- Mondafrique https://mondafrique.com/international/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Mon, 03 Nov 2025 08:50:21 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/international/ 32 32 Gazaouis et sahraouis laissés pour compte du nouvel ordre mondial https://mondafrique.com/international/gazaouis-et-sahraouis-laisses-pour-compte-du-nouvel-ordre-mondial/ https://mondafrique.com/international/gazaouis-et-sahraouis-laisses-pour-compte-du-nouvel-ordre-mondial/#respond Mon, 03 Nov 2025 08:50:19 +0000 https://mondafrique.com/?p=142082  Après la réunion du Conseil de sécurité du 31 octobre 2025 , portant sur le nouveau statut  du Sahara Occidental inspiré par les positions marocaines et approuvé par la Russie, un nouvel ordre mondial est à l’oeuvre Nadir Marouf Anthropologue du droit Professeur Émérite des universités    En fermant les yeux sur la marocanisation du […]

Cet article Gazaouis et sahraouis laissés pour compte du nouvel ordre mondial est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
 Après la réunion du Conseil de sécurité du 31 octobre 2025 , portant sur le nouveau statut  du Sahara Occidental inspiré par les positions marocaines et approuvé par la Russie, un nouvel ordre mondial est à l’oeuvre

Nadir Marouf
Anthropologue du droit
Professeur Émérite des universités 
 
En fermant les yeux sur la marocanisation du Sahara Occidental, la Russie veut rester conforme à ses ambitions impériales , son aspiration à reconquérir la grande Russie des Tsars n’est pas, en effet, éloignée de la légitimité de droit divin qui a construit, depuis les Saadiens de Marrakech, l’idéologie de la » Reconquête « 
 
Quant aux Occidentaux, l’Amérique au sommet, ils ont fait le pari du  » meilleur client », au risque de faire tabula rasa de la sécularisation du monde qui, depuis le début du  18e siècle dit des »  Lumières  » ( Aufklarüng ), avait  remplacé  le droit de Dieu par le droit de l’homme. 
Le résultat des courses est, comme pour la Pax Americana concoctée récemment pour GAZA, de partager le butin des richesses  d’un nouvel Eldorado. Les Sahraouis, côté- ouest de la Méditerranéeet et les Gazaouis, côté – est,  erviront à balayer les rues  ou å trimer dans les chantiers de la modernisation …
 
Bénéficiant de cet élan protecteur pour le progrès , les  » Chorfas  » du Makhzen , forts de leur reconquête , seront enclins à élargir la  » moubay’a ( allégeance ) aux communautés du Sahara dit  » oriental », c’est-à-dire le sud-ouest algérien , ce qui leur permettra l’entrée au paradis en réintégrant  » Blad-Al-Makhzen  » alias   » Blad-Al-Islam » après avoir fait partie de  » blad- es-çćiba  » ( territoire rebelle).
 
Une telle idéologie, féodale dans son essence, n’est toujours pas éteinte.
Elle peut s’élargir encore davantage å  » blad-es-sawdan  » à savoir le Sahel d’aujourd’hui ,  jadis islamisé par les Hachémites  de Marrakech, retissant aujourd’hui des liens de coopération en parfaite harmonie avec l’armée de Wagner présente encore sur les lieux .
 
Voilà les tenants et aboutissants de la nouvelle geo-politique mondiale  dans laquelle le Makhzen joue gros. Il est  vrai, en revanche, que face à cette nouvelle donne mondiale en train de s’affirmer, la diplomatie algérienne a besoin de se   » décarcasser « …
 
 

Cet article Gazaouis et sahraouis laissés pour compte du nouvel ordre mondial est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/international/gazaouis-et-sahraouis-laisses-pour-compte-du-nouvel-ordre-mondial/feed/ 0
« Crisis Group », l’ouverture diplomatique sur le Sahara le 31 octobre https://mondafrique.com/a-la-une/un-rapport-crisis-group-nexclut-pas-une-confrontation-directe-algerie-maroc/ https://mondafrique.com/a-la-une/un-rapport-crisis-group-nexclut-pas-une-confrontation-directe-algerie-maroc/#respond Thu, 30 Oct 2025 23:49:41 +0000 https://mondafrique.com/?p=141947 Alors que le conseil de sécurité de l’ONU doit examiner le 31 octobre le dossier du Sahara occidental, Washington a exprimé son soutien au plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental tout en affichant sa volonté d’y résoudre le conflit. Autre signe positif, le mouvement indépendantiste sahraoui se dit prêt, dans une déclaration à l’AFP, […]

Cet article « Crisis Group », l’ouverture diplomatique sur le Sahara le 31 octobre est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>

Alors que le conseil de sécurité de l’ONU doit examiner le 31 octobre le dossier du Sahara occidental, Washington a exprimé son soutien au plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental tout en affichant sa volonté d’y résoudre le conflit. Autre signe positif, le mouvement indépendantiste sahraoui se dit prêt, dans une déclaration à l’AFP, à accepter le plan d’autonomie du royaume chérifien concernant le Sahara occidental. Depuis un demi-siècle, l’ancienne colonie espagnole est majoritairement sous le contrôle du Maroc, qui a toujours disputé ce territoire aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, historiquement soutenus par l’Algérie. 

Il reste que les promoteurs de la ligne dure, tant au Maroc qu’aux Etats-Unis, durcissent et que le conflit demeure largement gelé. La frustration des réfugiés sahraouis, le manque de cohérence de l’approche américaine et les tentatives, au sein de certains milieux politiques, de mettre fin à la Minurso et de marginaliser le Polisario risquent de ranimer les hostilités.

Crisis Group vient de publier un rapport dont Mondafrique publie des extraits. « Sans diplomatie active, estiment ces experts, la reprise des combats pourrait déstabiliser la région, voire entrainer le Maroc et l’Algérie dans une confrontation directe ».

Des signes indiquant que l’administration Trump envisage de relancer les discussions sur le Sahara occidental ont ravivé l’espoir d’une résolution de ce conflit. Depuis des décennies, le Maroc revendique sa souveraineté sur ce territoire, alors que le Front Polisario en défend l’indépendance. Le dialogue est depuis longtemps au point mort. En avril, le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, s’est exprimé en faveur d’une reprise des pourparlers dans le cadre du plan marocain d’autonomie pour ce territoire. L’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura, a aussitôt proposé une nouvelle série de discussions, exposant les principes destinés à les encadrer. Cependant, l’absence de mesures concrètes de la part des Etats-Unis a encouragé les partisans de la ligne dure, à Rabat comme à Washington, à réclamer le démantèlement de la Minurso, la mission de maintien de la paix des Nations Unies au Sahara occidental, et la désignation du Front Polisario en tant qu’entité terroriste. Si les combats restent de faible intensité, les jeunes réfugiés sahraouis sont de plus en plus frustrés et leurs appels à intensifier la lutte armée se font de plus en plus pressants. Les Etats-Unis devraient lancer une initiative diplomatique en phase avec les propositions de l’émissaire de l’ONU, tout en exhortant le Maroc et le Polisario à faire des concessions. Les puissances européennes devraient, quant à elles, harmoniser leurs positions afin d’appuyer le processus onusien.

L’administration Trump a multiplié les signaux contradictoires sur la question du Sahara occidental. En avril, elle a suscité des attentes quant à un réengagement américain, sans pour autant les concrétiser au cours des trois mois qui ont suivi, les priorités fluctuantes de sa politique étrangère et les querelles bureaucratiques intestines ayant freiné l’élan impulsé par la déclaration de Marco Rubio. Ce n’est qu’en juillet que le conseiller spécial des Etats-Unis pour l’Afrique, Massad Boulos, s’est rendu dans la région, faisant escale en Libye, en Tunisie et en Algérie, où il s’est entretenu avec des responsables locaux et internationaux au sujet du Sahara occidental.

Dans le vide diplomatique ainsi créé, les partisans de la ligne dure à Washington et à Rabat ont commencé à promouvoir des initiatives unilatérales visant à appuyer la revendication de souveraineté marocaine sur ce territoire, telles que la fermeture de la Minurso et la désignation du Front Polisario comme organisation terroriste. Ces idées ont vu le jour au sein de groupes de réflexion américains et de cercles politiques marocains conservateurs, et bien qu’elles n’aient jamais été officiellement endossées par Rabat et Washington, elles pourraient finir par s’imposer. Le Polisario ne semble guère s’en émouvoir, pas plus que l’Algérie, son principal soutien étatique, mais les diplomates européens s’inquiètent. Ils alertent sur le fait que le départ des Casques bleus pourrait inciter les forces marocaines à occuper la zone tampon surveillée par l’ONU, laquelle sépare les portions du Sahara occidental contrôlées respectivement par le Maroc et le Polisario. Un tel scénario pourrait attiser les tensions, voire déclencher une confrontation militaire directe entre le Maroc et l’Algérie, où de nombreuses unités du Polisario disposent de bases arrière. Les responsables de l’Union européenne et de l’ONU expriment également leur inquiétude : qualifier le Polisario d’organisation terroriste risquerait, selon eux, d’alimenter les violences au Sahara occidental entre le Maroc, le Polisario et l’Algérie.

De son côté, l’ONU a saisi l’occasion offerte par la déclaration de Marco Rubio pour définir les contours d’un hypothétique nouveau cycle de discussions. Staffan de Mistura, que plusieurs années d’inertie diplomatique avaient découragé, est revenu sur le devant de la scène pour insister sur le fait que toute proposition d’autonomie devrait être « véritable » et permettre au peuple sahraoui d’exercer une « forme crédible d’autodétermination ». Faisant écho aux éléments de langage de Marco Rubio, ces propos visaient à ancrer les futures négociations dans un cadre susceptible d’être accepté à la fois par le Maroc et par le Polisario. Le Royaume-Uni a, lui aussi, profité de cette opportunité pour infléchir la neutralité qu’il affichait jusqu’alors quant aux modalités d’un accord, qualifiant le plan marocain d’autonomie de « base la plus crédible, viable et pragmatique » pour résoudre le conflit, tout en conservant des références explicites au droit des Sahraouis à l’autodétermination. Cette prise de position a davantage rapproché Londres de Washington, tout comme de Paris, le principal soutien européen de Rabat.

Le Maroc, le Polisario et leurs soutiens respectifs ont tous intérêt à éviter un conflit de plus grande ampleur. Toutefois, des tensions couvent sous la surface.

Pour l’heure, la retenue mutuelle continue de limiter le risque d’une reprise des hostilités, près de cinq ans après la dernière flambée de violence. Le Maroc, le Polisario et leurs soutiens respectifs ont tous intérêt à éviter un conflit de plus grande ampleur. Toutefois, des tensions couvent sous la surface. Le Polisario a mené plusieurs frappes ponctuelles dans la partie du Sahara occidental sous contrôle marocain, notamment des tirs de roquettes à Mahbès et à Smara, rappelant ainsi qu’il dispose toujours de capacités militaires effectives. De son côté, le Maroc a eu recours à des drones pour contenir ces attaques, tout en évitant une riposte d’envergure. Les deux parties se sont largement abstenues de cibler les civils et continuent de laisser les observateurs de l’ONU accomplir leur mission.

Mais les tensions montent dans les camps de réfugiés sahraouis installés en Algérie. De jeunes activistes et responsables politiques y remettent ouvertement en cause l’efficacité de la stratégie du Polisario pour aboutir à l’indépendance et plaident pour une intensification du conflit contre le Maroc. Parallèlement, des signes laissent également penser que Rabat pourrait chercher à régler le conflit de manière unilatérale en sollicitant un vote de l’Assemblée générale des Nations unies visant à retirer le Sahara occidental de la liste des territoires non autonomes.

Le manque de cohérence de l’approche américaine, l’impatience des Sahraouis et les appels, de plus en plus nombreux, à démanteler la Minurso ou à qualifier le Polisario d’organisation terroriste risquent de fragiliser un équilibre déjà précaire. Pour éviter une escalade du conflit, les Etats-Unis et l’Europe devraient redonner une chance à la diplomatie, avec l’appui de l’émissaire de l’ONU. Ils devraient soutenir une initiative coordonnée destinée à relancer les négociations en vue d’une autonomie véritable de ce territoire contesté et d’une forme crédible d’autodétermination pour le peuple sahraoui, conformément aux propositions de Staffan de Mistura.

Les prochaines décisions de Washington seront particulièrement déterminantes. Les Etats-Unis devraient aller au-delà des déclarations d’intention pour élaborer une stratégie cohérente incitant le Maroc et le Polisario à revenir à la table des négociations, en pressant le premier de détailler sa proposition d’autonomie et le second de faire preuve de flexibilité dans sa position. Ils devraient éviter toute réforme hâtive de la Minurso, conditionnant plutôt toute modification de son mandat à des avancées tangibles dans le processus de négociation. Les gouvernements européens devraient, pour leur part, définir une position commune qui protège le mandat de la Minurso, consolide la médiation onusienne et rejette fermement toute action unilatérale, telle que l’éventuelle désignation du Polisario comme organisation terroriste par les Etats-Unis. Ce n’est qu’à travers un engagement durable et coordonné que les Etats-Unis et l’Europe pourront offrir à l’émissaire de l’ONU la latitude diplomatique nécessaire pour relancer des négociations en vue d’un règlement juste et durable du conflit.

Alger/Rabat/Tindouf/Bruxelles, 20 octobre 2025

 

Cet article « Crisis Group », l’ouverture diplomatique sur le Sahara le 31 octobre est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/a-la-une/un-rapport-crisis-group-nexclut-pas-une-confrontation-directe-algerie-maroc/feed/ 0
Combat de sumo en Corée entre Trump et Xi Jinping https://mondafrique.com/international/combat-de-sumo-en-coree-entre-trump-et-xi-jinping/ https://mondafrique.com/international/combat-de-sumo-en-coree-entre-trump-et-xi-jinping/#respond Thu, 30 Oct 2025 10:31:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=141732 L'objectif de ce sport étant de pousser son opposant hors du ring ou de le faire tomber au sol.

Cet article Combat de sumo en Corée entre Trump et Xi Jinping est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Le sumo est la lutte traditionnelle japonaise dans laquelle deux adversaires de forte corpulence s’affrontent au corps à corps. L’objectif de ce sport étant de pousser son opposant hors du ring ou de le faire tomber au sol. C’est à un spectacle comparable que la planète toute entière est conviée lors de la rencontre des Présidents américain et chinois en Corée ce jeudi 30 octobre

Les enjeux économiques & commerciaux

  1. Décongélation partielle de la « guerre commerciale »

    • Les États-Unis ont menacé d’imposer des droits de douane supplémentaires à hauteur de 100 % sur les exportations chinoises à compter du 1er novembre si aucun accord n’était trouvé. Politico+2Reuters+2

    • De l’autre côté, la Chine a annoncé des contrôles d’exportation sur les terres rares et certains composants technologiques, ce qui représente un levier stratégique pour Pékin. Reuters+1

    • Résultat : un cadre d’accord (« framework ») a été formalisé peu avant la rencontre, prévoyant un report des mesures les plus drastiques et une reprise partielle des importations de soja américain par la Chine. The Guardian+1

  2. Accès aux technologies stratégiques & chaînes d’approvisionnement

    • Les terres rares, aimants, semi-conducteurs, etc., sont au cœur de la rivalité technologique entre les deux pays. Ces matériaux sont essentiels pour les véhicules électriques, les systèmes de défense, etc. Reuters+1

    • Pour les États-Unis, limiter la dépendance à la Chine est prioritaire. Pour la Chine, maintenir sa position dominante ou sa marge de manœuvre dans ces filières est un enjeu de souveraineté industrielle.

  3. Effet sur les agriculteurs et l’économie américaine

    • La reprise des achats de soja par la Chine est une concession attendue pour alléger la pression portée sur les exploitants agricoles américains. The Guardian

    • Pour les entreprises globales, tout désamorçage de la tension commerciale peut représenter un soulagement (risque de hausse des coûts, implants de production, etc.).


Les enjeux géopolitiques & stratégiques

  1. Position sur Taïwan et la région Asie-Pacifique

    • Le dossier de Taïwan constitue une arrière-scène importante. Bien que ce ne soit pas forcément au centre de l’agenda affiché, il pèse sur la confiance mutuelle et les attentes stratégiques. Reuters

    • Dans le contexte du sommet APEC en Corée du Sud, la posture américaine dans la région Asie-Pacifique (alliés, chaînes d’approvisionnement, sécurité maritime) est en jeu.

  2. Crise des stupéfiants et responsabilité chinoise

    • M. Trump a mis en avant la question de l’importation de précurseurs de fentanyl depuis la Chine comme une priorité des discussions. Reuters+1

    • Cela donne un levier de négociation que les États-Unis vont vouloir exploiter.

  3. Rééquilibrage de l’ordre mondial

    • La Chine insiste pour que l’agenda soit fondé sur un « système commercial libre et fondé sur des règles », en mettant en garde contre un retour au « droit de la jungle ». The Times of India

    • Pour les États-Unis, il s’agit d’afficher une posture ferme mais désireuse d’un retour à la coopération, afin de maintenir une influence globale.

Cet article Combat de sumo en Corée entre Trump et Xi Jinping est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/international/combat-de-sumo-en-coree-entre-trump-et-xi-jinping/feed/ 0
Le NIET d’un Trump imprévisible à l’annexion de la Cisjordanie https://mondafrique.com/moyen-orient/le-non-de-trump-a-lannexion-de-la-cisjordanie-bouleverse-les-cartes/ https://mondafrique.com/moyen-orient/le-non-de-trump-a-lannexion-de-la-cisjordanie-bouleverse-les-cartes/#respond Sun, 26 Oct 2025 08:01:19 +0000 https://mondafrique.com/?p=141508 Au cœur de la tourmente proche-orientale, le refus catégorique de Washington face à une possible annexion de la Cisjordanie par Israël expose la complexité des alliances, la lassitude des peuples et la fragilité persistante de la paix dans la région. L’interview accordée par Donald Trump au magazine Time, dans laquelle il affirme que toute annexion […]

Cet article Le NIET d’un Trump imprévisible à l’annexion de la Cisjordanie est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Au cœur de la tourmente proche-orientale, le refus catégorique de Washington face à une possible annexion de la Cisjordanie par Israël expose la complexité des alliances, la lassitude des peuples et la fragilité persistante de la paix dans la région.

L’interview accordée par Donald Trump au magazine Time, dans laquelle il affirme que toute annexion israélienne de la Cisjordanie entraînerait la perte du soutien américain, marque un moment de clarification dans la diplomatie américaine. Quelques jours plus tôt, la Knesset israélienne venait de s’engager sur la voie de l’examen de deux projets de loi qui pourraient étendre la souveraineté d’Israël sur une grande partie des territoires palestiniens. La Maison-Blanche s’est empressée de réaffirmer les lignes rouges : pas d’annexion, au risque d’un isolement d’Israël vis-à-vis de son principal allié.

Sur place, la tension était palpable : le secrétaire d’État américain Marco Rubio et le vice-président JD Vance se sont exprimés sans ambages lors de leur visite à Jérusalem, fustigeant l’initiative parlementaire israélienne. JD Vance, dans une formule cinglante, a rappelé que « la Cisjordanie ne va pas être annexée par Israël. Si c’était un coup politique stupide, je le prendrais personnellement comme une insulte. » Donald Trump, de son côté, insiste sur la centralité de ses engagements avec les pays arabes : « Cela n’arrivera pas parce que j’ai donné ma parole aux pays arabes. Et on ne peut pas faire ça maintenant. »

La crise diplomatique ne se limite pas à une déclaration d’intention. Elle s’inscrit dans une longue série d’avertissements et de mises en garde, alors que le statu quo sur le terrain demeure toujours aussi explosif. Gaza, encore meurtrie par les bombardements, attend une reconstruction qui tarde à venir. Netanyahou, lui, affirme agir uniquement selon les « intérêts nationaux » d’Israël, mais reconnaît que le projet d’annexion est pour l’instant « gelé » en raison de la situation sécuritaire. Les positions sont affichées, les menaces implicites : la diplomatie américaine s’efforce de garder un équilibre, mais celui-ci semble plus précaire que jamais.

Calculs politiques et fatigue régionale

Ce refus d’annexion ne se comprend que dans la lumière crue des équilibres politiques régionaux. Depuis des décennies, la question de la Cisjordanie est au cœur d’un compromis fragile entre Israël et ses voisins arabes. Pour Washington, il ne s’agit pas seulement de protéger la crédibilité de la « solution à deux États », mais aussi d’éviter une rupture brutale avec les alliés arabes dits modérés : Égypte, Jordanie, Arabie saoudite. Une annexion franchirait une ligne rouge diplomatique, risquant de provoquer une réaction en chaîne : érosion des accords d’Abraham, flambée de violences, perte d’influence américaine.

Pour Israël, l’examen des lois d’annexion s’explique par la pression croissante des courants nationalistes, qui voient dans la souveraineté sur la Cisjordanie un aboutissement historique. Mais la direction israélienne connaît les risques d’un passage en force, tant sur le plan interne qu’international. Netanyahou manie la rhétorique de la fermeté tout en temporisant, conscient que la réaction américaine reste déterminante pour l’avenir des relations bilatérales, du soutien militaire et de l’accès aux forums internationaux.

Côté palestinien, la méfiance est totale. L’Autorité palestinienne, marginalisée et discréditée, n’a guère de poids dans les négociations actuelles. Pour le Hamas à Gaza, la perspective d’une annexion nourrit un discours de résistance et de défiance. La population, elle, paie le prix fort de cette incertitude : la vie quotidienne est minée par la peur, l’isolement et la perspective d’une impasse qui s’enlise. Les ONG internationales, sur place, témoignent d’un climat d’exaspération généralisée : à Gaza comme en Cisjordanie, les besoins humanitaires augmentent, les perspectives économiques s’effondrent.

Sur la scène internationale, la position américaine donne le ton. L’ONU réaffirme le cadre du droit international et rappelle que toute annexion serait illégale, mais n’a pas les moyens d’imposer ses résolutions. L’Union européenne exprime sa préoccupation, mais reste sans prise réelle sur la stratégie israélienne. La parole présidentielle américaine pèse lourd, mais le jeu d’influence est complexe : chaque partie avance avec prudence, attentive aux réactions des opinions publiques et des alliés.

La société à l’épreuve

Au-delà des discours officiels, ce sont les sociétés civiles qui absorbent la secousse. Pour les Palestiniens de Cisjordanie, l’annonce de la Knesset a fait ressurgir l’angoisse d’un changement de statut, d’une confiscation définitive de leur terre. Les restrictions de circulation, l’extension des colonies, la précarité des conditions de vie alimentent une colère sourde, mêlée d’une lassitude profonde. À Ramallah, Hébron ou Bethléem, la jeunesse oscille entre résignation et tentation de révolte. Beaucoup n’attendent plus rien des négociations, certains songent à l’exil, d’autres s’accrochent à un quotidien de plus en plus fragmenté.

Du côté israélien, le spectre d’un nouvel embrasement inquiète également. L’idée d’une annexion divise : une partie de l’opinion publique la perçoit comme un risque inutile, susceptible d’ouvrir un nouveau front de violence ou d’isoler Israël sur la scène internationale. D’autres, au contraire, y voient une garantie de sécurité et de souveraineté. Mais l’incertitude domine : le moindre incident pourrait dégénérer, et la population sait que la stabilité actuelle repose sur un fil.

Dans la bande de Gaza, les conséquences humanitaires se font sentir chaque jour. Les infrastructures, déjà fragilisées par les hostilités, peinent à se relever. Le mécanisme de cessez-le-feu, salué du bout des lèvres par la Maison-Blanche, reste précaire. D’après l’ONU, le conflit continue d’entraîner de lourdes pertes humaines et un déplacement massif de la population, forçant de nombreuses familles à vivre dans des abris précaires, souvent privées d’accès aux soins et à l’eau potable.

L’Association des droits de l’homme, citée par l’AFP, dénonce « la faiblesse de la réaction internationale » et l’incapacité à imposer une médiation crédible. Le sentiment d’abandon est palpable, tant chez les Palestiniens que chez les Israéliens qui aspirent à la sécurité. Les voix humanitaires soulignent l’urgence d’une solution politique : « Nous n’attendons plus rien des politiques, mais nous espérons toujours pour nos enfants », confie une infirmière de Bethléem.

Équilibre instable

Rien ne dit que la parole présidentielle suffira à empêcher l’irréparable. En affirmant que « cela n’arrivera pas », Donald Trump donne une garantie qui rassure certains acteurs, mais ne change rien au climat général de défiance. L’équilibre actuel repose sur une accumulation de compromis précaires : la moindre secousse, un vote, un attentat, une erreur d’appréciation, peut faire basculer la région dans une nouvelle phase de confrontation.

Le statu quo, présenté comme un rempart contre l’escalade, est aussi un facteur d’usure et de radicalisation. À force de geler les perspectives, de différer les solutions, la paix se vide de son sens concret pour les populations concernées. Les générations qui grandissent aujourd’hui en Cisjordanie, à Gaza ou à Tel-Aviv, héritent d’un conflit dont la fin paraît toujours plus lointaine.

L’illusion d’une gestion indéfinie du conflit montre ses limites. L’Amérique, fatiguée d’être l’arbitre, reste incontournable mais de moins en moins investie. Israël, tout en cherchant des garanties, avance sur une ligne de crête. Les Palestiniens, exclus des grands choix, vivent à la merci des décisions d’autrui.

 

Sources : Time Magazine, AFP, ONU, déclarations publiques de la Maison-Blanche et de la Knesset (octobre 2025).

 

Cet article Le NIET d’un Trump imprévisible à l’annexion de la Cisjordanie est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/moyen-orient/le-non-de-trump-a-lannexion-de-la-cisjordanie-bouleverse-les-cartes/feed/ 0
Les nouveautés Afrique de L’Harmattan https://mondafrique.com/international/les-nouveautesafrique-de-lharmattan/ https://mondafrique.com/international/les-nouveautesafrique-de-lharmattan/#respond Sat, 25 Oct 2025 03:21:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=141363 Psychanalyse, psychologie Ethno-Art-Thérapie Art-thérapie et thérapie traditionnelle diola au SénégalAdaem, Préface par Alain Gleize   Adaem, art-thérapeute, et Bacary Diatta, guérisseur diola, fondent ensemble un atelier art-thérapie et tradithérapie au centre psychiatrique de Ziguinchor où, durant trois ans, ils accueillent des patients, majoritairement psychotiques.Quels aménagements pratiques et théoriques font-ils pour intégrer les outils de soin […]

Cet article Les nouveautés Afrique de L’Harmattan est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Psychanalyse, psychologie
Ethno-Art-Thérapie

Ethno-Art-Thérapie

Art-thérapie et thérapie traditionnelle diola au Sénégal
Adaem, Préface par Alain Gleize

 

Adaem, art-thérapeute, et Bacary Diatta, guérisseur diola, fondent ensemble un atelier art-thérapie et tradithérapie au centre psychiatrique de Ziguinchor où, durant trois ans, ils accueillent des patients, majoritairement psychotiques.
Quels aménagements pratiques et théoriques font-ils pour intégrer les outils de soin traditionnels (la divination avec les cauris, les talismans, la prière, l’i[…]

 

>> Découvrir

​​​​​​​

19.00 €

PUBLICATION :
23/10/2025

156 pages
135 x 215 mm 

COLLECTION : :
Arts : thérapie

EAN :
9782336532394

 
Sociologie et questions de société
La science des priorités

La science des priorités

L’art de choisir ce qui compte vraiment
Julien Francis Moufonda

 

En quelques pages denses et précises, Julien Francis Moufonda jette les bases d’une nouvelle discipline, s’appuyant elle-même sur d’autres, appelée « prioritologie ». 
Lois, principes, typologie des priorités, exemples d’application forment ainsi le matériau primordial avec lequel l’auteur construit les objets mais aussi les champs d’application de ce qui se définit comme « l’étude des pri[…]

 

>> Découvrir

​​​​​​​

12.00 €

PUBLICATION :
16/10/2025

80 pages
135 x 215 mm 

COLLECTION : :
Harmattan Congo-Brazzaville

EAN :
9782336503417

 
Anthropologie, ethnologie
Histoire, art, croyances traditionnelles chez les populations du sud-ouest du Burkina Faso

Histoire, art, croyances traditionnelles chez les populations du sud-ouest du Burkina Faso

Des Thila aux Bateba
Adama Tomé, Préface par Vincent Ouattara

 

Les mouvements migratoires des populations dites Lobi, Pwa, Jãa, Dagara Lobr, Wiilé, Birifor, Teésè et Gan se sont déroulés vers le e siècle à partir du Ghana. Cette histoire semble être marquée, recomposée selon des enjeux d’alliances, au gré des intérêts et des conflits qu’entretenaient ces différents groupes.
Au contact des uns et des autres, chaque groupe a emprunté quelque chose de l’autre[…]

 

>> Découvrir

​​​​​​​

24.00 €

PUBLICATION :
16/10/2025

216 pages
135 x 215 mm 

COLLECTION : :
Harmattan Togo

EAN :
9782336554334

LE PUUTOO

LE PUUTOO

BONNET TRADITIONNEL PEUL DE L’ARISTOCRATIE DU FOUTA-DJALLON
El Hadj Souleymane Bah, Préface par Fatoumata Binta Bah

 

Ce livre propose une réflexion originale sur un aspect méconnu de la civilisation du Fouta-Djallon théocratique : le bonnet peul, le puutooru. Symbole vestimentaire de l’aristocratie et signe d’identité culturelle, il n’a pourtant fait l’objet d’aucune étude approfondie, ni durant la période coloniale, ni dans les travaux contemporains. Paradoxalement, cet objet chargé d’histoire et de mé[…]

 

>> Découvrir

​​​​​​​

14.00 €

PUBLICATION :
23/10/2025

124 pages
135 x 215 mm 

COLLECTION : :
Harmattan Guinée

EAN :
9782336569239

Norassoba

Norassoba

Le temple du Bon, du Bien et du Beau
Boundiala Dioubaté

 

Ce livre est une véritable immersion dans l’âme de Norassoba, village emblématique et touristique du Mandén. À travers ses paysages, ses traditions et ses habitants, l’auteur révèle l’immense richesse naturelle, humaine, culturelle et économique de ce lieu emblématique. On y parle le Maninkakan, langue ancestrale de sagesse, transcrite grâce à l’alphabet N’Ko, qui prolonge la mission des Djély, ga[…]

 

>> Découvrir

​​​​​​​

17.00 €

PUBLICATION :
23/10/2025

150 pages
135 x 215 mm 

COLLECTION : :
Harmattan Guinée

EAN :
9782336535241

 
Action sociale
Actes du Séminaire International de Dakar (SID 2015-2021)

Actes du Séminaire International de Dakar (SID 2015-2021)

Volume 1 Mutations familiales et devenir-sujet
Dirigé par Amadou Ndoye, Préambule de Paul Mayoka, Préface par Zohra Guerraoui

 

Le premier volume des Actes du Séminaire International de Dakar (SID) met en lumière une décennie d’échanges et de collaborations entre écoles de travail social issues de différents continents. Né d’une initiative conjointe entre l’École Nationale des Travailleurs Sociaux Spécialisés (ENTSS) de Dakar et l’Institut de Formation en Recherche et Action Sociale et de Santé (IFRASS) de Toulouse, ce pro[…]

 

>> Découvrir

​​​​​​​

25.00 €

PUBLICATION :
16/10/2025

228 pages
155 x 240 mm 

COLLECTION : :
Hors collection – Harmattan Sénégal

EAN :
9782336523682

Actes du Séminaire International de Dakar (SID 2015-2021)

Actes du Séminaire International de Dakar (SID 2015-2021)

Volume 2 Intervenir en situation d’interculturalité et de migrations
Dirigé par Amadou Ndoye, Propos liminaire de Paul Mayoka, Préface par Claire Mestre

 

Le volume II des Actes du Séminaire International de Dakar (SID) explore les enjeux liés à l’interculturalité et aux migrations dans le contexte de l’intervention sociale. Cet ouvrage collectif réunit des contributions qui analysent les défis professionnels et éthiques de l’accompagnement des populations migrantes et des groupes culturellement diversifiés.
La première partie se concentre sur l’[…]

 

>> Découvrir

​​​​​​​

25.00 €

PUBLICATION :
16/10/2025

234 pages
155 x 240 mm 

COLLECTION : :
Hors collection – Harmattan Sénégal

EAN :
9782336523712

 
Santé, médecine
Alimentation pour diabétiques en contexte camerounais

Alimentation pour diabétiques en contexte camerounais

Louise Renée Loe, Préface par Angèle Hermine Pondy

 

Au Cameroun, le ministère de la Santé publique estimait, pour l’année 2023, à 2,5 millions le nombre de diabétiques. C’est dire que cette pathologie est un véritable problème de santé publique dans le pays.
Or, il est notoirement connu que pour les patients diabétiques, la nature de l’alimentation est vitale pour éviter des complications qui pourraient leur être fatales. À cet égard, une disci[…]

 

>> Découvrir

​​​​​​​

11.00 €

PUBLICATION :
23/10/2025

66 pages
135 x 215 mm 

COLLECTION : :
Études Eurafricaines

EAN :
9782336550589

L'œil du naturopathe sur le cancer

L’œil du naturopathe sur le cancer

La fin d’une mauvaise époque dans le domaine de la santé
Symplice Ebo, Préface par Ibrahima Théo Lam

 

Dans cet ouvrage révolutionnaire, Symplice EBO dévoile une approche africaine, naturelle et profondément humaine du cancer. Ce livre redonne au lecteur le pouvoir d’agir sur sa santé.
Un cri d’espoir, une méthode, un nouveau départ.
Ce livre propose une approche holistique du cancer, en s’appuyant sur la naturopathie et les savoirs traditionnels africains. L’auteur, Symplice EBO, y explore l[…]

 

>> Découvrir

Cet article Les nouveautés Afrique de L’Harmattan est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/international/les-nouveautesafrique-de-lharmattan/feed/ 0
Fanirisoa Ernaivo, l’icône de l’opposition malgache en exil  https://mondafrique.com/international/fanirisoa-erinaivo-licone-de-lopposition-malgache-en-exil/ https://mondafrique.com/international/fanirisoa-erinaivo-licone-de-lopposition-malgache-en-exil/#respond Fri, 24 Oct 2025 16:40:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=141372 Fanirisoa Ernaivo, figure de la diaspora malgache en France, qui a été officiellement mandatée par les nouveaux dirigeants d’Antananarivo pour suivre l’enquête visant l’homme d’affaires « Mamy » Ravatomanga à l’ile Maurice, pourrair être nommée ministre de la Justice. Daniel Sainte-Roche Cette désignation constitue sans conteste, une consécration pour cette femme politique à fort caractère, […]

Cet article Fanirisoa Ernaivo, l’icône de l’opposition malgache en exil  est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Fanirisoa Ernaivo, figure de la diaspora malgache en France, qui a été officiellement mandatée par les nouveaux dirigeants d’Antananarivo pour suivre l’enquête visant l’homme d’affaires « Mamy » Ravatomanga à l’ile Maurice, pourrair être nommée ministre de la Justice.

Daniel Sainte-Roche

Cette désignation constitue sans conteste, une consécration pour cette femme politique à fort caractère, qui est devenue depuis quelques années le cauchemar du régime corrompu d’Andry Rajoelina. Très populaire au niveau de ses concitoyens aussi bien a l’étranger qu’à Madagascar, Fanirisoa commence à attirer l’attention des observateurs en dehors de la grande ile. Mais qui est donc  cette désormais fameuse personnalité ?

Née en 1979 à Antananarivo de parents issus de l’intelligentsia betsileo – le père était professeur de maths-physiques, et la mère médecin- Fanirisoa fut orpheline dès son jeune âge. Admise à l’Ecole nationale de la magistrature et des greffes (ENMG), elle embrassa logiquement la carrière de magistrat, en devenant substitut du procureur puis magistrate inspecteur au sein du Ministère de la justice et enfin juge de première instance à Antananarivo.

Avide de savoir, elle suivit par la suite des formations au Centre d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques (CEDS) à Antananarivo ainsi qu’à l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) à Paris.

Candidate à la Présidentielle

Voulant contribuer à l’édification d’une société juste et solidaire, et respectueuse des droits fondamentaux, Fanirisoa est entrée dans le militantisme syndical en devenant la première femme à diriger le Syndicat de la Magistrature de Madagascar (SMM) en décembre 2016.  Tout au long de sa mandature, elle s’est distinguée par son attachement a la lutte pour l’indépendance de la justice malgache. Reconnue par ses pairs, Fanirisoa se retrouva ensuite à la tête de la Solidarité Syndicale de Madagascar (SSM), importante organisation qui regroupe en son sein tous les syndicats issus du secteur public et du secteur privé.

De fil en aiguille, Fanirisoa ERNAIVO intégra le monde politique en se portant candidat aux présidentielles de 2018, sous l’étiquette de l’association ZAMA et le parti travailliste malagasy (PATRAMA). Cadette des candidats, elle n’a pu alors franchir le premier tour de ces élections. 

Mais ses actions ne se limitèrent pas aux mouvements syndicaux et politiques. Elle a également œuvré dans l’humanitaire en créant en 2019 l’Association pour le Droit et Développement de Madagascar (ADM) en faveur des déshérités.

La conjonction des évènements post électoraux de 2018 fut assurément une période charnière pour Fanirisoa Ernaivo, car cela lui a permis de mettre en œuvre sa vision politique  . Apres la suspicion de fraudes massives qui ont entaché les élections présidentielles, Fanirisoa Ernaivo est montée au créneau pour réclamer la confrontation des résultats électoraux au niveau de la CENI (Commission Électorale Nationale Indépendante).

Une énergie hors du commun

D’une efficacité redoutable grâce à sa technicité, Fanirisoa a commencé à inquiéter le régime d’Andry Rajoelina aux abois, qui ouvrit alors les véritables hostilités à l’encontre de la jeune et fougueuse politicienne. Aux détours d’un dérapage verbal proféré au cours d’un discours a Mahamasina, Fanirisoa fut traduite en justice pour « appel au lynchage public des membres des forces de l’ordre ». Tel un couperet, la condamnation est tombée, assortie d’une révocation de la magistrature en 2019.

Les mandats d’arrêt se sont alors succédés, restés cependant inopérants grâce à la solidarité des magistrats et officiers de police judiciaire qui refusaient de mettre à exécution des sanctions politiques déguisées.  Devant ces refus, le régime Rajoelina changea le fusil d’épaule et proposa alors à Fanirisoa des postes ministériels. Refus ferme de l’intéressée, qui se voyait alors poussée vers le chemin de l’exil.

Un mal pour un bien car son séjour en France lui a conféré une grande liberté d’expression. Le premier jalon de son exil politique en France fut la création de la RMDM Diaspora, qui regroupe les opposants au régime de Rajoelina à l’extérieur de Madagascar.  Menacé dans son existence, le régime de Rajoelina multiplia les pressions auprès des autorités françaises, qui ont mené en 2022 à l’interpellation par la police Dijonnaise de Fanirisoa et de son compagnon de lutte Marco. Traduite en justice en France, et ayant fait l’objet d’une demande d’extradition, Fanirisoa a cependant gagné son procès face à l’Etat malgache, aussi bien en première instance qu’en appel.

L’ancien gouvernement a tout fait pour abattre cet adversaire insaisissable, dont les messages ont un réel impact sur la population malgache. Tous les coups sont permis pour ternir l’image de Fanirisoa : diabolisation, diffamation… Mais ces manœuvres se sont soldées par un échec face à l’opiniâtreté d’une femme grandement déterminée à réaliser son idéal politique.

Des demandes d’extradition

Le Président malgache Andry Rajoelina

Parmi ses principaux faits d’arme, qui ont fait vaciller le régime, on peut citer les révélations sur l’acquisition de la nationalité française par Rajoelina (voir sa photo ci dessus) et sa famille. Ces révélations ont suscité de grands débats juridiques et ont posé des problèmes éthiques que le gouvernement n’a pu esquiver.  Ce qui a amené l’Etat malgache à envoyer en septembre 2025 une note verbale demandant aux autorités françaises d’extrader une fois de plus Fanirisoa et consort…Quelques semaines après cette missive, le régime Rajoelina est tombé, après les revendications déterminées et pacifiques de la population malgache.

Et il faut oser le dire : Fanirisoa a eu une contribution majeure dans cette œuvre, malgré les critiques qu’on peut lui adresser.  On lui reproche notamment d’être « une poule qui chante », le chant étant dans l’imaginaire populaire l’apanage du coq…On lui reproche également d’être « trop fanatique ». Mais ses admirateurs font remarquer que déjà à son époque,   Eva Peron disait qu’on ne peut rien accomplir sans fanatisme.

La main tendue aux lanceurs d’alerte

Grace a son courage et à un système de réseautage efficace, Fanirisoa a su tisser des liens étroits parmi les lanceurs d’alerte au niveau de l’Administration malagasy et au sein de la société civile. La divulgation des informations sur les mauvaises gouvernances ainsi glanées ont permis de conscientiser et de mobiliser la population.

Les informations amassées par Fanirisoa auprès de son réseau permettront aussi sur le plan régional et international de tracer les transactions présumées illicites. Les Mauriciens l’ont bien compris en octroyant à l’ancienne magistrate malgache un statut inédit e exceptionnel, comme le révèle le journal l’Express : celui de « Watching Brief », c’est à-dire d’observatrice autorisée au sein de la procédure concernant les auditions de Mamy Ravatomanga.

Pour parachever le travail, des voix s’élèvent pour que Fanirisoa soit nommée ministre de las justice et garde des sceaux…La balle est désormais dans le champ du nouveau gouvernement à Antananarivo…

Madagascar, les liens du colonel Mickael Randrianirina avec la Russie

Madagascar, « Mamy » Ravatomanga, milliardaire, vice Roi et cible des manifestants

Les sociétés offshore du milliardaire Mamy Ravatomonga

 

Cet article Fanirisoa Ernaivo, l’icône de l’opposition malgache en exil  est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/international/fanirisoa-erinaivo-licone-de-lopposition-malgache-en-exil/feed/ 0
Willis Chimano, électro-afropop en live à Londres (24 octobre) https://mondafrique.com/international/willis-chimano-electro-afropop-en-live-a-londres-24-octobre/ https://mondafrique.com/international/willis-chimano-electro-afropop-en-live-a-londres-24-octobre/#respond Fri, 24 Oct 2025 03:07:04 +0000 https://mondafrique.com/?p=141262 Chimano monte en solo sur la scène londonienne pour un concert inédit, où la pop kényane côtoie sans complexe la disco

Cet article Willis Chimano, électro-afropop en live à Londres (24 octobre) est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Willis Chimano, voix singulière de la pop africaine, présente son univers solo au Jazz Café de Londres, le 24 octobre. Une soirée électro, afro-pop et disco pour célébrer l’énergie et la créativité de la scène kényane.

Screenshot

Le vendredi 24 octobre, le Jazz Café de Camden accueille Willis Chimano, figure incontournable de la scène musicale africaine contemporaine. Co-fondateur du groupe Sauti Sol, Chimano monte en solo sur la scène londonienne pour un concert inédit, où la pop kényane côtoie sans complexe la disco, l’électro et la ball culture. L’occasion de découvrir l’un des nouveaux visages les plus affirmés de l’afro-pop, loin des recettes formatées.

Après avoir parcouru les grandes scènes du continent et conquis l’international avec Sauti Sol, Chimano explore désormais une palette sonore qui n’appartient qu’à lui. Son album « Heavy is the Crown » revendique un son hybride : rythmes afro-électro, lignes de basse entêtantes, voix profonde et arrangements disco, le tout porté par une liberté artistique manifeste. Ce projet solo assume la modernité, l’humour, la sensualité, mais reste ancré dans des racines africaines assumées, pour un résultat dansant et personnel.

Scène, public et communion

 Le choix du Jazz Café s’imposait : la salle, célèbre pour sa programmation audacieuse et son ambiance intimiste, offre un écrin idéal à ce concert. Le 24 octobre, Chimano promet un show généreux et festif, conçu pour bousculer les frontières de la pop africaine. Le public londonien, fidèle à l’éclectisme du lieu, s’attend à une soirée faite de surprises musicales : tubes solo, clins d’œil à Sauti Sol, collaborations inattendues… chaque morceau est une invitation à voyager.

Sur scène, l’artiste ne ménage ni son énergie ni sa proximité avec le public. Dans la fosse ou autour des tables du restaurant, amateurs de découvertes, fans de la première heure et curieux de la scène kényane vibrent ensemble. L’expérience est collective, à l’image d’une Afrique créative, festive et ouverte sur le monde.

Informations pratiques
Date : Vendredi 24 octobre 2025
 Heure : 19h (jusqu’à 22h30)
Lieu : The Jazz Café, 5 Parkway, Camden, London NW1 7PG
Billets : en vente en ligne, à partir de £22 (dice.fm)

 

Cet article Willis Chimano, électro-afropop en live à Londres (24 octobre) est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/international/willis-chimano-electro-afropop-en-live-a-londres-24-octobre/feed/ 0
« Mimi’s Shebeen » : Londres danse au rythme de Miriam Makeba https://mondafrique.com/international/mimis-shebeen-londres-danse-au-rythme-de-miriam-makeba/ https://mondafrique.com/international/mimis-shebeen-londres-danse-au-rythme-de-miriam-makeba/#respond Thu, 23 Oct 2025 03:49:45 +0000 https://mondafrique.com/?p=141281 le spectacle plonge le public dans l’énergie des shebeens, ces bars clandestins sud-africains devenus bastions de résistance sous l’apartheid.

Cet article « Mimi’s Shebeen » : Londres danse au rythme de Miriam Makeba est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Du 22 au 24 octobre 2025, Sadler’s Wells East à Londres accueille « Mimi’s Shebeen », spectacle dansé et chanté conçu par Alesandra Seutin, qui revisite la vie et le combat de Miriam Makeba, figure majeure de l’histoire africaine.

Sur la scène du Sadler’s Wells East, « Mimi’s Shebeen » déploie trois soirs durant la trajectoire exceptionnelle de Miriam Makeba. Pensé par la chorégraphe belgo-nigériane Alesandra Seutin, le spectacle plonge le public dans l’énergie des shebeens, ces bars clandestins sud-africains devenus bastions de résistance sous l’apartheid. Entre confidences intimes, séquences dansées et rythmes afro-jazz, la troupe (danseurs, chanteuses, musiciens) fait revivre l’icône surnommée « Mama Africa », artiste et militante qui a porté la voix d’un continent.

Le spectacle évite la reconstitution figée : Seutin insuffle une modernité radicale au récit. S’appuyant sur des témoignages, des archives et les grands titres de Makeba — « Pata Pata », « Malaika », « The Click Song » — elle convoque la mémoire sans nostalgie, tisse des liens entre la trajectoire de la chanteuse et les luttes contemporaines pour la justice et l’égalité. La musique live, portée par des instrumentistes d’Afrique du Sud et de la diaspora, pulse chaque tableau d’une énergie neuve. Projections vidéos, extraits sonores, créations chorégraphiques inédites se répondent dans une mise en scène immersive.

Le dispositif scénique casse les codes. Le public, invité à participer, à chanter ou danser sur scène, retrouve la convivialité et la chaleur des shebeens originels. « Mimi’s Shebeen » ne s’adresse pas seulement aux connaisseurs : passionnés d’histoire, amateurs de danse contemporaine, mélomanes ou simples curieux, tous partagent l’expérience d’un hommage vivant et collectif. Les thématiques d’exil, d’engagement et d’émancipation féminine, présentes dans la vie de Makeba, trouvent ici une résonance puissante.

Sadler’s Wells, institution-phare de la danse européenne, appuie la production et confirme l’importance grandissante des voix africaines sur la scène contemporaine. Pour Londres, ville-monde aux diasporas africaines actives, le spectacle s’impose comme un temps fort de la saison culturelle. Il rappelle, par l’exemple de Makeba, que la création peut devenir moteur de liberté et de dignité, ici et maintenant.

Pour Alesandra Seutin, « Mimi’s Shebeen » s’inscrit autant dans la mémoire que dans l’actualité : manifeste pour l’audace, hommage à la force des femmes africaines et invitation à transmettre l’héritage de Makeba au-delà des générations.

Informations pratiques
Dates : 22–24 octobre 2025
Lieu : Sadler’s Wells East, Londres, Royaume-Uni
Billetterie : sur place ou sur sadlerswells.com
Programmation : site officiel et Instagram @sadlers_wells

Cet article « Mimi’s Shebeen » : Londres danse au rythme de Miriam Makeba est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/international/mimis-shebeen-londres-danse-au-rythme-de-miriam-makeba/feed/ 0
La foire d’AKAA  s’invite à Paris au Carreau du Temple le 24 octobre https://mondafrique.com/international/la-foire-dakaa-sinvite-a-paris-au-carreau-du-temple-le-24-octobre/ https://mondafrique.com/international/la-foire-dakaa-sinvite-a-paris-au-carreau-du-temple-le-24-octobre/#respond Wed, 22 Oct 2025 14:20:38 +0000 https://mondafrique.com/?p=141166 Paris célèbre dix ans d’AKAA : la foire investit le Carreau du Temple avec une sélection pointue d’art africain contemporain, réunissant galeries, artistes et publics autour d’œuvres, de débats et de design en pleine expansion. Du 24 au 26 octobre 2025, AKAA célèbre dix ans d’art africain à Paris. Le Carreau du Temple s’impose comme le […]

Cet article La foire d’AKAA  s’invite à Paris au Carreau du Temple le 24 octobre est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Paris célèbre dix ans d’AKAA : la foire investit le Carreau du Temple avec une sélection pointue d’art africain contemporain, réunissant galeries, artistes et publics autour d’œuvres, de débats et de design en pleine expansion.

Du 24 au 26 octobre 2025, AKAA célèbre dix ans d’art africain à Paris. Le Carreau du Temple s’impose comme le point de convergence d’une trentaine de galeries, d’artistes de vingt pays et d’un public en quête de nouveaux récits visuels. Pour cette édition anniversaire, la foire expose près de cinquante artistes, confirmant sa place centrale dans le calendrier international de l’art contemporain africain.

AKAA façonne chaque année une sélection exigeante de peintures, sculptures, installations et design.

L’ivoirien Armand Boua

L’ivoirienne Joana Choumali

Le marocain M’barek Bouhchichi

L’ancrage de la foire 

Il s’agit de valoriser la diversité, révéler des trajectoires, et soutenir les figures émergentes du continent. Parmi les nouveautés : une section dédiée au mobilier d’art et à la création design, en pleine effervescence dans les grandes métropoles africaines. Plusieurs galeries nigérianes, sud-africaines et égyptiennes présentent cette année des œuvres inédites, tandis que des designers marocains bousculent les codes du mobilier urbain.

AKAA se distingue aussi par la franchise de ses débats. Conférences, rencontres et tables rondes interrogent la place des artistes africains dans les réseaux européens, les problématiques de restitution, la mobilité ou l’innovation dans les matériaux. L’édition 2025 convie des architectes et créateurs à repenser la frontière entre art, artisanat et design, un enjeu majeur pour la jeune génération. Le dialogue avec les institutions s’intensifie : commissaires, conservateurs et directeurs de musées scrutent les stands pour repérer de nouveaux noms à exposer ou intégrer aux collections publiques.

Le format resserré de la foire favorise les échanges : collectionneurs, amateurs ou simples curieux circulent librement dans les allées, croisent artistes, galeristes et designers, et participent à des discussions publiques sans barrière ni formalisme. Chaque année, plusieurs ventes majeures s’y négocient, donnant un coup d’accélérateur aux carrières des artistes et consolidant la réputation d’AKAA comme hub stratégique pour le marché africain en Europe.

En dix ans, AKAA a contribué à bouleverser les codes et à installer la création africaine au cœur de la scène parisienne. Plus qu’une vitrine, la foire s’affirme comme un laboratoire de débats et d’innovations, où se dessinent les nouveaux visages et les enjeux de l’art africain aujourd’hui.

Informations pratiques
Dates : 24–26 octobre 2025
Lieu : Carreau du Temple, Paris, France
Billetterie : sur place ou sur akaafair.com
Programmation : site officiel et Instagram @akaaf

Cet article La foire d’AKAA  s’invite à Paris au Carreau du Temple le 24 octobre est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/international/la-foire-dakaa-sinvite-a-paris-au-carreau-du-temple-le-24-octobre/feed/ 0
Le Royaume-Uni restitue l’archipel des Chagos à l’île Maurice https://mondafrique.com/international/le-royaume-uni-restitue-larchipel-des-chagos-a-lile-maurice/ Mon, 20 Oct 2025 07:00:11 +0000 https://mondafrique.com/?p=134203 Cet accord « historique » reconnaît la souveraineté de l’île Maurice sur les Chagos, incluant l’atoll de Diego Garcia dont la position stratégique dans l’océan Indien pour des opérations militaires en Mer Rouge, au Moyen-Orient et la région Indo-Pacifique n’est plus à faire.   Vel Moonien     L’archipel des Chagos, qui abrite la base […]

Cet article Le Royaume-Uni restitue l’archipel des Chagos à l’île Maurice est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Cet accord « historique » reconnaît la souveraineté de l’île Maurice sur les Chagos, incluant l’atoll de Diego Garcia dont la position stratégique dans l’océan Indien pour des opérations militaires en Mer Rouge, au Moyen-Orient et la région Indo-Pacifique n’est plus à faire.
 
Vel Moonien
 

 
L’archipel des Chagos, qui abrite la base militaire américano-britannique de Diego Garcia — d’où les bombardiers américains ont décollé lors de l’invasion du Koweït par l’Irak — a finalement été rétrocédé à l’île Maurice. Jeudi, le Premier ministre mauricien, Navin Ramgoolam, et son homologue britannique, Sir Keir Starmer, ont signé un accord en ce sens, lequel devra encore être ratifié par le Parlement britannique. Depuis plus de cinquante ans, Maurice conteste la décision du Royaume-Uni d’avoir détaché l’archipel de son territoire peu avant de lui accorder son indépendance, le 12 mars 1968, et d’avoir, dans la foulée, expulsé les natifs.
 
Cet accord qualifié d’« historique » entérine la souveraineté de l’île Maurice sur l’archipel des Chagos, y compris l’atoll de Diego Garcia, dont l’importance stratégique dans l’océan Indien — pour des opérations militaires en mer Rouge, au Moyen-Orient et dans la région indo-pacifique — est bien établie. Pour permettre aux forces américaines et britanniques de continuer à utiliser cet atoll, le Royaume-Uni s’est engagé à verser à Maurice une rente annuelle de 165 millions de livres sterling, soit environ 10,06 milliards de roupies, pendant les 28 premières années d’un bail de 99 ans.

Le prix à payer

 
Sir Keir Starmer a précisé que le versement moyen de 100 millions de livres sterling à l’île Maurice représente pratiquement « le coût d’exploitation d’un porte-avions […] ou légèrement moins, s’il est dépourvu de ses avions ». À cela s’ajoutent 45 millions de livres sterling que le Royaume-Uni allouera sur une période de 25 ans pour appuyer le développement économique de l’île Maurice, ainsi qu’un montant supplémentaire de 40 millions de livres destiné à un fonds d’aide en faveur des habitants des Chagos.
 
L’accord stipule que l’île Maurice ne pourra céder aucune des quelque cinquante îles de l’archipel des Chagos à une puissance étrangère à des fins militaires. Cette disposition fait écho aux craintes exprimées par les conservateurs britanniques et les républicains américains, qui agitaient le spectre d’une possible implantation chinoise dans l’archipel, malgré la proximité géopolitique de Maurice avec l’Inde. Par ailleurs, l’accord prévoit que les entreprises et contracteurs mauriciens bénéficieront d’une priorité lors des appels d’offres pour les travaux à réaliser sur l’atoll de Diego Garcia.

La fin de l’exil

Un enfant à une exposition retraçant le 50e anniversaire de l'arrivée des derniers déportés Chagossiens en 2023
Un enfant à une exposition retraçant le 50e anniversaire de l’arrivée des derniers déportés Chagossiens en 2023
 
Les Chagossiens auront également la possibilité de retourner s’installer sur deux des principales îles de l’archipel : Peros Banhos et Salomon. Un fonds sera mis en place afin de rendre ces îles de nouveau habitables. Olivier Bancoult, leader du Groupe Réfugiés Chagos et lui-même natif de Peros Banhos, a annoncé vendredi avoir mandaté le cabinet juridique Denton pour étudier les modalités de réinstallation des anciens habitants et de leurs descendants. Plusieurs pays amis, dont l’Inde, ont déjà exprimé leur volonté de soutenir l’île Maurice dans cette initiative.
 
Olivier Bancoult n’était encore qu’un enfant lorsqu’il a été contraint de quitter les Chagos pour s’installer à l’île Maurice. À partir de la fin des années 1990, il est devenu l’artisan principal d’une série d’actions en justice engagées contre le Royaume-Uni. Le gouvernement mauricien a suivi son exemple, notamment après la décision du Royaume-Uni de créer, en 2010, un parc marin autour de l’archipel, perçue comme une tentative d’empêcher le retour des Chagossiens. En 2015, cette démarche a été couronnée de succès avec une victoire devant le Tribunal international du droit de la mer.
 
Cette instance des Nations Unies a jugé que la décision britannique était illégale. Pour étayer sa position, l’île Maurice s’est appuyée sur des câbles diplomatiques échangés entre l’ambassade des États-Unis à Londres et Washington, révélés par WikiLeaks. Ces documents ont mis en lumière le mépris affiché par les autorités britanniques à l’égard des natifs, allant jusqu’à les comparer à « Vendredi », le personnage subalterne du roman Robinson Crusoé.
 
Cette fois-ci, le Royaume-Uni s’engage à soutenir la communauté chagossienne de l’île Maurice en mettant en place un nouveau fonds fiduciaire et en leur apportant d’autres formes d’aide distinctes. Par ailleurs, les deux pays collaboreront étroitement dans les domaines de la protection de l’environnement et de la sécurité maritime, notamment pour lutter contre la pêche illégale, l’immigration clandestine, ainsi que le trafic de drogue et d’êtres humains dans la région des Chagos. Une zone marine protégée sous juridiction mauricienne sera également instaurée.
 
Ce dénouement a été rendu possible après que la Cour internationale de justice a statué, en février 2019, que l’occupation de l’archipel était illégale et que celui-ci appartenait à l’île Maurice. À cette occasion, l’ancien Premier ministre mauricien, Sir Anerood Jugnauth, avait endossé sa robe d’avocat pour plaider la cause de son pays devant la Cour. La délégation mauricienne y a souligné que quelque 2 000 habitants avaient été expulsés de force vers l’île Maurice et les Seychelles. Une partie a pris la nationalité britannique par la suite.
Le Royaume-Uni avait initialement ignoré la décision, la qualifiant de simple avis consultatif. Toutefois, deux mois plus tard, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution reconnaissant la souveraineté de l’île Maurice sur l’archipel des Chagos. Lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le Premier ministre mauricien, Pravind Jugnauth, a saisi l’occasion pour dénoncer le double discours britannique sur les questions de souveraineté et de respect de l’intégrité territoriale. Cette prise de position aurait contribué à accélérer l’évolution du dossier.
 
Il est important de rappeler que, dans les années soixante, le Royaume-Uni justifiait le maintien de ces îles sous son contrôle en invoquant des besoins liés aux télécommunications. En réalité, il menait des négociations avec les États-Unis en vue d’y installer une base militaire. En contrepartie, Londres devait bénéficier de missiles Polaris. À cette époque, l’archipel avait été placé sous l’autorité du British Indian Ocean Territory (BIOT), le Territoire britannique de l’océan Indien.
 
Les 2 000 natifs des Chagos, expulsés entre 1963 et 1973, n’ont jamais été autorisés à retourner sur leur terre d’origine. Contrairement aux habitants de Chypre, des îles Malouines ou encore des îles Sandwich, ils ont été traités de manière inéquitable, soulignait Human Rights Watch l’an dernier (voir Mondafrique du 15 février 2023). Bien que les autorités britanniques aient, à un moment donné, envisagé un plan de retour pour les Chagossiens, celui-ci a rapidement été abandonné en raison de son coût jugé trop élevé.
 
 
 
 
 
 
 

Cet article Le Royaume-Uni restitue l’archipel des Chagos à l’île Maurice est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>