- Mondafrique https://mondafrique.com/international/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Sun, 10 Aug 2025 07:46:09 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/international/ 32 32 L’enlèvement d’Amir DZ: un mandat d’arrêt contre un diplomate algérien https://mondafrique.com/international/un-mandat-darret-contre-un-ex-diplomate-algerien/ https://mondafrique.com/international/un-mandat-darret-contre-un-ex-diplomate-algerien/#respond Sun, 10 Aug 2025 07:10:57 +0000 https://mondafrique.com/?p=137444 Un juge d’instruction français a émis le 25 juillet un mandat d’arrêt international contre Salaheddine Selloum, ancien premier secrétaire de l’ambassade d’Algérie à Paris. Selloum, qui a occupé ce poste entre 2021 et 2024, est soupçonné d’« appartenance à une association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation de l’un ou plusieurs crimes », selon une source diplomatique […]

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Un juge d’instruction français a émis le 25 juillet un mandat d’arrêt international contre Salaheddine Selloum, ancien premier secrétaire de l’ambassade d’Algérie à Paris. Selloum, qui a occupé ce poste entre 2021 et 2024, est soupçonné d’« appartenance à une association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation de l’un ou plusieurs crimes », selon une source diplomatique à Paris. Le nom de l’ancien diplomate est apparu dans l’information judiciaire ouverte après l’enlèvement d’Amir Boukhors, plus connu sous le nom d’Amir DZ.

 

La volonté d’Emmanuel Macron de créer un axe fort entre Paris et Alger qui fut un volet constant de son action internationale a été stoppée nette par sa reconnaissance de la marocanité du Sahara, une décisionqui a renforcé les adversaires de la coopération franco-algérienne au sein de l’institution militaire à Alger

Amir Boukhors, plus connu sous le pseudonyme Amir DZ, est une figure centrale de la scène politico-médiatique algérienne. Lanceur d’alerte redoutable et opposant constant au régime, il a longtemps alimenté les réseaux sociaux avec des révélations explosives sur des responsables civils et militaires algériens. Son enlèvement en région parisienne en 2024 a provoqué une crise diplomatique majeure entre Paris et Alger.

Une ascension numérique

Âgé de 41 ans, originaire de la région de Tiaret, à l’ouest de l’Algérie, Amir Boukhors a quitté clandestinement le pays il y a plusieurs années. Après un passage par l’Allemagne, il s’est installé en France en 2016.

Il s’est rapidement fait connaître en diffusant sur Facebook et YouTube des vidéos dans lesquelles il divulguait des informations sensibles sur les fortunes et les réseaux occultes de hauts responsables algériens, en Algérie comme à l’étranger.

Après le déclenchement du Hirak en février 2019, ces publications lui valent une importante popularité. Sa page Facebook atteint près d’un million d’abonnés, devenant un canal d’information alternatif pour de nombreux Algériens.

Cependant, ises informations provenaient de fuites orchestrées par des factions rivales au sein du pouvoir, comme c’est le cas pour la plupart des journalistes et des opposants qui cherchent à comprendre ce qui se passe en Algérie, avec le risque de servir d’être instrumentalisé dans une guerre d’influence opaque pour le contrôle de l’État en relayant des documents sinon compromettants, du moins tenus secrets.

Condamnations en Algérie

Les autorités algériennes ont émis plusieurs mandats d’arrêt internationaux contre Amir Boukhors. Il a été condamné par contumace à de lourdes peines de prison par le tribunal criminel de Dar El Beida pour des accusations multiples dont notamment « atteinte à l’unité nationale et à l’intégrité de l’État », « Réception de fonds de l’étranger à des fins subversives », « Diffamation, chantage et atteinte à la vie privée ».

Le 21 septembre 2022, la Cour d’appel de Paris a rejeté toutes les demandes d’extradition formulées par l’Algérie, estimant que les accusations portées contre Amir Boukhors n’étaient pas étayées par des preuves suffisantes et qu’il risquait une persécution politique en cas de renvoi dans son pays.

Le 2 octobre 2023, l’OFPRA lui accorde officiellement le statut de réfugié politique, ce qui constitue un désaveu pour le régime algérien.

L’enlèvement d’Amir DZ: l’erreur de trop 

Fin avril 2024, Amir Boukhors est enlevé en région parisienne par des individus se faisant passer pour des policiers. Il est contraint d’avaler des somnifères puis séquestré pendant 27 heures dans un conteneur à Pontault-Combault, en Seine-et-Marne.

Selon son témoignage, l’un des ravisseurs aurait affirmé qu’un responsable algérien souhaitait lui parler, mais aucun émissaire ne se serait finalement présenté. Il a été relâché et entendu par la police française. Les conditions acrobatiques de cette opération de basse police révèlent la dégradation du fonctionnement des services algériens, minés par des évuctions brutales, la baisse de niveau de l’appareil sécuritaire longtemps craint pour son efficacité et ses ‘méthodes et l’improvisation d’agents livrés à eux mêmes et sous traitants leurs opérations d’intimidation contre les opposants en France à des sans papiers gitans ou autres et à des petits délinquants.

En avril 2025, trois hommes, dont un employé du consulat d’Algérie à Paris, sont mis en examen. Le parquet national antiterroriste (PNAT) ouvre une information judiciaire pour « arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivie de libération avant le septième jour, en relation avec une entreprise terroriste ».

Crise sans fin entre Paris et Alger

La mise en examen d’un agent consulaire algérien provoque la colère d’Alger. Dans un geste de représailles, le gouvernement algérien expulse 12 agents de l’ambassade française à Alger, dont des membres du contre espionnage français (DGSI) chargés d’appliquer l’accord sécuritaire de 2022 entre les deux pays qui fonctionnait de façon très efficace et dont la suspension a été regretté publiquement à Paris par la patronne de la DGSI

L’affaire Amir DZ s’inscrit dans un contexte tendu entre Alger et Paris, marqué par une série d’épisodes ayant sérieusement dégradé les liens bilatéraux — notamment la reconnaissance française du plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal et sa condamnation confirmée en appel pour la mise en cause des frontières de l’Algérie, un délit dans le droit algérien, , ainsi que des divergences persistantes sur les questions migratoires, mémorielles et sécuritaires.

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Série Soudan (V), l’axe Khartoum/N’Djanema https://mondafrique.com/international/sahel-soudan-et-tchad-deux-pays-aux-destins-lies/ https://mondafrique.com/international/sahel-soudan-et-tchad-deux-pays-aux-destins-lies/#respond Tue, 05 Aug 2025 00:18:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=126305 Chercheur et consultant au Centre des stratégies pour la sécurité du Sahel-Sahara, Liman Nadawa, analyse dans cette Libre Opinion les implications de la guerre civile au Soudan au Sahel central et revient sur les relations pas toujours si simples entre le Tchad et son voisin soudanais. Par Limam Nadawa, Centre4s Avec les attaques terroristes, toujours […]

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Chercheur et consultant au Centre des stratégies pour la sécurité du Sahel-Sahara, Liman Nadawa, analyse dans cette Libre Opinion les implications de la guerre civile au Soudan au Sahel central et revient sur les relations pas toujours si simples entre le Tchad et son voisin soudanais.

Par Limam Nadawa, Centre4s

Avec les attaques terroristes, toujours en progression à travers et autour du Sahel central, la poursuite du violent conflit armé au Soudan doit plus qu’inquiéter. Bien évidemment, il affecte tous ses voisins.

Depuis avril 2023, les Forces armées soudanaises, FAS, dirigées par le général Abdel Fattah al-Burhan, et les Forces de soutien rapide FSR, contrôlées par son ancien adjoint, le général Mohamed Hamdan Dagalo alias Hemeti, s’affrontent pour la conquête du pouvoir central à Khartoum. Alors que le conflit s’aggrave, le Tchad est accusé de soutenir Hemeti en laissant transiter par son territoire des armes venues des Émirats arabes unis. Historiquement, les deux pays voisins se sont accusés d’alimenter les rebellions l’un chez l’autre. Les raisons en sont la présence des mêmes ethnies de part et d’autre de la frontière ainsi que d’activités de mercenaires disponibles au plus offrant, donc changeant souvent d’alliances.

Le défi auquel font face le Soudan et le Tchad ne leur est pas unique. De nombreux autres pays africains ont été configurés, en taillant des ethnies en deux, voire en trois ou plus. En avance sur leurs dirigeants sur le plan de l’intégration régionale, ou ignorant les frontières tracées par la colonisation, des populations maintiennent leurs liens ancestraux. Par ce biais, elles arrivent à influer sur la gouvernance des pays d’autant plus facilement que des acteurs centraux, de part et d’autre, se recrutent en leurs seins. Plus intéressant à observer, il est fréquent de voir les mêmes familles diriger deux pays, sous des nationalités différentes.

L’intangibilité des frontières 

Ces solidarités ethniques interrogent ‘’l’intangibilité des frontières’’, un des fondements de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), l’ancêtre de l’Union africaine. C’est la deuxième Conférence des Chefs d’États et de Gouvernements de l’OUA, réunie au Caire, en Égypte, qui a opta en faveur du ‘’principe de l’intangibilité’’ des frontières, le 21 juillet 1964. Le sommet ‘’ déclare solennellement que tous les États membres s’engagent à respecter les frontières existant au moment où ils ont accédé à l’indépendance’’. Ces frontières étaient supposées constituer un marqueur rigide de l’espace politique et social africain.

Les débats furent houleux, au point de diviser les dirigeants africains en deux blocs: le ‘’ Groupe de Casablanca ‘’ et le ‘’ Groupe de Monrovia’’. Le premier, dit progressiste, prêchait l’unité continentale  et la refonte physique des nouveaux États, afin de tenir compte, entre autres arguments, de l’homogénéité de leurs populations respectives. Le second, considéré comme ‘’conservateur’’, partisan du statu quo, insistait sur l’intangibilité des frontières au nom de la stabilité. Il eut raison du premier. Fondamentalement, dans les deux cas, il s’agissait de faire l’économie de conflits entre Etats voisins et de favoriser l’intégration africaine. Se considérant sérieuses victimes du statu quo, le Maroc et la Somalie rejetèrent ce principe d’intangibilité des frontières.

Le Soudan et le Tchad vivent douloureusement ce principe. Quand le général Hassan Omar el-Béchir prit le pouvoir en juin 1989, l’ouest du Darfour est un champ de bataille où s’affrontent troupes fidèles au gouvernement tchadien d’Hussein Habré et rebelles organisés du rebelle Idriss Deby qu’appuyaient la Libye et la France. Il est de l’ethnie Zaghawa, présente des deux côtés de la frontière. Une importante colonie de réfugiés de la même ethnie vivait au Darfour. Les troupes d’Hussein Habré y poursuivirent les rebelles, armant ses ‘’parents’’ pour se défendre des soldats de son adversaire. En décembre 1990, Idriss Deby sort victorieux de la confrontation. Le gouvernement soudanais et celui d’Idriss Deby nouèrent des liens de coopération. Toutefois, les deux pays vont cheminer avec vigilance.

Accusations réciproques 

En décembre 2005, en raison du conflit au Darfour, le Tchad se déclare en état de belligérance avec le Soudan. En effet, de nombreux Soudanais fuient dans des camps de réfugiés au Tchad. Des troupes gouvernementales et des milices soudanaises traversent la frontière pour les y attaquer, les assimilant, à tort ou à raison, à des rebelles. L’année suivante, les choses s’enveniment, le Tchad soupçonnant le gouvernement soudanais de toujours soutenir des rebelles tchadiens. Bien que les deux gouvernements aient signé l’Accord de Tripoli, en Libye, le 8 février 2006, mettant fin aux hostilités, les combats se poursuivent. Ainsi, le 13 avril 2006, des miliciens du Front uni pour le changement (UFC) menacent ils N’Djamena. Le président Idriss Deby accuse Khartoum d’être derrière l’attaque, audacieuse. Pour lui, les rebelles sont soit soudanais, soit tchadiens, soutenus par le Soudan. Par conséquent, il rompt les relations diplomatiques avec son voisin, et menace d’expulser les milliers de civils du Darfour réfugiés sur son sol.

Le 26 octobre 2006, un nouveau mouvement rebelle, créé quatre jours plus tôt, l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD), regroupant plusieurs groupes hostiles à Idriss Deby Itno, fonce sur la capitale tchadienne. Partie du Darfour, une colonne d’environ 800 hommes avec 70 véhicules, parvient à 500 km de N’Djamena. Le général Mahamat Nouri, président de l’UFDD, a réussi à fusionner avec le Conseil démocratique révolutionnaire (CDR) de l’ancien ministre d’Hussein Habré, Acheikh Ibn Oumar. Une fois de plus, le Tchad accuse le Soudan de soutenir ces rebelles, trois mois après la normalisation des relations entre les deux pays, rompues après la tentative de renverser le régime de N’Djamena, en avril. Le Tchad en est convaincu car les rebelles avaient tiré un missile sol-air sur un avion français qui les survolait. Début octobre, l’armée soudanaise avait eu maille à partir avec une rébellion du nord du Darfour, bénéficiaire du soutien d’une partie de l’armée tchadienne. Réponse du berger à la bergère.

Pourtant, aux termes de l’Accord de Tripoli, les parties étaient invitées ‘’ à se garder … de toute ingérence dans les affaires intérieures respectives et à se garder également de tout soutien aux groupes armés opérant dans l’un ou l’autre pays’’.

Février 2008, nouvelle poussée de fièvre quand, avec le soutien financier et matériel du Soudan, l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD), un autre groupe rebelle basé au Darfour, lance une incursion sur N’Djamena qu’elle atteint à un rythme surprenant. Seul un soutien de l’armée français permit alors à Idriss Deby, reclus dans son palais à N’Djamena, de renverser la situation alors que les troupes rebelles étaient déjà entrées dans la capitale tchadienne. Les présidents soudanais et tchadiens, encore une fois, paraphent un accord de non-agression visant à mettre fin aux hostilités transfrontalières entre leurs deux pays, le 13 mars, à Dakar, Sénégal.  Décidément adeptes des signatures, le Soudan et le Tchad concluent, le 9 février 2010, à Khartoum, un accord de paix, qui permit la création d’une force frontalière chargée de traquer l’ensemble des rebelles écumant leurs pays et leur environnement immédiat. Ils ont convenu également de cesser de les financer.

Feu Idriss Déby Itno a travaillé, de concert avec le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, un représentant des Émirats arabes unis et le président de la Commission de l’Union africaine, à obtenir la signature d’un accord de paix entre le gouvernement de Transition soudanais et le Front révolutionnaire soudanais. La cérémonie est intervenue à Juba, au Soudan du Sud, début octobre 2020. Le Front révolutionnaire soudanais, basé dans la région du Darfour occidental, du Kordofan méridional et du Nil Bleu, fait partie du mouvement pro-démocratique qui a conduit au soulèvement contre le président Hassan Omar el-Béchir, le 2 avril 2019. Cependant, ces rebelles n’ont pas pleinement soutenu l’accord de partage du pouvoir entre les militaires et les civils qui en résulta.

La main des Emirats arabes unis

Depuis le début du conflit soudanais, mi-avril 2023, le président Mahamat Deby Itno est confronté à un exercice diplomatique périlleux. Son régime s’est proclamé ‘’ neutre’’, au début des hostilités. Un accord conclu, en juin 2023, avec les Émirats arabes unis, peut avoir remis en cause ce fragile équilibre. Les Emirats ont accordé un ‘’prêt’’ de 1,5 milliard de dollars au Tchad, soit l’équivalent de 80% de son budget. Ils ont aussi entrepris un renforcement de la coopération sécuritaire, énergétique et minier avec N’Djamena. En octobre 2024, ils se sont rapprochés encore du Tchad, en lui accordant un second prêt estime à 500 millions de dollars.

Cette approche permet aux EAU, selon des rapports des Nations Unies et des services de renseignements américains et français, d’approvisionner les FSR du général Hemiti en armes et divers équipements militaires.  Des cargos affrétés par eux atterrissent d’abord à Amdjarass, dans la province de l’Ennedi Est, au Nord-Est du pays, puis à l’aéroport de N’Djamena. Leurs contenus sont, ensuite, acheminés au Darfour, par la route. Hemeti et ses frères se sont investis dans un métal dont les EAU sont très demandeurs: l’or. Les EAU visent également les vastes zones de terres agricoles soudanaises, et souhaitent construire un port sur la mer Rouge, emplacement stratégique, pour un coût de 6 milliards. Cet intérêt se double d’un autre avantage diplomatique et de soutien à des ‘’frères arabes’’. Les EAU versus le frère rival qu’est l’Égypte, qui prête mainforte à l’armée officielle soudanaise, encore commandée par le général Abdel Fattah al-Bhuran. Début septembre 2023, les États-Unis ont sanctionné les deux généraux, pour génocide et refus de la paix. Un conflit qui ne peut faire oublier, l’une de ses nombreuse causes indirectes, l’éternelle question des ‘’eaux du Nil’’ 

Par cette entente avec les EAU, le Tchad a-t-il gagné, définitivement, la partie? Pas si sûr ! Ainsi que l’a rappelé, fin octobre 2024, sur Radio France Internationale le gouverneur du Darfour et chef du Mouvement de libération du Soudan (ALS-MM), Minni Arcou Minnawi : ‘’ Il y a beaucoup d’enfants de réfugiés soudanais qui sont entrés au Tchad en 2003, qui sont dans l’armée tchadienne et dans la garde républicaine. Ils sont des officiers de l’armée tchadienne. Il y a plus de 20 tribus communes qui s’étendent au Tchad comme au Soudan. La géographie ne t’empêche pas d’avoir de la compassion pour tes frères. La position officielle en ce qui concerne le Soudan est refusée par un grand nombre d’officiers tchadiens’’. Une déclaration partisane ?

 

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Rejoignez la nouvelle chaine Whatsapp de Mondafrique https://mondafrique.com/confidentiels/rejoignez-la-nouvelle-chaine-whattsapp-de-mondafrique/ Mon, 04 Aug 2025 02:18:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=107637 REJOIGNEZ LA CHAINE WHATTSAPP DE MONDAFRIQUE Mondafrique qui rentre dans sa onzième année d’existence le doit à ses fidèles lecteurs qui résident pour moitié en Europe (majoritairement en France, beaucoup au Canada) et pour moitié dans les pays du Maghreb (surtout en Algérie) , du Sahel (le Niger et le Mali en tète)  et du Moyen […]

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Mondafrique qui rentre dans sa onzième année d’existence le doit à ses fidèles lecteurs qui résident pour moitié en Europe (majoritairement en France, beaucoup au Canada) et pour moitié dans les pays du Maghreb (surtout en Algérie) , du Sahel (le Niger et le Mali en tète)  et du Moyen Orient (notamment le Liban).

Avec quelques 500000 visiteurs par mois pour le site fondé en 2014, 35000 abonnés sur Instagram et 5000 fidèles de nos pages WhatsApp , « Mondafrique » a imposé une vision pluraliste et originale en matière d’information sur le monde arabe et africain. Depuis le début des guerres en Ukraine et au Moyen Orient, nous ne nous interdisons pas d’accueillir des analyses sur les grands équilibres mondiaux qui ne peuvent pas manquer de se répercuter sur le mode africain et maghrébin. 

Notre positionnement critique vis à vis des pouvoirs en place, la diversité des contributeurs du site -journalistes, diplomates, universitaires ou simples citoyens-, la volonté enfin d’apporter des informations et des analyses qui tranchent avec la reste de la presse ont été nos seules lignes de conduite.  

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Sahel : L’Union africaine nomme un envoyé spécial https://mondafrique.com/international/sahel-lunion-africaine-nomme-un-envoye-special/ https://mondafrique.com/international/sahel-lunion-africaine-nomme-un-envoye-special/#respond Mon, 04 Aug 2025 01:52:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=137368 Cette nomination constitue une occasion de renforcer l’engagement de l’UA et de promouvoir les droits humains (Nairobi, 25 juillet 2025) – La nomination par l’Union africaine (UA) du président du Burundi au poste d’envoyé spécial pour le Sahel renforce la capacité de l’UA à répondre aux enjeux les plus urgents en matière de droits humains au Mali, au Burkina […]

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Cette nomination constitue une occasion de renforcer l’engagement de l’UA et de promouvoir les droits humains

(Nairobi, 25 juillet 2025) – La nomination par l’Union africaine (UA) du président du Burundi au poste d’envoyé spécial pour le Sahel renforce la capacité de l’UA à répondre aux enjeux les plus urgents en matière de droits humains au Mali, au Burkina Faso et au Niger, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch dans une lettre adressée au président Évariste Ndayishimiye.

La nomination d’Évariste Ndayishimiye le 17 juillet 2025 intervient à un moment critique pour le Sahel, marqué par une recrudescence des menaces contre les civils dans le cadre de conflits armés, l’autoritarisme croissant des juntes militaires et la marginalisation grandissante d’institutions indépendantes, notamment l’UA et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ces dynamiques ont érodé l’état de droit, renforcé l’impunité pour les violations graves des droits humains et rendu les civils de plus en plus vulnérables.

« Malgré le bilan très préoccupant du Burundi en matière de droits humains, le président Ndayishimiye a désormais l’opportunité de promouvoir les droits humains ainsi qu’une gouvernance fondée sur les droits dans la région du Sahel », a déclaré Allan Ngari, directeur du plaidoyer pour l’Afrique à Human Rights Watch. « Ne pas le faire reviendrait à tolérer dangereusement l’autoritarisme sous couvert de diplomatie. »

Évariste Ndayishimiye devrait mettre l’accent sur le respect des droits humains et de l’État de droit dans l’approche de l’UA vis-à-vis du Sahel et répondre aux préoccupations majeures suivantes :

Les groupes armés islamistes et les forces de sécurité gouvernementales continuent de commettre de graves violations du droit international humanitaire, y compris des crimes de guerre et de potentiels crimes contre l’humanité. À la mi-2025, les conflits armés au Sahel avaient causé la mort d’au moins plusieurs dizaines de milliers de civils, provoquant l’une des crises humanitaires les plus graves au monde et contraignant plus de trois millions de personnes à quitter leur foyer.

Depuis 2020, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont connu des coups d’État militaires. Les juntes militaires au pouvoir ont fait preuve d’intolérance vis-à-vis de l’opposition politique et de la dissidence. L’espace civique et politique s’est réduit à mesure que la répression contre les journalistes, les militants de la société civile et les membres des partis d’opposition s’est intensifiée, notamment par le biais de détentions arbitraires, de disparitions forcées et de conscriptions illégales. Les dirigeants militaires des trois pays ont consolidé leur pouvoir sans élections, retardant ainsi le retour à un régime civil démocratique.

Les autorités du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont ignoré les appels à la reddition des comptes et n’ont pas respecté leurs obligations légales internationales d’enquêter sur les violations graves des droits humains commises par leurs forces de sécurité et de traduire les responsables en justice, laissant ainsi l’impunité s’installer et encourageant les auteurs de ces violations. En 2025, les trois pays ont officiellement quitté la CEDEAO, privant ainsi leurs citoyens de la possibilité de demander justice pour des violations des droits humains devant la Cour de justice de la CEDEAO.

« L’envoyé spécial de l’UA devrait engager un dialogue constructif avec les autorités du Mali, du Burkina Faso et du Niger sur les obligations de leurs gouvernements respectifs en matière de protection des droits humains », a conclu Allan Ngari. « Il devrait veiller à ce que la stratégie de l’UA pour le Sahel donne la priorité à la protection des civils en danger, au respect des droits civils et politiques, ainsi qu’à la promotion de la justice et de la reddition des comptes. »


Pour consulter d’autres communiqués et rapports de Human Rights Watch sur le Burkina Faso, veuillez suivre le lien :
https://www.hrw.org/fr/afrique/burkina-faso

Pour consulter d’autres communiqués et rapports de Human Rights Watch sur le Mali, veuillez suivre le lien :
https://www.hrw.org/fr/africa/mali

Pour consulter d’autres communiqués et rapports de Human Rights Watch sur le Niger, veuillez suivre le lien :
https://www.hrw.org/fr/afrique/niger

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Le gouvernement israélien plus isolé que jamais https://mondafrique.com/international/le-gouvernement-israelien-plus-isole-que-jamais/ https://mondafrique.com/international/le-gouvernement-israelien-plus-isole-que-jamais/#respond Thu, 31 Jul 2025 17:36:58 +0000 https://mondafrique.com/?p=137301 L’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, est attendu jeudi en Israël pour «discuter des prochaines étapes» de la guerre à Gaza avec l’allié israélien, sous une pression internationale inédite d’un nombre croissant de pays promettant de reconnaître un État de Palestine. Hervé BAR d’ici Beyrouth, avec l’équipe de l’AFP à Gaza Jeudi matin, la […]

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L’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, est attendu jeudi en Israël pour «discuter des prochaines étapes» de la guerre à Gaza avec l’allié israélien, sous une pression internationale inédite d’un nombre croissant de pays promettant de reconnaître un État de Palestine.

Hervé BAR d’ici Beyrouth, avec l’équipe de l’AFP à Gaza

Jeudi matin, la Défense civile a annoncé la mort de 58 personnes, tuées la veille au soir par des tirs israéliens autour d’une distribution d’aide dans le nord du territoire, revoyant à la hausse un précédent bilan d’une trentaine de morts. L’armée israélienne a immédiatement démenti, assurant «n’avoir connaissance d’aucune victime résultant de ses tirs» et parlant de «coups de semonce» visant à disperser un rassemblement «autour de camions d’aide (…) à proximité immédiate» de ses troupes. Selon des témoins, des camions d’aide ayant franchi le poste de contrôle militaire israélien de Zikim pour se rendre dans des entrepôts du Programme alimentaire mondial (PAM) ont été assaillis par la foule, et des coups de feu ont alors éclaté.

L’isolement international d’Israel

Après 22 mois d’une guerre sans répit contre le Hamas, ce territoire sous blocus israélien est désormais menacé d’une «famine généralisée», selon l’ONU, et totalement dépendant de l’aide humanitaire distribuée par camions ou larguée depuis les airs. «C’est une vraie famine (…). Beaucoup de gens meurent de faim», s’est même inquiété le président Donald Trump, face aux images d’enfants amaigris à Gaza. Les morts tombés sous les tirs et bombardements israéliens s’y comptent par dizaines chaque jour, dénoncent les sources palestiniennes.

L’envoyé spécial du président Donald Trump, Steve Witkoff, devrait rencontrer le Premier ministre Benjamin Netanyahou, dans l’après-midi. Selon la presse israélienne, il pourrait se rendre dans la bande de Gaza pour y visiter un site de la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF), une organisation soutenue par les États-Unis et Israël, en charge de la distribution de l’essentiel de l’aide dans le territoire palestinien, mais avec laquelle les organisations internationales refusent de travailler.

La visite en Israël de Steve Witkoff intervient près de deux semaines après l’échec de négociations indirectes, sous médiation américaine, qatarie et égyptienne, entre Israël et le Hamas en vue d’un cessez-le-feu. Mardi, face à «l’incapacité persistante» d’Israël à empêcher une catastrophe humanitaire à Gaza, le Canada a annoncé son intention de reconnaître l’État de Palestine, dans la foulée de la France et du Royaume-Uni. Israël a dénoncé une «campagne de pression internationale déformée» venant «récompenser le Hamas et nuire aux efforts visant à obtenir un cessez-le-feu à Gaza».

Le retour des colonies à Gaza

Mais depuis son offensive militaire visant à «éradiquer» le mouvement islamiste et libérer les otages, le gouvernement israélien semble peiner à trancher sur une solution politique pour Gaza, et plus généralement sur une sortie de crise pour le «jour d’après» selon une expression souvent reprise.

Dans ce contexte, la frange la plus radicale de la coalition gouvernementale plaide pour un retour des colonies à Gaza, évacuées en 2005 sur ordre d’Ariel Sharon. Et les incidents se multiplient en Cisjordanie, impliquant notamment des colons et des assaillants palestiniens.

 

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Cinquante ans de relations entre l’Union Européenne et la Chine https://mondafrique.com/international/vers-un-avenir-commun-entre-lunion-europeenne-et-la-chine/ https://mondafrique.com/international/vers-un-avenir-commun-entre-lunion-europeenne-et-la-chine/#respond Mon, 28 Jul 2025 19:25:54 +0000 https://mondafrique.com/?p=137010  Jeudi 24 juillet 2025, le président chinois Xi Jinping a reçu les dirigeants de l’Union européenne à Pékin pour célébrer le 50e anniversaire de leurs relations diplomatiques. Lyazid BENHAMI   Zhou En Lai et sir Christopher Soames à Pékin en mai 1975. En 1975, la Communauté économique européenne engageait des relations formelles avec la République […]

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 Jeudi 24 juillet 2025, le président chinois Xi Jinping a reçu les dirigeants de l’Union européenne à Pékin pour célébrer le 50e anniversaire de leurs relations diplomatiques.

Lyazid BENHAMI

 

Zhou En Lai et sir Christopher Soames à Pékin en mai 1975.

En 1975, la Communauté économique européenne engageait des relations formelles avec la République populaire de Chine, alors en pleine transformation interne. Depuis, les deux entités ont profondément évolué : l’Europe a consolidé son intégration politique et monétaire, tandis que la Chine s’est imposée comme une puissance économique majeure. Cette évolution parallèle a naturellement rapproché leurs intérêts dans de nombreux domaines.

Aujourd’hui, l’UE et la Chine sont interdépendantes sur les plans commercial, industriel et technologique. Le commerce bilatéral atteint des niveaux records – près de 740 milliards d’euros en 2023 – et les flux d’investissements réciproques traduisent une dynamique profonde, bien au-delà de la simple complémentarité économique.

Des multiples tensions

Cette interdépendance n’est cependant pas exempte de tensions. Derrière les chiffres, des frictions subsistent: accès asymétrique aux marchés, déséquilibres réglementaires, préoccupations sur les droits de propriété intellectuelle ou encore concurrence technologique exacerbée. L’Europe exige davantage de réciprocité, tandis que la Chine promet l’ouverture. La crédibilité de cette promesse déterminera l’avenir de leur coopération économique.

Mais ces tensions, bien qu’importantes, ne doivent pas occulter la nature systémique de la relation: l’UE et la Chine ne peuvent ni ignorer ni marginaliser l’autre. Elles doivent donc apprendre à « coexister stratégiquement », en bâtissant des garde-fous clairs et durables.

Des défis globaux

Au-delà du commerce, l’UE et la Chine partagent une responsabilité cruciale dans la gestion des biens publics mondiaux. Sur le climat, par exemple, leurs engagements en matière de neutralité carbone – 2050 pour l’UE, 2060 pour la Chine – les positionnent comme des piliers potentiels de la transition écologique mondiale. Avec le retrait relatif des États-Unis des accords climatiques sous l’administration Trump, leur leadership commun devient plus que souhaitable: il est indispensable.

En matière de gouvernance internationale, les deux parties défendent le multilatéralisme. Elles s’appuient sur des institutions comme l’ONU ou l’OMC pour stabiliser les relations internationales, dans un contexte où les règles établies sont souvent contestées. Cette posture partagée peut devenir un levier pour renforcer les normes globales et promouvoir une régulation équitable, notamment dans les domaines émergents comme l’IA, la cybersécurité ou la santé mondiale.

Les échanges culturels, universitaires et scientifiques constituent un socle discret mais essentiel du partenariat UE-Chine. Des projets de recherche communs, des programmes universitaires partagés, et des initiatives artistiques renforcent les liens humains. Ces interactions nourrissent une compréhension mutuelle qui amortit les tensions diplomatiques et alimente une forme de « diplomatie des peuples ».

Construction et lucidité

Le futur des relations sino-européennes dépendra de leur capacité à gérer leurs différences tout en consolidant leurs points de convergence. Le monde entre dans une ère de polycrises – instabilité géopolitique, transformation numérique, transition écologique – qui appelle des réponses collectives. Ni l’Europe ni la Chine ne peuvent y répondre seules.

Cela exige de repenser leur partenariat sur une base stratégique: transparence, dialogue structuré, mécanismes de confiance mutuelle et vision commune de la stabilité mondiale. Il ne s’agit pas d’effacer les désaccords, mais de les inscrire dans un cadre coopératif mature.

« Dans un monde en transition, l’Europe et la Chine ont la responsabilité – et l’opportunité – de devenir des architectes de stabilité, de durabilité et de coopération. »

Célébrer les 50 ans de relations diplomatiques entre l’UE et la Chine, ce n’est pas simplement honorer le passé, c’est poser les fondations d’un avenir commun. Dans un monde en recomposition, leur relation peut devenir un pilier d’équilibre. À condition de conjuguer ambition stratégique et réalisme politique, l’Europe et la Chine ont l’occasion d’écrire ensemble un nouveau chapitre – plus lucide, plus exigeant, mais surtout porteur d’avenir.

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La lune de miel entre Alger et Rome https://mondafrique.com/international/la-lune-de-miel-entre-alger-et-rome/ https://mondafrique.com/international/la-lune-de-miel-entre-alger-et-rome/#respond Mon, 28 Jul 2025 07:59:14 +0000 https://mondafrique.com/?p=136924  Le 5e sommet inter-gouvernemental Italie–Algérie du 23 juillet 2025, tenu en même temps que la visite d’Etat du president Tebboune à Rome , a marqué un tournant dans la relation entre les deux pays qui se renforce entre les deux pays. Alors que les liens se resserrent etre l’Italie et la Tunisie et que la […]

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 Le 5e sommet inter-gouvernemental Italie–Algérie du 23 juillet 2025, tenu en même temps que la visite d’Etat du president Tebboune à Rome , a marqué un tournant dans la relation entre les deux pays qui se renforce entre les deux pays. Alors que les liens se resserrent etre l’Italie et la Tunisie et que la coopération se renforce entre Alger et Tunis, on assiste à l’émergence d’un pole de coopération et de stabilité au couer de l’ensemble méditerranéen et au détriment du role clé que jouait traditionnellement la France dans cette zone géographique.

Lyazid BENHAMI

À travers une série d’accords concrets dans les domaines de l’énergie, de la sécurité, des infrastructures et des télécommunications, Rome et Alger dessinent les contours d’un partenariat pragmatique et équilibré au cœur de la Méditerranée

Un socle énergétique 

La signature d’un contrat de 1,3 milliard de dollars entre Sonatrach et Eni pour l’exploitation de nouveaux gisements d’hydrocarbures renforce la position de l’Algérie comme fournisseur stratégique de l’Italie. Alors que l’Europe cherche à sécuriser ses approvisionnements énergétiques post-Ukraine, Rome mise sur un partenariat fiable avec Alger, qui représente près de 40 % de ses importations de gaz, et pour objectif également de devenir un hub énergétique méditerranéen.

« Nous continuons à être un partenaire fiable pour nos amis italiens », a déclaré le président Abdelmadjid Tebboune.
Le partenariat s’ouvre également aux énergies d’avenir, notamment l’hydrogène vert et les renouvelables, reflétant une volonté partagée de diversification énergétique.

Sécurité et migration 

Les deux gouvernements ont signé un mémorandum sur la sécurité incluant la lutte contre le terrorisme, la surveillance maritime et les opérations de secours en Méditerranée. La gestion migratoire repose désormais sur des mécanismes concertés et des formations cofinancées par l’Union européenne.

« Il est de notre devoir de travailler ensemble à la stabilisation de notre région, du Sahel à la Libye », a affirmé la Première ministre Giorgia Meloni.

Cette approche opérationnelle vise à répondre aux défis transfrontaliers tout en stabilisant la région du Sahel et de la Méditerranée centrale.

Un câble numérique sous-marin reliera prochainement Annaba à la Sicile, via une joint-venture entre Sparkle et Algérie Télécom. Ce projet illustre la volonté des deux pays de bâtir des infrastructures numériques interconnectées.

Un fonds d’investissement bilatéral soutiendra les entreprises italiennes en Algérie dans des secteurs clés : agroalimentaire, pharmaceutique et industrie mécanique. Le centre Enrico Mattei, qui ouvrira ses portes à Sidi Bel Abbès, jouera un rôle de catalyseur pour le transfert de compétences dans les domaines stratégiques.

Une alliance ancrée dans le réalisme

Ce sommet confirme la maturité d’un partenariat ancré dans des intérêts mutuels et une vision partagée de la stabilité régionale. Plutôt que des déclarations symboliques, Alger et Rome misent sur des engagements concrets dans les secteurs à forte valeur ajoutée. Le pragmatisme économique et géopolitique devient le moteur principal de cette relation en constante évolution.

« Nous sommes désormais liés par une vision géopolitique commune en Méditerranée », a résumé Giorgia Meloni.

 

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Ces super héros qui expriment les identités africaines https://mondafrique.com/international/ces-super-heros-qui-expriment-les-identites-africaines/ https://mondafrique.com/international/ces-super-heros-qui-expriment-les-identites-africaines/#respond Mon, 28 Jul 2025 07:04:21 +0000 https://mondafrique.com/?p=136894   Ils s’appellent Kwezi, E.X.O, Captain Africa. Ce sont des super-héros africains, dessinés par des auteurs nigérians, sud-africains ou sénégalais. Ce documentaire explore la montée en puissance de la bande dessinée panafricaine et la façon dont les récits de super-héros ont été détournés pour exprimer des identités culturelles puissantes, résistantes, africaines. Xavier Fournier & Frédéric […]

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Ils s’appellent Kwezi, E.X.O, Captain Africa. Ce sont des super-héros africains, dessinés par des auteurs nigérians, sud-africains ou sénégalais. Ce documentaire explore la montée en puissance de la bande dessinée panafricaine et la façon dont les récits de super-héros ont été détournés pour exprimer des identités culturelles puissantes, résistantes, africaines.

Xavier Fournier & Frédéric Ralière (France, 2025) – Documentaire – Durée : 53 min – Langue : français – Plateforme : Max (Warner TV Next)

Ce documentaire est né d’un article du journaliste Xavier Fournier sur l’émergence du « comic made in Africa ». Il s’est associé à Frédéric Ralière pour un film produit par Warner TV et diffusé dans le cadre du programme « Pop culture globale » de la chaîne Max. Interviews, images d’archives, reconstitutions animées : un objet visuel rythmé, conçu pour sensibiliser un public large.

Accueil critique
Très bien reçu dans les festivals de documentaires et par la presse pop culture. Première évoque « un doc passionnant sur l’appropriation des mythes ». Comic Box salue « un travail sérieux, accessible et stimulant, qui rend justice à des artistes souvent ignorés ».

Infos pratiques
Location à l’unité possible via Max (ou abonnement mensuel). Disponible en replay sur Warner TV Next jusqu’à fin septembre 2025. Version française uniquement.

 

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La guerre froide en Afrique(5/5), le Mali hésite entre Moscou et Washington https://mondafrique.com/international/guerre-froide-en-afrique-5-6-quand-le-mali-jouait-moscou-et-washinton/ https://mondafrique.com/international/guerre-froide-en-afrique-5-6-quand-le-mali-jouait-moscou-et-washinton/#respond Mon, 28 Jul 2025 01:01:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=54051 Pendant les huit années où il a exercé tout le pouvoir au Mali, Modibo Keita n’a cessé de louvoyer entre les intérêts des grandes puissances pour maximiser l’aide internationale accordée à Bamako. Un numéro d’équilibriste de grande volée Olivier Toscer Septembre 1959, le SDECE, le service de renseignement extérieur de la France rédige, à la […]

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Pendant les huit années où il a exercé tout le pouvoir au Mali, Modibo Keita n’a cessé de louvoyer entre les intérêts des grandes puissances pour maximiser l’aide internationale accordée à Bamako. Un numéro d’équilibriste de grande volée

Olivier Toscer

Le président malien Mobido keeita a tenté de jouer successivement le jeu de plusieurs grandes puissances: RUSSIE, CHINE, ETATS UNIS

Septembre 1959, le SDECE, le service de renseignement extérieur de la France rédige, à la demande Jacques Foccart, le M. Afrique du Général de Gaulle, un état des lieux du péril rouge en Afrique. Le dossier intitulé  L’action du communisme en Afrique liste toute une série de points chauds visés par la propagande de Moscou et susceptibles de basculer du côté rouge de la force : l’Algérie, le Maroc, le Cameroun, la Guinée et l’Egypte principalement y figurent. Mais nulle mention du Mali.

Et pourtant dès la proclamation d’indépendance du pays, un an presque jour pour jour après ce rapport des services secrets, Bamako annonce se tourner vers l’Est. Quelques semaines plus tard, le président Modibo Keita expulse même l’armée française du Mali, contrairement aux accords signés avec la métropole quelques mois plus tôt. Dans la foulée, l’homme fort de Bamako se proclame socialiste révolutionnaire et partisan des thèses des non-alignés.

Les hommes de Foccart seraient-ils lourdement trompés en omettant de classer le Mali dans la liste des pays à surveiller ? Peut-être pas tant que cela, en réalité. Car les dirigeants de Bamako obsédés par l’urgence de se libérer du joug néo-colonial de la France vont se montrer plus opportunistes que proprement communistes. Dans la Guerre Froide qui glace le monde et le continent africain, Le Mali va devenir un savant manipulateur de la tension entre les deux Grands, afin de profiter au maximum des deux systèmes. Quitte à jouer également la carte chinoise

Dans un premier temps, l’URSS, déjà bien implanté en Guinée voisine, va essayer de pousser son avantage. Le bloc de l’Est devient l’un des principaux partenaires commerciaux du Mali avec 42 % des échanges, loin devant les Etats-Unis, avec seulement 2,3 %. Aux côtés des Soviétiques interviennent également plusieurs centaines de conseillers tchécoslovaques, chargés notamment de développer l’aviation civile et de cornaquer Air Mali. Le franc malien est également frappé à Prague.Les Allemands de l’Est, eux, même plus discrets, sont bien présent également à Bamako dans les premiers temps de l’indépendance.

L’engagement de l’Union soviétique ne répond à la seule volonté d’abaisser le rideau de fer sur le Mali. Les Soviétiques pensent pouvoir faire de bonnes affaires dans le pays, notamment en mettant la main sur la recherche minière. Ils espérent mettre à jour des gisements semblables à ceux du désert algérien. En échange de leur participation à la construction de grandes infrastructures dans le pays (stade omnisport de Bamako, flotte d’Illiouchine pour Air Mali, école nationale d’administration, ect) le rusé Modibo Keita cède en effet aux Soviétiques, l’ancien bureau minier de l’AOF, issu de la colonisation française. Mais, malgré quantités de forages dans l’Adrar des Ifogas et à Tin Raidane, les Soviétiques doivent déchanter. La Mali reste très pauvre en ressources naturelles.

« Nous vendons le communisme à l’Afrique. Mais dans les faits, nous devons payer les Africains pour qu’ils nous l’achètent » Krouchtchev

Ancien haut responsable du KGB aujourd’hui directeur d’un institut sur la sécurité à Moscou, Andreï Salnikov l’a récemment rappelé : « Khrouchtchev disait toujours : « Nous vendons le communisme à l’Afrique. Mais dans les faits, nous devons payer les Africains pour qu’ils nous l’achètent ». Moscou crache donc au bassinet, équipant l’armée malienne en équipements lourds et en instructeurs militaires et prenant une part prépondérante dans l’éducation et la formation.

Dès la proclamation d’indépendance, le Mali avait rompu tous les liens de coopération éducative avec le Sénégal, seul pays voisin à posséder une université. Et le Mali n’avait aucun établissement d’enseignement supérieur sur son sol. La France demeurait le seul lieu de formation possible pour son élite, au grand déplaisir des dirigeants farouchement anticolonialiste du pays.

L’URSS offre donc ses services. Une partie de la future élite malienne va aller se former sous les rudes latitudes moscovites, comme une partie des étudiants africains de cette époque. La particularité malienne est que cette formation des cadres va concerner également en grand nombre les femmes. Une curiosité issue des relations poussées existant entre Aoua Keita, la seule femme à siéger au bureau politique de l’US-RDA, le parti au pouvoir à Bamako et la très puissante organisation féministe du parti communiste d’Union soviétique, la CFS, le Comité des Femmes Soviétiques.

Sage-femme de profession, Aoua Keita pousse pour augmenter les quotas d’étudiantes à être acceptée en Union Soviétique pour des études de médecine. Le Mali sera ainsi le premier pays africain à se doter de médecins femmes.

Le malien Modibo Keita et le chinois Chou en Lai en 1964

Modibo Keita, désireux de maximiser l’aide internationale, n’accorde aucune exclusivité aux Soviétiques

Mais ses investissements à fonds perdus commencent à lasser le Kremlin. D’autant que, Modibo Keita, désireux de maximiser l’aide internationale, n’accorde aucune exclusivité aux Soviétiques et se rapproche de plus en plus de la Chine.

Dès 1962, Pékin envoie cinq experts en agriculture auprès de l’Office du Niger, crée sous la colonisation française pour cultiver le coton mais réorientée par le nouveau pouvoir vers la culture du riz. Des dizaines d’autres techniciens chinois vont suivre.

Les Maliens sont aux anges. Une série d’archives chinoises confidentielles récemment exhumées par la fondation MacArthur aux Etats-Unis montrent qu’ils se sentent autorisés à toujours en demander plus. « Le gouvernement du Mali a encore demandé que nous envoyons des experts en sculpture sur bois et ivoire pour enseigner à l’Institut de l’art du Mali, écrivent par exemple les responsables des artisans chinois au hiérarques du Parti. Précisant que les Maliens n’ont encore rien précisé concernant la rémunération des experts ». Et de proposer un partage des dépenses : les indemnités d’habillement, de matériel, les salaires et les dépenses de voyage à la charge de Pékin ; l’argent de poche, les dépenses de logement, de santé et de transport sur place à celle de Bamako. « Merci de préciser si cet arrangement est acceptable ou non »[1].

Forcément, la place grandissante des Chinois auprès du pouvoir malien ne laisse pas l’Ouest indifférent. « Les Maliens sont été impressionnés par les techniciens chinois, particulièrement par leur énergie, leur gentillesse et leur mode de vie simple, relève la CIA dans un rapport spécial classé « secret »[2]. Mais Pékin est en train d’encourager les sentiments anticolonialistes déjà fort et essaye de les diriger contre les Etats-Unis et l’URSS », s’alarme l’agence américaine, s’inquiétant par exemple « des louanges extravagantes du Mali envers la bombe nucléaire chinoise. Elle est célébrée par la presse et la radio malienne comme une « une bombe de la paix », s’étranglent les analystes de Langley.

Les Soviétiques, qui ont déjà rompu avec la Chine, voient eux aussi d’un mauvais œil se rapprochement sino-malien. « Nous préférons nous allier avec nos ennemis, les Américains, si cela était nécessaire pour empêcher le socialisme chinois de s’imposer dans le monde », aurait dit Leonid Brejnev à un ministre malien en visite à Moscou, selon un rapport du renseignement français[3].

Bamako, qui estime avoir tiré de Moscou tout ce qu’il y avait à prendre, ne fait pas grand cas des états d’âmes soviétiques. Les dirigeants maliens pensent pouvoir compter sans réserve sur la Chine. C’est un peu présomptueux. Car les Chinois eux mêmes, commencent à trouver ce partenaire africain un peu trop exigeants.

Malgré les communiqués de la propagande qui louent l’amitié sino-malienne, les conseillers techniques se font en réalité tirer l’oreille pour venir à Bamako.

Pourtant l’ambassadeur chinois est très vite inquiet de la tournure prise par la coopération entre son pays et le Mali : « Nos experts en agriculture et les camarades traducteurs ne sont en général pas bien préparé pour un séjour de longue durée au Mali et ne souhaitent pas rester plus longtemps, écrit-il à Pékin, relevant la difficulté du contexte malien comme le climat et les rudes conditions de vie (…) Dans le futur, nous devrons expliquer clairement combien de temps ils devront rester à l’étranger. Si nous ne sommes pas surs, nous ne devons pas donner de date aléatoire pour leur retour pour éviter d’avoir à une pas respecter notre parole, ce qui pèse sur leur moral »[4].

Après le refroidissement avec Moscou, l’idylle avec Pékin risque, elle aussi de tourner court. C’est l’avis des analystes de la CIA qui, connaissant l’appétit insatiable du Mali pour l’aide étrangère, regardent la situation d’un œil amusé : « Pékin a offert un prêt à long terme et sans intérêt de 19,6 million de dollars, bien inférieur à celui de 55 million déjà obtenu de l’URSS », notent-ils 1965. Et de conclure : « Bamako pourrait peut-être subir une désillusion face au peu d’efficacité de l’aide chinoise comme cela s’est déjà passé avec le pourtant plus ambitieux programme d’aide soviétique ».

Mais plus nationalistes que communistes dans l’âme, les Maliens ne sont pas à un changement d’alliance près. Quatre ans seulement après leur indépendance et des lunes de miel consécutives avec les Soviétiques et les Chinois, ils se préparent déjà à se retourner vers l’Hexagone. « Les relations avec la France ont beaucoup variées depuis la mi-1964, observe par exemple la CIA. A la différence d’avant, quand la pression chinoise était forte et que, Paris était la cible favorite de la propagande, aujourd’hui, les porte-paroles maliens se gardent d’incriminer la France dans leurs récentes dénonciations des activités impérialistes. Et en plusieurs occasion, Keita et ses ministres ont approuvé la politique étrangère de De Gaulle ».

Effectivement, peu à peu, la France revient sur la scène politique malienne, notamment en volant au secours du franc malien en 1967.

Le coup d’Etat militaire qui balaiera Modibo Keita en 1968 portera un coup fatal à l’influence communiste à Bamako. Et progressivement, après avoir profité des espèces sonnantes et trébuchantes de la Guerre Froide, le pays retournera dans le giron de l’Occident.

[1] Câble confidentiel du Bureau de coordination de toutes les coopératives artisanales de Chine au Comité de liaison culturelle à l’étranger de la République populaire de Chine daté du 8 décembre 1964

[2] Le Mali, principal atout de Pékin en Afrique, rapport spécial de la CIA daté du 12 février 1965.

[3] Note du SDECE à Jacques Foccart, le M. Afrique du Général de Gaulle, datée du 26 septembre 1969,

[4] Durée de travail des experts agronomes aidant le Mali, câble de l’Ambassade de Chine au Mali au bureau général pour les relations économiques avec les pays étrangers, le 10 janvier 1963

 

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Les Druzes de la région de Souedïa font de la résistance https://mondafrique.com/international/les-druzes-de-la-region-de-souedia-font-de-la-resistance/ Tue, 22 Jul 2025 07:45:46 +0000 https://mondafrique.com/?p=136840 Les récents affrontements dans le sud syrien ravivent les tensions entre les communautés druze et bédouine, sur fond de retrait des forces gouvernementales et d’intervention d’acteurs extérieurs, rappelle l’excellent site « The Conversation » qui ous autorise à reprendre ses textes. Entretien avec le politiste Thomas Pierret, auteur, entre autres publications, de « Baas et Islam en […]

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Les récents affrontements dans le sud syrien ravivent les tensions entre les communautés druze et bédouine, sur fond de retrait des forces gouvernementales et d’intervention d’acteurs extérieurs, rappelle l’excellent site « The Conversation » qui ous autorise à reprendre ses textes. Entretien avec le politiste Thomas Pierret, auteur, entre autres publications, de « Baas et Islam en Syrie. La dynastie Assad face aux oulémas » (Presses universitaires de France, 2011).


Pourriez-vous revenir brièvement sur l’histoire de la communauté druze en Syrie ?

Thomas Pierret : La principale zone de peuplement des Druzes en Syrie est la région de Soueïda, même si on en trouve aussi sur le plateau du Golan, dans la région frontalière avec le Liban (il s’agit du pays avec la communauté druze la plus importante), ainsi qu’un village druze isolé dans la région d’Idlib.

À cela, il faut ajouter les effets des migrations plus récentes, qui ont conduit à la constitution de quartiers druzes à Damas, principalement Jaramana, ainsi que dans la localité d’Ashrafiyyet Sahnaya, au sud de la capitale.

Quelles sont aujourd’hui les relations qu’entretient la communauté druze avec le gouvernement de Damas ?

T. P. : Au moment où le régime d’Assad tombe, les relations entre les Druzes et le nouveau gouvernement ne sont pas vouées à être conflictuelles. Contrairement à une idée reçue, les Druzes ne constituent pas historiquement une minorité religieuse particulièrement favorable au régime des Assad.

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Dans les années 1960, des purges ont eu lieu au sein de l’armée syrienne qui ont notamment visé une bonne partie des officiers druzes. Cette purge a profité essentiellement à des officiers issus de la communauté alaouite, dont Hafez Al-Assad.

Ainsi, la communauté druze n’a pas été étroitement associée au pouvoir. Les hauts gradés d’origine druze, comme le général Issam Zahreddine, tué sur le front contre l’État islamique en 2017, étaient peu nombreux. Avant 2011, la communauté comptait également de nombreux opposants, généralement marqués à gauche.

Par ailleurs, l’État syrien sous les Assad, très centralisé, ne tolère pas l’expression d’identités communautaires ou régionales distinctes. Il est par exemple interdit aux Druzes d’afficher le drapeau aux cinq couleurs qui leur sert de symbole.

 
Des manifestants brandissent le drapeau druze à Soueïda, en Syrie, le vendredi 1ᵉʳ septembre 2023, lors d’une manifestation contre le régime de Bachar Al-Assad. Fahed saad kiwan/Shutterstock

Durant la guerre commencée en 2011 a émergé à Soueïda une posture politique que l’on pourrait qualifier de « troisième voie » ou de neutralité. Cela s’est traduit par la formation de groupes armés, le principal appelé les « Hommes de la dignité », est encore actif aujourd’hui. Ces groupes ont refusé à la fois de soutenir la rébellion et de rejoindre les forces paramilitaires du régime d’Assad, qui n’a réussi à embrigader qu’une petite partie des combattants de la région. L’objectif des partisans de cette troisième voie était de défendre la communauté druze et sa région, notamment contre les attaques de l’État islamique, sans pour autant soutenir les opérations de contre-insurrection menées par le régime.

Soulignons que le fondateur des Hommes de la dignité, Wahid al-Balous, a été assassiné en 2015, sans doute par des éléments du régime, ce qui illustre la complexité des relations entre les Druzes et l’ancien pouvoir.


À lire aussi : La Syrie en transition… mais quelle transition ?


Et que sait-on des différentes factions druzes impliquées dans le conflit ?

T. P. : Pour bien comprendre la situation actuelle, il faut revenir un peu en arrière. Une date clé est 2018, lorsque, avec l’aide de la Russie, le régime d’Assad reprend le contrôle du sud de la Syrie, à l’exception de la région de Soueïda. Cette dernière conserve un statut de quasi-autonomie, car ses groupes d’autodéfense ne sont pas désarmés, en partie à cause de l’opposition tacite d’Israël à une offensive du pouvoir central dans cette région.

Cette période voit également évoluer la stratégie du cheikh al-’aql Hikmet al-Hijri, l’un des trois principaux chefs religieux des Druzes de Syrie. Plutôt aligné sur le régime d’Assad à l’origine, il a soutenu le mouvement de contestation civile qui a émergé à Soueïda en 2023, évolution qui peut être interprétée comme un moyen pour al-Hijri de renforcer son influence politique. Il s’est également attribué le titre inédit de raïs rūḥī, c’est-à-dire « chef spirituel », manière de se démarquer des deux autres cheikh al-’aql, Hamoud al-Hinawi et Youssef Jarbu’.

Al-Hijri est également en concurrence avec le courant des Hommes de la dignité, dont le leadership se divise, après l’assassinat de son fondateur, entre son fils Laith al-Balous et d’autres figures comme Yahya al-Hajjar. Ce courant compense sa moindre légitimité religieuse par une dynamique de mobilisation milicienne et une posture plus indépendante vis-à-vis du pouvoir central, du moins jusqu’au tournant contestataire d’al-Hijri en 2023.

En 2024, lors de l’effondrement du régime d’Assad, ces groupes se positionnent différemment : al-Hijri défend l’autonomie régionale avec une position ferme contre Damas, rejetant les formes limitées de décentralisation proposées par le nouveau régime. En revanche, d’autres groupes, comme celui de Laith al-Balous ou Ahrar al-Jabal, adoptent une posture plus conciliatrice, cherchant à se rapprocher du pouvoir central. Le nouveau gouvernement, pour sa part, mise sur ces factions plus loyales afin de constituer une force de sécurité locale druze, distincte des combattants proches d’al-Hijri.

Vous évoquiez Israël : quelles sont les relations entre les factions druzes en Syrie et ce pays ?

T. P. : Avant décembre 2024, elles restent très limitées. Depuis des décennies, nouer des liens avec Israël constitue un tabou absolu en Syrie, et toute personne qui s’y risquerait serait immédiatement sanctionnée pour haute trahison. Les acteurs druzes évitent donc cette voie, d’autant plus qu’après 2011, certains villages druzes, notamment sur le plateau du Golan, fournissent des paramilitaires au régime [et au Hezbollah].

Le seul lien notable réside dans une sorte de « ligne rouge » tacite : Israël ne tolérerait pas que les rebelles ou le régime s’en prennent aux populations druzes. Cela explique qu’en 2023, malgré un mouvement de contestation, le régime syrien n’a pas tenté de reprendre Soueïda par la force ni de désarmer les groupes armés druzes.

Pourquoi Israël a-t-il tracé cette « ligne rouge » concernant les populations druzes en Syrie ?

T. P. : La raison principale, avant 2024, tient au fait qu’il existe une communauté druze en Israël, où elle constitue une minorité relativement privilégiée par rapport au reste des Palestiniens d’Israël. Je parle ici des Druzes citoyens israéliens, pas des Druzes vivant dans le Golan syrien occupé. Cette communauté druze est plutôt loyale à l’État israélien, avec des membres servant dans l’armée, y compris dans des régiments d’élite.

Cette position privilégiée leur confère une certaine influence, et lorsque les Druzes d’Israël expriment des inquiétudes concernant leurs coreligionnaires en Syrie, le gouvernement israélien se sent obligé de répondre à ces préoccupations.

Après 2024, cette dynamique a aussi servi d’argument à Israël pour empêcher le nouveau pouvoir syrien de déployer ses forces dans le sud du pays. L’objectif affiché d’Israël est clairement que le sud de la Syrie soit démilitarisé, du moins en dehors de ses propres forces déployées dans la région du Golan.

Par ailleurs, Israël mène également une stratégie d’influence plus douce, en invitant des religieux druzes syriens à effectuer un pèlerinage dans la région de Nazareth sur le tombeau du prophète Chouaïb, particulièrement important pour la foi druze. Un projet d’invitation de travailleurs druzes syriens dans les exploitations agricoles du Golan a aussi été envisagé par le gouvernement israélien, mais a été abandonné pour des raisons sécuritaires liées au contrôle des entrées sur le territoire. Enfin, des financements humanitaires ont été octroyés aux Druzes syriens via des ONG servant d’intermédiaires.

Il est important de souligner que très peu de groupes druzes se sont officiellement affichés comme pro-israéliens. Par exemple, une manifestation à Soueïda, il y a quelques mois, a vu l’apparition d’un drapeau israélien, mais celui-ci a rapidement été arraché par d’autres participants, témoignant du rejet majoritaire de cette posture.

Cela dit, certains acteurs politiques, notamment Hikmet al-Hijri, semblent adopter une posture politique qui s’explique mieux si l’on prend en compte le facteur israélien. Al-Hijri mène une politique intransigeante, différente de celle des autres cheikh al-’aql, qui se montrent plus enclins au compromis avec Damas. D’ailleurs, lors des récents incidents, ce sont ces derniers qui signent les cessez-le-feu, tandis qu’Al-Hijri les critique ouvertement.

Comment expliquer les affrontements récents entre Bédouins et Druzes à Soueïda ?

T. P. : Ce conflit est ancien, il remonte à plusieurs décennies. En 2000, un épisode particulièrement sanglant avait fait plusieurs des centaines de morts. Il ne s’agit pas d’un conflit religieux à l’origine, mais d’un différend lié au contrôle et à l’usage des terres. La région étant aride, les terres cultivables et les pâturages sont rares et donc très disputés.

La guerre en Syrie, de 2011 à 2024, a envenimé la situation : l’effondrement de l’État et la prolifération des armes ont donné plus de moyens aux deux parties pour régler leurs différends par la violence. Par ailleurs, des acteurs extérieurs comme l’État islamique ont soutenu les tribus bédouines sunnites, tandis que le régime d’Assad a appuyé certains groupes druzes. Après 2018, le pouvoir de Damas s’est à son tour retrouvé du côté des Bédouins, afin d’affaiblir l’autonomie de fait des Druzes de Soueïda, et parce qu’en reprenant la région, il a coopté d’anciens groupes rebelles sunnites, eux-mêmes liés aux tribus bédouines. Ce conflit a aussi une dimension criminelle, avec des éléments des deux côtés impliqués dans des activités illicites comme le trafic de drogue ou les enlèvements pour rançon.

Comment ces tensions communautaires s’inscrivent-elles dans le contexte politique syrien actuel ?

T. P. : Depuis décembre 2024, les tribus bédouines sunnites en appellent à la solidarité du gouvernement syrien, qui lui-même affiche une identité musulmane sunnite affirmée. Au début des derniers incidents, elles ont réclamé le soutien du gouvernement en accusant à demi-mot ce dernier de négliger leur sort.

De son côté, le régime a aussi un intérêt à soutenir les tribus bédouines pour faire obstacle au courant autonomiste druze dans la province. Cela lui est d’autant plus nécessaire que, depuis les massacres d’alaouites sur la côte en mars et les incidents armés survenus en mai entre sunnites et Druzes à Jaramana et Ashrafiyyet Sehnaya, les factions druzes les plus disposées au dialogue avec Damas se sont graduellement rapprochées de la ligne dure d’al-Hijri. Cette tendance s’est accélérée durant la récente escalade des violences (plus de 1 100 morts depuis le début des affrontements, le 13 juillet) : face aux exactions commises contre les civils de Soueïda par les forces progouvernementales, les groupes armés druzes ont uni leurs forces pour défendre la communauté.


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Pourquoi en arrive-t-on à cette escalade ?

T. P. : Le gouvernement a vu dans les affrontements communautaires locaux une occasion d’imposer son autorité en déployant ses forces dans la province, officiellement pour séparer les belligérants mais, dans les faits, pour désarmer les groupes druzes autonomistes. Al-Charaa pensait bénéficier d’un contexte international favorable, à savoir un soutien tacite des États-Unis qui le protégerait des représailles israéliennes. On l’a vu, cela s’est révélé être une erreur de jugement majeure.

En face, Al-Hijri, peut-être mieux informé des intentions israéliennes, a refusé de reculer, à la suite de quoi la situation s’est embrasée.

Quelle place peut-on envisager aujourd’hui pour la justice dans le règlement du conflit ?

T. P. : À court terme, l’enjeu prioritaire ne paraît pas être la justice, mais avant tout le retour au calme et la cessation des affrontements. Des tensions persistantes risquent en effet de raviver des violences, non seulement à Soueïda mais aussi autour des autres localités druzes du pays.

Certes, la justice reste importante si l’on souhaite discipliner les troupes et prévenir les exactions futures. Cependant, juger et condamner des membres des forces gouvernementales dans le contexte actuel pourrait déstabiliser davantage le régime, en fragilisant un pouvoir déjà contesté, et en risquant d’alimenter des velléités de coup d’État militaire de la part d’éléments plus radicaux.

Par ailleurs, un processus judiciaire serait d’autant plus déstabilisateur qu’il devrait aussi concerner les combattants druzes qui se sont rendus coupables d’exactions ces derniers jours. On comprend donc aisément pourquoi la justice n’est prioritaire pour aucun des protagonistes.


Propos recueillis par Coralie Dreumont et Sabri Messadi.

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