, un autre front s’ouvre à l’ombre du Levant : celui du Liban, éternel miroir des ambitions syriennes. Ici, la mémoire est moins courte. L’histoire des années d’occupation, des manipulations politiques, des alliances changeantes, hante encore les rues de Beyrouth et les couloirs du pouvoir.

Les rumeurs d’un retour de l’ingérence syrienne n’ont jamais vraiment cessé. Depuis la normalisation progressive de Damas, elles s’intensifient. Plusieurs diplomates occidentaux s’en inquiètent. Selon un diplomate cité par L’Orient-Le Jour, le nouveau régime syrien pourrait reprendre en main certaines affaires internes libanaises : sécurité, contrôle des armes, orientation des grandes décisions de guerre et de paix.

Le Liban, exténué par la crise, affaibli par les divisions, ne semble plus en mesure de s’opposer efficacement à une telle mainmise. Les gouvernements occidentaux, eux, oscillent entre la lassitude stratégique et l’attente d’un réveil local. La France, en particulier, s’accroche à l’idée d’une souveraineté libanaise qui, pour l’heure, semble plus théorique que réelle.

On le voit : l’attention du monde, longtemps braquée sur la tragédie syrienne, se détourne peu à peu. Ni Trump ni Macron n’en attendent plus de bénéfices politiques immédiats. Suivre le Liban, c’est aujourd’hui se confronter à une routine épuisante, faite de paroles sans lendemain, de réformes différées, de promesses toujours recommencées.

La dynamique nouvelle qui s’esquisse pourrait bien voir la Syrie revenir, sinon par la force, du moins par la pression diplomatique, économique et sécuritaire. L’histoire n’est pas avare d’ironie : le régime d’Ahmad el-Chareh, qui se rêve en pivot du nouvel ordre régional, retrouve dans le Liban la tentation d’une influence jamais vraiment éteinte. Un « deal » se prépare peut-être, à l’ombre de la Maison-Blanche : retour de la stabilité contre résignation à une ingérence syrienne revisitée.

Au bout de cette traversée, il reste un sentiment d’étrange fatalité. La Syrie change de masque, mais l’essence du pouvoir demeure. La réhabilitation d’Ahmad el-Chareh signe l’adaptation d’un régime à la loi mouvante du plus fort, l’amnistie offerte à condition de renoncer à l’utopie révolutionnaire. La paix, comme toujours, n’est qu’un sursis. Et sur les rives du Liban, l’histoire continue de se chercher entre l’ombre portée de Damas et le rêve obstiné d’indépendance.

 

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La Russie de Poutine en embuscade à Madagascar https://mondafrique.com/international/la-russie-de-poutine-en-embuscade-a-madagascar/ https://mondafrique.com/international/la-russie-de-poutine-en-embuscade-a-madagascar/#respond Sun, 16 Nov 2025 23:54:01 +0000 https://mondafrique.com/?p=142771 La récente visite à Moscou du Président de l’Assemblée nationale malgache, Siteny Randrianasoloniaiko, a suscité un grand questionnement dans certains milieux occidentaux

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Le jeudi 16 octobre, une délégation de l’ambassade de la Fédération de Russie conduite par Andrey Andreev s’est entretenue avec le colonel et les membres du Conseil national de défense de la transition (CNDT), comme le montre la photo ci dessus. Autre signe de cette bonne entente manifeste entre les deux pays, la récente visite à Moscou du Président de l’Assemblée nationale malgache, Siteny Randrianasoloniaiko, dont on connait les liens avec la Russie, a suscité un grand questionnement dans certains milieux occidentaux, qui voient en cette démarche un début de repositionnement de Madagascar vers la Russie.

Daniel Sainte-Roche (correspondance)

Le Président de l’Assemblée nationale, M. Siteny Randrianasoloniaiko, a conduit une délégation parlementaire malgache en mission officielle en Russie du 5 au 10 novembre 2025.
Le Président de l’Assemblée nationale, M. Siteny Randrianasoloniaiko, a conduit une délégation parlementaire malgache en mission officielle en Russie du 5 au 10 novembre 2025.

Ce périple moscovite a été mis à profit par Siteny pour rencontrer de nombreuses personnalités : la vice-présidente de la chambre basse du Parlement russe, le vice-ministre de l’Énergie, des hommes d’affaires et des dirigeants de l’agence russe de diplomatie culturelle. Au menu de leurs discussions : le projet de renforcement de la coopération dans différents secteurs, tels l’électricité et les infrastructures énergétiques, l’extraction des ressources minérales et la pêche. Une mission économique russe se rendra à Madagascar au premier trimestre 2026 afin d’étudier les projets commerciaux éligibles.  L’ouverture prochaine à Antananarivo d’une « Maison russe » a été par ailleurs décidée. Ce centre aura pour vocation de renforcer la coopération culturelle et éducative entre les deux pays. Il a été aussi envisagé la possibilité d’augmenter les quotas de bourses d’études destinées aux étudiants malgaches, ainsi que le développement de la coopération entre les médias russes et malgaches.

Richard Ravalomanana avec Valentina Matvienko, Présidente du Conseil de Fédération de Russie.

Le président de l’assemblée nationale malgache veut présenter ce voyage moscovite comme la simple continuation d’une   coopération cinquantenaire entre les deux pays. Mais au regard du contexte géopolitique qui prévaut après la guerre en Ukraine, des suspicions ne manquent de s’insinuer. Si Madagascar ne semble pas être un partenaire prioritaire pour l’expansion de la Russie en Afrique, la Grande Ile n’a pas échappé en effet dans le récent passé aux manœuvres classiques que le Kremlin pratique dans sa politique africaine, à savoir la cooptation des élites, la désinformation, l’ingérence dans les élections, et les contrats d’échange de services contre des ressources minières

Gaelle Borgia, une journaliste remarquée

 

Madagascar est le premier pays d’Afrique pour lequel l’ingérence électorale russe a pu être documentée puis prouvée, grâce à une enquête de la journaliste franco-malgache Gaelle Borgia. Ainsi a-t-on appris que lors de l’élection présidentielle de 2018, entre six et neuf politiciens sur les trente-six candidats à la présidentielle ont bénéficié de l’aide de ressortissants russes qui se présentaient comme des stratèges électoraux. Des candidats ont avoué avoir reçu de la part de ces derniers des contributions financières, dont un ancien premier ministre qui a déclaré avoir bénéficié d’un budget électoral de « un peu moins de 2.000.000 de dollars ».  Ces candidats ont aussi obtenu un gros budget pour imprimer un journal gratuit diffusé en dehors de la capitale. Une consigne avait été alors imposée : « Si un des candidats se retrouvait au second tour, les perdants soutenus par les Russes devraient soutenir ce candidat vainqueur ».

Les relations bilatérales officielles de la Russie avec Madagascar ont toujours été excellentes. Entre 2020 et 2025, des préparatifs pour la signature de quatre accords bilatéraux dans le domaine de la santé et de l’accès à l’eau potable ont été engagés, ainsi que la mise en place d’unecommission mixte. En 2025, un accord gouvernemental déjà signé prévoyait la fourniture de rails pour la réhabilitation des lignes ferroviaires malgaches, ainsi que la livraison de camions-bennes et d’autres équipements destinés à l’assainissement de la ville d’Antananarivo. Un second accord signé préconise la livraison de minibus, de camions pour les services d’incendie, ainsi que d’autres véhicules spécialisés. Par ailleurs, un accord commercial a été établi pour l’exportation vers la Russie de certains produits, notamment le cacao. Ces nouveaux accords viennent s’ajouter à des projets déjà concrétisés, comme l’arrivée de véhicules transformés en laboratoires mobiles.

La Russie investit peu en Afrique

L’ancien judoka, réputé proche de Moscou, a rencontré la vice-présidente de la Douma – la chambre basse du Parlement russe – mais aussi le vice-ministre de l’Énergie et des hommes d’affaires.
L’ancien judoka, réputé proche de Moscou, a rencontré la vice-présidente de la Douma – la chambre basse du Parlement russe – mais aussi le vice-ministre de l’Énergie et des hommes d’affaires.

Le projet concocté par Siteny Randrianasoloniaiko, le président de l’Assemblée Nationale réputé proche de Moscou,  ne changera donc pas significativement l’envergure de la coopération russo-malgache. La Russie n’apparait d’ailleurs pas sur les données du commerce international de Madagascar qui énoncent qu’en 2023, les principaux clients de Madagascar sont la France (14,5 %), les États-Unis (12,6 %), le Japon (8,2 %), la Corée du Sud (8,2 %) et la Chine (8,1 %), tandis que les importations proviennent principalement de la Chine (17 %), d’Oman (13,5 %), de la France (11,2 %), de l’Inde (8,7 %), de l’Afrique du Sud (5,5 %) et des Émirats arabes unis (5 %).

Il faut ainsi se rendre à l’évidence : la Russie investit peu en Afrique, et ne contribue que pour moins de 1 % aux investissements directs étrangers destinés à la région. En 2023, le commerce du pays de Poutine avec le continent n’est que de 14 milliards de dollars, ce qui est insignifiant en comparaison avec la valeur du commerce africain avec l’UE, la Chine et les États-Unis (respectivement de 295 milliards, 254 milliards et 65 milliards de dollars). Madagascar ne se situe pas non plus dans la liste d’intervention prioritaire de la coopération russe dont plus de 70 % de l’ensemble du commerce se concentre dans quatre pays: l’Égypte, l’Algérie, le Maroc et l’Afrique du Sud.

De surcroit, les domaines proposés par la partie malgache (l’électricité et les infrastructures énergétiques, l’extraction des ressources minérales et la pêche) ne figurent pas parmi les négoces de prédilection de la Russie, qui exporte principalement des céréales, des armes, des matières extractives et de l’énergie nucléaire. Le régime de l’ancien Président Andry Rajoelina a été renversé suite aux manifestations contre la coupure d’eau et d’électricité. Pour autant, la coopération avec les russes dans ce domaine précis ne sera pas d’un grand secours dans la mesure. Le problème de l’énergie àMadagascar provient en grande partie de l’incapacité de la Société d’eau et d’électricité à payer les fournisseurs pétroliers.

Gazprom en embuscade

 

Gazprom flag against a sky. Gazprom is oil and gas company. Krasnodar region, Russia – August 22, 2020.

Plus qu’un transfert technologique, il s’agit donc d’un besoin en liquidités.   Des rumeurs font prévaloir que l’entrée en lice de la Russie par le truchement du géant Gazprom dans le domaine de l’énergie à Madagascar solutionnerait à court terme le problème.  Mais après la guerre en Ukraine, les sanctions américaines visant Gazprombank, le bras financier du groupe, et les sanctions à l’encontre de sa filiale pétrolière Gazprom Neft ont entraîné  des pertes énormes, limitant considérablement ainsi sa capacite d’action.

Par ailleurs, la réussite de la pénétration de la Russie à Madagascar par le biais d’accords économiques n’est pas gagnée d’avance étant donnée la mauvaise image des entreprises russes dans le passé, empreintes de magouilles et de mauvaises pratiques. A cet égard, les péripéties malheureuses vécues par l’entreprise malgache d’exploitation de chrome (KRAOMA S.A.) marquent encore négativement les esprits.  

Dans le cadre du plan de redressement de cette entreprise d’Etat, une société « conjointe » (Joint-venture) dénommée « Kraoma Mining » a été créée en 2018 avec Kraoma S.A. et une société russe Ferrum Mining SARL. Seulement 20% des actions sont détenues par l’Etat malgache, les 80% des actions ayant été conférées à la Kraoma Mining qui devaient en contrepartie investir 16 millions de dollars.  Mais les Russes de Ferrum Mingsont n’ont officiellement remis que 198 000 dollars pour régler le salaire et des employés au mois d’août, septembre et octobre 2018 et ont pris la décision unilatérale d’arrêter complètement l’exploitation à partir de décembre 2019 en emportant avec eux toute leur production. En 2023, l’on apprend sur le marché international la vente de Ferrum Mining, qui détient un permis d’exploitation de chrome d’une valeur de plus de 120 millions de dollars. Les acquéreurs n’ont pas été identifiés.

Bien que le pouvoir de transition ait besoin de solutions urgentes pour mener à terme son projet de refondation, il ne peut se permettre de confier son sort a un partenaire qui est aujourd’hui de plus en plus déconnecté du système financier international. Et par expérience, les Malgaches se méfient des financements obtenus en dehors du circuit des bailleurs de fonds traditionnels, à la suite des magouilles occasionnées par le recours à des financements dits « parallèles » en 1994 (Affaire Flamco) et en 2010 (affaire WISCO).

La coopération militaire russe marginale

Un autre moyen utilisé par la Russie pour étendre son influence consiste en la fourniture d’armes. La réactivation de la coopération militaire, suspendue depuis la fin de la deuxième République malgache en 1991 a pu être engagée le 28 septembre 2018, avec la signature d’un protocole d’accord qui porte sur “le renforcement de capacité dans le domaine sécuritaire, de maintien de l’ordre et de la paix”, sur “la lutte contre le terrorisme et la piraterie maritime” et “l’approvisionnement en pièces de matériel militaire”. L’accord prévu pour une durée de cinq ans est renouvelable automatiquement.

Ce protocole a été agrée par un texte signé le 18 janvier 2022 portant sur la fourniture d’équipements militaires, la formation d’officiers malgaches, et le transfert d’expertise. Il faut rappeler que toutes les armes en possession de Madagascar ont été acquises dans les années 1980 sous l’ère soviétique ; l’artillerie, les armes légères, les blindés, nécessitent urgemment de pièces de rechange. A noter aussi que La Russie est le premier vendeur d’armes en Afrique ou il fournit 14 pays.

Mais a vue d’œil, cette coopération militaire avec la Grande ile est un commerce qui restemarginal. L’Algérie, l’Égypte et l’Angola représentent 94 % de la valeur des ventes d’armes russes en Afrique. L’action est donc destinée principalement à maintenir une présence symbolique dans le domaine militaire à Madagascar, en attendant des jours meilleurs.

La France, des beaux restes

Le tristement célèbre général Marcel Bigeard a été l’un des derniers Français à diriger la base militaire de Diego Suarez dans les années 70.
Le tristement célèbre général Marcel Bigeard a été l’un des derniers Français à diriger la base militaire de Diego Suarez dans les années 70.

On envisage mal la Russie supplanter la France qui est le principal partenaire de défense de Madagascar en Afrique australe et dans l’océan Indien. La France dispose d’une belle assise, avec une mission de coopération de Défense composée d’un Détachement d’appui à la coopération de sécurité et de défense (DACSD) positionné à l’Ambassade de France et d’officiers et sous-officiers des 3 Armées mis à disposition au sein de l’Armée malgache. La présence permanente d’assistants militaires techniques (AMT) français au sein de l’armée malgache constitue une des manifestations de la dépendance dont il serait malaisé pour Madagascar de se départir.

Par ailleurs, les accords de coopération avec la France sont renforcés par les manœuvres militaires menées conjointement entre les deux armées soit à Madagascar soit dans les espaces français de l’Océan Indien. Les exercices militaires dans ce cadre se font de manière constante : par exemple les opérations Saphir en 2003, Sakay en 2017 et Tampoketsa en 2019. Cette année, l’exercice militaire intitulé Tulipe 25 a mis en œuvre les forces armées des 5 pays de la Commission de l’Océan Indien, avec pas moins de 1500 militaires dont une majorité de Malgaches (700) et de Français (350).

Le terrain largement dominé par la France laisse une marge de manœuvre restreinte a tout outsider mais des récents signes montrent une menace d’effritement de cette position dominante. Le soutien apporté par Nicolas Sarkozy au coup d’Etat de 2009 et à Andry Rajoelina a suscité un sentiment anti-français au sein d’une fraction importante de la population malgache et parmi les hommes en treillis. Ce sentiment a été accentué lors de la récente crise avec l’opposition d‘une partie de l’armée a l’oppression meurtrière menée par la Gendarmerie nationale contre les manifestants de la Gen Z. Choyée par l’ancien régime, et bénéficiant largement de l’encadrement français, la Gendarmerie nationale est perçue comme un bras armé déguisé de la France au sein des forces de sécurité malgache. Ceci a occasionné quelques frictions que des esprits mal intentionnés pourraient instrumentaliser.

La Russie face à la Chine et l’Inde

L’intérêt géopolitique de la zone Océan indien pèse sur la scène internationale, avec ses 76,2 millions de kilomètres carré et une quarantaine d’États. De par sa position, Madagascar occupe une place centrale dans les stratégies énergétiques et sécuritaires au sein de ce vaste ensemble.  Ce qui ne manquera pas d’aiguiser l’appétit d’une Russie nostalgique de la magnificence de l’ancien empire soviétique. Même si depuis l’invasion de l’Ukraine, la liberté de manœuvre de la marine russe n’a cessé de se dégrader, il n’est pas à exclure qu’elle pourrait élargir son partenariat par une coopération navale appuyée par l’implantation d’entreprises russes sur les côtes de Madagascar. Le projet de coopération en matière de développement de la pêche artisanale et hauturière préconisé lors du voyage de Siteny a Moscou pourrait servir de tête de pont à cette entreprise.  

Pour l’heure, la Russie prend avantage de son appartenance à l’organisation BRICS (regroupant principalement le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud) pour essayer de jouer un rôle dans la région. Ainsi, les marines russes et chinoises ont entrepris des manœuvres navales conjointes dans le sud-ouest de l’Océan Indien avec l’Afrique du Sud. Mais il faut dire que la Russie est surpassée par ces partenaires du BRICS dans la coopération maritime avec Madagascar. Afin de raffermir ses liens de coopération avec la grande île, en 2017, la Chine a offert à Madagascar deux patrouilleurs neufs pour renforcer la flotte de la marine nationale et contribuer ainsi à la lutte contre les trafics et à la sécurité des navires commerciaux. De son côté, l’Inde continue de raffermir les liens diplomatiques et militaires avec la Grande ile, avec notamment l’envoi de quatre navires de guerre en octobre 2019 à la base navale de Diégo-Suarez, le don de 600 tonnes de riz en mars 2020 livré par un navire de guerre pour venir en aide aux victimes des inondations.

Considérée sous ces différents aspects, la percée de la Russie dans la région du Sud-ouest de l’océan indien restera tributaire de l’existence d’un régime politique qui lui est favorable àMadagascar. Et la Russie s’y emploie effectivement.

Un terreau pro russe

L’approche privilégiée par les Russes pour augmenter son influence en Afrique, y inclus Madagascar, repose généralement sur les partenariats établis avec des personnalités politiques, des dirigeants sportifs et autres activistes, ainsi que des opérateurs économiques en quête d’opportunités. Madagascar constitue aujourd’hui un terrain de prédilection pour les basses manœuvres, avec l’entrée en lice d’acteurs politiques vulnérables issus de la récente crise politique : un nouveau Président de l’Assemblée Nationale politiquement douteux quant à ses bailleurs de fonds et ses fréquentations internationales, des militaires novices ou pas trop expérimentés en termes de vision de  développement et de relations internationales, donc très fragiles si les moyens en leur possession ne leur permettront pas d’avancer dans leurs objectifsde refondation de Madagascar. Tout ce beau monde sera tenté de chercher le plus court chemin qui les mènera vers ceux qui pourront offrir l’illusion d’un appui. Et en la matière, la Russie est prête  atout pour supplanter l’influence occidentale.

En l’état actuel, le dispositif russe repose en grande partie sur Siteny Randrianasoloniaiko dont le background ne laisse subsister aucun doute. Ayant pu tirer profit de ses accointances dans le monde du Judo, Siteny a utilisé les réseaux Marius Vizer pour approcher Vladimir Poutine.Intime du maitre du kremlin, Marius Vizer est un ancien judoka roumain reconverti dans les affaires. En contrepartie de ses bons offices, Siteny a assisté le fils du roumain dans l’implantation à Madagascar de deux entreprises opérant dans le secteur minier.

Siteny Randrianasoloniaiko est très actif dans la défense des intérêts russes comme il l’a démontré au sein de la fédération internationale de Judo dont il est devenu l’un des vice-présidents. A la suite de l’invasion russe de l’Ukraine, il a en effet défendu la participation des athlètes russes aux compétitions internationales sous leur propre drapeau et non sous bannière neutre.

L’actuel président de l’assemblée nationale malgache espère récolter les dividendes de sa fidélitéa Poutine dans le soutien de la Russie aux prochaines élections présidentielles qui se tiendront à Madagascar en 2028. Mais il reste encore du chemin à faire car les dernières élections généralesont mis en évidence la déficience des candidats Pro-Siteny qui n’ont pu couvrir que 30% de districts lors des élections législatives et moins de 20% de Communes lors des élections municipales.

C’est dans l’espoir d’une conquête de l’électorat que Siteny a choisi des projets bien ciblés lors de son voyage à Moscou. Augmentation des bourses extérieures pour courtiser les jeunes largement majoritaires au sein de la population malgache, développement de la pèche artisanale et dessalage de l’eau de mer pour séduire les habitants des zones littorales, et la fourniture d’énergie qui a été le tendon d’Achille de l’ancien gouvernement.

Rien n’est pour l’heure gagné, mais il ne faut pas oublier qu’avec le régime révolutionnaire socialiste installé à Madagascar de 1975 à 1991, la Russie possède un acquis encore exploitable. Les modèles russe, nord-coréen, chinois qui étaient les modèles en vogue à l’époque ont contribué au maintien d’un terreau de sympathisants qui se retrouvent parmi les jeunes, lesofficiers et sous-officiers militaires, les professeurs d’Université de certains départements d’Histoire et de Sociologie, des politiciens légataires des anciens partis révolutionnaires, les élites formées dans les pays de l’ancien bloc de l’Est, les partisans du BRICS actuel … La présidence de l’Association des Amis de la Russie est ainsi un General de corps d’armée, ancien ministre de la défense malgache. L’existence de ces sympathisants résiduels explique en partie la position de Madagascar sur la guerre en Ukraine, où la Grande Île s’est abstenue par deux fois de soutenir la coalition occidentale aux Nations unies.

Le risque de basculement de quelques élites populaires n’est pas à écarter, et ce d’autant plus que le modèle AES se propage très vite dans l’imaginaire collectif comme étant le succédané a la descente en enfer actuel. La Russie reste à l’affut, pour exploiter toutes les failles. Il en est ainsi, par exemple, du soutien diplomatique de Moscou pour la restitution par la France des iles malgaches du Canal de Mozambique, désignées par le terme générique « les iles éparses ».

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Tunisie, Jaouhar Ben Mbarek entame une grève de la faim https://mondafrique.com/international/tunisie-jaouhar-ben-mbarek-condamne-a-18-ans-de-prison/ https://mondafrique.com/international/tunisie-jaouhar-ben-mbarek-condamne-a-18-ans-de-prison/#respond Sun, 16 Nov 2025 15:01:33 +0000 https://mondafrique.com/?p=142752 En grève totale de la faim, de l’eau et des médicaments depuis le 29 octobre 2025, le défenseur des droits humains Jaouhar Ben Mbarek, entend dénoncer sa condamnation à 18 ans de prison

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En grève totale de la faim, de l’eau et des médicaments depuis le 29 octobre 2025, le défenseur des droits humains Jaouhar Ben Mbarek, entend dénoncer sa condamnation à 18 ans de prison, marquée par l’absence des conditions minimales d’un jugement équitable et l’acharnement judiciaire dans l’affaire dite du « complot contre la sûreté de l’État ».

L’état de santé de Jaouhar Ben Mbarek s’est gravement détérioré, mettant sa vie en péril. La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), dans le cadre de l’Observatoire pour la protection des défenseur·es des droits humains, condamnent fermement la détention arbitraire et le harcèlement judiciaire à son encontre, et appellent les autorités tunisiennes à le libérer immédiatement et inconditionnellement.

Paris-Genève, 12 novembre 2025 – M. Jaouhar Ben Mbarek, président du mouvement Doustourna, organisation membre de la FIDH en Tunisie, a entamé, le 29 octobre 2025, une grève totale de la faim, de l’eau et des médicaments, en réponse à sa lourde condamnation et détention arbitraires dans l’affaire du « complot contre la sûreté de l’État ». Son état de santé est aujourd’hui dramatique, et les autorités tunisiennes font preuve d’une indifférence totale face au risque imminent de décès.

Arrêté le 24 février 2023, le dossier ayant conduit à sa condamnation repose sur des bases fragiles voire inexistantes : aucune preuve matérielle, des chefs d’accusation vagues et politisés — « atteinte à la sûreté de l’État », « complot contre l’autorité de l’État », « appartenance à une entente criminelle » — et un recours quasi exclusif à un témoin anonyme dont la crédibilité n’a jamais été établie. La procédure à son encontre a été profondément viciée : audiences à huis clos, exclusion des journalistes et observateurs diplomatiques, comparution imposée à distance, absence d’interrogatoire de plusieurs accusé·es, et maintien en détention préventive prolongée.

Lors des audiences du 4 mars puis du 11 avril 2025, les familles ont été bloquées devant les portes du tribunal, les avocats délibérément retardés, les journalistes exclu·es. Le verdict rendu le 19 avril 2025, condamnant M. Jaouhar Ben Mbarek à 18 ans de prison, est venu consacrer un procès dépourvu des garanties les plus élémentaires d’un jugement équitable.

Ce 12 novembre 2025 après-midi, l’avocate Dalila Ben Mbarek Msaddek, sœur de Jaouhar Ben Mbarek, a livré un témoignage vidéo dénonçant les violences que son frère a subies au sein de la prison de Belli. M. Jaouhar Ben Mbarek a été conduit, dans une pièce à l’écart des caméras, où il a été violemment agressé par plusieurs détenus sur ordre de surveillants. Les traces de cette agression ont été constatées le 12 novembre au matin par son avocate Hanane Khemiri, qui lui a rendu visite et a immédiatement déposé une plainte pour actes de torture. Jaouhar Ben Mbarek a présenté de multiples ecchymoses et souffre de douleurs intenses lui permettant à peine de tenir debout.

L’Observatoire constate que le maintien en détention de M. Jaouhar Ben Mbarek illustre la dégradation alarmante de l’État de droit et de l’espace de la société civile en Tunisie, ainsi que l’instrumentalisation croissante du système judiciaire à des fins politiques. Il s’inscrit dans un climat de répression généralisée, marqué par des poursuites judiciaires contre des militant·es et défenseur·es des droits, des suspensions arbitraires des activités d’organisations de défense des droits humains, des campagnes de dénigrement orchestrées dans les médias, et des pressions croissantes sur les syndicats et les journalistes.

L’Observatoire appelle les autorités tunisiennes à garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de M. Jaouhar Ben Mbarek, notamment en lui donnant un accès immédiat à des soins médicaux spécialisés afin de préserver sa vie, à libérer immédiatement et inconditionnellement M. Jaouhar Ben Mbarek et l’ensemble des défenseur·es des droits humains arbitrairement détenu·es, ainsi qu’à mettre fin l’instrumentalisation de la justice pour opprimer toute voix dissidente dans le pays. L’Observatoire appelle également à enquêter sur les allégations de torture à l’encontre de M. Jaouhar Ben Mbarek et à traduire en justice les responsables de ces violations. 

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Paris au rythme de l’afro-urban clubbing (15 novembre) https://mondafrique.com/international/paris-au-rythme-de-lafro-urban-clubbing-15-novembre/ https://mondafrique.com/international/paris-au-rythme-de-lafro-urban-clubbing-15-novembre/#respond Sat, 15 Nov 2025 07:42:10 +0000 https://mondafrique.com/?p=142703 Le 15 novembre 2025, le Movida Club Paris accueille l’Afro Groove Night. Cette soirée clubbing, dédiée à la musique afro-urbaine sous toutes ses formes, promet une expérience festive et métissée, animée par les meilleurs DJs de la scène parisienne.   Samedi 15 novembre 2025, Paris vibrera au son de l’Afro Groove Night, rendez-vous incontournable des amateurs de musiques […]

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Le 15 novembre 2025, le Movida Club Paris accueille l’Afro Groove Night. Cette soirée clubbing, dédiée à la musique afro-urbaine sous toutes ses formes, promet une expérience festive et métissée, animée par les meilleurs DJs de la scène parisienne.

 

Samedi 15 novembre 2025, Paris vibrera au son de l’Afro Groove Night, rendez-vous incontournable des amateurs de musiques urbaines et afro-caraïbéennes. Organisée au Movida Club Paris, dans le 19e arrondissement, cette soirée s’annonce comme l’une des plus festives et métissées de l’automne. De 23h30 jusqu’à l’aube, la piste accueillera danseurs chevronnés, amoureux de la culture afro et clubbers avides de nouvelles tendances.

L’Afro Groove Night ne se contente pas d’un seul style : la soirée mise sur la diversité des sons et la mixité des publics. Au programme, une sélection pointue de genres afro-urbains : Afrobeat nigérian, Amapiano sud-africain, Dancehall jamaïcain, Shatta antillais, Hip Hop et Rap français. Dans les trois salles du Movida Club, des DJ sets enchaîneront classiques et nouveautés, créant une atmosphère électrisante où chacun trouvera son ambiance idéale.

Ce parti-pris musical séduit depuis des années une communauté fidèle, curieuse et cosmopolite. L’Afro Groove Night est ainsi devenue un lieu d’expression et de rencontre pour la jeunesse afro-parisienne mais aussi pour tous ceux qui aiment vibrer aux sons des diasporas africaines et caribéennes.

Ambiance festive et mixité sur la piste

Le Movida Club est réputé pour ses grandes soirées thématiques et son sens de la fête. Pour l’Afro Groove Night, l’équipe promet une scénographie immersive, un dancefloor en fusion et des espaces VIP accessibles sur réservation. L’ambiance est résolument festive, marquée par la convivialité et l’éclectisme : ici, pas de dress code strict mais une volonté d’exprimer sa personnalité, ses racines ou son goût du style.

La soirée attire une audience majoritairement adulte (plus de 18 ans), avec des profils variés, étudiants, jeunes actifs, artistes ou amateurs de clubbing. C’est aussi l’occasion pour les artistes et DJs d’expérimenter de nouveaux mixes et de tisser des liens avec un public ouvert à la découverte.

Installé dans le 19e arrondissement, le Movida Club Paris s’est imposé comme l’une des adresses phares pour les musiques afro, latines et urbaines. Sa capacité d’accueil, la qualité de sa programmation et la diversité de ses espaces en font un spot recherché pour les grands rassemblements nocturnes. La réputation du lieu garantit une sécurité et un accueil professionnels, avec la possibilité de réserver des tables pour groupes ou événements spéciaux. L’équipe recommande de réserver à l’avance, les Afro Groove Night affichant régulièrement complet.

L’Afro Groove Night se distingue aussi par ses tarifs : les entrées sont souvent gratuites avant minuit ou proposées à un prix modique (10 à 15 euros), permettant au plus grand nombre de participer. La réservation peut se faire via les plateformes Shotgun ou Dice, ou directement à l’entrée du club, sous réserve de places disponibles.

Informations pratiques

Date et horaire : Samedi 15 novembre 2025, de 23h30 à 6h00
Lieu : Movida Club Paris, Paris 19e arrondissement
Genres musicaux : Afrobeat, Shatta, Amapiano, Dancehall, Hip Hop, Rap français
Tarifs : gratuit ou 10–15 € (selon l’horaire et l’offre), réservation recommandée via Shotgun ou Dice
Infos & réservations VIP : +33 6 68 81 35 34
Plus d’infos : Instagram Movida Club Paris

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Un dossier Frères Musulmans (2), une influence mondiale https://mondafrique.com/international/un-dossier-freres-musulmans-2-une-influence-mondiale/ https://mondafrique.com/international/un-dossier-freres-musulmans-2-une-influence-mondiale/#respond Fri, 14 Nov 2025 18:39:09 +0000 https://mondafrique.com/?p=142698 Né en Égypte, le mouvement des Frères musulmans est rapidement devenu un acteur transnational majeur. Exil, réseaux sociaux et adaptabilité idéologique ont permis à cette organisation de diffuser son influence à travers le monde arabo-musulman. Un dossier de notre site partenaire « Ici Beyrouth » Fondé en 1928 à Ismaïlia par Hassan el-Banna, le mouvement des Frères […]

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Né en Égypte, le mouvement des Frères musulmans est rapidement devenu un acteur transnational majeur. Exil, réseaux sociaux et adaptabilité idéologique ont permis à cette organisation de diffuser son influence à travers le monde arabo-musulman.

Un dossier de notre site partenaire « Ici Beyrouth »

Fondé en 1928 à Ismaïlia par Hassan el-Banna, le mouvement des Frères musulmans dépasse rapidement le cadre national pour devenir un acteur transnational majeur du monde arabo-musulman. Son influence repose sur des réseaux militants structurés, une doctrine adaptable et une capacité à s’implanter dans des contextes politiques et culturels variés.

En effet, dès leur création, les Frères musulmans se définissent comme un mouvement à vocation globale. El-Banna entend restaurer l’islam comme principe organisateur de la société et de la politique, non seulement en Égypte, mais dans l’ensemble de la Oumma.

«L’Égypte est le laboratoire des Frères musulmans, mais leur horizon est panislamique, capable de s’opposer au colonialisme, au sécularisme occidental et à la fragmentation du monde musulman», souligne l’historien Pierre Vermeren, enseignant à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Le projet combine réforme morale individuelle et visée politique. Il repose sur l’éducation, la formation d’une élite pieuse et engagée, et l’ancrage social à travers écoles, associations caritatives et syndicats.

La popularité rapide du mouvement dans les années 1930-40, notamment dans les villes du Canal, Alexandrie et Le Caire, s’explique par la crise sociale et économique qui touche l’Égypte, le décollage démographique et la frustration des nouvelles classes moyennes face aux élites traditionnelles et aux minorités étrangères.

«Les Anglais, avec le traité anglo-égyptien de 1936, mettent du sel sur les plaies nationalistes, tandis que la grande révolte arabe de Palestine fournit un carburant inespéré aux Frères pour mobiliser et recruter des disciples», rappelle le chercheur.

L’exil comme moteur d’internationalisation

La répression en Égypte à partir des années 1950 sous Nasser constitue un tournant décisif pour le mouvement. Après la tentative d’assassinat contre Nasser en 1954, des milliers de cadres sont emprisonnés et torturés.

«La torture et l’emprisonnement de milliers de Frères créent des martyrs, mais surtout des réseaux dispersés, capables de répandre l’idéologie dans tout le Moyen-Orient», explique M. Vermeren.

L’exil devient ainsi un catalyseur de diffusion transnationale. Les militants rejoignent l’Arabie saoudite, le Golfe, le Maghreb, la Jordanie ou le Liban. Ils intègrent administrations, universités et appareils d’État, contribuant à y ancrer la doctrine frériste. L’Université de Médine devient un centre clé, accueillant des étudiants venus d’Afrique et d’Asie, qui repartent avec les idées des Frères pour les diffuser dans leur pays.

«Le Caire décharge ses cadres dans le Golfe et en Afrique du Nord, où ils participent à la construction des États et de leurs administrations», précise l’historien. «Entre 1955 et 1990, leur idéologie fusionne avec le salafisme saoudien et imprègne les sociétés et administrations arabes.»

Un réseau transnational structuré

À partir des années 1970, le mouvement s’institutionnalise localement, tout en restant relié à une vision transnationale. En Jordanie, il devient un acteur politique légal, avec un parti et des députés; en Syrie, l’opposition frontale au régime de Hafez el-Assad culmine avec le massacre de Hama en 1982; en Palestine, le Hamas, créé en 1987, perpétue l’héritage frériste, mêlant lutte armée et islamisme politique.

En Tunisie, Ennahda s’inspire directement des Frères, mais adapte son discours aux spécificités locales. Au Soudan, les Frères participent à la prise de pouvoir en 1989 aux côtés d’Omar el-Béchir.

 

«Le fréro-salafisme est une doctrine plastique et adaptable, pourvu que les adeptes reconnaissent les fondamentaux et l’objectif du califat», explique le chercheur. «Les Frères ont su faire preuve de souplesse pour avancer leurs pions et leur cause.»

Cette capacité d’adaptation est visible dans les alliances pragmatiques et les compromis tactiques: au Maroc, ils reconnaissent la commanderie du roi; en Turquie, ils souscrivent au projet national-califal d’Erdogan; en France et en Occident, ils adoptent un discours en apparence compatible avec la laïcité pour s’insérer dans le tissu associatif.

«Ils s’autoproclament porte-parole des musulmans parce qu’ils sont les mieux organisés, et ils font régner la peur avec les salafistes dans des communautés pourtant très diverses», observe M. Vermeren.

Les événements régionaux, facteurs de diffusion et d’enracinement

Outre ces éléments, les crises successives ayant frappé la région ont aussi contribué à diffuser et à enraciner le mouvement à l’international. En effet, la mobilisation autour d’événements comme la guerre de 1948 et la création d’Israël, ainsi que les crises économiques et politiques post-Seconde Guerre mondiale, constituent un terreau fertile pour la confrérie.

«La violence politique en Égypte, la guerre de 1948, la création d’Israël et la fin annoncée des empires coloniaux participent à la diffusion des idées des Frères auprès des musulmans sunnites du Moyen-Orient», rappelle l’historien.

Le mouvement réussit à combiner action sociale, politique et religieuse. Il propose une stratégie d’ancrage: écoles, hôpitaux, syndicats et associations caritatives permettent de gagner la confiance des populations avant de viser le pouvoir.

«Le modèle frériste a beaucoup de plomb dans l’aile dans le monde musulman», analyse M. Vermeren, sauf en Occident, ajoute-t-il, «où il prospère parmi les minorités islamiques et influence certains partis et associations».

Un modèle malléable mais unifié par ses fondamentaux

Malgré les adaptations locales, le mouvement conserve une cohérence doctrinale: formation d’une élite pieuse et engagée, diffusion du fréro-salafisme et objectif ultime du califat. Les divergences entre branches locales restent principalement tactiques, sans remettre en cause les principes fondamentaux. Comme le souligne Pierre Vermeren, «leurs principaux ennemis restent le nationalisme et l’État-nation, perçus comme un héritage colonial et européen qui divise la Oumma».

Le succès de l’internationalisation repose sur la combinaison de discipline organisationnelle, de réseaux sociaux, d’exil stratégique et de souplesse idéologique permettant ainsi aux Frères musulmans d’occuper un espace politique et social dans de nombreux pays tout en s’adaptant aux réalités locales. Selon Vermeren, «le mouvement est né d’un contexte d’oppression et de désorientation politique, mais sa capacité à s’adapter et à se propager a transformé les Frères musulmans en acteur central du monde arabo-musulman contemporain».

De l’Égypte coloniale des années 1930 aux sociétés arabes contemporaines et aux diasporas en Europe et en Amérique du Nord, les Frères musulmans ont ainsi su transformer une crise nationale en projet transnational. Exil, réseaux sociaux, alliances tactiques et adaptabilité idéologique expliquent leur longévité et leur influence persistante.

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Un dossier sur les Frères Musulmans (1), Hassan el-Banna le fondateur https://mondafrique.com/international/un-dossier-sur-les-freres-musulmans-1-hassan-el-banna-le-fondateur/ https://mondafrique.com/international/un-dossier-sur-les-freres-musulmans-1-hassan-el-banna-le-fondateur/#respond Thu, 13 Nov 2025 19:06:22 +0000 https://mondafrique.com/?p=142593 Pierre Vermeren résume le projet d’el-Banna comme «une confrérie islamique, un parti politique de type léniniste et une association révolutionnaire.»

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Dans une Égypte colonisée, déchirée entre modernité et tradition, un jeune instituteur conçoit un projet qui va bouleverser le monde musulman. En 1928, Hassan el-Banna fonde les Frères musulmans, à la fois mouvement spirituel, social et politique. Près d’un siècle plus tard, son héritage continue d’irriguer les débats sur l’islam et le pouvoir. 

 Ismaïlia, 1928.

Dans cette ville du canal de Suez sous contrôle britannique, Hassan el-Banna, fils d’un imam et jeune enseignant de 22 ans, réunit six ouvriers autour d’un serment: restaurer la grandeur de l’islam. L’organisation issue de celui-ci allait profondément marquer le Moyen-Orient au XXe siècle: les Frères musulmans (al-Ikhwān al-Muslimūn).

À une époque de bouleversements politiques, sociaux et culturels majeurs, cette initiative ne surgit pas de nulle part. Au contraire: elle constitue une réponse idéologique et spirituelle à une crise identitaire majeure, traversée par le monde arabo-musulman au début du XXe siècle.

En effet, le contexte de fondation du mouvement est fondamental pour en comprendre la portée. L’Égypte, alors sous domination britannique, devient le théâtre de dynamiques parfois opposées. Colonialisme, réformisme, nationalisme et aspirations religieuses se mêlent dans une société en quête de sens. 

La chute du califat ottoman en 1924, sous l’impulsion de Mustafa Kemal Atatürk, laisse un vide symbolique immense dans le monde musulman. Pour beaucoup, cette disparition incarne alors la fin de l’unité islamique et la perte d’un repère politique et spirituel majeur.

«C’est un homme ébranlé qui crée l’organisation des Frères musulmans», analyse Pierre Vermeren, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. 

«Il subit plusieurs influences déterminantes: la salafiyya (mouvement de réforme de l’islam initié par les oulémas du Caire libérés de la tutelle califale orthodoxe par la présence coloniale), le léninisme qui prône les partis de combat, et le contexte colonial britannique omniprésent sur le canal de Suez.»

De l’enseignement à la politisation

Né dans la localité de Mahmoudiyya, à l’ouest du delta du Nil, El-Banna grandit dans une famille pieuse. Son père, imam et érudit en hadith se réclamant de l’école hanbalite – prônant une lecture littéraliste des textes – l’initie tôt aux sciences religieuses.

Il s’intéresse dès son adolescence aux mouvements réformistes islamiques et rejoint plusieurs associations morales. Il poursuit ses études à l’École normale du Caire, où il est influencé par des penseurs comme l’intellectuel syrien Rashid Rida. En 1927, diplômé et devenu instituteur, il est affecté à Ismaïlia, ville sous contrôle britannique et au cœur du dispositif du canal de Suez.

Il y observe alors une société profondément marquée par l’injustice sociale, la domination étrangère et une élite locale fascinée par l’Occident. À ses yeux, cette situation reflète une crise plus profonde: la désislamisation progressive de la société égyptienne, où les valeurs religieuses sont délaissées, notamment par la jeunesse.

Revivifier l’islam

Face à ce qu’il considère comme une double aliénation, coloniale et morale, El-Banna estime que seule une revivification de l’islam peut redonner sens et autonomie à la nation. L’objectif affiché est alors simple, mais ambitieux: replacer le religieux comme principe organisateur de la société.

Pour Pierre Vermeren, «El-Banna valide les thèses de la salafiyya: Dieu a puni les musulmans pour s’être écartés de Ses enseignements.» Pour le jeune homme, «l’islam n’est plus la matrice du politique, du social, du savoir, de la morale». Son objectif est donc de «remettre Dieu au centre de la société», observe le chercheur.

Dès lors, la réforme morale des individus devient la condition du renouveau politique. «La reconstitution d’un califat est centrale dans son programme, mais elle viendra à terme, après la réforme des individus, des familles et de la société», poursuit M. Vermeren.

El-Banna considérait que l’islam n’était pas qu’une religion au sens strict, mais une voie complète englobant la spiritualité, la politique, l’économie et la justice sociale. Il rejetait la séparation entre la religion et l’État, perçue comme une importation occidentale contraire à la tradition islamique.

Les objectifs initiaux du mouvement des Frères musulmans étaient donc essentiellement éducatifs, moraux et sociaux. Il s’agissait de former une élite musulmane pieuse et active, capable de réislamiser la société par le bas, à travers l’éducation, l’exemplarité et le travail communautaire. «Les Frères musulmans ne sont pas un parti au sens moderne du terme, analyse M. Vermeren. C’est une tariqa moderne, une confrérie réformée, qui se veut à la fois spirituelle, politique et sociale. El-Banna ne fonde pas une secte, mais une école de vie.»k

 

Un appareil idéologique et militant

Mais très vite, c’est surtout la portée politique du projet qui s’affirme. Les Frères dénoncent la corruption des élites locales, le colonialisme européen et l’imitation aveugle de l’Occident. Ils prônent au contraire un retour aux sources de l’islam, dans un cadre modernisé mais fidèle aux textes fondateurs.

Pierre Vermeren résume le projet d’el-Banna comme «une confrérie islamique, un parti politique de type léniniste et une association révolutionnaire.» Le fondateur, explique-t-il, «radicalise la salafiyya en lui donnant une tonalité politique et opérationnelle.»

Le message d’El-Banna séduit largement. Le mouvement s’étend rapidement à travers l’Égypte, en s’appuyant sur un réseau de mosquées, d’écoles, d’associations caritatives et même d’entreprises. 

La structure pyramidale et disciplinée du groupe renforce son efficacité, tout en suscitant la méfiance du pouvoir en place. «C’est un mouvement de masse, mais structuré comme une avant-garde», souligne Vermeren. «Les Frères musulmans empruntent à la fois à l’organisation jésuite, au parti bolchevique et à la confrérie soufie.»

Un mouvement de masse discipliné

Le mouvement attire les classes moyennes pieuses, les fonctionnaires, les enseignants et les jeunes diplômés frustrés par le système politique verrouillé. «El-Banna incarne la revanche des couches populaires et religieuses sur les élites occidentalisées du Caire», poursuit Vermeren. «C’est une révolution culturelle avant d’être une révolution politique.»

Si le discours du fondateur reste modéré, insistant sur la réforme progressive plutôt que sur la violence, la logique d’avant-garde militante et l’existence d’une structure clandestine préparent les tensions futures. En effet, au fil des années, la confrérie gagne en influence et, en 1941, elle compte déjà des centaines de milliers d’adhérents.

Vers la confrontation

Mais sa croissance inquiète le pouvoir et les Britanniques. La création d’une branche armée dans les années 1940 marque un tournant.

«La logique d’avant-garde et de pureté morale débouche fatalement sur la tentation de la violence, estime Vermeren. Quand on prétend détenir la vérité divine, on a tendance à vouloir l’imposer.»

Ainsi, la naissance des Frères musulmans marque une réinvention de l’islam politique dans un monde en pleine transformation. Hassan el-Banna jette les bases d’une idéologie qui inspire, encore aujourd’hui, une partie des courants islamistes, en conjuguant foi, activisme et quête de justice. 

En 1949, il est assassiné au Caire, probablement sur ordre du pouvoir égyptien, dans un climat de répression croissante. Mais sa mort ne met pas fin au mouvement. Au contraire, elle en fait un mythe fondateur, celui d’un martyr d’un islam renaissant. 

Un héritage qui perdure, porté par cette idée qu’«une organisation d’élite peut conduire l’islam et les musulmans dans le nouveau contexte bouleversé du monde», analyse M. Vermeren, avant de conclure que «c’est ce message, plus que son programme, qui explique la longévité des Frères musulmans».

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