- Mondafrique https://mondafrique.com/international/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Fri, 30 May 2025 15:40:50 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.1 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/international/ 32 32 Trump et Netanyahu divisés sur le nucléaire iranien https://mondafrique.com/international/trump-et-netanyahu-divises-sur-le-nucleaire-iranien/ https://mondafrique.com/international/trump-et-netanyahu-divises-sur-le-nucleaire-iranien/#respond Fri, 30 May 2025 15:40:48 +0000 https://mondafrique.com/?p=134849   La relation se tend entre Donald Trump et Benjamin Netanyahu à propos de l’Iran. Après que la cinquième session de pourparlers entre Iran et Etats-Unis s’est récemment conclue à Rome, sans résultats probants, le chef de l’exécutif américain et le premier ministre israélien ont eu des échanges téléphonique « tendus » au sujet du nucléaire iranien, rapporte le New York […]

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La relation se tend entre Donald Trump et Benjamin Netanyahu à propos de l’Iran. Après que la cinquième session de pourparlers entre Iran et Etats-Unis s’est récemment conclue à Rome, sans résultats probants, le chef de l’exécutif américain et le premier ministre israélien ont eu des échanges téléphonique « tendus » au sujet du nucléaire iranien, rapporte le New York Times.
 
« Alors que l’administration Trump s’efforce de négocier un accord sur le nucléaire avec l’Iran, le premier ministre Benjamin Netanyahu a menacé de compromettre ces pourparlers en bombardant les principales facilités nucléaires iraniennes », rapporte le New York Times. Une menace qui, selon des sources « bien informées » du grand quotidien new yorkais, a fait l’objet d’échanges téléphoniques « tendus » entre les deux dirigeants au lendemain de la tournée proche orientale de Trump, voyage au cours duquel le président américain avait snobé son « allié » israélien…
La question en suspens, source de désaccords entre Trump et Netanyahu, est celle, cruciale, de permettre ou non au régime des mollahs de continuer à enrichir de l’uranium. Ce qui était présenté, jusqu’à présent, par Washington comme une « ligne rouge » dans les négociations irano-américaines pourrait en effet évoluer, suscitant l’inquiétude des Israéliens  : Trump a déclaré début mai qu’il n’avait « pas encore décidé » s’il accepterait que Téhéran puisse continuer à enrichir de l’uranium. Une telle option permettrait aux Iraniens, à terme, d’utiliser un tel processus à des fins d’assemblage d’une bombe atomique. 
Pour Israël, une telle option n’est même pas envisageable et l’option militaire reste d’actualité. Trump n’est pas d’accord et l’a fait savoir, mercredi, lors d’une séance de question réponse avec la presse : « Je lui ai dit [à Netanyahu] que [bombarder l’Iran] serait inapproprié car nous sommes très proches d’une solution [ avec Téhéran].
En réalité les spécialistes de la question estiment que l’on est encore très loin du compte, car l’épineuse question de l’enrichissement – une autre ligne rouge, mais pour l’Iran cette fois, qui refuse d’y renoncer- risque de faire traîner les choses. Washington et Téhéran pourraient s’en tenir une déclaration de principes sur les quels les deux parties s’accordent avant d’annoncer que se poursuivront plus tard des pourparlers…
Le Wall street Journal vient par ailleurs de publier un article citant l’ancien directeur du Conseil national de défense israélien, Avner Golov, dont l’analyse résume les appréhensions israéliennes :  » Nous craignons que Trump veuille à tout prix un accord et que l’Iran cherche à gagner du temps, ce qui déboucherait sur un accord n’adhérant pas au principe du zéro enrichissement ».
Même si certains, en Israël, poussent Netanyahu à bombarder les sites nucléaires iraniens sans l’aval de Washington, l’expert israélien Raz Zimmt, chercheur à l ‘Institut des études de sécurité nationale de Tel Aviv estime, toujours dans le « WSJ » que « Israël ne va pas choisir l’option militaire sans l’accord des Américains. Du coup, [les Israéliens] sont inquiets pour une double raison : l’accord [entre Américains et Iraniens] ne sera pas ce qu’ils souhaitent et, ensuite, nous aurons manqué l’occasion , [en ne bombardant pas],  de résoudre la question du nucléaire iranien »…
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Une histoire paralysée entre Paris et Alger, des peuples oubliés https://mondafrique.com/international/une-histoire-paralysee-entre-paris-et-alger-des-peuples-oublies/ https://mondafrique.com/international/une-histoire-paralysee-entre-paris-et-alger-des-peuples-oublies/#respond Wed, 28 May 2025 06:32:16 +0000 https://mondafrique.com/?p=134451 Depuis 1962, la relation entre la France et l’Algérie oscille entre attirance stratégique, rancune historique et calculs politiques. Aujourd’hui encore, cette relation reste piégée. Piégée par le passé, certes, mais surtout par un pacte silencieux entre les élites  au pouvoir des deux pays, qui se comprennent sans se dire. Un pacte des loups. Et dans […]

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Depuis 1962, la relation entre la France et l’Algérie oscille entre attirance stratégique, rancune historique et calculs politiques. Aujourd’hui encore, cette relation reste piégée. Piégée par le passé, certes, mais surtout par un pacte silencieux entre les élites  au pouvoir des deux pays, qui se comprennent sans se dire. Un pacte des loups. Et dans ce huis clos diplomatique, les seuls perdants sont les sociétés civiles et les deux peuples. Une mémoire instrumentalisée

Lyazid Benhami

Soixante-deux ans après la fin de la guerre d’indépendance, la colonisation française (1830-1962) continue de hanter les discours politiques. La France a longtemps refusé de reconnaître ses responsabilités. Ce n’est qu’en 2021 que le rapport de l’historien Benjamin Stora proposait une série de gestes de réconciliation. Mais aucune reconnaissance officielle des crimes coloniaux, comme les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata en mai 1945 (estimés à plus de 20 000 morts par des historiens algériens), n’a encore été actée.

Alger continue d’exploiter la mémoire de la guerre pour asseoir sa légitimité. « Le pouvoir algérien s’est construit sur un récit héroïque, figé, où la France est l’ennemi perpétuel. Cette mémoire est devenue un outil politique permanent », expliquent certains  politologues .

Une coopération réelle derrière les tensions

Pourtant, derrière les crispations diplomatiques, la coopération est bien réelle. La France est le deuxième fournisseur de l’Algérie, avec 7,3 milliards d’euros d’échanges commerciaux en 2023. L’Algérie reste un partenaire stratégique dans la lutte contre le terrorisme au Sahel et un fournisseur clé de gaz naturel, surtout depuis la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine.

La gestion migratoire est un autre levier. En 2021, Paris a réduit de moitié le nombre de visas pour les ressortissants algériens, provoquant une crise diplomatique. Mais la mesure a été partiellement assouplie depuis. Les deux États coopèrent, malgré les discours musclés.

La société civile, grande sacrifiée

Ce jeu d’ambiguïtés a un prix. En Algérie, le mouvement du Hirak, né en 2019, a rassemblé des millions de citoyens dans les rues pour réclamer un changement de système. Le pouvoir a réagi par la répression, les arrestations, la fermeture des espaces d’expression. Plus de 300 détenus d’opinion sont encore incarcérés selon la Ligue algérienne des droits de l’Homme.

En France, les citoyens d’origine algérienne – plus de 4 millions de personnes selon l’Insee, toutes générations confondues – restent pris en étau. Ils sont souvent les premiers visés par les débats identitaires sur l’islam, l’immigration ou l’« insécurité culturelle », amplifiés à l’approche de chaque échéance électorale.

Une sortie possible, mais bloquée

« Le lien humain entre les deux pays est plus vivant que jamais, mais le politique ne suit pas », résume Fouad Laroui, écrivain et observateur du Maghreb. En effet, des passerelles existent : initiatives culturelles, échanges universitaires, coopérations locales. Mais elles sont marginalisées, invisibles, voire méprisées par les pouvoirs en place.

En France, la montée de l’extrême droite – en passe de devenir majoritaire selon plusieurs sondages – verrouille tout débat sincère sur la mémoire coloniale. Pour une partie de la droite, reconnaître les crimes coloniaux reviendrait à « salir » la nation ; pour l’extrême droite, il s’agit même d’un tabou identitaire. À quelques exceptions près, le champ politique français se referme de plus en plus sur une lecture crispée et défensive de l’histoire.

En Algérie, une composante conservatrice continue de rejeter toute idée de réconciliation culturelle avec la France. Pour elle, le dialogue est suspect, et l’ouverture équivaut à une trahison de l’histoire. Ce courant reste puissant dans les cercles politiques, médiatiques et religieux, et contribue à figer le pays dans une posture victimaire et isolationniste.

Tant que Paris et Alger continueront à exploiter ce passé à des fins internes, rien ne changera en profondeur. Il faudrait briser ce pacte des loups. Ouvrir les archives, reconnaître les responsabilités, valoriser les sociétés civiles. Donner la parole aux jeunes générations. Repenser l’avenir non comme un prolongement de la guerre, mais comme une promesse partagée.

Car sinon, comme l’écrivait Frantz Fanon : « Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, l’accomplir ou la trahir. »

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Le 26 mai, la Chine célèbre la journée de l’Afrique https://mondafrique.com/international/le-26-mai-la-chine-celebre-la-journee-de-lafrique/ https://mondafrique.com/international/le-26-mai-la-chine-celebre-la-journee-de-lafrique/#respond Tue, 27 May 2025 00:34:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=134336 À l’occasion de la célébration de la Journée de l’Afrique, Wang Yi, membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) et ministre des Affaires étrangères, a rencontré à Pékin les ambassadeurs de plus de 50 États africains ainsi que le représentant de l’Union africaine en Chine. Lyazid BENHAMI  Cette rencontre s’inscrit […]

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À l’occasion de la célébration de la Journée de l’Afrique, Wang Yi, membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) et ministre des Affaires étrangères, a rencontré à Pékin les ambassadeurs de plus de 50 États africains ainsi que le représentant de l’Union africaine en Chine.

Lyazid BENHAMI 

Cette rencontre s’inscrit dans le cadre du renforcement des relations sino-africaines et de la consolidation d’un partenariat stratégique global fondé sur des principes d’égalité, de coopération mutuellement bénéfique et de solidarité historique.

  1. Un partenariat fondé sur l’histoire et la réciprocité

Dans son discours, Wang Yi a rappelé les fondements historiques de la relation sino-africaine, soulignant que cette dernière repose sur une solidarité forgée durant les luttes pour l’indépendance, la souveraineté nationale et le développement. L’amitié sino-africaine est présentée comme durable, ayant traversé différentes périodes de l’histoire contemporaine, et marquée par une fidélité aux principes d’égalité, de justice et d’avantages mutuels.

Le ministre chinois a mis en exergue le rôle personnel du président Xi Jinping dans la dynamisation de cette coopération, à travers notamment cinq visites officielles en Afrique et la promotion d’une politique extérieure caractérisée par la sincérité, la confiance réciproque et l’efficacité.

  1. Le Forum sur la coopération sino-africaine : vecteur institutionnel de la relation bilatérale

L’année 2025 marque également le 25e anniversaire du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC), cadre institutionnel majeur du dialogue et de la coopération sino-africains. Wang Yi a souligné les avancées réalisées dans le cadre du FOCAC, en particulier les « dix grandes actions de partenariat » définies par le président Xi lors du dernier sommet de Beijing. Ces initiatives visent à favoriser la modernisation conjointe, l’industrialisation, l’urbanisation et l’autonomisation des économies africaines à travers une coopération multidimensionnelle.

La Chine entend utiliser la prochaine réunion ministérielle du Forum comme levier pour mettre en œuvre les consensus de haut niveau, créer des modèles de coopération de qualité dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route », et renforcer l’impact concret des politiques de développement sur les populations africaines.

  1. Une convergence stratégique face aux défis globaux

Wang Yi a également contextualisé la coopération sino-africaine dans l’environnement international actuel, marqué par une résurgence des logiques de guerre froide, des politiques de puissance et un déficit croissant en matière de paix, de développement, de sécurité et de gouvernance. Dans ce contexte, la Chine et l’Afrique, en tant que plus grande nation en développement et plus grand continent en développement respectivement, sont appelées à renforcer leur solidarité, à promouvoir un multilatéralisme effectif, à défendre le rôle central de l’ONU et à s’opposer à toute forme d’hégémonie ou d’ingérence.

  1. La position africaine : reconnaissance, réciprocité et convergence de vues

Les ambassadeurs africains ont exprimé leur reconnaissance à l’égard du soutien constant de la Chine, notamment dans la lutte contre les injustices historiques et pour le respect de la souveraineté des États africains. Ils ont salué le rôle structurant du FOCAC dans la promotion du développement durable du continent, ainsi qu’à la défense des intérêts partagés des pays du Sud.

Les représentants africains se sont montrés enthousiastes quant aux perspectives offertes par les initiatives globales lancées par la Chine et ont réitéré leur engagement à œuvrer à la construction d’une communauté sino-africaine de destin partagé dans le cadre de la nouvelle ère.


La rencontre du 26 mai 2025 illustre le renforcement continu de la relation sino-africaine, fondée sur une convergence historique, des intérêts stratégiques partagés et une volonté commune de promouvoir un ordre international plus équitable. Dans un contexte mondial en mutation, le partenariat sino-africain se positionne comme un modèle alternatif de coopération Sud-Sud, articulé autour de principes de souveraineté, de solidarité et de développement inclusif.

 

 

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« La Petite Dernière » d’Hafsia Herzi, un prix du Jury à Cannes https://mondafrique.com/international/la-petite-derniere-dhafsia-herzi-un-prix-du-jury-a-cannes/ https://mondafrique.com/international/la-petite-derniere-dhafsia-herzi-un-prix-du-jury-a-cannes/#respond Sun, 25 May 2025 15:19:42 +0000 https://mondafrique.com/?p=134243 Récompensé par le Prix du Jury à Cannes, La Petite Dernière d’Hafsia Herzi est un récit sensible et pudique d’éveil amoureux, de foi intime et d’émancipation sociale. Un film fort et nécessaire qui donne une voix aux identités trop souvent invisibilisées.   C’est une ovation discrète mais puissante qu’a reçue Hafsia Herzi lors de la […]

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Récompensé par le Prix du Jury à Cannes, La Petite Dernière d’Hafsia Herzi est un récit sensible et pudique d’éveil amoureux, de foi intime et d’émancipation sociale. Un film fort et nécessaire qui donne une voix aux identités trop souvent invisibilisées.

 

C’est une ovation discrète mais puissante qu’a reçue Hafsia Herzi lors de la remise du Prix du Jury au Festival de Cannes 2025. Avec La Petite Dernière, son troisième long-métrage, la réalisatrice franco-algérienne offre un film d’une rare sensibilité, qui fait tomber les masques et les clichés sur l’homosexualité féminine, la foi musulmane et la vie en banlieue. Un pari osé, relevé avec grâce, pudeur et intelligence.

Inspiré du premier roman de Fatima Daas (2020), La Petite Dernière suit Fatima, 17 ans, benjamine d’une fratrie musulmane installée en région parisienne. À l’abri du regard des autres, la jeune fille se découvre une attirance pour les femmes, tout en restant attachée à sa foi. Le film embrasse ce tiraillement avec délicatesse, sans jamais tomber dans la démonstration ni dans le misérabilisme.

Un récit initiatique

Le scénario épouse le rythme intérieur de Fatima : ses doutes, ses désirs, ses contradictions. De la cour d’immeuble aux soirées parisiennes, en passant par les amphis de la fac de philo, La Petite Dernière trace un chemin d’émancipation intime, où chaque pas vers soi est une conquête. En une année charnière, Fatima traverse des amitiés nouvelles, une histoire d’amour, des déceptions, des révoltes sourdes. C’est ce temps suspendu entre deux âges que capte Herzi, avec une caméra souple, attentive, qui préfère les silences aux grands discours.

Le film s’inscrit dans une tradition du cinéma d’observation, où le réel s’impose par petites touches. La cinéaste évite tout effet spectaculaire, préférant suggérer l’émotion plutôt que la forcer. Une approche d’autant plus pertinente que le sujet, une jeune fille musulmane homosexuelle, est souvent déformé par les regards extérieurs, instrumentalisé ou caricaturé. Ici, pas de victimisation, pas de morale. Juste la complexité de vivre.

Une révélation, Nadia Melliti

Au centre du film, la jeune Nadia Melliti crève l’écran. Repérée sans expérience au théâtre ni au cinéma, elle incarne Fatima avec une intensité retenue, bouleversante de sincérité. « Je me suis reconnue en elle », dit-elle. D’origine algérienne, ancienne footballeuse en deuxième division, Melliti prête à son personnage une densité rare. Elle ne joue pas, elle est. On pense à Adèle Exarchopoulos dans La Vie d’Adèle, mais sans le filtre de l’exotisme social.

Son duo avec Park Ji-min, qui incarne l’amoureuse tourmentée, fonctionne à merveille. La relation entre les deux femmes est filmée avec douceur, sans voyeurisme. Herzi, qui a aussi coordonné les scènes intimes, a misé sur la confiance et la chorégraphie. Le résultat est d’une sensualité juste, naturelle, sans artifice. Là encore, c’est le regard féminin qui change tout : pas de domination, pas de hiérarchie, seulement le trouble, la découverte, la tendresse.

Un regard nouveau sur la banlieue

La réussite du film tient aussi dans sa manière de montrer la banlieue. Plutôt que de la poser comme un décor anxiogène, Herzi la filme comme un simple cadre de vie. Un lieu traversé par la foi, le sport, les relations familiales, mais sans surdétermination. Fatima y prie, aime, rit, doute, court après un ballon. La religion n’est jamais mise en opposition avec l’homosexualité : elle coexiste avec elle. « J’avais envie de filmer tout ça avec normalité », dit la réalisatrice. Et c’est précisément cette normalité qui bouleverse.

Herzi signe ainsi un film profondément politique, sans jamais hausser la voix. En évitant les effets de manche, elle parvient à imposer un regard nouveau, lucide et bienveillant. L’émancipation de Fatima est d’abord celle d’un regard sur soi, puis sur le monde. Et cette révolution tranquille touche en plein cœur.

Une œuvre rare, essentielle

La Petite Dernière n’est pas un film à thèse, c’est un film d’existence. Il raconte ce que c’est que de vivre entre plusieurs mondes, sans jamais trahir l’un pour l’autre. Le Prix du Jury à Cannes récompense cette démarche exigeante, incarnée par une réalisatrice désormais incontournable dans le paysage cinématographique français.

Hafsia Herzi prouve qu’il est possible de filmer l’intime avec pudeur, la banlieue sans misérabilisme, la jeunesse avec espoir. Elle signe une œuvre rare, à la fois profondément personnelle et universelle. On en sort bouleversé, avec le sentiment d’avoir vu quelque chose de vrai. Un film qui, tout simplement, donne envie de croire en la vie.

La Petite Dernière sortira en salles le 1er octobre. Un rendez-vous à ne pas manquer.

 

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Le Royaume-Uni restitue l’archipel des Chagos à l’île Maurice https://mondafrique.com/international/le-royaume-uni-restitue-larchipel-des-chagos-a-lile-maurice/ https://mondafrique.com/international/le-royaume-uni-restitue-larchipel-des-chagos-a-lile-maurice/#respond Sun, 25 May 2025 07:00:11 +0000 https://mondafrique.com/?p=134203 Cet accord « historique » reconnaît la souveraineté de l’île Maurice sur les Chagos, incluant l’atoll de Diego Garcia dont la position stratégique dans l’océan Indien pour des opérations militaires en Mer Rouge, au Moyen-Orient et la région Indo-Pacifique n’est plus à faire.   Vel Moonien     L’archipel des Chagos, qui abrite la base […]

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Cet accord « historique » reconnaît la souveraineté de l’île Maurice sur les Chagos, incluant l’atoll de Diego Garcia dont la position stratégique dans l’océan Indien pour des opérations militaires en Mer Rouge, au Moyen-Orient et la région Indo-Pacifique n’est plus à faire.
 
Vel Moonien
 

 
L’archipel des Chagos, qui abrite la base militaire américano-britannique de Diego Garcia — d’où les bombardiers américains ont décollé lors de l’invasion du Koweït par l’Irak — a finalement été rétrocédé à l’île Maurice. Jeudi, le Premier ministre mauricien, Navin Ramgoolam, et son homologue britannique, Sir Keir Starmer, ont signé un accord en ce sens, lequel devra encore être ratifié par le Parlement britannique. Depuis plus de cinquante ans, Maurice conteste la décision du Royaume-Uni d’avoir détaché l’archipel de son territoire peu avant de lui accorder son indépendance, le 12 mars 1968, et d’avoir, dans la foulée, expulsé les natifs.
 
Cet accord qualifié d’« historique » entérine la souveraineté de l’île Maurice sur l’archipel des Chagos, y compris l’atoll de Diego Garcia, dont l’importance stratégique dans l’océan Indien — pour des opérations militaires en mer Rouge, au Moyen-Orient et dans la région indo-pacifique — est bien établie. Pour permettre aux forces américaines et britanniques de continuer à utiliser cet atoll, le Royaume-Uni s’est engagé à verser à Maurice une rente annuelle de 165 millions de livres sterling, soit environ 10,06 milliards de roupies, pendant les 28 premières années d’un bail de 99 ans.

Le prix à payer

 
Sir Keir Starmer a précisé que le versement moyen de 100 millions de livres sterling à l’île Maurice représente pratiquement « le coût d’exploitation d’un porte-avions […] ou légèrement moins, s’il est dépourvu de ses avions ». À cela s’ajoutent 45 millions de livres sterling que le Royaume-Uni allouera sur une période de 25 ans pour appuyer le développement économique de l’île Maurice, ainsi qu’un montant supplémentaire de 40 millions de livres destiné à un fonds d’aide en faveur des habitants des Chagos.
 
L’accord stipule que l’île Maurice ne pourra céder aucune des quelque cinquante îles de l’archipel des Chagos à une puissance étrangère à des fins militaires. Cette disposition fait écho aux craintes exprimées par les conservateurs britanniques et les républicains américains, qui agitaient le spectre d’une possible implantation chinoise dans l’archipel, malgré la proximité géopolitique de Maurice avec l’Inde. Par ailleurs, l’accord prévoit que les entreprises et contracteurs mauriciens bénéficieront d’une priorité lors des appels d’offres pour les travaux à réaliser sur l’atoll de Diego Garcia.

La fin de l’exil

Un enfant à une exposition retraçant le 50e anniversaire de l'arrivée des derniers déportés Chagossiens en 2023
Un enfant à une exposition retraçant le 50e anniversaire de l’arrivée des derniers déportés Chagossiens en 2023
 
Les Chagossiens auront également la possibilité de retourner s’installer sur deux des principales îles de l’archipel : Peros Banhos et Salomon. Un fonds sera mis en place afin de rendre ces îles de nouveau habitables. Olivier Bancoult, leader du Groupe Réfugiés Chagos et lui-même natif de Peros Banhos, a annoncé vendredi avoir mandaté le cabinet juridique Denton pour étudier les modalités de réinstallation des anciens habitants et de leurs descendants. Plusieurs pays amis, dont l’Inde, ont déjà exprimé leur volonté de soutenir l’île Maurice dans cette initiative.
 
Olivier Bancoult n’était encore qu’un enfant lorsqu’il a été contraint de quitter les Chagos pour s’installer à l’île Maurice. À partir de la fin des années 1990, il est devenu l’artisan principal d’une série d’actions en justice engagées contre le Royaume-Uni. Le gouvernement mauricien a suivi son exemple, notamment après la décision du Royaume-Uni de créer, en 2010, un parc marin autour de l’archipel, perçue comme une tentative d’empêcher le retour des Chagossiens. En 2015, cette démarche a été couronnée de succès avec une victoire devant le Tribunal international du droit de la mer.
 
Cette instance des Nations Unies a jugé que la décision britannique était illégale. Pour étayer sa position, l’île Maurice s’est appuyée sur des câbles diplomatiques échangés entre l’ambassade des États-Unis à Londres et Washington, révélés par WikiLeaks. Ces documents ont mis en lumière le mépris affiché par les autorités britanniques à l’égard des natifs, allant jusqu’à les comparer à « Vendredi », le personnage subalterne du roman Robinson Crusoé.
 
Cette fois-ci, le Royaume-Uni s’engage à soutenir la communauté chagossienne de l’île Maurice en mettant en place un nouveau fonds fiduciaire et en leur apportant d’autres formes d’aide distinctes. Par ailleurs, les deux pays collaboreront étroitement dans les domaines de la protection de l’environnement et de la sécurité maritime, notamment pour lutter contre la pêche illégale, l’immigration clandestine, ainsi que le trafic de drogue et d’êtres humains dans la région des Chagos. Une zone marine protégée sous juridiction mauricienne sera également instaurée.
 
Ce dénouement a été rendu possible après que la Cour internationale de justice a statué, en février 2019, que l’occupation de l’archipel était illégale et que celui-ci appartenait à l’île Maurice. À cette occasion, l’ancien Premier ministre mauricien, Sir Anerood Jugnauth, avait endossé sa robe d’avocat pour plaider la cause de son pays devant la Cour. La délégation mauricienne y a souligné que quelque 2 000 habitants avaient été expulsés de force vers l’île Maurice et les Seychelles. Une partie a pris la nationalité britannique par la suite.
Le Royaume-Uni avait initialement ignoré la décision, la qualifiant de simple avis consultatif. Toutefois, deux mois plus tard, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution reconnaissant la souveraineté de l’île Maurice sur l’archipel des Chagos. Lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le Premier ministre mauricien, Pravind Jugnauth, a saisi l’occasion pour dénoncer le double discours britannique sur les questions de souveraineté et de respect de l’intégrité territoriale. Cette prise de position aurait contribué à accélérer l’évolution du dossier.
 
Il est important de rappeler que, dans les années soixante, le Royaume-Uni justifiait le maintien de ces îles sous son contrôle en invoquant des besoins liés aux télécommunications. En réalité, il menait des négociations avec les États-Unis en vue d’y installer une base militaire. En contrepartie, Londres devait bénéficier de missiles Polaris. À cette époque, l’archipel avait été placé sous l’autorité du British Indian Ocean Territory (BIOT), le Territoire britannique de l’océan Indien.
 
Les 2 000 natifs des Chagos, expulsés entre 1963 et 1973, n’ont jamais été autorisés à retourner sur leur terre d’origine. Contrairement aux habitants de Chypre, des îles Malouines ou encore des îles Sandwich, ils ont été traités de manière inéquitable, soulignait Human Rights Watch l’an dernier (voir Mondafrique du 15 février 2023). Bien que les autorités britanniques aient, à un moment donné, envisagé un plan de retour pour les Chagossiens, celui-ci a rapidement été abandonné en raison de son coût jugé trop élevé.
 
 
 
 
 
 
 

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Le scénario noir d’un État djihadiste au Sahel est désormais possible https://mondafrique.com/international/le-scenario-noir-dun-caligat-djihadiste-au-saahel-est-desorais-possible/ https://mondafrique.com/international/le-scenario-noir-dun-caligat-djihadiste-au-saahel-est-desorais-possible/#respond Thu, 22 May 2025 03:08:30 +0000 https://mondafrique.com/?p=134100 Pour la première fois en Afrique, une émanation d’Alqaïda s’apprête à s’emparer du pouvoir et l’administrer, dans les frontières d’un Etat reconnu. la réédition du précédent afghan du 15 août 2021, se dessine avec netteté. La chute de Damas, le 8 décembre 2024, après 54 années de tyrannie familiale, dont une décennie de crimes contre […]

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Pour la première fois en Afrique, une émanation d’Alqaïda s’apprête à s’emparer du pouvoir et l’administrer, dans les frontières d’un Etat reconnu. la réédition du précédent afghan du 15 août 2021, se dessine avec netteté. La chute de Damas, le 8 décembre 2024, après 54 années de tyrannie familiale, dont une décennie de crimes contre l’humanité, constitue un autre révélateur de l’inconsistance et de l’inanité de la dissuasion guerrière, en face d’un adversaire rompu à la sauvagerie.

Une chronique signée Abdel Nasser Ould Ethmane Elyessa, diplômé d’études supérieures en Science politique, Droits de l’Homme et Polémologie, consultant en enjeux civils du contre-terrorisme.

Le contexte sahélien en 2025 suit une trajectoire de dégradation certaine, en raison d’un concours de dynamiques de destruction où prévalent la récurrence des causes, l’interaction des dissentiments et la complexité des contradictions. Le second semestre de l’année couve la perspective crédible d’une brutalité sans limite, de chacun contre tous, en toute réciprocité. Pour la première fois en Afrique, une émanation d’Alqaïda s’apprête à s’emparer du pouvoir et l’administrer, dans les frontières d’un Etat reconnu.

L’équation désormais, ne se pose plus qu’en terme de spéculation sur l’identité de la cible. Entre Ouagadougou, Niamey, Bamako, qui inaugurera l’entrée dans les abysses de l’inconnu ? A la fin de mai 2025, au lendemain des raids fulgurants de l’insurrection islamiste au Nord du Burkina Faso (Djibo, Diapaga) et à l’Est du Niger (Boni), la réédition du précédent afghan du 15 août 2021 se dessine avec netteté. 

Les jihadistes vont gouverner l’esprit des hommes, le corps des femmes et l’intimité de tous, à l’ombre du hadith et de l’épée. L’erreur monumentale consisterait à les en empêcher, par une campagne punitive d’armées accourues de l’hémisphère nord. L’expédient, d’ailleurs peu plausible à l’ère du multilatéralisme éclopé, priverait, les Africains, d’éprouver la morsure et les limites du salut sous licence divine. De l’essai cruel à venir, émergera la pédagogie du désastre et du relèvement, certes à un coût prohibitif. Les filles, les non-musulmans et les artistes payeront le plus lourd tribut à l’avènement de la théocratie en noir et blanc, que certains quartiers de nos villes préfigurent déjà.

Et puis, un jour, excédé de la promesse du paradis post-mortem, las des mains sectionnées et des scènes de lapidation, le bon peuple en mal d’épanouissement ici-bas, se détournera des sauveurs autoproclamés et moquera leur utopie d’adolescents. S’il aspire à recouvrer les loisirs, la liberté et ces petits riens de la vie, sans quoi l’humain perd le sens de sa grandeur véritable, chaque peuple, après avoir enduré le paroxysme de l’aliénation, se retrouvera en demeure de se relever, obligé de se frotter à l’oppresseur, au motif, séculaire, de la légitime défense.

D’ici-là, les hordes de l’obscurantisme affluent à moto, gavées d’assurance et de bienveillance vertueuse. On les entend entonner, au loin, une litanie d’Allahou akbar et de Azza wa jalla, sûrs d’obtenir les gratifications du Ciel. La foi absolue les guide et il n’est de meilleur manuel d’apprentissage de la boucherie.  Bien naïf qui croirait battre, les drogués du martyre, sur le théâtre des opérations. Le triomphe militaire contre les illuminés du jihad est un mirage dont les Soviétiques, les Américains et les Français ont goûté l’amertume. La tension sincère à mourir Fi Sabili Allah et le désir de vengeance qui la sous-tend, confèrent, aux moujahidine va-nu-pieds,l’atout de l’invincibilité.

Sans le pressentir, ils viennent au fatum qui les dénude, en l’occurrence l’exercice trivial de la gestion. A l’inverse de la démocratie, de la dictature et des dynasties, l’islamisme n’a jamais réussi, nulle part. Sa propension à abuser de l’idéal le condamne à décevoir et susciter, en retour, le dégoût et l’aversion. Voici pourquoi, il y’a lieu de temporiser, de fixer le danger et d’en circonscrire le périmètre avant de transiger avec les barbares pieux, parce qu’il s’avère si ardu de les faire plier. Oui, tout finira par se discuter en Afrique subsaharienne, sauf à outrepasser la ligne rouge de la laïcité. Il s’impose, ici, une articulation, multiple, de patience, de projection, deconscience du rapport des forces et de logique de réduction des pertes. L’opportunité de préserver l’intégrité physique de millions d’innocents justifie tant de compromission. Il y va, également, de la paix dans les pays voisins, dans un environnement global où l’article se raréfie.

Violence débridée

L’Etat islamique au Grand Sahara (Eigs), le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim, franchise unifiée d’Al-Qaïda) et les divers avatars de Boko Haram (Islamic State’s West Africa Province et Lukawaras) continueront d’étendre leur joug. Ils accentueront le blocus des villes moyennes et y introduiront des chevaux de Troie, non sans réactiver, au besoin, l’appoint de cellules dormantes. Depuis le début de l’année, les obédiences jihadistes en concurrence renforcent leurs outils de recrutement, au-delà des ethnies Arabe, Tamashek, Peulh et Haoussa. A mesure que les défaites des Forces de défense et de sécurité (Fds) et les bavures attribuées aux soldats, entités d’autodéfense et mercenaires étrangers déprécient le moral des armées, s’exacerbe la défiance d’une partie de la population à l’endroit des troupes régulières.

Les attaques frontales, attentats-suicide et embuscades vont se multiplier, notamment à l’intérieur des zones frontalières (Liptako-Gourma, Nord du Togo et du Bénin) d’où la vulgarisation du recours, par les terroristes, aux Engins explosifs improvisés (Eei). Sans établir une connexion durable aux partisans du Califat, l’essor de mouvements d’insurrection non religieux aggrave aussi l’encerclement des Fds, notamment au Niger et sur le septentrion du Mali. Des raids très ciblés, qu’induit la connaissance et la maîtrise du relief, illustrent l’avantage comparé de la nuisance, au profit des combattants autochtones. L’usage des mines antipersonnel en travers des routes et des pistes de circulation motorisée augmentera, à proportion du resserrement de l’étau autour des casernes, des cantonnements mobiles et le long des corridors d’approvisionnement. Les foires hebdomadaires en rase campagne et le convoyage des marchandises s’exposeront à un surcroît de précarité. La guerre sera de moins en moins asymétrique.

Les autorités respectives de la Confédération des Etats du Sahel (Ces-Aes) – espace fragilisé après des décennies de tripatouillages électoraux, de corruption et de modicité des moyens – feront face, de jour en jour, au défi exponentiel de devoir préserver leurs territoires, sans cesse rétrécis.  L’atomisation d’enclaves isolées les unes des autres démontre le recul du pouvoir central, plutôt la rétraction spatiale de ses facultés. L’insuccès programmé des juntes et les rivalités internes qui en découlent ne manqueront de détourner l’attention, de la lutte antiterroriste vers des préoccupations de survie mensuelle, au sein des capitales et de leurs abords immédiats. S’ensuivra une baisse drastique de la capacité des régimes d’exception à obtenir, de l’extérieur, un soutien efficace, dans le cadre de la légalité. Les ressources extractives (pétrole, mines d’or, minerais stratégiques) constitueront, en 2025, l’unique monnaie d’échange pour l’acquisition de l’armement létal, fabriqué en Chine, Turquie, Iran et Russie. L’économie de guerre s’installe, sur fond de récession, de contrebande et de banalisation des trafics comme entreprises de subsistance, donc de résilience. L’isolement des juntes provoque des difficultés à régler les arriérés de solde et les primes, dysfonctionnement qui érode la discipline des troupes. La succession des débâcles envenime les ferments de mutineries (Termit, Niger 8 mai 2025). Ailleurs, sur le Continent, l’élastique saison des coups d’Etats défiera la météorologie. Des têtesde Chefs d’Etats vacillent et la plupart feignent de l’ignorer.  

Effritement de la solidarité mondiale

Le retrait de l’appui consenti par la France, l’Union européenne et les Etats Unis d’Amérique, ainsi que le désengagement des casques bleus de l’Onu, crée un vide dorénavant impossible à combler par la conjonction des Fds et des miliciens Russes (Africa Corps ex Wagner) et Turcs (Sadat). Malgré la hausse constante des achats de matériel offensif, surtout des drones de surveillance et de bombardement, les unités d’élite de l’Aes ne parviennent à rentabiliser leur supériorité théorique en armement L’efficience accrue des vecteurs aériens au cœur de nombreux champs de bataille (Ukraine, Ethiopie, Moyen Orient), fait encore défaut au Sahel, devant l’avancée et l’audace des katibas jihadistes, plus virulentes que jamais. Eigs, Gsim et rébellions non religieuses poursuivront l’effort de bricoler une artillerie et des drones de fortune en vue de compenser ou de diminuer leur infériorité dans les airs. Néanmoins, la quantité et la qualité des prises de butins de guerre par les jihadistes ont atteint un summum de saisies, depuis le début de 2025.  

La désagrégation sociale ira crescendo, selon le degré de pénurie alimentaire, elle-même tributaire de la géographie des cultures à l’abandon, des inondations, de la désertification, du stress hydrique et du déficit de sécurité, tandis que la surnatalité occasionne davantage de pression sur les ressources non-renouvelables de la nature. La montée en puissance des milices d’autodéfense favorisera l’accroissement des actes de barbarie à l’encontre des civils et entre ceux-ci.

Clivages confessionnels

L’ethnicité, les divergences de doctrine, la surenchère entre les factions sunnites et l’intensification du prosélytisme chiite cristalliseront le regain d’inimitié confessionnelle. La probabilité d’un génocide contre les Peulhs et, en sens inverse, aux dépens des chrétiens et des animistes du Sahel n’est plus à prouver. Les pertes durant le premier semestre de 2025 amorcent une tuerie de masse, après Barsalogho (24 août 2024) et Solenzo (10 et 11 mars 2025) qui pourrait accélérer l’irruption du Gsim, dans une capitale de l’Aes. A cet égard, il serait réaliste, de considérer l’expérience tragique du Rwanda en 1994, quand les forces du Front patriotique rwandais (Fpr) rejoignaient Kigali en marchant sur les monceaux de cadavres de la minorité Tutsi. A titre de comparaison, il convient de rappeler que les Peulhs, en Afrique de l’Ouest, représentent une proportion de la population bien plus importante en nombre. Au début de mai 2025, Jafar Dicko, l’un des visages énigmatiques de Ansarou Alislam s’adressait à eux, en gardien de l’honneur bafoué et artisan de la rédemption collective. L’appel sera entendu et compris, partout où l’on pratique un dialecte Foulani, de la Mauritanie, au Sénégal, en passant par la République de Guinée.

Les menées de désinformation, aux dépens des régimes réputés favorables à l’Occident visent, déjà, le Nigéria, le Bénin, la Mauritanie et la Côte d’Ivoire, pays si vulnérable en prévision de l’élection présidentielle de 2025. Les Trolls russes gagnent en inventivité et exploitent, ici-et-là, des sujets de société résiduels, tels l’appel à la xénophobie intra-africaine, les réflexes du racisme antiblanc et la dénonciation de la permissivité des mœurs comme signe d’une « décadence imposée par les Cafres », en somme les mécréants. L’objectif tacite consiste à introduire, dans les pays visés, les germes de la révolte et le levain d’une désaffection populaire envers les dirigeants « vendus » à l’impérialisme. En dépit de l’incohérence rationnelle du calcul, il s’agit d’élargir, le camp de la rupture et du refus, à des acteurs dont la convergence paraissait de pure fiction, tels les panafricanistes et les émules de la charia. A la faveur d’un texte d’analyse d’une perspicacité inédite, la journaliste Morgan Le Cam du Monde, signait, le 16 février 2023, un article sous le titre « Burkina Faso : quand Russes, wahhabites et panafricanistes font cause commune » :

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/02/16/burkina-faso-quand-russes-wahhabites-et-panafricanistes-font-cause-commune-autour-de-la-junte_6162118_3212.html

Sur le front hétéroclite du rejet de l’Occident, chez les islamistes et parmi les hérauts du panafricanisme, la diffamation décomplexée de la démocratie et des droits humains ne s’embarrasse plus de pudeur. Comme aux heures tendues de la guerre froide, la pluripolarité du monde désaxé nourrit les slogans d’émancipation des peuples, au détriment de la dignité de l’individu.

Gouvernance précaire

Le Sahel subit et subira fortement une succession d’urgences, de laquelle participent les aléas du désordre climatique. Des millions de personnes en quête de sécurité et de pain se déplaceront vers les villes, précisément à leur périphérie, sans exclure qu’un tel exode n’entraîne un excédent de guérilla urbaine. Les infiltrations d’éléments jihadistes, catalyseurs d’anarchie, précipiteront la descente aux enfers. L’accès aux victimes et leur prise en charge s’en trouveront compliqués. Un début de famine et l’effondrement des systèmes de santé moderne – après la faillite de l’école – sont déjà observables au Sahel. L’instabilité du Soudan et l’incertitude quant à l’avenir du Tchad étendent le continuum de la crise, du littoral du Golfe de Guinée aux rives de la mer Rouge. Il est invraisemblable que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), l’Union Africaine (Ua) ou les Nations Unies (Nu) prenne une initiative substantielle de nature à enrayer l’élan de l’entropie généralisée.

L’Aes s’enfonce dans la solitude diplomatique, le piétinement des droits fondamentaux et le tout sécuritaire. Simultanément, la Russie, la Chine, la Turquie et l’Iran rehaussent leurs niveaux d’implication martiale, au travers d’accords léonins -matières premières contre équipement des arsenaux – conclus avec les gouvernements du moment. Leurs interventions accroissent les tensions géopolitiques et diffèrent la résolution des conflits, même à long terme. Le rôle des acteurs alternatifs au multilatéralisme devient un argument-clé de la complication et le principal carburant de la dévastation multidimensionnelle parce qu’il permet, au projet jihadiste, de mieux incarner, auprès des humbles et des déclassés, le salut au nom de Dieu et la justice d’ultime ressort.

La politique de l’autruche

Nolens volens, en 2025, la situation au Sahel se détériore nettement, sans éventualité d’accalmie. Le bourgeonnement métastasique des affrontements, la faiblesse des coteries à prétention révolutionnaire, la régression des politiques publiques de développement, les violations de la sûreté de la personne, l’impunité des crimes et le désengagement du reste du monde à cause des conflits de Gaza et d’Ukraine ressortissent, maintenant, d’une destinée irrévocable. Les jihadistes et leurs alliés objectifs des diverses rébellions (Mali, Niger) régentent, de facto, des aires en expansion irrépressible. Peu importent les éventuels changements de meneur au sommet de l’Etat failli, lesquels résulteraient d’un dissensus de fin de transition ou d’un putsch dans le putsch, la sociologie de l’Aes mute en embryon de cléricature féroce, à l’image des Talibans. Ainsi que le trahit le changement de l’hexis corporelle et de la sociabilité ambiante dans la rue, à l’intérieur des écoles et sur les marchés, une partie de la population musulmane est en demande fantasmée d’une gouvernance de l’idéal, selon les préceptes puritains du salafisme. Ô paradoxe, l’offre continue de séduire en Afrique cependant qu’elle perd de son attractivité au Moyen Orient arabe. Sur le Continent, aucun facteur structurel de stabilité ne s’oppose plus à l’épisode d’unevictoire ponctuelle du jihadisme, pas même une coalition planétaire. Il n’est guère envisageable qu’une coalition internationale s’empressera, demain, de voler au secours d’un Etat africain pour le soustraire à l’emprise envahisseurs. Le combat sera fratricide, sans témoins ni arbitre. L’agonie du droit international conforte l’hypothèse.

La contagion touche, suivant une intensité croissante, le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Au-delà, la dissémination terrestre de la menace en direction de la côte atlantique n’est qu’une question de temps. Nul, aujourd’hui, n’imagine l’ampleur des flux migratoires actuellement à l’œuvre, du Sahel au Golfe de Guinée. Le sauve-qui-peut porte une vigueur telle que son flot tempétueux compromet les équilibres fondateurs des pays d’accueil en Afrique de l’Ouest.  A l’inverse de la Libye et de la Tunisie où le réveil du sentiment antinoir sert de repoussoir à l’immigration de transit, au moins trois membres de l’Union du Maghreb arabe (Uma) – Mauritanie, Maroc, Algérie – commencent à réprimer, avec un excès de fermeté, l’afflux des milliers de jeunes subsahariens à l’affût d’une opportunité de passage en Europe.  

Les  subventions aux pays africains d’accueil, quand bien même seraient-elles d’une gestion honnête (cas de figure empiriquement discutable), ne serviront à endiguer la vague.  Bras de fer avec la communauté internationale oblige, la junte du Niger l’a bien su qui a levé les restrictions aux filières de passeurs, naguère neutralisées par le président déchu Mohamed Bazoum. De Daloa en Côte d’Ivoire, jusqu’aux confins désertiques d’Agadès, le commerce des migrants prospère, à nouveau. Un laïus paru le 23 septembre 2022 sur le site du groupe de réflexion dakarois Le Wathiflaire les conséquences dramatiques de la migration en cours :

https://www.wathi.org/laboratoire/tribune/la-securite-dans-le-golfe-de-guinee-a-lepreuve-du-grand-debordement/

8. Voter avec ses pieds, la démocratie de la débandade

Evidemment, ni les Amériques lointaines, encore moins l’Europe bien proche n’éviterontl’épreuve. Polémique droite-gauche exceptée, le Monde libre joue, ici, l’adéquation de ses valeurs universalistes, à la contrainte du réel. L’aptitude à absorber l’arrivée incompressible de réfugiés fuyant les tropiques se rétractera à mesure qu’enfle et mûrit, dans les démocraties, le syndrome de la citadelle assiégée. La crainte du déséquilibre démographique et la peur duchangements des modes de vie locaux s’y transformeront, bientôt, en complexe de Massada. De là naît et enfle la tentation, pour les électeurs, de s’en remettre à des majorités d’extrême droite.

Le narcotrafic et le blanchiment de l’argent de la drogue en provenance d’Amérique du Sud etachèveront d’accélérer la banqueroute d’Etats minés par la vénalité des différents services de contrôle aux frontières. Il suffit, aux sceptiques, d’étudier, de près, le fonctionnement des banques primaires en Afrique de l’Ouest, pour mesurer, à quel point le Continent sombre dans l’illégalité et l’appât du lucre. Les nouvelles succursales de la superstructure du crime infiltrent, insidieusement, la haute fonction publique, les douanes, la police et les Impôts, quand ils ne financent les activités de partis politiques et suscitent l’émergence de leaders complaisants.

A cause des défauts imputés à leurs ploutocraties longtemps soutenues par l’Occident, les Africains s’échappent de l’Afrique, y compris en avion, vers l’Amérique latine, point de passage à l’Eldorado final, en l’espèce les Etats Unis et le Canada. Le protectionnisme du Président Donald Trump y met un terme provisoire. Plus près, en sus de la traversée tragique de la Méditerranée, la jonction des embarcations de la mort vers Las Palmas de Gran Canaria étale, au regard de l’observateur lucide, un laboratoire à ciel ouvert de l’invasion qui vient.

En conclusion, sous peine de négligence mortelle, l’enjeu de la paix en péril enjoint, à l’espèce des humains, de se préparer à l’éclosion graduelle du Sahélistan, dès 2025. Hélas, le niveau de sensibilité universelle face à l’imminence du risque, paraît bien en deçà du minimum d’anticipation requis. Et, pourtant, il serait suicidaire de mobiliser une expédition d’armées coalisées, de l’extérieur, afin de contrarier une évolution à laquelle les Africains devront se confronter, seuls, au prix d’une explication sanglante où couleront des torrents d’hémoglobine.  La revendication de souveraineté, l’appétence à la diplomatie multipolaire et la récusation effervescente du néocolonialisme comportent, en retour, le devoir de sortir du récit de la faute des autres, d’habitude servi comme excuse d’exonération et exutoire permanent à l’échec. Ce qui arrive aux Africains tient, à présent, de leur responsabilité quasi exclusive.

Négocier ou périr, voilà le chantage, imparable, que prescrit la réalité du jihadisme conquérant.

 

 

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Dakar et Ouagadougou préparent une riposte au terrorisme https://mondafrique.com/international/dakar-et-ouagadougou-preparent-une-riposte-au-terrorisme/ https://mondafrique.com/international/dakar-et-ouagadougou-preparent-une-riposte-au-terrorisme/#respond Tue, 20 May 2025 15:35:49 +0000 https://mondafrique.com/?p=133982 Le Sénégal est plus que jamais menacé par le terrorisme, selon le premier ministre Ousmane Sonko, en déplacement à Ouagadougou. Devant une « impuissance de la CEDEAO », il prône pour une alliance et une solidarité inter-États. Dans ce sens, le Sénégal et le Burkina Faso ont jeté les bases d’une coopération sécuritaire, afin de […]

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Le Sénégal est plus que jamais menacé par le terrorisme, selon le premier ministre Ousmane Sonko, en déplacement à Ouagadougou. Devant une « impuissance de la CEDEAO », il prône pour une alliance et une solidarité inter-États. Dans ce sens, le Sénégal et le Burkina Faso ont jeté les bases d’une coopération sécuritaire, afin de minimiser les risques et pertes

Ibrahima Dieng (Correspondant à Dakar)

 

Attaques incessantes, menaces inquiétantes d’interventions sur la capitale, les djihadistes du JNIM, l’organisation dirigée par Iyad Ag Ghali, ont placé le Burkina Faso dans leur viseur. Maillon faible des Etats du Sahel, le pays d’Ibrahim Traoré, le patron de la junte militaires, apparaît incapable de résister à cette vague d’assauts qui le submerge.

Un rapport de Timbuktu Institute fait état de possibles menaces du JNIM dont la stratégie d’expansion du JNIM est facilitée par la porosité des frontières nationales. Ce qui place en première ligne la Mauritanie et le Sénégal. Qu’il s’agisse des zones les plus désertiques de la frontière mauritanienne ou des zones les plus boisées de la frontière sénégalaise, de nombreux espaces restent difficiles à sécuriser.

« Personne ne doit se sentir à l’abri ». Oumane Sonko, Premier ministre du Sénégal

Il ne faut pas de voiler la face, la menace existe, selon le premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, en visite au Burkina Faso, il a abordé pour la première fois, cette question en profondeur. « Nous sommes tous, d’une manière ou d’une autre, sous la menace. Ceux qui commettent ces actes n’ont pas d’amis. Certains groupes (terroristes) « ont été à l’aise dans certains pays à une époque, avant de les attaquer par la suite ». 

Le Sahel fans la tourmente

Il y a quelques semaines, une attaque terroriste à été perpétrée à Kayes au Mali. Un poste de sécurité de la gendarmerie et un autre de la douane ont été visés. Les assaillants sont ensuite repartis avec quelques armes, des motos. Une situation qui interpelle le Sénégal sur le poids de la menace sécuritaire vu la  proximité entre Kayes et deux régions du territoire que sont Tambacounda et Kédougou.

Une attaque jihadiste qui a frappé le nord du Bénin le 17 avril a entraîné la mort de 54 militaires. Devant cette situation, le Gouvernement béninois avait regretté une coopération sécuritaire défaillante. Bien avant cela, le 9 février 2025, des djihadistes présumés ont tiré, sur un convoi de véhicules civils escortés par l’armée malienne et des mercenaires du groupe russe Wagner dans le nord du pays.

L’acte terroriste avait causé la mort de 30 civils et militaires. Plus récemment, le Niger a été victime d’une attaque terroriste. Une dizaine de soldats nigériens ont été tués le 4 mai 2025 près d’un village du sud-ouest du Niger. Une attaque attribuée par les autorités du pays à des groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’Etat islamique.

« La CEDEAO impuissante »

 

Si ces attaques font légion, estime le premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko, c’est parce qu’il n’y a pas de réponse adaptée. À ses yeux, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, privée désormais du Niger, du Mali et du Burkina,  a fait preuve d’impuissance. « Il y a eu des mécanismes comme la force d’intervention en attente que la CEDEAO avait mise en place, avec des dotations matérielles et budgétaires prévues. Mais cette force reste, jusqu’à présent, en attente. Quand il y a une crise politique, la CEDEAO réagit très rapidement. Mais face à une menace sécuritaire grave, comme celle du terrorisme, on constate une inertie », a déploré Ousmane Sonko à Ouagadougou. 

La solution, face à un phénomène qui fait de plus en plus peur, selon Ousmane Sonko est une convergence de forces et une solidarité. Sans quoi dit il, les choses vont empirer. « Il ne faut pas se cacher derrière le fait qu’on n’est pas directement touché. Apportons notre solidarité à tous les pays frappés, y compris le Nigeria qui le vit depuis longtemps », estime-t-il. 

Ainsi, Dakar et Ouagadougou vont collaborer pour minimiser les risques mais également apporter une meilleure réponse. D’ailleurs un protocole de partenariat sécuritaire a été signé le samedi 17 mai 2025. Il concerne la lutte contre le terrorisme, la criminalité transfrontalière et la circulation illicite des armes et le banditisme. « Nous n’exclurons aucune forme de collaboration pour soutenir nos frères dans cette épreuve », a conclut le premier ministre sénégalais. 

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CPI, Donald Trump joue contre son camp https://mondafrique.com/international/cdi-donaid-trump-joue-contre-son-camp/ https://mondafrique.com/international/cdi-donaid-trump-joue-contre-son-camp/#respond Mon, 19 May 2025 23:01:15 +0000 https://mondafrique.com/?p=133955 En sanctionnant la Cour pénale internationale, Donald Trump a envoyé un signal fort : la justice internationale est tolérée tant qu’elle vise les pays du Sud, mais devient inacceptable lorsqu’elle s’attaque à des alliés occidentaux, en particulier Israël.  Depuis sa création, la Cour pénale Internationale (CPI) a surtout jugé des responsables africains, suscitant de nombreuses […]

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En sanctionnant la Cour pénale internationale, Donald Trump a envoyé un signal fort : la justice internationale est tolérée tant qu’elle vise les pays du Sud, mais devient inacceptable lorsqu’elle s’attaque à des alliés occidentaux, en particulier Israël. 

Depuis sa création, la Cour pénale Internationale (CPI) a surtout jugé des responsables africains, suscitant de nombreuses critiques dans les pays du Sud sur le « deux poids, deux mesures » tant pratiqué par l’Occident. Mais avec l’émission de mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, la colère est venue de  Washington.

Les sanctions économiques et les interdictions de séjour contre le personnel de la CPI prises par décret du 6 février 2025, sont entrées en vigueur le 16 mai. Elles visent toute personne coopérant avec la Cour dans ses enquêtes concernant des ressortissants américains ou alliés, notamment israéliens. Cette décision, saluée par Netanyahou comme une défense d’Israël contre une cour « antisémite », a été dénoncée par de nombreux observateurs comme un coup porté à la justice internationale et à la lutte contre l’impunité.

Ce n’est pas la première fois que Donald Trump cible la CPI. En 2018, lors de son premier mandat, John Bolton, son conseiller à la sécurité nationale, avait, prononcé un discours très virulent contre l’organisation de la Haye, la qualifiant « d’inefficace, d’illégitime, d’irresponsable et de dangereuse. » Cette attaque s’inscrivait dans le contexte où la procureure de l’époque, Fatou Bensouda, venait de demander l’autorisation d’ouvrir une enquête sur des crimes de guerre présumés commis en Afghanistan, notamment par l’armée américaine. Bolton avait alors clairement menacé : si la CPI poursuivait des Américains, des Israéliens ou d’autres alliés des États-Unis, Washington prendrait des mesures de rétorsion. Mais à cette époque, ce tribunal jugeait Laurent Gbagbo et les Africains étaient vent debout contre cette justice internationale. La saillie de Bolton avait été plutôt bien accueillie. Aujourd’hui la situation est différente : il n’y a plus de grandes personnalités du continent dans les geôles de la Haye et les massacres et la famine à Gaza émeuvent le monde entier.

En agissant ainsi dans ce contexte, Trump renforce le sentiment d’injustice et d’hypocrisie dans de nombreux pays du Sud. Ce double standard alimente un rejet croissant de l’Occident et fragilise la crédibilité d’un ordre international fondé sur le droit.

 



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Le leadership de MBS au Moyen-Orient https://mondafrique.com/international/le-leadership-de-mbs-au-moyen-orient/ https://mondafrique.com/international/le-leadership-de-mbs-au-moyen-orient/#respond Mon, 19 May 2025 09:22:39 +0000 https://mondafrique.com/?p=133940 En Arabie saoudite, une série de manœuvres diplomatiques ont contribué à modifier le paysage géopolitique du Moyen-Orient, sous la conduite du prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS). Une chronique parue sur Icei Beyrouth, notre partenaire au Liban Piliersde la politique régionale, le royaume cherche à redéfinir son rôle, en devenant un médiateur influent, en tissant […]

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En Arabie saoudite, une série de manœuvres diplomatiques ont contribué à modifier le paysage géopolitique du Moyen-Orient, sous la conduite du prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS). Une chronique parue sur Icei Beyrouth, notre partenaire au Liban

Piliersde la politique régionale, le royaume cherche à redéfinir son rôle, en devenant un médiateur influent, en tissant de nouvelles alliances stratégiques et en normalisant ses relations avec des acteurs clés de la région. Ces ambitions s’inscrivent dans un cadre plus large, celui de la Vision 2030, établie par MBS. Un plan visant à diversifier l’économie du pays et à renforcer son influence internationale. Un pari réussi pour MBS ?

MBS, un médiateur en devenir

L’une des grandes ambitions diplomatiques de MBS est de positionner l’Arabie saoudite comme un acteur clé et un médiateur dans les conflits du Moyen-Orient. Depuis sa prise de pouvoir, en 2017, le prince héritier cherche à occuper une place centrale dans la gestion des crises régionales, notamment dans les dossiers liés au Yémen, à la Syrie, et à l’Irak. Il s’efforce ainsi de renforcer la place du royaume en tant qu’interlocuteur incontournable pour les puissances mondiales et régionales.

Le conflit au Yémen, qui oppose la coalition menée par l’Arabie saoudite aux Houthis, soutenus par l’Iran, a longtemps été un point de friction dans la politique régionale. Cependant, MBS a multiplié les efforts pour négocier des solutions diplomatiques, notamment en facilitant des pourparlers entre les différentes factions yéménites. Alors que la guerre dans ce pays soit loin d’être terminée, les Saoudiens ont récemment tenté de prendre des mesures pour amorcer une désescalade, notamment en permettant des pourparlers indirects avec les Houthis, et en essayant d’engager une série de discussions pour une paix durable dans le pays.

Sous la direction de MBS, l’Arabie saoudite a également cherché à redéfinir ses alliances traditionnelles. Alors que le royaume a été historiquement un adversaire de l’État d’Israël, la diplomatie saoudienne s’est ouverte à une forme de rapprochement, notamment avec la normalisation des relations entre Israël et plusieurs pays arabes. Ce processus a été facilité par les accords d’Abraham en 2020, entre Israël et les Émirats arabes unis d’une part et entre Israël et Bahreïn d’autre part, suivis par le Maroc. Ils avaient été conclus sous l’égide des États-Unis.

Bien que Riyad n’ait pas encore franchi le pas de la normalisation en raison de la conjoncture actuelle, le prince héritier a clairement exprimé son intérêt pour une relation plus souple avec l’Etat hébreu, notamment pour contrer l’influence de l’Iran et renforcer la coopération économique et technologique dans la région. Des pourparlers devaient être menés à cette fin, sous la houlette de Washington, mais l’attaque du groupe palestinien, le Hamas, soutenu par l’Iran, contre Israël, le 7 octobre 2023, et la guerre qui a suivi, ont tout gelé.

“Cette normalisation avec l’Etat hébreu ne se fera néanmoins que dans la perspective de la création d’un Etat palestinien”, estime Bertrand Besancenot, ancien ambassadeur de France à Riyad.

Arabie saoudite/Iran: un tournant diplomatique

 

Les relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran, qui ont été marquées par des décennies de rivalité sectaire et géopolitique, connaissent également une évolution notable sous le règne de MBS. En 2023, un accord de réconciliation a été scellé sous l’égide de la Chine. Un moment historique qui a permis aux deux puissances rivales de rétablir leurs relations diplomatiques. “Une telle démarche marque un tournant dans la politique étrangère de l’Arabie saoudite, qui cherche désormais à équilibrer ses relations avec les États-Unis et à se rapprocher de son voisin régional pour réduire les tensions qui ont déstabilisé la région pendant des années”, précise-t-on de source sécuritaire.

“Lors du premier mandat du président américain Donald Trump, MBS a misé sur la politique de pression maximale sur l’Iran pour refluer l’influence de Téhéran dans la région”, souligne Bertrand Besancenot. “Le prince héritier n’a toutefois pas tardé à comprendre que la protection américaine dont son pays a besoin sur le plan sécuritaire, n’était plus inconditionnelle, immédiate et systématique, comme ce fut le cas dans le passé”, poursuit-il.

Cette révélation est notamment motivée par un fait majeur qui s’est produit en septembre 2019, lorsque deux installations pétrolières de Saudi Aramco, le géant pétrolier, ont été attaquées sans que les Etats-Unis -sous Trump- n’interviennent pour défendre les intérêts du royaume.

Pour rappel, les Houthis avaient revendiqué à partir de Beyrouth, l’attaque aérienne contre les installations d’Abqaïq et de Khurais, dans l’est de l’Arabie saoudite. La communauté internationale l’a cependant attribué à l’Iran, suspecté d’avoir utilisé des missiles de croisière pour ce faire. “Aujourd’hui, c’est de transactionnelle que l’on peut qualifier la relation du royaume avec les Etats-Unis”, suggère M. Besancenot. “L’Arabie cherche, de fait, à s’émanciper de leur tutelle, en veillant toutefois à préserver les investissements et la protection militaire américaine”, ajoute-t-il.

Le prince héritier réussira-t-il à naviguer avec soin entre ses objectifs de diversification économique, ses ambitions géopolitiques et la gestion des relations avec les grandes puissances mondiales 

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Le virage à 180 degrés de Donald Trump sur l’Iran https://mondafrique.com/international/le-virage-a-180-degres-de-donald-trump-sur-liran/ https://mondafrique.com/international/le-virage-a-180-degres-de-donald-trump-sur-liran/#respond Sun, 18 May 2025 01:44:58 +0000 https://mondafrique.com/?p=133823 Les négociations entre Trump et l’Iran sur le nucléaire relèguent Israël au second plan de la relation entre l’État hébreu et les Etats-Unis. Le président américain affirme qu’il veut un « deal » avec Téhéran qui, jusqu’à présent, s’oppose au principe de l’arrêt de son programme d’enrichissement de l’uranium comme l’exigent les Etats-Unis. Rejoignez la nouvelle chaine […]

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Les négociations entre Trump et l’Iran sur le nucléaire relèguent Israël au second plan de la relation entre l’État hébreu et les Etats-Unis. Le président américain affirme qu’il veut un « deal » avec Téhéran qui, jusqu’à présent, s’oppose au principe de l’arrêt de son programme d’enrichissement de l’uranium comme l’exigent les Etats-Unis.

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« Je veux trouver un accord avec l’Iran », a affirmé Donald Trump cette semaine lors de sa tournée au Moyen-Orient. « Si j’y arrive, je serai très heureux si nous pouvons faire de cette région un endroit plus sûr »…

On est certes encore loin du compte (même si le président a également laissé entendre, sans doute un peu hâtivement, que les Iraniens « ont accepté une sorte d’accord » sur l’avenir de leur programme nucléaire ) :  Si l’envoyé spécial du président américain, Steve Witkoff vient à nouveau de rencontrer le ministre iranien des affaires étrangères, Abbas Araghchi, ce dernier a cependant nié en fin de semaine avoir reçu des mains de l’émissaire américain une lettre présentant les propositions et les exigences de Washington, ainsi que l’avait affirmé la partie américaine. L’un des obstacles majeurs à la signature d’un « deal » est le refus de Téhéran de renoncer à son programme d’enrichissement de l’uranium au prétexte que ce dernier poursuit des objectifs civils et non militaires et ne viole pas le Traité de non prolifération nucléaire.( TNP)

Trump a cependant prévenu que « la branche d’olivier tendue » à Téhéran, comme le rapporte le quotidien libanais francophone « L’orient le jour » « n’est pas une offre qui restera valable indéfiniment. Le moment est venu pour eux de choisir. »

En attendant une possible issue positive de ces pourparlers irano-américains, les négociations viennent peut-être de faire un dommage collatéral : Israël. Trump, certes fervent allié de l’État hébreu, a complètement snobbé ce dernier, faisant comme s’il poursuivait en cavalier seul sa diplomatie régionale. 

Israël voit d’un mauvais œil tout compromis passé avec le régime des mollahs. 

Le quotidien britannique « Financial Times » vient de faire la liste de décisions qui ont dû faire grincer les dents du premier ministre israélien  Benjamin Netanyahu : « Lundi, le Hamas a libéré un otage israélo-américain au termes de négociations directes entre Washington et le mouvement islamiste qui ont totalement ignoré Netanyahu ; mardi, Trump a levé les sanctions contre la Syrie après avoir rencontré son nouveau président, Ahmed al Shaara, dénoncé par Israël comme djihadiste. Tout cela s’est produit après que Trump eut affiché son désaccord avec Netanyahu début mai quand il a annoncé avoir conclu une trêve avec les Houthis du Yemen alors qu’Israël reste en conflit avec ce groupe [islamiste chiite allié de l’Iran]. » Sans parler, donc, de la volonté trumpiste de poursuivre le dialogue avec Téhéran à propos de son programme nucléaire, une question centrale pour Israël qui voit d’un mauvais œil tout compromis passé avec son pire ennemi, le régime des mollahs. 

« Il semble que Netanayahu n’ait pas l’oreille de Trump ces temps-ci, et même s’il a son oreille, il n’a ni son cœur ni son cerveau « , ironise, toujours dans le « FT », l’ancien ambassadeur d’Israël aux Etats-Unis Michael Oren. 

Revenant sur le voyage qui a mené le président américain en Arabie Saoudite, au Qatar et aux Emirats arabes unis, le « Wall street journal », confirme pour sa part que Trump a, durant cette tournée,   » élevé [son soutien] aux monarchies du golfe persique , égratignant, du moins pour l’instant, le concept de centralité de la relation étatsunienne avec Israël ». 




 

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